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Nicolas de
Flue est né à Flüeli,
près de
Sachseln, au bord du lac de Sarnen, au pays d’Obwald en
Suisse.
C'est un
saint de l'Église catholique, patron de la Suisse.
Remarque préliminaire. D'une
manière générale on connaît peu saint Nicolas de Flue,
et souvent, lorsqu'on entend parler de lui et de sa vie
dont on ignore à peu près tout, on pense immédiatement à
son épouse: Dorothée Wyss. Et l'on se dit: "Voyons! Qui
est le plus saint: Nicolas ou son épouse Dorothée qu'il
abandonna alors qu'elle venait de mettre au monde son
dernier enfant? Pourtant, dès que l'on pénètre un peu
dans le cœur de Nicolas, on comprend que c'est à Dieu
qu'il obéissait. Et l'on découvre encore mieux la
sainteté de son épouse qui, actuellement, est proposée à
l'Église en vue d'une béatification puis d'une
canonisation.
L'éducation de Nicolas se fit
à la maison à travers des entretiens dans famille et
avec les voisins qui lui inculquèrent d'abord l’amour de
la patrie. Dès sa jeunesse, il se montra un jeune homme
chaste, bon et vertueux, cherchant à vivre en paix avec
tous. Souvent il se retirait dans la solitude des champs
pour s’entretenir avec Dieu. Illettré mais doté d'une
grande sagesse, il était très apprécié par le peuple;
malgré son illettrisme, il devint juge et conseiller
cantonal, missions qu'il accomplit avec un grand sens de
la justice, et beaucoup de charité.
Quand il eut trente ans, en
1447, Nicolas de Flue se maria avec Dorothée Wyss, âgée
de 16 ans. De cette union, dix enfants naquirent: 5
garçons et 5 filles. Avec amour, Dorothée accompagnait
Nicolas dans sa quête spirituelle, et c'est elle qui le
soutint dans la mise en œuvre de sa vocation très
particulière. En effet, en 1467, Nicolas "doit" quitter
sa famille et devenir ermite. Que se passe-t-il?
Nicolas n’est pas un exalté, il s'entend très bien avec
sa femme et il aime beaucoup ses enfants. Nicolas est un
rude campagnard doublé d'un solide montagnard, rompu aux
dures tâches de cultivateur et d'éleveur. Il a un sens
aigu de ses responsabilités. Alors, que se passe-t-il?
Qu'est-ce qui motive son départ précipité ?
Nous savons
que Nicolas avait toujours été très pieux. Très jeune
encore, il avait été attiré par la solitude et la
prière. Pendant des années, il avait veillé, prié et
jeûné, mais toujours dans la plus grande discrétion.
Alors qu'est-ce qui soudain motive une telle décision,
apparemment bien déroutante? Nous savons que lorsqu'il
eut atteint l'âge de 50 ans, Nicolas entendit
une voix intérieure lui dire: "Quitte tout ce que tu
aimes, et Dieu prendra soin de toi." Nicolas soutint
alors un terrible combat, mais enfin il se décida effet
à tout quitter, femme, enfants, maison, domaine, pour
servir Dieu… mais après avoir demandé la permission à
sa femme et à ses grands enfants. Puis, il s’éloigna,
pieds nus, vêtu d’une longue robe de bure, un chapelet à
la main, sans argent, sans provision, en jetant un
dernier regard tendre et prolongé vers les siens. Mais
pour aller où? Incontestablement sa douleur dut être
atroce, mais Dieu le voulait.
Comme tous les citoyens
suisses très patriotes, Nicolas avait été à trois
reprises, appelé à participer à des guerres. Chez lui il
vivait près de Dieu et un peu comme un ascète, mais
c'était un père très attentif. Et voici qu'à l’âge de
cinquante ans, après la naissance de son dixième enfant,
âgé seulement de treize semaines et "avec le
consentement de son épouse, il quitte sa famille,
laissant à son fils aîné, qui y consent avec ses frères
et ses sœurs, le soin de subvenir à tous les besoins."
Ici, nous ne pouvons pas ne pas remarquer la
grandeur de la foi qui anime Nicolas et son épouse,
ainsi que ses enfants.
Nicolas erra pendant
plusieurs jours. Craignant, en effet de devenir
un de scandale pour ses compatriotes, Nicolas ne voulait
pas rester dans son pays et s'était dirigé vers
l'Alsace. Mais une nuit, alors qu'il s'était endormi
dans un champ, il entrevit une vive clarté partant du
Hauenstein et se dirigeant vers les montagnes
d’Unterwald; une secrète impulsion le ramena vers sa
patrie. "Cette clarté surnaturelle pénétra tout son
intérieur … et le fit souffrir comme s’il avait senti le
tranchant d’un glaive dans ses entrailles. Depuis ce
jour jusqu’à sa mort, il ne prit plus aucune
nourriture." Il se retira
enfin dans un endroit proche de chez lui, le Ranft.
Seule sa femme connut ce lieu, et Nicolas lui permit,
ainsi qu'à ses enfants, de venir le voir de temps en
temps pour recevoir ses conseils. Son départ avait causé
une grande souffrance, mais la famille resta unie.
Les habitants du village de
Flue furent d'abord très divisés sur le choix de
Nicolas. Pourtant, ils lui construisirent un ermitage au
Ranft, et Nicolas s’adonna à un jeûne très strict. Sa
réputation de sainteté se répandit rapidement; aussi
l’évêque de Constance envoya-t-il son auxiliaire, Mgr
Thomas, visiter l’ermite et s’enquérir discrètement sur
l’authenticité de sa démarche spirituelle. L’évêque fut
rapidement convaincu de l’obéissance à l’Église et de
l’humilité de Nicolas, signes manifestes de
l’authenticité de toute vie sainte et mystique. Nicolas
ne savait ni lire ni écrire: d'où lui venait donc sa
compétence? De ses nombreuses visions, car Dieu lui
parlait en songes et le conseillait. Voici un exemple:
Le soir du 21 décembre 1481,
une guerre civile menaçait la Suisse. Un grave
conflit s'était installé entre les zones rurales et
urbaines, entre les villes de Lucerne, Zurich et Berne,
et les cantons d'Uri, de Schwyz, Unterwald, et Glaris.
Toutes les négociations avaient échoué, et ce conflit
menaçait gravement l'unité de la Confédération. Aussi,
dans la nuit du 22 Décembre, le curé de Stans, Heimo
Amgrund partit-il consulter Nicolas de Flue dans son
Ranft; il revint avec un inconnu,
Bruder Klaus. Le
lendemain matin, le pieux
curé parvint à rassembler tous les délégués leur
apportant le message, non divulgué, de Nicolas et que
portait Bruder Klaus. Après la lecture de ce message la
guerre civile fut évitée. Un nouveau pacte, le "Covenant
de Stans" fut signé, qui renouvelait l'alliance
grâce à l'inclusion des
cantons de Fribourg et de
Soleure dans la Confédération. Ce fut la
première charte constitutionnelle de la Suisse, dont
frère Nicolas devint le fondateur au moyen de la paix.
Les Suisses sont toujours
très étonnés quand ils découvrent l’influence sociale
qu’exerça cet ermite ayant renoncé au monde. Veilleur,
mystique il s’exposait aux mystères divins pour en
rayonner. Beaucoup de personnes recherchèrent auprès de
lui des conseils pour leur vie. Nicolas n’était pas
homme de science mais tout simplement un homme de prière
dont le cœur brûlant attirait les âmes pour les
conduire vers notre Maître et Seigneur.
Dieu avait prédit à Frère
Nicolas qu’il mourrait à soixante dix ans. Le 21 mars
1487, après une longue et douloureuse maladie, il
demanda le saint viatique que le curé de Stans lui
apporta. Après avoir communié et rendu grâces, Frère
Nicolas prit les mains de sa femme et de ses enfants et
s’endormit. Nicolas de Flue fut déclaré bienheureux en
1672. Le pape Pie XII le canonisa le 15 mai 1947. Tous
les Suisses vénèrent en lui le père de leur patrie.
Saint Nicolas de flue est fêté le 25 septembre et non
pas le 21 mars, jour de sa mort. Son épouse, femme d’une
foi ferme et inébranlable, est actuellement proposée
pour rejoindre le calendrier des saints.
Conclusion
Les principales
caractéristiques de la pensée de Nicolas de Flue
résident dans son esprit de paix, et son désir de
non-intervention dans les affaires étrangères; cette
modération a, aujourd'hui encore, des répercussions sur
la manière dont certains Suisses perçoivent leur pays et
entendent faire de la politique.
Saint Nicolas de Flue est le
saint-patron mondial de la paix. Il est également, de
même que Saint Martin et Saint Sébastien, le
saint-patron de la Garde Suisse Pontificale au Vatican.
Paulette Leblanc |