PIERRE VIGNE
Prêtre, Missionnaire, Bienheureux
(1670-1740)

8

JUILLET

Il n'est pas toujours facile de découvrir la vérité lorsqu'on veut raconter, même brièvement, la vie d'un saint. C'est le cas pour le bienheureux qui nous intéresse aujourd'hui, le bienheureux Pierre Vigne. Voici donc ce que j'ai découvert sur Pierre Vigne. 

"Pierre Vigne est né à Privas, le 20 août 1670, dans une famille de commerçants du textile, à une époque encore profondément marquée par les séquelles des guerres de religion du siècle précédent, entre catholiques et protestants. Son père Pierre Vigne, honnête commerçant en textiles, et sa mère, Françoise Gautier, firent baptiser leurs cinq enfants à la paroisse catholique Saint-Thomas de Privas. Deux filles moururent en bas âge. Pierre et ses deux aînés, Jean-François et Eléonore, vivaient avec leurs parents dans une relative aisance. 

Je découvre aussi: "Pierre Vigne, né le 20 août 1670 à Privas, aurait pu devenir pasteur calviniste, étant né dans une famille huguenote et ayant poursuivi, à Genève, des études de théologie protestante. Mais son destin fut autre…" Et encore: "L’enfance de Pierre Vigne semble sans histoires et pourtant, selon une tradition ancienne, l’adolescent aurait abandonné sa foi catholique. Mais un jour, alors qu’il se rendait à Genève, il aurait croisé un prêtre portant le Saint Sacrement et aurait refusé de le vénérer. Son cheval se serait alors cabré et l’aurait précipité à terre. Ce fut pour Pierre une expérience décisive: il se convertit aussitôt et changeant de route, il partit pour le séminaire de Viviers.

Et enfin: "Il reçut une éducation et une instruction de bon niveau. À l'âge de 11 ans, Pierre fut remarqué par le curé de la paroisse pour sa piété. À la fin de l'adolescence, prenant conscience de l'importance de l'Eucharistie  dans sa vie, il entra, en 1690, au séminaire sulpicien de Viviers."  

Tout cela n'est pas très clair… Alors? Où est la vérité? Pour comprendre, il nous faut revoir rapidement à l'histoire de France. Le 16ème siècle fut douloureusement marqué, en France, par les guerres de religion, le plus souvent des guerres féodales, qui prirent fin en 1598, avec l'Édit de Nantes, signé sous Henri IV. Mais en 1681, ce furent les Dragonnades, mises en œuvre pour forcer les familles protestantes à se convertir au catholicisme. Et en 1685, le roi Loi XIV révoqua l'Édit de Nantes. 

Nous savons que Pierre Vigne naquit en 1670, onze ans avant les Dragonnades et quinze ans avant la révocation l'Édit de Nantes. On peut donc comprendre qu'il ait pu faire des études dans des établissements protestants. Mais, compte tenu des pressions qui s'exerçaient alors sur les protestants pour obtenir leur conversion, on comprend aussi que les parents de Pierre Vigne, faisant peut-être semblant de se soumettre aux autorités, aient pu aussi confier leur jeune garçon de onze ans aux soins du curé de la paroisse. Et que quelques années plus tard le jeune adolescent ait abandonné sa foi n'est pas anormal. Mais le Seigneur veillait et l'on arrive enfin à cette histoire étonnante: l'épisode où Pierre Vigne fut jeté à terre par son cheval, alors que lui, Pierre, refusait de s'incliner devant le saint Sacrement porté par un vieux prêtre qui se rendait chez un malade. Cette aventure, peut-être légendaire, permet cependant de comprendre pourquoi Pierre Vigne aura plus tard une très grande dévotion pour l'Eucharistie. Nous sommes alors en 1685 ou 1686.  

Quelques années passèrent… En 1690, Pierre Vigne entra au séminaire de Viviers, ville de l'Ardèche, proche de Montélimar. Ce séminaire était tenu par des Sulpiciens. Pierre y reçut une solide formation, fondée sur une vie de vraie pauvreté et la pratique des “missions populaires”, qui exigeait des religieux de parcourir des villes et des villages au service de ceux qui avaient besoin d'eux, matériellement ou spirituellement. En 1694, Pierre Vigne fut ordonné prêtre, à Bourg-Saint-Andéol, par Mgr Antoine de la Garde de Chambonas, évêque de Viviers. Mais après être resté vicaire à Saint Agrève pendant six ans, Pierre Vigne entra, en 1700, chez les Pères Lazaristes de Lyon, afin de devenir missionnaire auprès des pauvres du Vivarais, de Savoie et du Midi de la France, de Toulouse à Lyon.  

En 1702, Pierre prononçait ses vœux. Pourtant, encore insatisfait, et toujours en quête de sa vraie vocation, en 1706 il quittait les Lazaristes pour devenir ‘missionnaire itinérant’. Dès lors, il consacra sa vie, et son ministère de prêtre à son engagement missionnaire et à sa dévotion eucharistique. Ses épreuves furent nombreuses, mais, inlassablement, il sillonnait les chemins du Vivarais (Ardèche), du Dauphiné (Grenoble), poussant vers le sud jusqu’en Provence. Le Père Pierre Vigne ne se laissait jamais arrêter par les obstacles. Parfois, dit-on, il transportait sur son dos ‘un’ confessionnal pour être toujours prêt à offrir aux gens le sacrement de la Miséricorde de Dieu. Il les invitait aussi à adorer le Saint-Sacrement et leur apprenait à vénérer la Vierge Marie qu’il appelait “le beau Tabernacle de Dieu parmi les hommes”.  

En 1712, Pierre s'arrêta au village de Boucieu-le-Roi qui lui faisait penser à Jérusalem; à cause de cela Boucieu-le-Roi devint son lieu de résidence entre deux missions. Là, il construisit, avec l'aide de ses paroissiens, un Chemin de Croix de 39 stations dispersées sur environ 200 hectares. Le but de cette œuvre était de reproduire le chemin suivi par le Christ lors de sa Passion. Pour être plus concret, il donna au torrent qui descendait de la montagne évoquant le Mont des Oliviers, le nom de Cédron. Ce chemin de Croix est encore suivi par de nombreuses personnes, chaque année, le Vendredi Saint. Pierre Vigne fera construire un autre Chemin de Croix à Burzet situé au cœur de ce qui est devenu le parc naturel régional des Monts d'Ardèche. Et à Burzet, tous les ans, le jour du Vendredi-Saint, "La Passion de Burzet" a toujours lieu. 

En 1713, Pierre rencontra Marguerite de Nozières qui, en recherche de vocation, se proposa pour aider les pèlerins venant faire le Chemin de Croix. Alors, après avoir regroupé d'autres jeunes filles, Pierre, en 1715,   fonda la Congrégation des Sœurs du Saint Sacrement de Valence. Par ailleurs, soucieux de l’instruction religieuse du peuple, Pierre fonda des écoles et créa un centre de formation pour institutrices, le "séminaire de Régentes", c'est-à-dire des institutrices. En plus de ses innombrables occupations, Pierre Vigne trouva encore le temps d'écritre plusieurs ouvrages, dont les "Méditations sur le plus beau livre qui est Jésus Christ souffrant et mourant sur la Croix". Sa charité était sans limite: il donnait tout ce qu’il possédait, et courait au-devant des malades, comme en 1722 où il alla soigner les habitants de Rochepaule frappés par la peste. 

Mais, épuisé par tous ces travaux, à l'âge de 70 ans, au cours d'une mission à Rencurel, dans le Vercors, alors qu'il célébrait la messe, Pierre dut interrompre sa prédication. Il ne put achever sa messe, et mourut. C'était le 8 juillet 1740.  

Remarquons que, afin d'être vraiment l'apôtre visible de la charité du Christ, toutes les missions de Pierre Vigne comportaient d'abord des prédications sur la doctrine chrétienne, et sur les enseignements de l'Église. Puis, il baptisait, enseignait le catéchisme aux enfants, et confessait les habitants qui s'adressaient à lui. Généralement, une croix était érigée à l'entrée du village, en souvenir de la mission. Pierre Vigne fut béatifié à Rome, par le pape Jean-Paul II, le 3 novembre 2004.  

Nous allons maintenant vous donner quelques informations sur la Congrégation des Sœurs du Saint-Sacrement. Nous savons déjà que Pierre Vigne, établi à Boucieu-le-Roi, avait regroupé, en 1715,  plusieurs jeunes filles autour de Marguerite de Nozières. Le 30 novembre 1715, eut lieu la première prise d'habit et la remise de la croix. Pierre demanda alors à ses religieuses d'assurer, autant que possible, une adoration permanente du Saint-Sacrement, afin de fortifier leur vie fraternelle et spirituelle. Très vite la petite congrégation s'agrandit et s'installa dans le château de Boucieu, une ancienne et grande maison qui dominait le village. Les premières Sœurs du Saint Sacrement prononcèrent leurs vœux le 8 septembre 1722. Très vite la congrégation se développa jusqu'à atteindre la Provence et le Dauphiné. Le Père Vigne leur confia la tâche d'enseigner les jeunes, et pour cela il créa des écoles chrétiennes dont elles purent conserver la direction jusqu'à la révolution. 

Car la Révolution française dispersa les sœurs qui poursuivirent néanmoins, mais clandestinement, leurs œuvres de charité. En 1804, à Romans, la congrégation put se réorganiser. Mais, dès 1901, les sœurs durent, de nouveau, se retirer des écoles et des hôpitaux. En 1906, les sœurs quittèrent Romans pour aller à Valence. La congrégation s'implanta en Europe, en Amérique latine puis en Tanzanie,  en Afrique, dès 2004. 

Pour finir notre exposé nous devons ajouter que, pour mener à bien toutes ses activités, Pierre Vigne devait avoir une vie spirituelle intense. Il rencontrait fréquemment, à Lyon, ses anciens professeurs de Saint-Sulpice et son directeur spirituel. Toujours très attiré par la dévotion envers l'Eucharistie, il fut admis comme associé, dans la société sacerdotale des Prêtres du Saint-Sacrement, le 25 janvier 1724, à Valence. Il avait coutume de prier cette phrase: "Ô Jésus, mon Dieu, fais que mon âme soit parée de tes vertus divines, puisque je suis destiné à être un tabernacle vivant qui doit t’accueillir." Le Père Pierre Vigne, était vraiment un tabernacle vivant… 

Paulette Leblanc

 

 

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