Euphranius Desiderius, plus connu sous le nom, de Joseph
de Léonissa naquit le 8 janvier 1556, à Léonissa, près
d'Otricoli, dans le Royaume de Naples. Il était le 3ème
d'une famille de huit enfants. Ses parents étaient très
chrétiens, et Euphranius montra très jeune une piété
exceptionnelle. Il commença ses études à Viterbo, mais
en 1573 il entra chez les Capucins de Léonissa et prit
le nom de Joseph. Il avait 18 ans.
Joseph
de Léonissa fut un religieux remarquable, mo-dèle de
douceur, d'humilité, de patience, de chasteté et
d'obéissance. Sa vie pénitente faisait l'admiration de
ses confrères: trois jours par semaine, il ne se
nourrissait que de pain et d'eau. Dans sa pauvre
cellule, il cou-chait sur des planches et un tronc
d'arbre lui servait d'oreiller. Évidemment, il était
souvent l'objet de mo-queries; mais sa joie était grande
lorsqu'il avait l'oc-casion de souffrir. Il se
considérait comme le dernier des pécheurs, et avait
coutume de dire:
"Il est vrai que, par la
miséricorde de Dieu, je ne suis pas tombé dans des
crimes énormes; mais j'ai si mal répondu à la grâce, que
j'aurais mérité d'être abandonné plus qu'aucune autre
créature."
Joseph de Léonissa avait une grande dévotion pour Jé-sus
crucifié, et les souffrances de Jésus étaient souvent le
sujet de ses réflexions et de ses méditations. Ses
supé-rieurs lui ayant confié une tâche de prédicateur,
on le voyait généralement prêcher avec un crucifix à la
main et ses paroles embrasaient de l'amour sacré les
cœurs de son auditoire.
En
1587, il fut envoyé en Turquie, en qualité de
mis-sionnaire pour travailler à l'instruction des
chrétiens de Péra, qui est un faubourg de
Constantinople. Là, il se dévoua aussi, avec une charité
héroïque, au service des galériens, esclaves des Turcs,
même lorsque sévit, dans la région, une terrible
épidémie de peste. Joseph fut, lui aussi atteint par
cette cruelle maladie, mais Dieu lui rendit la santé
pour le bien de beaucoup d'âmes. En effet, Joseph qui
avait appris la langue turque et étudié l'islam,
convertit plusieurs musulmans et il avait décidé de
convaincre même le sultan du lieu. Mais il fut arrêté et
torturé. On le pendit par la main et le pied droit avec
la fumée d'un feu au-dessous de lui. Cela dura trois
jours, mais comme il ne mourait pas, le sultan commua en
exil la sentence de mort. Certains documents racontent
que le 4ème jour il fut miraculeusement
libéré par un ange qui lui donna l'ordre de rentrer en
Italie et de prêcher, pour les pauvres, sur la Mère de
Dieu.
Le
Père Joseph s'embarqua alors pour l'Italie, jusqu'à
Venise et retourna dans son couvent. Son absence avait
duré deux ans. Immédiatement il reprit ses travaux
apostoliques que le ciel continua de bénir comme il
l'avait déjà fait auparavant. Il traversait les villes
et les villages de l'Ombrie. Il dénonçait avec force les
œuvres des démons, tels les salles de danse ou de jeux.
Mais, avec le peuple, il n'était qu'un agneau tant était
grande sa charité. Il savait aussi réconcilier les
personnes qui se détestaient depuis longtemps et ramener
la paix entre des familles ennemies. Souvent, pendant
qu'il travaillait ou priait, on le vit en extase. Il fit
de nombreux miracles et avait le don de prophétie et
celui de lire dans les cœurs.
Notre Joseph de Léonissa, vers la fin de sa vie, fut
affligé d'un cancer très douloureux. Il subit deux
opérations, à vif, évidemment, car à cette époque, on ne
connaissait pas l'anesthésie. Joseph, pendant ces
opérations, ne poussa pas le moindre soupir. Il tenait
un crucifix entre ses mains, et murmurait: "Sainte
Marie, priez pour nous, misérables pécheurs." Un des
assistants aurait proposé de le lier durant l'opération,
mais Joseph lui dit, en montrant le crucifix: "Voilà
le plus fort de tous les liens; il me tiendra immobile
beaucoup mieux que toutes les cordes."
Malheureusement sa maladie était sans remède, et il
entra dans la joie de son Seigneur le 4 Février 1612. Le
pape Clément XII le béatifia en 1737. Le pape Benoît XIV
le canonisa en 1746.
Paulette
Leblanc |