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La spiritualité du Père Lamy

 

La plus grande partie des écrits du Père Lamy est orientée vers les conseils destinés à ses religieux, ainsi qu'à l'élaboration de leur Règle de vie. Le Père Lamy se livre tout entier dans ces textes dont beaucoup sont encore provisoires lorsqu'il les confie à des feuillets plus ou moins épars. En conséquence, les réflexions du Père Lamy apparemment orientées vers la vie religieuse qu'il souhaitait fonder, livrent également la réalité de sa propre spiritualité. Nous respecterons, dans ce qui suit, la volonté du Fondateur de s'adresser à des religieux: le lecteur saura découvrir toute la richesse de la vie intérieure de l'auteur entièrement livré à Dieu.

5-1-Réflexions sur la vocation religieuse

5-1-1-L'appel

"C'est ordinairement dans l'intimité de la prière que l'appel du Sauveur se fait entendre à l'âme qu'il convie aux noces, ou plutôt aux durs labeurs de l'apostolat. L'âme répond: 'Me voici Seigneur. Qu'il me soit fait selon votre parole'." Mais, se demande le Père Lamy, l'âme est-elle vraiment désintéressée? A-t-elle "pensé à acquérir l'esprit de sacrifice?"

Car la voie religieuse conduit chaque jour "dans le recueillement, la prière, le travail, la mortification... et le silence intérieur et extérieur... à chercher Dieu, à écouter sa parole dans l'Écriture et dans l'Eucharistie.

Ces âmes devront prier l'Esprit de lumière."

5-1-2-La vocation de ceux qui œuvreront dans les patronages

"La vocation est nécessaire pour tous les états (de vie), mais il faut y être appelé de Dieu, voilà pourquoi il faut demander avec insistance les lumières du Saint-Esprit..." Mais le Seigneur choisit spécialement ses ouvriers. Il ne faut donc pas combattre les vocations mais "protéger et aider les premiers élans vers le divin."

Ceux qui devront s'occuper des jeunes, reçoivent de Dieu une redoutable vocation. Aussi le Père Lamy donne-t-il d'importantes orientations, à tous ceux qui, religieux ou non, seront appelés à cette vocation. Le Père rappelle les grandes catégories d'âmes dont ils devront s'occuper:

        – Il y a d'abord, "l'élite de l'élite, âmes que Dieu a choisies pour lui, soit dans l'état religieux, peu importe l'ordre dans lequel elles entreront, soit les prêtres séculiers. Toutes ces âmes ont droit à des soins particuliers. On doit veiller sur ces  âmes... se montrer même un peu sévère dans la direction, et leur demander quelques sacrifices pour s'assurer, autant qu'on le peut, de la solidité de leur vocation..."

        – il y a des jeunes gens qui semblent appelés à la vocation du mariage en vue de fonder une famille. "Il faut les préparer avec soin à cette redoutable vocation, car s'il y a tant de mauvais ménages, de divorces, la cause en est presque toujours un manque de préparation à la réception de ce grand sacrement de mariage..." Le Père Lamy insiste sur la responsabilité de tant de parents, parents aveugles, qui n'ont pas su éduquer leurs enfants. Il faut donc que les patronages portent remède à ce grand mal: "Il faut, de toute nécessité, revenir aux traditions chrétiennes en protégeant l'enfance contre les promiscuités dangereuses,  et travailler à rappeler les graves devoirs des parents sur l'éducation de leurs enfants..."

        – Il y a les enfants sans famille ou nés de "parents quelconques". Pour ceux-là il faut créer une famille dans le patronage. "Il faut les traiter avec bonté mais sans faiblesse, être juste avec eux, bien les surveiller... se souvenir que ce sont de pauvres incultes dont il faut avoir pitié... Il faut cultiver ces chères âmes avec une grande charité, leur enseigner les parties essentielles de la religion, les prières, les respect de Dieu... le respect du bien d'autrui. C'est une rude école... et voilà un apostolat bien nécessaire en faveur de la classe ouvrière dont on parle sans cesse et dont on s'occupe si peu." 

5-1-3-Les débuts de la vie religieuse: la recherche de Dieu

Dès 1924, le Père Lay pose ses conditions préalables: quand un postulant est reçu[1], il doit se poser les deux questions que saint Bernard se posa lui-même:

– Bernard, à qui es-tu venu?

– Pourquoi es-tu venu?

Le Père Lamy répond par les paroles mêmes de saint Bernard: "Tu es venu à Dieu. Pour apprendre à Le connaître, à L'aimer, à Le servir comme Il veut être servi, et arriver à Le posséder pendant toute l'éternité."

Dès lors le jeune novice doit se souvenir des engagements de son Baptême et de sa Confirmation. Le Père Lamy précise: "Entrés au service de Dieu, demeurez fermes dans la crainte de Dieu et préparez votre âme à la tentation et à toute extrémité. Car c'est par beaucoup de tribulations qu'il nous faut entrer dans le Royaume de Dieu.... Courage et confiance, Dieu est avec vous..." Dans les hauteurs où Dieu réside, votre âme sera à l'abri de toutes les passions humaines: "Et de cette sainte retraite, il faut se munir du réconfort de la prière et de la grâce des sacrements, pour redescendre dans la vallée et reprendre rang dans les combattants, pour les luttes qui nous attendent..."

Il faut chercher Dieu dans la solitude de la prière et dans le renoncement. "Dieu est partout, c'est vrai, mais il ne se communique pas partout. Vainement vous le chercherez dans les réunions mondaines... Dans ces lieux-là, Dieu est ordinairement caché et introuvable. Dans le sacrement de son amour, il est voilé et caché pour le visiteur qui vient admirer la beauté de l'édifice qui abrite son Eucharistie. Il ne se découvre et ne fait sentir sa divine présence qu'à l'âme qui vient le saluer et adorer sa douce présence dans une prière humble et confiante.

Il faut donc chercher le divin Maître dans les sentiments de l'humilité la plus profonde... Lorsque nous avons trouvé Jésus dans la méditation ou la prière, il faut bien prendre garde qu'il ne s'éloigne de nous à cause de nos distractions volontaires, qui nous rentraînent (sic) vers le monde... Trop souvent nous spéculons sur sa bonté en feignant d'ignorer sa justice."

5-1-4-Les tentations

Le Père Lamy sait que "toute âme qui entre au service de Dieu doit s'attendre à la tentation et à beaucoup de tentations." Cela tient à la malice du démon. "Dieu permet la tentation pour éprouver notre fidélité, pour nous faire sentir notre impuissance... Il nous apprend à avoir horreur de nous-mêmes, à nous fuir... et à nous livrer à l'Esprit de Dieu et à sa sainte volonté..." Aussi conseille-t-il à ses jeunes novices: "Rapprochez-vous de l'amour de Dieu par une obéissance plus prompte, plus généreuse, armez votre âme de l'oraison et de la prière, et employez, au besoin, la pénitence, vous vaincrez très sûrement." D'ailleurs, le Père Lamy conseillera cet esprit de pénitence: "Le monastère doit être un encensoir dans lequel se brûlent et se consument, en la sainte présence de Dieu, toutes les imperfections humaines, parfumées par l'amour de Dieu... La prière s'unit à la pénitence pour éloigner des peuples les foudres de la justice de Dieu, attirer sur les âmes les bienfaits du sacrifice de la Croix, et nous aider à payer nos dettes en ce monde, avant d'arriver en l'autre, en nous préparant un jugement miséricordieux."

5-2-L'état religieux

Nous indiquerons dans ce chapitre les principales vues du Père Lamy sur l'état religieux. Il faut bien se souvenir que lui-même était resté plus de dix-sept ans chez les Oblats de Saint François de Sales avant de demander son intégration dans le diocèse de Paris.

Pour le Père Lamy, l'essence de l'état religieux est un "holocauste par lequel l'homme offre totalement ce qu'il est et ce qu'il a à Dieu..." Ainsi, débarrassé de tous les soucis habituels aux hommes, "l'âme, dans la pleine possession de sa liberté, immole à Dieu, sur l'autel du culte religieux, ses biens extérieurs, son corps, sa liberté, afin que Dieu seul en dispose en souverain..." Ayant ainsi tout quitté, le religieux, par ses vœux "prend Dieu pour sa part, ne perd rien, il gagne tout... Tel est le privilège des âmes qui, en paraissant se lier, se délivrent."

Enfin, il faut se souvenir que, "qui dit: vie religieuse, dit vœu de pauvreté de chasteté et d'obéissance." Ces vœux "sont des appuis  bien nécessaires quand on connaît les variations de l'esprit et les faiblesses humaines."

5-2-1-L'esprit des Serviteurs

"L'amour de Dieu sera la base de la vie des Frères... Cette vertu leur inspirera leur prière... et elle les rendra prudents dans toutes leurs démarches, en leur apprenant à pratiquer l'humilité, compagne inséparable de la vertu de prudence..."

Le but des Serviteurs de Jésus et de Marie, "c'est le bien des âmes qu'ils s'efforceront de ramener à Jésus par leur vie de prière et de pénitence..." Tout d'abord "l'esprit du religieux doit être un esprit de prière. La prière doit être l'activité première du prêtre, établi médiateur entre Dieu et les hommes." Les grands moyens à utiliser sont les louanges de Dieu à travers l'office divin, et surtout le culte eucharistique. "La piété des Serviteurs de Jésus et de Marie doit se traduire par une tendre dévotion envers Notre Seigneur, par l'assistance à la messe dans un profond respect, les visites fréquentes au Saint Sacrement, la sainte Communion."

À cela doit s'ajouter l'Esprit de Marie. "C'est avec une grande foi qu'il faut demander à la très Sainte Vierge son esprit pour fonder et diriger son Œuvre..."

5-2-2-L'obéissance  religieuse et l'abnégation

"L'obéissance est le fruit de l'humilité. Dieu repousse l'âme orgueilleuse, mais il exalte les humbles, nous dit la  très sainte Vierge en son magnificat."

Nous avons vu plus haut toute l'estime du Père Lamy pour l'obéissance. Cependant, à cette obéissance quasiment universelle, s'en ajoute une autre, plus spécifique aux religieux: "L'obéissance qui prend sa source dans l'amour de Dieu et du prochain est prompte, généreuse et persévérante; rien ne la ralentit. Plus elle coûte à la nature humaine, plus il faut mettre d'empressement dans l'acte de la sainte obéissance, parce qu'elle est plus méritoire."

Mais l'obéissance coûte souvent à notre nature humaine: "Elle est un labeur pénible à notre pauvre nature humaine... elle est, de sa nature, pénitentielle et dure..." On ne peut combattre ses ennemis que "par le saint amour de Dieu qui fait naître au fond de nos cœurs l'esprit de zèle qui nous presse et nous pousse à tout sacrifier à l'amour de Dieu... car l'amour incline la volonté... Suivons bien le modèle qui est Notre Seigneur lui-même."

"Pour se donner à Jésus-Christ, il faut chasser loin de nous tout désir terrestre, car moins l'on désire les biens de la terre, plus on aime Dieu, et quand on ne désire rien, on l'aime parfaitement... Souvenons-nous: nous sommes nés, créés pour jouir de Dieu éternellement... Dieu ne nous châtie point pour nous perdre, mais pour nous corriger... Cette vie est le lieu du combat, les secrets de Dieu nous sont cachés."

Les supérieurs des religieux seront rarement parfaits. Il faut accepter leurs défauts: "Défions-nous de tous les prétextes de désobéissance, de toutes les illusions du démon et de ses lanternes magiques. Qu'ils soient de grands saints ou qu'ils ne le soient pas, les supérieurs sont constitués de Dieu pour nous conduire à la sainteté... Et la sagesse consiste à obéir à Dieu et aux supérieurs. C'est la voie infaillible: elle peut quelquefois tromper le supérieur, jamais l'inférieur."

C'est l'amour de Dieu qui motive les religieux; et "l'amour de Dieu est un sacrifice sans cesse renouvelé. Il est bien important que chaque Serviteur de Jésus et de Marie fasse les sacrifices nécessaires pour se ranger à la fidèle observance de la Règle, pour s'attacher à la pratique de la charité, pour suivre exactement le mouvement qui lui est donné par la charité, conduite par l'obéissance. Cela, c'est tout simplement le sacrifice de soi-même. C'est tout simplement la grandeur et la générosité. C'est tout simplement de l'héroïsme... Est-ce que cela ne coûte rien que de faire abstraction de sa volonté propre? Cela coûte plus que de mendier son pain ou de jeûner jusqu'au coucher du soleil... L'abnégation, le renoncement pour Dieu, c'est la vertu féconde et qui produit, c'est la vertu qui donne quelque action sur les âmes... Je fais la sainte volonté de Dieu, cela me suffit... Il faut comprendre que tout notre bien consiste à nous unir à la volonté divine..."

Et voici quelques conseils importants, liés aux vertus d'obéissance, d'abnégation et d'humilité, conseils destinés aux Serviteurs de Jésus et de Marie: "Écoutez les enseignements du Sauveur: 'Apprenez de Moi que je suis doux et humble de cœur.' L'humilité et la douceur, voilà les deux vertus qui sont, pour ainsi dire, les deux bases de la vie du Divin Maître. Nous sommes appelés à en faire les bases de toute notre vie religieuse... L'humilité est le joyau le plus précieux qui orne l'âme du religieux... L'obéissance du religieux doit être absolue, mais intelligente et raisonnable" Elle conduit à la véritable humilité. D'ailleurs, "la sainte humilité nous est incessamment prêchée par nos misères et nos fautes de chaque jour. Rappelons-nous "que nous ne sommes rien de nous-mêmes, que nous ne pouvons rien, que nous ne valons rien, que nous n'avons que le péché, que nous sommes des serviteurs inutiles... Offrons à Dieu et sacrifions-Lui notre être tout entier. Crions miséricorde pour toutes nos fautes passées..."

5-2-3-La vertu de pauvreté

S'adressant à des religieux ayant fait vœu de pauvreté, le Père Lamy se devait d'approfondir cette vertu, pour lui  bien chère. En effet, cette vertu "toute céleste nous sépare des joies, des plaisirs mondains  et d'une foule d'embarras qui sont de nature à détourner le cœur du pur amour de Jésus-Christ..."

 La pauvreté religieusement vécue "nous met constamment  en rapport avec Dieu pour le temporel... et nous unit étroitement avec Dieu: elle nous met dans la nécessité d'avoir sans cesse recours à la bonté de Dieu pour le besoin que nous en avons en raison des besoins de la vie... Elle ravive le saint amour de Dieu en nous, et l'amour du prochain qui prend sa source en Dieu... La pauvreté est là qui veille sur nous et nous tire de l'engourdissement mortel dans lequel nous glisserions si facilement... Ô sainte pauvreté du Christ, s'écrie le Père Lamy, ne me quitte jamais..."

5-2-4-La prière

Le but de toute vie spirituelle sur la terre, c'est de vivre une prière perpétuelle. "Le religieux commence sur cette terre cette vie d'union avec Notre Seigneur Jésus-Christ qui n'aura son plein épanouissement que dans le ciel. On ne peut établir cette vie surnaturelle que par la prière perpétuelle."

L'oraison

Le  père Lamy insiste beaucoup sur la nécessité de la prière pour les Serviteurs de Jésus et de Marie. "C'est l'oraison qui fait les saints. Notre Seigneur lui-même avait la pratique de l'oraison. Elle est d'une nécessité absolue pour entretenir la ferveur dans les âmes." L'oraison, "est un exercice nécessaire à la vie surnaturelle de l'âme chrétienne et à plus forte raison de l'âme religieuse, elle se prépare dès la veille au soir... L'affection à l'oraison conduit l'âme jusqu'au cœur de Jésus, en découvre toutes ses perfections, surtout son immense charité pour les âmes."

Mais le Père Lamy n'hésite pas, cependant, à parler, entre autres, des difficultés qui peuvent être rencontrées dans l'oraison. Tout d'abord, il faut savoir que l'âme ne s'élève pas toujours facilement jusqu'à Dieu: "Elle éprouve des lourdeurs, elle se sent secouée par les tentatons et par mille sujets de la vie journalière. Il faut se faire violence, se séparer de la foule, imiter en cela Notre Seigneur qui se retirait dans la solitude pour faire oraison... Il faut vider notre âme de toutes les préoccupations des choses du temps, et prier pour obtenir les lumières nécessaires à notre sainte vocation... Les lumières sont plus abondantes après une fervente prière; elle amène l'accalmie dans l'âme qui se sent pénétrée de Dieu.

Le religieux a souvent besoin de se retrouver seul avec Dieu, car toute notre force est dans le secours de Dieu, et Dieu ne l'accorde qu'à ceux qui prient... L'oraison mentale a fait tous les saints... Il faut bien prendre garde de se dispenser de l'oraison pour des motifs peu graves, souvent futiles... On ne prie pas pour son plaisir, on prie pour plaire à Dieu: l'action n'est pas sans mérite." D'où la nécessité du silence dans la communauté: "il protège le religieux contre la dissipation."

Le Père Lamy insiste: "La pensée de la présence de Dieu sans cesse renouvelée est la gardienne de la grâce dans l'âme. Elle excite l'amour de Dieu, elle est la protectrice de l'amour de Dieu dans l'âme... Elle nous stimule dans l'accomplissement de nos devoirs... Heureuse est l'âme qui marche sans cesse en la présence de Dieu... Elle se sent plus près de Dieu, elle se sent protégée et gardée dans le péril. Elle parle à Dieu en toute confiance."

C'est dans l'oraison que peu à peu on comprendra la richesse de l'abandon  au bon plaisir de Dieu. "C'est une vertu rare et peu aimée du monde que de faire, ici-bas et au milieu des hommes, le bon plaisir de Dieu. Cette grâce des grâces ne s'obtient qu'à force de courage, de prière et de persévérance..." Jésus est venu sur la terre pour faire la volonté de Celui qui l'envoyait: "Voilà le pain quotidien du vrai Serviteur de Dieu: ne jamais faire sa volonté propre et toujours faire le bon plaisir de Dieu, quel qu'il soit... C'est la vie d'une âme qui vit dans le divin, elle se rapproche de la vie de la Très Sainte Vierge au plus près de la Croix."

En conséquence, les chrétiens qui veulent marcher dans l'amour de Dieu et au service de Dieu "doivent s'attendre à tout, à toutes les volontés les plus impénétrables de Dieu, et marcher dans la voie du plus complet abandon à la Providence... il faut, comme Marie-Madeleine, rester aux pieds du Sauveur, sans s'inquiéter des regards, des jugements, des chuchotements d'indignation pharisaïque et de mépris du monde... Il faut persévérer dans cette voie tracée par Dieu lui-même, sans se mettre en peine de rien pour l'avenir, sans nous inquiéter des hommes... La fidélité à Dieu est la marque la meilleure de notre amour pour Lui." C'est déjà l'esprit d'abandon.

L'esprit d'abandon, c'est l'esprit "dans lequel doivent vivre et mourir les Serviteurs de Jésus et de Marie... c'est-à-dire ne désirer, ne vouloir qu'une seule chose: faire chaque jour, à chaque heure du jour, la sainte et adorable volonté de Dieu... Ils[2] trouveront là le plus excellent des moyens de pratiquer les trois vœux de pauvreté, de chasteté et d'obéissance qui sont les fondements de la vie religieuse... Ils maintiendront entre eux la concorde et la paix qui sont si nécessaires pour progresser dans la pratique de toutes les vertus religieuses.

L'esprit d'abandon de soi-même a cet immense avantage de nous tenir toujours prêts à faire la divine volonté... Dieu a parlé, j'obéis. C'est très simple, c'est très beau; comme ça devient bon!"

C'est, en réalité, tout le fond de la vie chrétienne que le Père Lamy vient de résumé dans les éléments qu'il donne à ses religieux à travers les points de l'oraison qu'il propose. Hors de la volonté de Dieu, tout est faux! Cela est facile au temps des consolations; c'est plus difficile au temps de la désolation, "dans les souffrances du corps, de l'esprit ou du cœur, quelles qu'en soient les causes immédiates. Nous sommes soumis à la grand loi de la souffrance... tout se réduit à savoir si nous voulons souffrir  à la suite de Satan ou à la suite de Notre Seigneur Jésus-Christ."

L'aridité

"Beaucoup d'âmes souffrent quelquefois de l'aridité qu'elles éprouvent dans la prière..." Il faut continuer, être persévérant car, "quand on abandonne l'oraison, on réjouit le démon. Quand nous souffrons de l'aridité, réfugions-nous près de Jésus-Christ désolé sur la Croix, faisons un acte de profonde humilité, demandons miséricorde pour nous et pour tous les pécheurs... Demandons à Dieu de prendre pitié de nous et de nous tirer de notre profonde misère. Cette oraison est toujours fructueuse, Dieu la bénit." Et le Père Lamy d'insister encore sur la persévérance dans l'oraison: "Ne jamais se dispenser de l'oraison, quels que soient les motifs que l'on invoque. Dans l'oraison Dieu nous découvre les secrets de son cœur et se laisse aller à l'effusion de son amour pour nous. Heureuses les âmes qui se forment à l'école de l'amour de Dieu!"

Les fruits de l'oraison

On apprend beaucoup de choses de Dieu pendant l'oraison: "C'est par elle que nous trouvons Dieu avec sa sagesse et pouvons sentir ses perfections... il ne nous faut que de la bonne volonté pour atteindre la science infinie, la science de Dieu. Et en Dieu, vous trouverez la science de l'amour des âmes: l'un ne va guère sans l'autre... Celui qui demeure en Jésus-Christ doit marcher d'un pas égal avec lui et rivaliser de perfection avec lui...

Voulez-vous avancer dans la vertu? Priez. Dans la foi, l'espérance, la charité? Priez. L'amour de la pauvreté, l'obéissance, la chasteté? Priez. Dans les tribulations de la chair, du monde et du démon, dans les persécutions, si vous voulez la victoire, Priez. Voulez-vous recevoir le Saint-Esprit? Priez, demandez l'esprit de prudence."

Les dévotions

         – au Saint-Sacrement

La dévotion au Saint-Sacrement est nécessaire à tous les chrétiens. Il faut montrer un très grand respect à Notre Seigneur dans l'Auguste Sacrement de l'autel... "La sainte messe est le foyer dans lequel les frères iront puiser cette flamme de la dévotion au Très Saint Sacrement... la visite au Saint Sacrement est de règle... Les frères profitent des moments libres de la journée pour faire individuellement leur visite au Saint Sacrement. C'est dans ces moments d'épanchement que l'âme apprend à mieux connaître et aimer son Dieu... C'est dans la visite au Saint Sacrement que Notre Seigneur se communique davantage, avec une bénignité de plus en plus attachante..."

Dans le même ordre d'idées: "La dévotion au Sacré-Cœur décuple les forces de l'âme, la porte à la méditation des souffrances et de la mort de Notre Seigneur, et la prédispose à supporter généreusement, pour l'amour de Dieu, et par charité pour les âmes, les épreuves qui font de la vie du prêtre missionnaire une passion continuelle."

         – Autres dévotions

Le Père Lamy signale enfin à ses religieux d'autres dévotions bénéfiques. Ce sont:

– La dévotion à la Sainte Vierge, "le vrai modèle des âmes religieuses."

– La dévotion aux saints anges: "Avant de quitter le monastère pour accomplir une obéissance au dehors, les frères, en prenant l'eau bénite demanderont à leur ange de les bénir et de les protéger."

– La dévotion aux saints: "Au jour de notre baptême l'Église nous a placés sous la protection d'un saint dont nous portons le nom. C'est donc pour nous un devoir de le prier et d'imiter sa vie..."

Un petit mot sur la pensée de l'heure

Selon le Père Lamy, "la pensée de l'heure nous rappelle la rapidité avec laquelle le temps passe et nous invite à nous préparer à la mort. Cette pensée fréquemment renouvelée nous aide puissamment à triompher des tentations... Elle nous tire de la somnolence dans laquelle on s'enfonce vite, elle ranime notre  courage dans le détachement de nous-même."

5-2-5-La vie quotidienne des Serviteurs

Tout d'abord, le Père Lamy précise que le lever doit être matinal[3], ce qui est salutaire à l'âme et au corps. Dès le matin, il faut examiner le bien que l'on désire faire pendant la journée. "Armés de cette bonne résolution, et assistés de la puissance de la grâce que Dieu donne toujours à la prière humble et confiante, nous serons armés pour les combats de la journée, quels qu'ils soient, de quelque côté qu'ils viennent... À cette préparation nous joindrons une fervente prière pour nous préparer à la sainte communion."

Pour bien se soutenir durant la journée et tenir ses résolutions du matin, le Père Lamy propose de faire, dès le matin, l'achat de neuf parfums à offrir à Notre Seigneur: "Le sentiment de la compassion pour les âmes, le zèle pour la Règle et les constitutions, avec l'esprit de discrétion... La langue achètera la modération dans la correction, l'abondance dans l'exhortation et la grâce dans la persuasion. La main se procurera la mortification pour soi, la commisération, la misérivcorde pour le prochain et la patience pour Dieu... Le bon Dieu vous vendra ces neuf parfums, les trois premiers au prix de votre volonté propre, les trois suivants au prix de la confession de vos misères et les trois derniers au prix de votre propre soumission."

En ce qui concerne la messe à laquelle les Frères assisteront (ou qu'ils célèbreront), le Père Lamy n'hésite pas à dire: "L'action que vous allez accomplir est redoutable, même aux anges."

Après la messe, il convient de faire une action de grâces "modérément longue, car il y a toute la journée pour y revenir." Ensuite, il convient de "faire toutes choses sous le regard du Sauveur..." À trois heures de l'après-midi "hausser l'esprit jusqu'à Notre Seigneur mourant sur la croix; priez pour les malades et les agonisants (si possible, les visiter)."

Comme dans toutes les congrégations religieuses, outre les occupations ordinaires les religieux sont soumis à diverses dévotions: Office divin, chanté ou récité, l'Angélus, sonné trois fois par jour, et surtout le chapelet. À propos du chapelet, le Père Lamy écrit: "Le chapelet est ordinairement l'acte spécial de dévotion à la très Sainte Vierge. Il faut se préparer à bien réciter le chapelet en prenant cet avertissement du saint archange Gabriel à un prêtre[4]: 'Faites donc attention! Vous allez prier devant la Vierge Marie!'... Dites aux Serviteurs de Jésus et de Marie d'apporter tous leurs soins pour bien faire cette sainte prière."

La prédication

Les prêtres devront prêcher la Parole de Dieu et diriger les âmes. Voici donc quelques conseils donnés aux Serviteurs de Jésus et de Marie:

"Pour bien prêcher la parole de Dieu, il faut bien l'étudier et bien la posséder. L'étude du catéchisme est donc une nécessité de l'Ordre... avec le catéchisme, on n'est jamais à court de paroles. C'est le pain pour toutes les âmes... Le catéchisme bien fait est un remède contre l'impiété; avec le catéchisme, il est facile de réfuter une foule d'erreurs qui ne prennent naissance que dans l'ignorance... Quand une âme est instruite, elle est prémunie contre l'erreur... Que d'âmes se perdent faute d'avoir reçu l'instruction d'un peu de catéchisme!... Les enseignements de Notre Seigneur Jésus-Christ, si peu connus, bien commentés, mettront les âmes en garde contre la dépravation de la jeunesse qui semble emportée par un tourbillon de sensualité qui fait tant de ruines, souvent par imprévoyance."

Remarque: ces lignes du Père Lamy devraient être lues et relues aujourd'hui à tous les catéchistes.

Enfin, les prédicateurs devront se préparer pendant quelques instants devant le Saint-Sacrement. "À ce contact divin, l'âme s'embrase de l'amour de Dieu... Notre Seigneur est là, c'est sa parole qui est donnée; c'est sa parole que les âmes recueillent."

La confession

Le Père Lamy confessa beaucoup au cours de sa vie sacerdotale, aussi donne-t-il quelques conseils précieux à ses religieux prêtres:

        – demander l'assistance de Notre Seigneur pour toujours agir d'après son inspiration.

        – penser à la lourde charge que l'Église confie à ses prêtres de la part de Jésus-Christ

        – appliquer les règles du sacrement de pénitence les plus favorables aux pauvres âmes qui viennent,

        – recommander ces âmes à la protection de la Mère de Dieu.

Le Père Lamy ne craint pas de dire: "Le sacrement de pénitence, institué par Notre Seigneur Jésus-Christ, est absolument nécessaire pour nous purifier du péché. Les frères y auront recours au moins une fois par semaine, et plus souvent, s'il est avantageux pour leur avancement spirituel." Mais le choix du confesseur sera toujours libre.

Dans la vie des Serviteurs de Jésus et de Marie, il y aura toujours des tentations et des combats. "Mais, affirme le Père Lamy, la fidélité naît ordinairement dans une confession bien faite... Le regret des fautes commises est le commencement de l'amour de Dieu qui grandira par la prière et l'observation de la Règle, appuyée sur l'humilité. Le Saint-Esprit donnera à cette âme l'Esprit de force... Ce sera pour cette âme un dur travail, une suite ininterrompue de combats. Mais cette âme, si elle s'enfonce dans l'humilité et l'obéissance sans faire de retour sur elle-même, va vers le triomphe, va vers la couronne, va vers le ciel...

Cette lutte revêt bien des formes. Le démon y emploie toute sa ruse et toute la force dont il dispose. Il emploie les sens du corps, les ressources de l'âme; il fait venir à son aide les passions, le monde avec ses séductions. Il envoie les mirages des plus trompeurs devant notre âme, devant laquelle il fait apparaître toutes les amertumes de la pénitences d'une vie pénible et difficile. Stratagème habile: il l'enferme dans un nuage obscur et la rend hésitante, lui montre les difficultés de toutes sortes dont le chemin est rempli, lui fait sentir toutes les faiblesses de la chair et aviser ses convoitises...

Que doit faire l'âme dans cette extrémité?... Elle fait un acte de profonde humilité et hausse l'esprit jusqu'à Dieu et prie autant qu'elle peut... Elle implore le secours de la très Sainte Vierge, Secours des Chrétiens... L'âme délivrée momentanément de cette rude épreuve doit remercier Dieu de cette victoire due à sa bonté et se préparer aux futurs combats qui l'attendent, en redoublant de vigilance, d'humilité, de confiance en Dieu et de prière... Elle fuit le monde, les discours du monde, elle se complaît dans la solitude de sa cellule. Là elle trouve dans ce silence,  le temps de s'entretenir avec Dieu, et elle lui expose ses besoins... elle reçoit parfois des assurances bien consolantes, pleines de promesses... L'âme fidèle répond avec générosité aux inspirations du Saint-Esprit...

5-2-6-Quelques points liés à la vie en communauté

Les Serviteurs de Jésus et de Marie doivent vivre en communauté, "consacrant une large partie de leur temps à la louange de Dieu, et pratiquant les vertus de pauvreté, de chasteté, d'obéissance et de silence. Ils créeront des patronages, des maisons de familles et de retraitants pour les jeunes gens, et des alumnats. Leur apostolat s'exercera accessoirement et spécialement par la prédication de missions, dans le but de ramener les populations... à la connaissance de la doctrine catholique... l'amour de Dieu sera la trame de l'existence.

La récréation

Le Père Lamy rappelle: "Rien n'est meilleur qu'une bonne et saine récréation pour chasser de notre âme les nuages de tristesse, d'ennuis, les soucis et les préoccupations qui nous absorbent et nous fatiguent très souvent..." La récréation, c'est le moment d'écouter le prochain et de lui parler... Mais il faut prendre la récréation sous le regard de Dieu "et nous remémorer souvent la pensée de la sainte présence de Dieu..."

La cellule

La récréation terminée, les frères doivent se retirer en silence car "le silence est nécessaire à l'âme qui veut se sanctifier. Le silence doit être gardé en tout temps dans les maisons des Frères... L'âme chrétienne se nourrit du pain de la parole de Dieu... Le Saint-Esprit parle aux âmes dans les moments de silence plus qu'en tout autre temps... Aussi faut-il garder le silence avec une attention sans cesse renouvelée..." Après la récréation, les Frères iront vaquer à leurs occupations ou se retireront dans leur cellule: "Rien ne remplace la cellule pour l'âme que le Seigneur daigne appeler aux bénédictions de la solitude. C'est dans la cellule que Dieu parle avec plus d'amour et qu'il se communique avec plus d'abondance à l'âme qui garde la cellule pour son saint amour. Il la fortifie, l'éclaire et la prépare à la tentation, et lui fait parfois goûter les amertumes de la croix, sans lui ménager les consolations qu'il rend abondantes selon les degrés de l'épreuve."

L'exemple des saints

Le Père Lamy conseille: "Ayez sans cesse devant vous l'exemple des saints pour vous stimuler dans l'accomplissement de la règle... Considérez tout ce que les vrais serviteurs de Dieu ont enduré de peines, fait d'efforts persévérants pour l'amour de Dieu; ce qu'ils ont souffert de tribulations, de tentations de la part du démon, de la part des hommes, pour les faire retourner en arrière et pour leur faire abandonner la voie droite pour retourner dans le monde.

Mais rien ne les a séparés de l'amour de Jésus-Christ..."

5-3-La Miséricorde de Dieu

On trouve rarement ce terme "Miséricorde de Dieu" dans les écrits du Père Lamy. Pourtant on ne peut nier qu'il fut, par excellence, un homme rempli de miséricorde. Il devint cet homme d'abord comme éducateur dans les œuvres de jeunesse, à Troyes, puis dans les patronages qu'il fut amené à ouvrir et à diriger. Rapidement le Père Lamy comprit qu'un éducateur, surtout dans les milieux ouvriers de son époque, se devait d'être un homme de miséricorde.

Dans ses paroisses de Saint-Ouen et de La Courneuve, le Père Lamy  découvrit des gens blessés par la vie[5]. Il apprit à savoir prendre les pauvres, les pécheurs, et bientôt il eut une prédilection pour les petits et les humiliés, à l'exemple de la Vierge qui aime la simplicité. À l'école de la Sainte Vierge, il a appris à rechercher avec le cœur et à voir les gens avec le regard de Marie qui embellit nos prières, car, disait-il, "Marie,  c'est une habile chiffonnière.

La Miséricorde parachève ce qui manque à la réception de la grâce de Dieu. C'est le fruit d'une expérience de la grâce. "Moi, disait-il, je suis aimé. Or, Dieu qui a entendu la misère de son peuple, a dit à Moïse: 'je vais descendre vers Toi.' Donc, concluait le Père Lamy, on t'a fait du bien: fais de même pour les autres. Marie nous montre nos manques et nos pauvretés. Donc, il faut apprendre à accueillir l'autre dans sa pauvreté."

Lorsque le Père demande à ses religieux de commencer leur journée en achetant trois parfums: la compassion pour les âmes, le zèle pour la règle et l'esprit de discrétion, il leur donne, en réalité, un mode d'emploi pour la mise en œuvre de la miséricorde." Par ailleurs, le Père insiste aussi, souvent, sur l'importance du confessionnal, là où se manifeste le plus la miséricorde envers les âmes.

5-4-L'amour de Dieu

"Le divin Maître, enseignant ses apôtres, leur dit: 'Je vous donne un précepte nouveau, c'est que vous vous aimiez les uns les autres' et que vous vous supportiez les uns les autres, et que vous vous aidiez les un les autres. Voilà le code du Seigneur. Les Frères le pratiqueront avec un grand soin, ne se critiquant jamais l'un l'autre, se rendant de mutuels services avec charité... Aimer Dieu par-dessus tout, aimer le prochain pour l'amour de Dieu, pratiquer à son égard les œuvres de miséricordes spirituelles et corporelles, voilà la vie des Frères de Saint-Jean."

En conséquence, ce qui caractérise particulièrement la spiritualité du Père Lamy, c'est l'amour, l'amour de Dieu et du prochain. Lorsqu'il propose un idéal de vie aux religieux de la Congrégation qu'il est en train de fonder, à la demande expresse de la Vierge Marie, il n'hésitera pas, reprenant ses convictions les plus profondes et l'exemple de sa vie, à leur dire: "L'amour de Dieu sera la base de la vie des Frères[6] de Saint-Jean. Cette vertu d'amour de Dieu inspirera leur prière, règlera leur direction d'intention, dirigera leurs pensées vers Dieu et leur fera produire des actes de sainte charité à l'égard du prochain."

Nota: Le Père Lamy rédigea également une Règle destinée aux Servantes de Jésus et de Marie, Ordre destiné à accompagner et à compléter, dans leurs missions, les Serviteurs de Jésus et de Marie.


[1] Entre 1924 et 1927, les postulants étaient reçus chez les Frères de Saint Jean, une œuvre fondée par le Prince Ghika. Le Père Lamy pensait confier au Prince la direction de la congrégation qu'il voulait fonder, mais bientôt les deux prêtres se rendirent compte que leurs objectifs et leurs méthodes étaient trop différents pour qu'une fondation commune fût envisagée. En conséquence les Frères de Saint Jean restèrent avec le Prince Ghika, tandis que les jeunes du Père Lamy prirent le nom de Serviteurs de Jésus et de Marie, en 1927.

[2] Les Serviteurs de Jésus et de Marie.

[3] Cinq heures.

[4] Le Père Lamy lui-même.

[5] Le Père Lamy aimait parler de la Mère Ripaton "qui n'était pas mauvaise, mais il fallait savoir la prendre..."

[6] Qui, dès 1927, prendront le nom de Serviteurs de Jésus et de Marie.

   

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