Jean de Ruysbroeck
Chanoine Régulier de Saint-Augustin,
Auteur mystique et Bienheureux
(1293-1381)

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DÉCEMBRE

Jean de Ruysbrœck (Jan van Ruusbroec en flamand) est né en 1293 dans le petit village de Ruusbroeck, village du Brabant aujourd’hui englobé dans l’agglomération bruxelloise. Sa famille était très honorable et très aisée. Dès sa plus tendre enfance il aimait s'isoler dans la nature pour prier. À l'âge de 11 ans, il fut confié à un oncle, chanoine de Sainte-Gudule, Maître Jean Hinckaert, qui l'éveilla très tôt aux vérités de l'Evangile; puis Jean alla dans une école pour y apprendre les lettres, la philoso-phie, et les sciences: humaine et divine. 

Jean de Ruysbrœck devint prêtre à 24 ans, en 1317, et exerça son ministère durant vingt-cinq ans à Bruxelles, comme chapelain de Sainte Gudule, en compagnie de Maître Hinckaert, son oncle, et de Franco van Cou-denberg, chapelains de la même église et animés des mêmes désirs de vie vertueuse. Prêtre séculier, Jean dé-cida de suivre le Christ humble dans la voie de l'humi-lité, et de se conformer autant qu'il le pourrait à ce mo-dèle, au point de passer même pour méprisable et sans valeur aux yeux de tous ceux qui ignoraient sa vie très sainte. Cependant, il eut l'occasion, à Bruxelles, de s'op-poser fortement à Blœmardinne, une femme qui fut l'initiatrice d'une secte, satanique dirions-nous aujour-d'hui, secte qui attirait de nombreux adeptes. Il semble que Blœmardinne dirigeait cette secte "du libre esprit" vers 1307. 

L'homme de Dieu s'opposa avec vigueur à ces erreurs néfastes qui se multipliaient, et bien qu'il eût à soutenir un grand nombre d'adversaires, il put démontrer pleinement la fausseté des écrits de cette femme per-verse.

C'est pendant sa présence à Bruxelles que Jean de Ruysbrœck rédigea ses premiers ouvrages, écrits en flamand, en réalité, en dialecte brabançon. Ces ouvrages, parus entre 1330 et 1336, constituent l'essence même de sa doctrine fondée essentiellement sur son expérience mystique. 

En 1343, Jan van Ruysbrœck, que nous appellerons le plus souvent Ruysbrœck,  ou encore le dévot Prieur, décida de vivre dans la solitude, avec son oncle et Franco van Coudenberg, dans l'ermitage de Groenendael, dans la forêt de Soignes, mise à leur disposition par le duc Jean III de Brabant en 1343. Le frère Jean van Leeuwen, surnommé "le bon cuisinier", devait bientôt rejoindre la petite communauté naissante, qui, le 10 mars 1350, adopta l'habit des chanoines réguliers de saint Augustin, ainsi que leur règle. Ruysbrœck put alors s'adonner tout entier à la contemplation et se livrer à l'influence divine. 

Lorsqu'il se sentait envahi par l'inspiration, Ruysbrœck s'enfonçait dans la forêt toute proche, et se mettait à écrire tout ce qui lui venait à la pensée. Puis, il retournait au monastère et partageait avec ses frères les enseignements merveilleux qu'il avait reçus. Son influence bénéfique était telle qu'on lui donna le surnom d'Admirable. Pèlerins et fidèles affluaient pour l'écouter et prier avec lui. 

Beaucoup d'hommes remarquables de Flandre, de Strasbourg, de Bâle et d'autres villes du Rhin, souvent élevés en dignité, venaient à Ruysbrœck, désireux de le voir et de bénéficier de ses conseils. Et le bon Prieur se montrait si prévenant envers eux, qu'il semblait avoir été prévenu par avance de leur venue. Parmi les nombreux visiteurs qui vinrent trouver le bon Prieur, l'un des principaux fut un dominicain, docteur en théologie, Jean Tauler, très célèbre, tant à cause de sa rare érudition que de sa grande sainteté de vie. Tauler visitait fréquemment J. Ruysbrœck, car il l'avait en grande vénération. Cela transparaît fréquemment dans les écrits de Tauler, dans lesquels on peut remarquer bien des points empruntés, sans aucun doute, à l'admirable Ruysbrœck. Cela montre aussi combien Tauler, comme de nombreux visiteurs du dévot Prieur, progressa auprès de lui dans la connaissance de la vie intérieure et contemplative. 

Durant ses dernières années, Ruysbrœck, devenu presque aveugle, emmenait fréquemment avec lui, dans la forêt, un frère chargé de transcrire sur des tablettes ce qu'il dictait sous l'action de l'Esprit-Saint. Ainsi, réfugié dans la forêt il dictait de nouveaux ouvrages. Quand il eût atteint sa quatre-vingt-huitième année, Ruysbrœck commença à voir ses forces décliner. Il comprit qu'il allait mourir bientôt. Il se disposa donc à mourir saintement. Il demanda à être transporté par les frères à l'infirmerie commune des frères. "Là, atteint d'une grave attaque de fièvre et souffrant en même temps de dysenterie, il passa sur son lit presque quinze jours, dans une grande faiblesse. Enfin au milieu de ses frères en prière, et après s'être recommandé dévotement à eux, tout présent d'esprit et le visage radieux, il s'endormit heureusement dans la paix en un très doux soupir et sans les signes ordinaires des agonisants." Il avait plus de quatre-vingt-huit ans et était prêtre depuis soixante-quatre ans. 

Nous savons que Jan van Ruysbroeck est mort en 1381, en odeur de sainteté. Alors, pourquoi tant de retards pour reconnaître sa sainteté? La cause de béatification de Ruysbrœck fut introduite grâce à l'archevêque de Malines en 1624; elle dut être suspendue en 1627, en raison des guerres qui affligeaient les Pays-Bas. En 1783, le chapitre de Sainte-Gudule de Bruxelles obtint un office et une messe en l'honneur de Jean Ruysbrœck, puis tout fut de nouveau interrompu par la Révolution française. Enfin, en 1883, le cardinal Goossens put réintroduire la cause, et obtenir la reconnaissance du culte. Ruysbrœck fut enfin béatifié par Pie X le 9 décembre 1908.   

Les livres de Ruysbrœck, tous des livres mystiques, se répandirent très rapidement, du vivant de son auteur. Nous les citerons plus loin. Notons ici que la production littéraire de Ruysbrœck reflète l’activité d’un conseiller spirituel attentif, discret et retiré. On a parlé d'une mystique essentialiste sur la nature de laquelle les erreurs d’interprétation sont aisées. Parlons maintenant de la mystique et de la spiritualité de Ruysbrœck. 

La sainteté de Jean de Ruysbrœck était telle que ses hagiographes rapportèrent de nombreux miracles destinés à montrer les faveurs que Dieu lui avait réservées tout au long  de sa vie. Ainsi, son premier biographe raconte que très souvent, le dévot Prieur, ainsi que l'on appelait Ruysbrœck, se hâtait vers le bois, et, retrouvant sa retraite solitaire, s'asseyait sous un arbre. Un jour comme il y était resté plus longtemps que d'habitude, les frères, inquiets, se mirent à le chercher à travers les chemins de la vaste forêt. "Par hasard, un frère, qui lui était assez intime, le cherchant avec soin, remarqua de loin un arbre qui semblait par en haut tout enveloppé d'un rayon de feu. S'approchant alors en silence, il trouva l'homme de Dieu assis sous cet arbre, encore tout ravi hors de lui par la grande ferveur de la douceur divine. De ceci il apparaît clairement de quelle ferveur intérieure d'esprit et de quelle splendeur il était enflammé en même temps qu'illuminé, alors que le rayonnement en paraissait au dehors d'une façon si manifeste."On raconte aussi, qu'à force de méditer la Passion du Seigneur, Ruysbrœck "parvint à une telle abondance de la divine grâce, que souvent il s'élevait dans le ravissement divin au-dessus de lui-même." Les lévitations de Ruysbrœck ont souvent été constatées par ceux qui vivaient proches de lui.

Les hagiographes de Ruysbrœck racontent que souvent Notre-Seigneur Jésus-Christ visitait son fidèle serviteur avec une douceur très intime, et l'enrichissait de multiples grâces; ainsi, un jour il lui apparut visiblement avec la bienheureuse Vierge Marie, sa glorieuse Mère, et tous les saints de la cour céleste. Jésus lui parla:

– Tu es mon fils bien-aimé, en qui j'ai mis ma complaisance.

Et l'embrassant, il dit à sa Mère et aux chœurs des saints présents:

– Voici mon enfant d'élection.  

En retour, le dévot Prieur manifestait pour le Seigneur Jésus, une grande familiarité et un amour hors du commun. De plus, en plusieurs circonstances il eut avec le Seigneur Jésus des entretiens cachés, dont il n'est pas permis aux hommes de parler". Cela, le dévot Prieur le fait entendre parfois en ses livres et le "Bon Cuisinier" le rapporte lui aussi; "car ce dernier le vit un jour élevé en une telle gloire, qu'à ce moment, personne parmi les vivants ne le surpassait en mérites." 

Tout ceci, c'est très bien, mais Ruysbrœck fut, comme presque tous les saints, tourmenté par Satan. Ainsi, on raconte que, "le diable, antique rival du salut des hommes, s'efforçait de lui susciter de grandes tentations. Il venait souvent sous la forme d'un crapaud ou de toute autre bête malfaisante: c'est lui-même qui le rapportait à ses frères les plus familiers. Très souvent, quand il prévoyait la venue du diable, il se prémunissait contre lui avec des armes spirituelles. "Ainsi il arriva un jour qu'étant couché dans une petite chambre en compagnie du supérieur du monastère, en raison de sa vieillesse, il perçut l'approche de l'ennemi et s'écria, de sorte que le supérieur l'entendit:

– Mon Père, voilà qu'il vient, mon Père, voilà qu'il vient." 

Comme promis, voici la présentation rapide des œuvres de Ruysbrœck: 

Le Royaume des Amants de Dieu, est sa première œuvre. Viennent ensuite: L'Ornement des Noces Spirituelles. Ce livre commente une citation évangélique: Voici l’Époux qui vient, allez à sa rencontre. (Mat, XV, 6) C’est surtout par Les Noces Spirituelles que la doctrine Ruysbrœckienne se répandit dans les pays germaniques. Puis, L'Anneau de la Pierre Brillante, La foi chrétienne publiée entre 1336 et 1343. On peut citer encore Le livre des Douze vertus qui insiste particulièrement sur l'humilité, inspirée par la contemplation de la puissance de Dieu et de sa souveraine bonté, Le livre des Douze points de la vraie foi est essentiellement une paraphrase du Credo. Enfin, Le Miroir du salut éternel, résume la doctrine de Ruysbrœck.

Viendront ensuite

Les Sept degrés de l'échelle d'amour spirituel qui présentent l'échelle mystérieuse par laquelle on s'élève jusqu'à l'intimité amoureuse avec Dieu, et Les Sept clôtures qui énumèrent les enceintes dans lesquelles une âme doit s'enfermer pour arriver à la cohabitation avec les trois personnes de la Sainte Trinité. Mais il faut se méfier des tentations, d'où Le livre des Quatre tentations, très court, s'élève contre les sectes, et surtout celle des Frères et Sœurs du libre esprit. Enfin, nous ne pouvons passer sous silence Le livre du Tabernacle Spirituel, qui décrit le Tabernacle de l'Ancien Testament, avec les prescriptions données par Dieu pour sa construction, Le Royaume des Amants, véritable traité de théologie ascétique et mystique, explique comment Dieu, après avoir créé et racheté l'homme, le conduit par ses voies et au moyen des sept dons du Saint-Esprit, jusqu'à la contemplation et la possession de son Royaume.

On arrive alors aux Noces spirituelles. Cet ouvrage écrit vers 1335 ou 1336, expose les diverses formes de vie spirituelle: la vie active, la vie intime et la vie contemplative, étapes indispensables par lesquelles l'âme aboutit à l'union avec Dieu. 

Pour finir nous citerons La Pierre brillante, Le Livre de la plus haute vérité, explication de quelques passages difficiles du Royaume des amants, et Le Livre des Douze Béguines.  

Les personnes qui désirent en savoir davantage sur Ruysbrœck peuvent se rendre sur le site de la nouvelle évangélisation, dans la rubrique: LECTURE SPIRITUELLE, ou cliquer directement sur:

http://nouvl.evangelisation.free.fr/ruysbroeck_vie_pl.htm

     Le Royaume des Amants de Dieu,

     L'Ornement des Noces Spirituelles. Ce livre commente une citation évangélique: Voici l’Époux qui vient, allez à sa rencontre. (Mat, XV, 6) C’est surtout par Les Noces Spirituelles que la doctrine Ruysbrœckienne se répandit dans les pays germaniques.

     L'Anneau de la Pierre Brillante

     La foi chrétienne et Les quatre Tentations publiés entre 1336 et 1343,

     Le livre des Douze vertus insiste particulièrement sur l'humilité, inspirée par la contemplation de la puissance de Dieu et de sa souveraine bonté.

     Le livre des Douze points de la vraie foi est essentiellement une paraphrase du Credo. 

     Le Miroir du salut éternel, résume la doctrine de Ruysbrœck.

     Les Sept degrés de l'échelle d'amour spirituel présentent l'échelle mystérieuse par laquelle on s'élève jusqu'à l'intimité amoureuse avec Dieu.

     Les Sept clôtures énumèrent les enceintes dans lesquelles une âme doit s'enfermer pour arriver à la cohabitation avec les trois personnes de la Sainte Trinité.

     Le livre des Quatre tentations, très court, s'élève contre les sectes, et surtout celle des Frères et Sœurs du libre esprit.

     Le livre du Tabernacle Spirituel, décrit le Tabernacle de l'Ancien Testament, avec les prescriptions données par Dieu pour sa construction.

     Le Royaume des Amants, véritable traité de théologie ascétique et mystique, explique comment Dieu, après avoir créé et racheté l'homme, le conduit par ses voies et au moyen des sept dons du Saint-Esprit, jusqu'à la contemplation et la possession de son Royaume.

     Les Noces spirituelles, ouvrage écrit vers 1335 ou 1336, expose les diverses formes de vie spirituelle: la vie active, la vie intime et la vie contemplative, étapes indispensables par lesquelles l'âme aboutit à l'union avec Dieu.

     La Pierre brillante, applique aux justes un texte de l'Apocalypse,

     Le Livre de la plus haute vérité, est une explication de quelques passages difficiles du Royaume des amants.

     Le Livre des Douze Béguines est formé de divers traités qui se suivent sans ordre apparent. 

Paulette Leblanc

 

 

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