NOTRE DAME DE LAS LAJAS

Mes très chers amis, peu d'entre nous ont connaissance du sanctuaire de Las Lajas, situé à 7 km de la ville d'Ipialès. Ipialès est une ville située près de la frontière séparant deux pays: la Colombie et l'Équateur. Ipialès est située sur un haut plateau des Andes, à une altitude de 2888 mètres. Nous pouvons ajouter que, non loin de la ville d'Ipialès, à 11 km exactement, il y a un pont qui unit la Colombie à l'Équateur, au-dessus de la rivière Guaitara. À 15 km d'Ipiales se trouve un volcan, le Nevado de Cumbal, qui culmine à 4764 mètres. Ce volcan n'a jamais manifesté d'activité depuis 1930. Maintenant vous situez bien le sanctuaire de Las Lajas, (Les Roches) sanctuaire considéré comme un merveilleux joyau du XVIIIe siècle. En effet, ce sanctuaire fut construit au-dessus du cañón où coule la rivière Guaitara; s'élevant d'une manière imposante au-dessus de l'abîme, il est considéré comme unique au monde. Mais que s'est-il passé à cet endroit, pour que je m'attarde tellement sur ce site?

En pensée, nous reculons dans le temps, jusqu'au XVIIIe siècle. Nous voici  en 1754, le 16 septembre. Une indienne, Maria Mueses de Quiňones faisait assez fréquemment une longue marche de près de 11 km entre son village Potosi et la ville d'Ipialès. Ce jour-là Maria, portait, sur son dos, à la mode indienne, sa petite fille Rosa, sourde et muette de naissance. Bientôt Maria arriva près de Las Lajas, là où le sentier traverse un profond ravin au fond duquel coule la rivière Guaitara. Maria n'aimait pas cette partie du sentier car des rumeurs couraient encore, même parmi les Indiens chrétiens: une grotte près de Las Lajas serait hantée. Mais elle devait continuer… Après avoir monté la longue côte, jusqu'à Las Lajas, lasse, elle s'assit sur un rocher, et mit Rosa à terre. 

Comme tous les jeunes enfants, Rosa s'en alla à droite et à gauche, n'hésitant pas à entrer dans une grotte. Au bout de quelques minutes, Rosa sortit de la grotte en criant:

– Maman, regarde; il y a une métisse avec un petit métis dans ses bras! 

Maria s'affola car c'était la première fois qu'elle entendait sa fille parler. Elle ne regarda pas dans la grotte mais, vite, elle saisit l'enfant et courut à Ipiales. Lorsque Maria raconta ce qui s'était passé, personne ne la prit au sérieux. Pourtant la fillette sourde et muette parlait…  

Bientôt María voulut rentrer chez elle, à Potosi. Quand elle arriva à l'endroit où sa fillette avait vu une dame et un enfant, et où elle avait retrouvé la voix, elle entra dans la grotte. Elle ne vit rien mais Rosa entendit la dame l'appeler. Maria n'avait plus qu'une hâte: partir… Rentrée chez elle, Maria raconta tout… et tout le monde eut connaissance du "mystère de la grotte." 

Quelques jours plus tard, la petite Rosa disparut de sa maison. Après l'avoir cherchée partout, Maria se dit que sa fille avait dû aller à la grotte. En effet, l'enfant disait souvent que la Dame l'appelait... Maria courut donc à Las Lajas et trouva sa fille en face d'une noble Dame, jouant avec un enfant qui avait quitté les bras de sa mère pour laisser la petite fille profiter de sa tendresse divine. Immédiatement Maria tomba à genoux, sûre qu'elle avait vu la Sainte Vierge et l'Enfant Jésus.  

Depuis, Rosa portait de temps en temps des fleurs sauvages et des bougies dans la grotte. Un jour, Rosa s’agenouilla au fond de la grotte devant une image mystérieuse de la Vierge à l’Enfant, vêtue d’une tunique rose parsemée de fleurs dorées et d’un manteau blanc orné d’étoiles, d’environ 1,40 m de haut, peinte sur une pierre plate. Notre-Dame tenait un chapelet dans la main droite qu’Elle tendait à saint Dominique, à genoux à sa droite. Jésus donnait un cordon à saint François, à genoux à gauche de sa Mère. Des rayons lumineux entouraient l’Enfant et la Vierge. L'image était comme peinte sur la roche, ou gravée… et personne ne l'avait jamais vue…  

On ne sait pas ce qui se passa ensuite, sinon que Rosa tomba malade et mourut. Sa mère, Maria, décida de porter le corps de la fillette au pied de la Vierge Marie, là bas, près de la rivière Guaitara. Et la Vierge Marie obtint de son divin Fils la résurrection de l’enfant. Alors, la maman ivre de joie, retourna à Ipiales, où elle arriva vers 22h. Dans sa joie, elle réveilla les habitants qui s’émerveillaient et firent sonner les cloches… Et à 6h du matin, une grande foule alla au bord de la rivière, et là, sur la paroi rocheuse, près de la grotte, l'image de la très sainte Vierge était toujours là, comme gravée pour toujours. 

L'image de Notre Dame de "Las Lajas" est peinte sur la pierre, c’est pourquoi elle est aussi appelée "Vierge du rocher". Un sanctuaire fut construit, agrippé sur les pentes rocheuses des Andes, et il devint rapidement un centre de pèlerinage pour la Colombie du Sud et pour l’Équateur, puis le sanctuaire le plus visité d'Amérique du Sud. Une première église fut construite à l'endroit où Rosa avait retrouvé la parole. Cette église fut remplacée par une autre entre 1916 et 1940. Devenue basilique le sanctuaire de Notre-Dame de Las Lajas est une gigantesque église construite à cheval sur les gorges. Elle est surnommée "Le miracle de Dieu au-dessus de l'abîme". Véritable exploit architectural, elle semble effectivement flotter au-dessus du canyon formé par la rivière Guaitara, tout près de la frontière équatorienne. Pour y accéder, il faut d'abord marcher assez longtemps, gravir une pente, puis traverser un impressionnant pont de pierres d'une hauteur de 50 mètres. Mais avoir la joie de prier Marie vaut bien un petit effort

Paulette Leblanc

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