Pierre-Julien Eymard
Apôtre de l’Eucharistie, Fondateur, Saint
(4 février 1811-1er août 1868)

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AOÛT

 

Le 2 août, nous fêtons saint Pierre-Juilen Eymard, le fondateur des Prêtres du Saint-Sacrement. Nous savons tous que tous les saints ont été fascinés par l’Eucharistie. Mais, au cours des âges, quelques-uns ont été plus particulièrement appelés à devenir les apôtres de l’Eucharistie. Et Pierre-Julien Eymard est spécialement est considéré comme l'apôtre de l'Eucharistie. 

Une jeunesse douloureuse

Pierre-Julien Eymard, est né le 4 février 1811 à La Mure dans le département de l'Isère. Il est issu d'une famille très chrétienne, relativement pauvre mais travailleuse. Il était le dixième enfant de Julien Eymard, son père, coutelier de son état, et  quatrième de sa mère, deuxième femme de Julien devenu veuf. Successivement moururent ses frères et sœurs aînés: du premier lit quatre enfants sur six étaient également morts. De ce qui aurait pu être sa grande famille, Pierre-Julien ne connut qu’Antoine et Marianne, respectivement âgés de dix-sept et de douze ans à sa naissance en 1811. La mère de Julien était très pieuse. Quant à son père, Julien Eymard, il fut reçu dans la Confrérie des Pénitents du Saint-Sacrement le 8 décembre 1817.

Très jeune encore, Pierre-Julien se sentit attiré par l'église que sa mère Marie-Madeleine et sa sœur Marie-Anne fréquentaient assidûment. Dès sa première communion, à l'âge de 12 ans, il ressentit une profonde attirance vers la vie religieuse, mais son père, qui souhaitait le voir reprendre son commerce, s'opposa à sa vocation. Heureusement, au sanctuaire de Notre-Dame du Laus, Pierre-Julien trouva le réconfort qui lui permit de persévérer dans sa décision. Bientôt sa mère mourut, et malgré quelques réticences, son père accepta de le laisser partir à Marseille, pour y étudier chez les Pères Oblats. Pierre-Julien n'y restera que quelques mois, puis dut rentrer 'à la maison' afin de soigner sa santé compromise par son travail intensif. Chez son père, tout en travaillant à l'atelier familial, il apprenait le latin en cachette pour se préparer au séminaire.

Monsieur Julien Eymard, père de Pierre-Julien, mourut le 3 mars 1831, à l'âge de 65 ans. Pierre-Julien entra alors au grand séminaire de Grenoble et suivit sa vocation. Il fut ordonné prêtre à l'âge de 23 ans, le 20 juillet 1834. Pendant cinq ans, de 1834 à 1839, il exerça son ministère au service du diocèse de Grenoble, d'abord comme vicaire à Chatte puis, à partir de juillet 1837, comme curé de Monteynard près de La Mure. Par son zèle pastoral, en peu de temps, l'abbé Eymard renouvela sa paroisse. Il gardait néanmoins l'attrait de la vie religieuse. Enfin, Mgr de Bruillard l'autorisa à quitter le diocèse et à entrer chez les Pères Maristes.

La vie religieuse de Pierre-Julien

Le 20 août 1839, Pierre-Julien entra au noviciat des Pères maristes, congrégation fondée par le Père Colin en 1822. Après son noviciat, le Père eymard fut nommé successivement nommé directeur spirituel du collège de Belley dans le département de l'Ain, puis du collège de La Seyne sur Mer. Il devint Provincial de France et Directeur du Tiers-Ordre de Marie. Il fut un remarquable organisateur d'associations laïques, un éducateur dévoué et un prédicateur recherché.

En juin 1848, de passage à Paris, le Père Eymard fut vivement frappé par l’intensité du culte eucharistique qui s'y déployait, grâce à l’adoration nocturne des hommes et à la création, par Adeline Dubouché, d’un Tiers-Ordre qui deviendra l’Adoration Réparatrice.

Le 21 janvier 1851, pendant qu'il priait dans la basilique N.D. de Fourvière à Lyon, Pierre Julien fut soudain bouleversé en pensant à l'état d'abandon spirituel dans lequel se trouvaient les prêtres séculiers et au manque de formation des laïcs; mais ce qui le rendit encore plus triste, ce fut le spectacle du Saint-Sacrement délaissé dans les tabernacles et aux sacrilèges commis contre la sainte Eucharistie. C'est alors qu'il envisagea la création  d'un Tiers-Ordre masculin dévoué à l'adoration réparatrice. Une nouvelle grâce exceptionnelle, le 18 avril 1853 orientera définitivement la vie de Pierre-Julien Eymard: Il devait créer un nouvel Ordre religieux consacré au culte du Très Saint-Sacrement.

Ce projet se concrétisera en 1856 par la fondation de la Congrégation du Saint-Sacrement. En effet, les événements se succédèrent rapidement, et en avril 1856, le Père Eymard était relevé des vœux qui le liaient à l’Ordre des Maristes. Il allait pouvoir travailler à la fondation d’une nouvelle congrégation. Le 13 mai 1956, Pierre-Julien reçut, de l’Archevêque de Paris, Mgr Sibour, très désireux de voir commencer une Œuvre de la Première communion des adultes, l’autorisation de fonder son œuvre.

Le dénuement matériel des premiers temps sera extrême et les vocations se firent longtemps attendre. Enfin, le 6 janvier 1857, eut lieu, dans l'Institut, la première Adoration du Saint-Sacrement exposé. Mais les épreuves de toutes sortes continuaient, dues essentiellement à des conflits de personnalités, et à des problèmes financiers.

Le Père Eymard accepta son élection à vie comme Supérieur général des Prêtres du Saint-Sacrement, alors qu'il espérait redevenir simple religieux. Peu de temps après, il était contraint de quitter sa maison de Paris, vouée à la démolition pour laisser la place au percement d'un boulevard et de s'installer ailleurs, tandis que la pauvreté de la nouvelle congrégation était si grande qu'elle devait accepter l'aide matérielle de couvents voisins.

Fondée en 1856, la congrégation du père Eymard fut définitivement approuvée le 3 juin 1863, par Pie IX.

Le 21 juillet 1868 au soir, le Père Eymard épuisé, arriva à La Mure, pour se reposer. Il succomba à une hémorragie vasculaire cérébrale le 1er août suivant, à l'âge de 57 ans.

Béatification et canonisation

Pierre-Julien Eymard fut béatifié par le pape Pie XI le 3 août 1925.

Le lendemain de la clôture de la 1re session du concile Vatican II, le 9 décembre 1962, Jean XXIII, l'inscrivait au catalogue des saints. Enfin, 33 ans plus tard, le 9 décembre 1995, il fut présenté à toute l'Église comme l'apôtre de l'Eucharistie. Sa fête est fixée au calendrier universel de l'Église à la date du 2 août.

Le but de la Congrégation du Très Saint-Sacrement.

Notre époque ressemble beaucoup, sur le plan spirituel, à ce que vivait le Père Pierre-Julien Eymard en son temps. Aussi est-il intéressant de rappeler le but essentiel de sa congrégation:

“rendre un culte solennel et perpétuel d’adoration à Notre Seigneur Jésus-Christ, demeurant perpétuellement au Très-Saint-Sacrement de l’autel, pour l’amour de l’homme.”

”se dévouer à l’amour et à la gloire de ce très auguste Sacrement par l’apostolat de chacun de ses membres qui, sous les auspices et la conduite de l’Immaculée Vierge Marie, doivent s’y appliquer dans la mesure de leur grâce et de leurs vertus.”

Mais pourquoi un tel apostolat en faveur du Saint-Sacrement, alors que la misère était extrême. Laissons le Père Eymard en parler lui-même. Tout d'abord, sa vocation eucharistique l'émerveille: “Comme le Bon Dieu m’a aimé! Il m’a conduit par la main jusqu’à la Société du Très Saint-Sacrement! Toutes mes grâces ont été des grâces de préparation, tous mes états, un noviciat! Toujours le Saint-Sacrement a dominé. C’est la Très Sainte Vierge qui m’a conduit à Notre-Seigneur: à la communion de tous les dimanches[1] par le Laus[2] à 12 ans; de la Société de Marie à celle du Très Saint Sacrement.”

Par ailleurs, la situation matérielle des classes pauvres du pays était épouvantable. Laissons le Père Eymard nous décrire la situation des jeunes ouvriers parisiens de cette époque:

“À peine capables de travailler, les enfants pauvres de Paris sont placés dans les fabriques pour y gagner quelques sous d’abord, puis dix, puis un franc; et cela aide à avoir un peu de pain pour sa pauvre famille, et à payer les quarante sous de loyer par semaine. S’il n’y a pas de place dans les fabriques de boutons, de papier, etc, l’enfant, avec sa petite hotte, part le matin ou le soir, chiffonner dans la ville. Que de centaines d’enfants en sont là dans Paris...

Si du moins la vie religieuse compensait la misère de la vie du corps! Mais, hélas! elle était encore plus déplorable. Le petit ouvrier ne va pas à l’Église apprendre à connaître, à aimer et à servir Dieu; ses parents ne lui en parlent pas. Ils ont été élevés ainsi, ou bien l’indigence les rend honteux et les abrutit.   Car Paris a son côté de missions étrangères, sa population nomade, sans autre religion que le culte des morts... Non, rien ne ressemble à ce Paris de la misère et de l’indifférence!”

Les épreuves spirituelles

On connaît relativement peu la vie mystique de Pierre-Julien Eymard, ni ses combats avec Satan. Trois semaines avant sa mort, il avait dit au frère Tesnière qui le soignait: "Oh! que le diable est mauvais quand il vous bat. Ses soufflets sont secs, comme s’il frappait sur du marbre. Ah! c’est qu’il frappe vraiment et non pas seulement d’une manière imaginaire."

P. J. Eymard connut aussi les terribles épreuves de la nuit de l’esprit. C’est encore le Père Tesnière qui témoigne, lors du procès ordinaire de Paris: “Il entra dans une voie d’oraison douloureuse: sécheresse du cœur, impuissance de l’esprit à raisonner sur les vérités ou même à se représenter les mystères: obscurité de la foi, insensibilité absolue, vains efforts pour formuler une prière dans son cœur, vains appels à Dieu qui semblait sourd à ses cris et s’éloignait à mesure qu’il le cherchait davantage... vues très claires de l’inutilité de ses efforts dans la prière comme de toutes ses actions dont il ne voyait que lacunes, défauts et fautes, et par suite tentations de découragement et de désespoir qui le poussaient à abandonner au moins la prière comme inutile ou même injurieuse à Dieu.

Telle fut la voie du Serviteur de Dieu durant ses dernières années... C’était donc plusieurs heures par jour qu’il devait affronter ce combat de la prière, mais il n’en abandonna jamais l’exercice ni par fatigue, ni par dégoût, et surmonta ainsi cette longue et rude épreuve. Mais aller à la prière équivalait pour lui à aller au sacrifice pour y immoler son âme sur le plus cruel des bûchers.”

Ce texte très éclairant se passe de commentaires.


[1] Les fidèles communiaient rarement à cette époque.
[2] Le sanctuaire Notre-Dame du Laus.

 

 

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