8
Les annonces du Messie

Nous avons vu que de nombreux psaumes présentent, à travers les ennemis d'Israël, une humanité sans Dieu. Mais cette humanité, y compris Israël, est très malheureuse; et dans son malheur, via les psaumes notamment, elle s'adresse à Dieu qui se laisse fléchir; mais très vite, elle retombe dans son péché. Et tout recommence. En réalité, Dieu éduque son peuple, et, à mesure que les siècles passent, l'esprit de l'homme s'ouvre à la vérité. L'homme est malheureux parce qu'il est pécheur, parce qu'il enfreint la Loi que Dieu lui a donnée. Tous les hommes sont pécheurs, et par conséquent, malheureux. Mais Dieu, fidèle à son alliance, éduque son peuple et lui révèle sa Loi d'amour, émanation de sa tendresse. Pourtant l'homme est toujours triste car il n'arrive pas à se guérir de ses fautes.

L'homme est triste et il aspire à s'en aller vers Dieu. C'est un peu la prière que le roi David exprime lorsque, dans le psaume 60, il fait des vœux qui ne sont pas de la terre. Ainsi, après avoir redit sa confiance à Dieu (Ps 60, 1 à 5) il comprend que Dieu l'a exaucé dans un roi devenu quasiment immortel: "Oui, mon Dieu, tu exauces mon vœu, tu fais largesse à ceux qui craignent ton nom. Accorde au roi des jours et des jours: que ses années deviennent des siècles! Qu'il trône à jamais devant la face de Dieu! Assigne à sa garde Amour et Vérité. Alors, je chanterai sans cesse ton nom, j'accomplirai mon vœu jour après jour." (Ps 60, 6 à 9)

En effet, le Seigneur, toujours plein d'amour et de miséricorde, promet un Messie, un Sauveur, d'abord aux enfants de son peuple, puis à toute l'humanité. Parfois, le psalmiste mentionne ce Messie comme s'il était déjà là. C'est ce qui se passe dans le psaume 83. Le psalmiste est heureux de contempler les merveilles de Dieu. L'homme désire ardemment la maison de Dieu, il chante ceux qui sont heureux auprès de Dieu: "De quel amour sont aimées tes demeures, Seigneur, Dieu de l'univers! Mon âme s'épuise à désirer les parvis du Seigneur; mon cœur et ma chair sont un cri vers le Dieu vivant! L'oiseau lui-même s'est trouvé une maison, et l'hirondelle, un nid pour abriter sa couvée: tes autels, Seigneur de l'univers, mon Roi et mon Dieu! Heureux les habitants de ta maison: ils pourront te chanter encore! Heureux les hommes dont tu es la force: des chemins s'ouvrent dans leur cœur! Quand ils traversent la vallée de la soif, ils la changent en source; de quelles bénédictions la revêtent les pluies de printemps!" (Ps 83, 2 à 7)

Maintenant l'homme prie pour tous les hommes qui "vont de hauteur en hauteur; ils se présentent devant Dieu à Sion. Seigneur, Dieu de l'univers, entends ma prière; écoute, Dieu de Jacob. Dieu, vois notre bouclier, regarde le visage de ton Messie." (Ps 83, 8 à 10) Quel Messie? Probablement le roi d'Israël. Mais dans la Pensée de Dieu qui permet au psalmiste de s'exprimer, le vrai Messie, la Parole de Dieu, n'est-il pas déjà présent? "Oui, un jour dans tes parvis en vaut plus que mille. J'ai choisi de me tenir sur le seuil, dans la maison de mon Dieu plutôt que d'habiter parmi les infidèles. Le Seigneur Dieu est un soleil, il est un bouclier; * le Seigneur donne la grâce, il donne la gloire. Jamais il ne refuse le bonheur à ceux qui vont sans reproche. Seigneur, Dieu de l'univers, heureux qui espère en toi!" (Ps 83, 11 à 13)

Le Messie est-il Dieu? Est-ce Lui qui a fondé la terre et règne sur elle? L'Homme innocent et dont le cœur est pur, est-il Celui que le peuple cherche? Difficile à dire; pourtant, les portes s'élèvent sur le passage du Roi de gloire, le Seigneur, Dieu de l'univers. Est-ce que Jésus ressuscité a expliqué cela aux disciples d'Emmaüs. Nous ne savons pas. Pourtant, c'est exactement ce qu'exprime le psaume 23:

"Au Seigneur, le monde et sa richesse, la terre et tous ses habitants! C'est lui qui l'a fondée sur les mers et la garde inébranlable sur les flots. Qui peut gravir la montagne du Seigneur et se tenir dans le lieu saint? L'homme au cœur pur, aux mains innocentes, qui ne livre pas son âme aux idoles (et ne dit pas de faux serments). Il obtient, du Seigneur, la bénédiction, et de Dieu son Sauveur, la justice. Voici le peuple de ceux qui le cherchent! Voici Jacob qui recherche ta face!

Portes, levez vos frontons, élevez-vous, portes éternelles: qu'il entre, le roi de gloire! Qui est ce roi de gloire? C'est le Seigneur, le fort, le vaillant, le Seigneur, le vaillant des combats. Portes, levez vos frontons, levez-les, portes éternelles: qu'il entre, le roi de gloire! Qui donc est ce roi de gloire? C'est le Seigneur, Dieu de l'univers; c'est lui, le roi de gloire."  (Ps 23, 1 à 10)

8-1-Que sera le Messie ?

Le Messie qui se cache plus ou moins dans les Écritures, donc aussi dans les psaumes, sera la Lumière du monde. Pourtant, ces annonces du Messie Sauveur sont si bien voilées que les apôtres ne comprirent pas Jésus leur révélant ses souffrances et sa résurrection. Et Jésus, après sa résurrection dut Lui-même leur expliquer, et leur prouver, en particulier aux disciples d'Emmaüs, que tout ce qui Le concernait était inscrit dans les Écritures. Oui, Jésus est d'abord la Lumière du monde, le chemin qui mène à Dieu, et le feu de l'Amour. C'est ce qu'exprime le psaume 96.

Le Seigneur est roi! Exulte la terre! Joie pour les îles sans nombre! Ténèbres et nuées l'entourent, justice et droit sont l'appui de son trône. Devant lui s'avance un feu qui consume alentour ses ennemis.  Quand ses éclairs illuminèrent le monde, la terre le vit et s'affola; les montagnes fondaient comme cire devant le Seigneur, devant le Maître de toute la terre. Les cieux ont proclamé sa justice, et tous les peuples ont vu sa gloire." (Ps 96, 1 à 6)

Le Seigneur est le Roi de la terre; il est la justice, et le feu. Jésus a affirmé: "Si vous aviez la foi comme un grain de sénevé, vous diriez à cette montagne: va! Et elle irait…" Mais le psalmiste comprend que beaucoup d'hommes continueraient à adorer des idoles, même après la venue du Messie; aussi leur fait-il honte: "Honte aux serviteurs d'idoles qui se vantent de vanités! Pour Sion qui entend, grande joie! Les villes de Juda exultent devant tes jugements, Seigneur!"  (Ps 96, 7 et 8)

Car le Seigneur est au-dessus de tout: "Tu es, Seigneur, le Très-Haut sur toute la terre: tu domines de haut tous les dieux." D'où le conseil:  "Haïssez le mal, vous qui aimez le Seigneur, car il garde la vie de ses fidèles et les arrache aux mains des impies." Car "une lumière est semée pour le juste, et pour le cœur simple, une joie. Que le Seigneur soit votre joie, hommes justes; rendez grâce en rappelant son nom très saint." (Ps 96, 9 à 12)

Le Messie n'est pas encore très visible, mais dans le long psaume 88, il y a comme un dialogue entre l'homme et Dieu. L'homme loue Dieu qui l'émerveille; et Dieu répond d'une manière telle que l'on peut comprendre qu'Il annonce de nouveau le Messie, via la descendance de David. Le psalmiste chante: "L'amour du Seigneur, sans fin je le chante; ta fidélité, je l'annonce d'âge en âge. Je le dis: c'est un amour bâti pour toujours; ta fidélité est plus stable que les cieux." Et Dieu répond: "Avec mon élu, j'ai fait une alliance, j'ai juré à David, mon serviteur: j'établirai ta dynastie pour toujours, je te bâtis un trône pour la suite des âges." (Ps 88, 2 à 5)

Il n'est pas sûr que l'homme ait bien compris, mais il poursuit ses louanges à la grandeur de Dieu: "Que les cieux rendent grâce pour ta merveille, Seigneur, et l'assemblée des saints, pour ta fidélité. Qui donc, là-haut, est comparable au Seigneur? Qui d'entre les dieux est semblable au Seigneur? Parmi tous les saints, Dieu est redoutable, plus terrible que tous ceux qui l'environnent. Seigneur, Dieu de l'univers, qui est comme toi, Seigneur puissant que ta fidélité environne? C'est toi qui maîtrises l'orgueil de la mer; quand ses flots se soulèvent, c'est toi qui les apaises. C'est toi qui piétinas la dépouille de Rahab[1]; par la force de ton bras, tu dispersas tes ennemis. À toi, le ciel! À toi aussi, la terre! C'est toi qui fondas le monde et sa richesse! C'est toi qui créas le nord et le midi: le Tabor et l'Hermon, à ton nom, crient de joie. À toi, ce bras, et toute sa vaillance! Puissante est ta main, sublime est ta droite!" (Ps 88, 6 à 15)

Voici que l'homme fait de nouveau allusion à son peuple dont Dieu est le Roi: "Justice et droit sont l'appui de ton trône. Amour et Vérité précèdent ta face. Heureux le peuple qui connaît l'ovation! Seigneur, il marche à la lumière de ta face; tout le jour, à ton nom il danse de joie, fier de ton juste pouvoir. Tu es sa force éclatante, ta grâce accroît notre vigueur. Oui, notre roi est au Seigneur; notre bouclier, au Dieu saint d'Israël."  (Ps 88, 16 à 19)

      8-1-1-Allusions au roi David

Mais dans l'esprit de l'homme il y a comme une confusion: Oui Dieu est Roi, mais le roi qui est visible aux yeux des hommes "est au Seigneur"; c'est David dont le psalmiste rappelle comment Dieu l'a choisi et le protège: "Autrefois, tu as parlé à tes amis, dans une vision tu leur as dit: 'J'ai donné mon appui à un homme d'élite, j'ai choisi dans ce peuple un jeune homme. J'ai trouvé David, mon serviteur, je l'ai sacré avec mon huile sainte; et ma main sera pour toujours avec lui, mon bras fortifiera son courage. L'ennemi ne pourra le surprendre, le traître ne pourra le renverser; j'écraserai devant lui ses adversaires et je frapperai ses agresseurs. Mon amour et ma fidélité sont avec lui, mon nom accroît sa vigueur; j'étendrai son pouvoir sur la mer et sa domination jusqu'aux fleuves. (Ps 88, 20 à 26)

Et voici une autre allusion à David, mais qui s'adresse peut-être aussi au Messie à venir: "Il me dira: 'Tu es mon Père, mon Dieu, mon roc et mon salut! Et moi, j'en ferai mon fils aîné, le plus grand des rois de la terre! Sans fin je lui garderai mon amour, mon alliance avec lui sera fidèle; je fonderai sa dynastie pour toujours, son trône aussi durable que les cieux... Jamais je ne violerai mon alliance, ne changerai un mot de mes paroles. Je l'ai juré une fois sur ma sainteté; non, je ne mentirai pas à David! Sa dynastie sans fin subsistera et son trône, comme le soleil en ma présence, comme la lune établie pour toujours, fidèle témoin là-haut!"  (Ps 88, 27 à 30 et 35 à 38 )

Mais attention, les fils de David doivent être fidèles, sinon… l'alliance sera brisée. "Si ses fils abandonnent ma loi et ne suivent pas mes volontés, s'ils osent violer mes préceptes et ne gardent pas mes commandements, je punirai leur faute en les frappant, et je châtierai leur révolte, mais sans lui retirer mon amour, ni démentir ma fidélité." (Ps 88, 31 à 34)

Hélas! Israël s'est emporté contre son Messie: "Pourtant tu l'as méprisé, rejeté; tu t'es emporté contre ton Messie." (Ps 88, 35) Et Dieu a mis ses menaces à exécution, ainsi que le constate le psalmiste: "Tu as brisé l'alliance avec ton serviteur, jeté à terre et profané sa couronne. Tu as percé toutes ses murailles, tu as démantelé ses forteresses; tous les passants du chemin l'ont pillé: le voilà outragé par ses voisins. Tu as accru le pouvoir de l'adversaire, tu as mis en joie tous ses ennemis; tu as émoussé le tranchant de son épée, tu ne l'as pas épaulé dans le combat. Tu as mis fin à sa splendeur, jeté à terre son trône; tu as écourté le temps de sa jeunesse et déversé sur lui la honte." (Ps 88, 36 à 46)

L'homme est consterné; il reconnaît sa faute, sa honte, le peu de chose qu'est sa vie, et il implore d'une façon telle que l'on est presque obligé de penser à Jésus et à sa Passion. "Combien de temps, Seigneur, resteras-tu caché, laisseras-tu flamber le feu de ta colère? Rappelle-toi le peu que dure ma vie, pour quel néant tu as créé chacun des hommes! Qui donc peut vivre et ne pas voir la mort? Qui s'arracherait à l'emprise des enfers? Où donc, Seigneur, est ton premier amour, celui que tu jurais à David sur ta foi? Rappelle-toi, Seigneur, tes serviteurs outragés, tous ces peuples dont j'ai reçu la charge. Oui, tes ennemis ont outragé, Seigneur, poursuivi de leurs outrages ton messie. Béni soit le Seigneur pour toujours! Amen! Amen!" (Ps 88, 47 à 53)

Le psaume 19, attribué à David, semble être comme une réponse au psaume 88. En effet, le psalmiste semble s'adresser à une personne restée anonyme. Il implore indirectement le Seigneur pour elle en raison de ses bonnes actions passées. "Que le Seigneur te réponde au jour de détresse, que le nom du Dieu de Jacob te défende. Du sanctuaire, qu'il t'envoie le secours, qu'il te soutienne des hauteurs de Sion. Qu'il se rappelle toutes tes offrandes; ton holocauste, qu'il le trouve savoureux. Qu'il te donne à la mesure de ton cœur, qu'il accomplisse tous tes projets." (Ps 19, 2 à 5)

Le psalmiste se réjouit alors de la victoire du Messie de son Dieu. Et Dieu exaucera les demandes de ce messie: "Nous acclamerons ta victoire en arborant le nom de notre Dieu. Le Seigneur accomplira toutes tes demandes. Maintenant, je le sais: le Seigneur donne la victoire à son Messie; du sanctuaire des cieux, il lui répond par les exploits de sa main victorieuse."  (Ps 19, 6 et 7)

Et soudain, comme inconsciemment, le psalmiste retourne à son présent et à ses combats jamais achevés, contre un ennemi farouche. D'où une ultime prière: "Aux uns, les chars; aux autres, les chevaux; à nous, le nom de notre Dieu: le Seigneur. Eux, ils plient et s'effondrent; nous, debout, nous résistons. Seigneur, donne au roi la victoire! Réponds-nous au jour de notre appel." (Ps 19, 8 à 10)

      8-1-2-Le vrai Messie

Voici enfin la victoire. Certes, il s'agit d'un roi auquel pense le psalmiste qui attribue son œuvre à David. Mais ce roi n'est-il pas déjà l'image du Messie attendu par les juifs? "Seigneur, le roi se réjouit de ta force; quelle allégresse lui donne ta victoire! Tu as répondu au désir de son cœur, tu n'as pas rejeté le souhait de ses lèvres. Tu lui destines bénédictions et bienfaits, tu mets sur sa tête une couronne d'or. La vie qu'il t'a demandée, tu la lui donnes, de longs jours, des années sans fin. Par ta victoire, grandit son éclat: tu le revêts de splendeur et de gloire. Tu mets en lui ta bénédiction pour toujours: ta présence l'emplit de joie! Oui, le roi s'appuie sur le Seigneur: la grâce du Très-Haut le rend inébranlable." (Psaume 20, 2 à 8) S'agit-il, dans ces versets, d'une allusion à ce qui sera, mille ans plus tard, la résurrection de Jésus?

Malheureusement les ennemis de Dieu sont toujours là: "Ta main trouvera tes ennemis, ta droite trouvera tes adversaires. Tu parais, tu en fais un brasier: la colère du Seigneur les consume, un feu les dévore. Tu aboliras leur lignée sur la terre et leur descendance parmi les hommes. S'ils trament le mal contre toi, s'ils préparent un complot, ils iront à l'échec. Oui, tu les renverses et les terrasses; ton arc les vise en plein cœur. Dresse-toi, Seigneur, dans ta force: nous fêterons, nous chanterons ta vaillance." (Ps 20, 9 à 14)

      8-1-3-La soif de Dieu

David, réfugié dans le désert de Juda, exprime son grand désir de Dieu, sa grande soif de Dieu tout au long du psaume 62. Est-ce une allusion à la future parole que prononcera Jésus au moment de mourir: "J'ai soif!"

"Dieu, tu es mon Dieu, je te cherche dès l'aube: mon âme a soif de toi; après toi languit ma chair, terre aride, altérée, sans eau. Je t'ai contemplé au sanctuaire, j'ai vu ta force et ta gloire. Ton amour vaut mieux que la vie: tu seras la louange de mes lèvres!" (Ps 62, 2 à 4)

David rédige et chante ce psaume. Mais, nous savons que Jésus, après sa résurrection a dû expliquer à ses apôtres, tout ce qui Le concernait dans l'Écriture. Ce qui suit est peut-être aussi comme une sorte de prophétie de la vie de prière de Jésus pendant sa vie publique, l'institution de l'Eucharistie et la nuit d'agonie de Jésus à Gethsémani. Le psalmiste chante: "Toute ma vie je vais te bénir, lever les mains en invoquant ton nom. Comme par un festin je serai rassasié; la joie sur les lèvres, je dirai ta louange. Dans la nuit, je me souviens de toi et je reste des heures à te parler. Oui, tu es venu à mon secours: je crie de joie à l'ombre de tes ailes. Mon âme s'attache à toi, ta main droite me soutient." (Ps 62, 5 à 9)

Mais de nouveau le psalmiste revient à sa réalité à lui, sa réalité de guerrier toujours menacé par des ennemis implacables: "Mais ceux qui pourchassent mon âme, qu'ils descendent aux profondeurs de la terre,  qu'on les passe au fil de l'épée, qu'ils deviennent la pâture des loups!  Et le roi se réjouira de son Dieu. Qui jure par lui en sera glorifié, tandis que l'homme de mensonge aura la bouche close!" (Ps 62, 10 à 12)

Il y a de nombreux dénominateurs communs dans les psaumes. Ainsi, tout au long des psaumes, l'homme cherche Dieu, et cette recherche de Dieu s'exprimera à plusieurs reprises par l'expression: "J'ai soif". Nous venons de voir comment, dans le psaume 62, l'âme de David a soif de Dieu. Dans le psaume 41, l'auteur est altéré: "Comme un cerf altéré cherche l'eau vive, ainsi mon âme te cherche toi, mon Dieu. Mon âme a soif de Dieu, le Dieu vivant; quand pourrai-je m'avancer, paraître face à Dieu?" Car c'est de Dieu que l'homme a soif; lui qui "n'a d'autre pain que ses larmes, le jour, la nuit, lui qui chaque jour entends dire: 'Où est-il ton Dieu?' Et l'homme se rappelle les beaux jours d'autrefois: "Je me souviens, et mon âme déborde: en ce temps-là, je franchissais les portails! Je conduisais vers la maison de mon Dieu la multitude en fête, parmi les cris de joie et les actions de grâce." (Ps 41, 2 à 5)

L'homme se souvient et retrouve l'espérance: "Pourquoi te désoler, ô mon âme, et gémir sur moi? Espère en Dieu! De nouveau je rendrai grâce: il est mon sauveur et mon Dieu! Si mon âme se désole, je me souviens de toi, depuis les terres du Jourdain et de l'Hermon, depuis mon humble montagne." (Ps 41, 6 et 7)

Dieu comble celui qui espère: "L'abîme appelant l'abîme à la voix de tes cataractes, la masse de tes flots et de tes vagues a passé sur moi. Au long du jour, le Seigneur m'envoie son amour; et la nuit, son chant est avec moi, prière au Dieu de ma vie."  (Ps 41, 8 et 9)

Et le psalmiste, certes sans le savoir, évoque la Passion de Jésus: "Je dirai à Dieu, mon rocher: 'Pourquoi m'oublies-tu? Pourquoi vais-je assombri, pressé par l'ennemi?' Outragé par mes adversaires, je suis meurtri jusqu'aux os, moi qui chaque jour entends dire: 'Où est-il ton Dieu?' Pourquoi te désoler, ô mon âme, et gémir sur moi? Espère en Dieu! De nouveau je rendrai grâce: il est mon sauveur et mon Dieu."  Le psalmiste a-t-il ici comme une vision de l'avenir, non seulement du Messie, qui sera rejeté par les hommes, mais de ce qui arrivera également à son œuvre?  (Ps 41, 10 à 13)

8-2-Le Messie sera rejeté

L'homme est heureux. Il commence à espérer, quoique très vaguement, un sauveur, un messie. Pour l'âme qui espère et qui rend grâce, ce messie sera cependant "son sauveur et son Dieu." Mais alors pourquoi le Sauveur sera-t-il rejeté? Il sera, non seulement rejeté, mais traîné en justice, accusé injustement, outragé. Cependant, il sera toujours près du pauvre pour l'aider. Le psaume 108 exprime cela d'une façon étonnante de vérité. C'est le Sauveur Lui-même qui prie par l'intermédiaire du psalmiste:

"Seigneur, mon Dieu et mon salut, dans cette nuit où je crie en ta présence, que ma prière parvienne jusqu'à toi, ouvre l'oreille à ma plainte. Car mon âme est rassasiée de malheur, ma vie est au bord de l'abîme." (Ps 108, 2 à 4) C'est déjà la trahison, suivie d'un ignoble procès: "On me voit déjà descendre à la fosse, je suis comme un homme fini. Pour prix de mon amitié, ils m'accusent, moi qui ne suis que prière. Ils me rendent le mal pour le bien, ils paient mon amitié de leur haine: 'Chargeons un impie de l'attaquer: qu'un accusateur se tienne à sa droite. À son procès, qu'on le déclare impie, que sa prière soit comptée comme une faute. Que les jours de sa vie soient écourtés, qu'un autre prenne sa charge'."  (Ps 108, 5 à 8)

Et voici que ce sont les successeurs du Sauveur qui sont, eux aussi, attaqués, humiliés: "Que ses fils deviennent orphelins, que sa femme soit veuve. Qu'ils soient errants, vagabonds, ses fils, qu'ils mendient, expulsés de leurs ruines. Qu'un usurier saisisse tout son bien, que d'autres s'emparent du fruit de son travail. Que nul ne lui reste fidèle, que nul n'ait pitié de ses orphelins. Que soit retranchée sa descendance, que son nom s'efface avec ses enfants."  (Ps 108, 9 à 13)

Mais ceux qui accusent les mauvais ne sont-ils pas, eux aussi, de grands pécheurs? D'où la plainte du psalmiste, plainte encore bien dénuée de la moindre charité: "Qu'on rappelle au Seigneur les fautes de ses pères, que les péchés de sa mère ne soient pas effacés. Que le Seigneur garde cela devant ses yeux, et retranche de la terre leur mémoire! Ainsi, celui qui m'accuse oublie d'être fidèle: il persécute un pauvre, un malheureux, un homme blessé à mort. Puisqu'il aime la malédiction, qu'elle entre en lui; il refuse la bénédiction, qu'elle s'éloigne de lui! Il a revêtu comme un manteau la malédiction, qu'elle entre en lui comme de l'eau, comme de l'huile dans ses os! Qu'elle soit l'étoffe qui l'habille, la ceinture qui ne le quitte plus! C'est ainsi que le Seigneur paiera mes accusateurs, ceux qui profèrent le mal contre moi."  (Ps 108, 14 à 20)

Le psalmiste comprend qu'il est pauvre, abandonné, délaissé. Il implore le Seigneur. Mais, si on réfléchit un peu, n'est-ce pas Jésus-Christ, abandonné du Père, qui appelle son soutien et sa grâce? "Mais toi, Seigneur Dieu, agis pour moi à cause de ton nom. Ton amour est fidèle: délivre-moi. Vois, je suis pauvre et malheureux; au fond de moi, mon cœur est blessé. Je m'en vais comme le jour qui décline, comme l'insecte qu'on chasse. J'ai tant jeûné que mes genoux se dérobent, je suis amaigri, décharné. Et moi, on me tourne en dérision, ceux qui me voient hochent la tête. Aide-moi, Seigneur mon Dieu : sauve-moi par ton amour! Ils connaîtront que là est ta main, que toi, Seigneur, tu agis. Ils maudissent, toi, tu bénis…"  (Ps 108, 21 à 28)

Hélas! Le psalmiste revient vite à ses vieilles habitudes et se réjouit du malheur de ses ennemis: "ils se sont dressés, ils sont humiliés: ton serviteur est dans la joie. Qu'ils soient couverts d'infamie, mes accusateurs, et revêtus du manteau de la honte! À pleine voix, je rendrai grâce au Seigneur, je le louerai parmi la multitude, car il se tient à la droite du pauvre pour le sauver de ceux qui le condamnent." (Ps 108, 28 à 31)

8-3-La Passion de Jésus

      8-3-1-Quelques jours avant la Passion de Jésus

Nous avons vu plus haut, comment le Seigneur, après sa résurrection, tandis qu'Il marchait avec ses disciples vers la localité d'Emmaüs, leur montra comment tout ce qui le concernait était déjà inscrit dans les Écritures. Ainsi, dans les psaumes, il est souvent question du Messie et de son rejet par son peuple. Nous allons poursuivre l'étude de quelques-uns de ces psaumes que l'on pourrait appeler: "Psaumes de la Passion de Jésus". Voici une prière, attribuée à David, mais qui, à quelques versets près, pourrait être attribuée à Jésus, quelques jours avant sa Passion: "Mon Dieu, écoute ma prière, n'écarte pas ma demande. Exauce-moi, je t'en prie, réponds-moi; inquiet, je me plains. Je suis troublé par les cris de l'ennemi et les injures des méchants; ils me chargent de crimes, pleins de rage, ils m'accusent. Mon cœur se tord en moi, la peur de la mort tombe sur moi; crainte et tremblement me pénètrent, un frisson me saisit. (Ps 54, 2 à 6)

Mais Jésus, poursuivant la prière du psaume voit tous les désordres qui menacent la ville: "Alors, j'ai dit: 'Qui me donnera des ailes de colombe? Je volerais en lieu sûr; loin, très loin, je m'enfuirais pour chercher asile au désert.' J'ai hâte d'avoir un abri contre ce grand vent de tempête! Divise-les, Seigneur, mets la confusion dans leur langage! Car je vois dans la ville discorde et violence: de jour et de nuit, elles tournent en haut de ses remparts. Au-dedans, crimes et malheurs; au-dedans, c'est la ruine: fraude et brutalité ne quittent plus ses rues." Et aussi: "Que la mort les surprenne, qu'ils descendent vivants dans l'abîme, car le mal habite leurs demeures, il est au milieu d'eux."  (Ps 54, 7 à 12)

Jésus vient, en quelque sorte, de décrire le tableau de Jérusalem et des foules qui l'insulteront et le condamneront. Mais voici Judas, le traître, qui apparaît: "Si l'insulte me venait d'un ennemi, je pourrais l'endurer; si mon rival s'élevait contre moi, je pourrais me dérober. Mais toi, un homme de mon rang, mon familier, mon intime! Que notre entente était bonne, quand nous allions d'un même pas dans la maison de Dieu!" (Ps 54, 13 à 15) Et plus loin: "Un traître a porté la main sur ses amis, profané son alliance: il montre un visage séduisant, mais son cœur fait la guerre; sa parole est plus suave qu'un parfum, mais elle est un poignard." (Ps 54, 21 et 22)

Pourtant la confiance revient vite: "Pour moi, je crie vers Dieu; le Seigneur me sauvera. Le soir et le matin et à midi, je me plains, je suis inquiet. Et Dieu a entendu ma voix, il m'apporte la paix. Il me délivre dans le combat que je menais; ils étaient une foule autour de moi. Dieu entendra, et il les humiliera, Lui qui de toute éternité est assis sur son trône. Car il n'y a point en eux de changement, et ils ne craignent point Dieu. Que Dieu entende et qu'il réponde, lui qui règne dès l'origine, à ceux-là qui ne changent pas, et ne craignent pas Dieu. Décharge ton fardeau sur le Seigneur: il prendra soin de toi. Jamais il ne permettra que le juste s'écroule. Et toi, Dieu, tu les précipites au fond de la tombe, ces hommes qui tuent et qui mentent. Ils s'en iront dans la force de l'âge; moi, je m'appuie sur toi!"  (Ps 54, 17 à 24)

Le psaume 68 va encore plus loin dans la détresse de Jésus. On pourrait presque Le contempler durant son agonie à Gethsémani. Nous ne donnerons ici que quelques exemples. Ainsi, le psalmiste "voit" le Messie crier, supplier Dieu: "Sauve-moi, mon Dieu: les eaux montent jusqu'à ma gorge! J'enfonce dans la vase du gouffre, rien qui me retienne; je descends dans l'abîme des eaux, le flot m'engloutit. Je m'épuise à crier, ma gorge brûle. Mes yeux se sont usés d'attendre mon Dieu. Plus abondants que les cheveux de ma tête, ceux qui m'en veulent sans raison; ils sont nombreux, mes détracteurs, à me haïr injustement. (Ps 68, 2 à 5) "je suis un étranger pour mes frères, un inconnu pour les fils de ma mère. L'amour de ta maison m'a perdu; on t'insulte, et l'insulte retombe sur moi. Si je pleure et m'impose un jeûne, je reçois des insultes; si je revêts un habit de pénitence, je deviens la fable des gens…  (Ps 68, 9 à 12)

On croirait entendre Jésus prier le Père pour que le calice qu'Il entrevoit à Gethsémani passe loin de Lui: "Et moi, je te prie, Seigneur: c'est l'heure de ta grâce; dans ton grand amour, Dieu, réponds-moi, par ta vérité sauve-moi… Réponds-moi, Seigneur, car il est bon, ton amour; dans ta grande tendresse, regarde-moi… Ne cache pas ton visage à ton serviteur; je suffoque: vite, réponds-moi. Sois proche de moi… (Ps 68, 14, 17, 18)

Mais le Père continue à se taire: "L'insulte m'a broyé le cœur, le mal est incurable…"  Jésus restera seul:  "J'espérais un secours, mais en vain, des consolateurs, je n'en ai pas trouvé." (Ps 68, 21) Et voici la Passion: "À mon pain, ils ont mêlé du poison; quand j'avais soif, ils m'ont donné du vinaigre." (Ps 68, 22)

Le psalmiste revient à son refrain habituel et humain de vengeance, mais, n'est-ce pas la résurrection du Messie qu'il contemple maintenant? "Et moi, humilié, meurtri, que ton salut, Dieu, me redresse. Et je louerai le nom de Dieu par un cantique, je vais le magnifier, lui rendre grâce… Les pauvres l'ont vu, ils sont en fête… Car le Seigneur écoute les humbles, il n'oublie pas les siens emprisonnés." (Ps 68, 30, 31, 33, 34) Et le monde est sauvé: "Dieu viendra sauver Sion et rebâtir les villes de Juda. Il en fera une habitation, un héritage: patrimoine pour les descendants de ses serviteurs, demeure pour ceux qui aiment son nom." (Ps 68, 36 et 37) Le psaume 97 reprendra cette allusion à la résurrection: "car le Seigneur vient pour gouverner la terre, pour gouverner le monde avec justice et les peuples avec droiture! (97, 9)

Revenons à l'agonie de Jésus. Le psaume 87 évoque lui aussi les mêmes thèmes de l'agonie de Jésus à Gethsémani, avec des expressions presque identiques: "Seigneur, mon Dieu et mon salut, dans cette nuit où je crie en ta présence, que ma prière parvienne jusqu'à toi, ouvre l'oreille à ma plainte, car mon âme est rassasiée de malheur, ma vie est au bord de l'abîme; on me voit déjà descendre à la fosse, je suis comme un homme fini. Ma place est parmi les morts, avec ceux que l'on a tués, enterrés, ceux dont tu n'as plus souvenir, qui sont exclus, et loin de ta main. Tu m'as mis au plus profond de la fosse, en des lieux engloutis, ténébreux; le poids de ta colère m'écrase, tu déverses tes flots contre moi. Tu éloignes de moi mes amis, tu m'as rendu abominable pour eux; enfermé, je n'ai pas d'issue: à force de souffrir, mes yeux s'éteignent. Je t'appelle, Seigneur, tout le jour, je tends les mains vers toi." (Ps 87, 2 à 10) "Moi, je crie vers toi, Seigneur; dès le matin, ma prière te cherche: pourquoi me rejeter, Seigneur, pourquoi me cacher ta face. Tu éloignes de moi amis et familiers; ma compagne, c'est la ténèbre."  (Ps 87, 14, 15 et 19)

Mais Dieu, après une longue attente, a pleinement exaucé son enfant plein d'espoir. C'est ce que le psaume 39 révèle, en s'appuyant sur l'incarnation de la Parole de Dieu: "D'un grand espoir j'espérais le Seigneur: il s'est penché vers moi pour entendre mon cri. Il m'a tiré de l'horreur du gouffre, de la vase et de la boue; il m'a fait reprendre pied sur le roc, il a raffermi mes pas."  (Ps 39, 2 et 3) "Heureux est l'homme qui met sa foi dans le Seigneur et ne va pas du côté des violents, dans le parti des traîtres…" Tu ne voulais ni offrande ni sacrifice, tu as ouvert mes oreilles; tu ne demandais ni holocauste ni victime, alors j'ai dit:  'Voici, je viens.'  Dans le livre, est écrit pour moi ce que tu veux que je fasse. Mon Dieu, voilà ce que j'aime: ta loi me tient aux entrailles..."  (Ps 39, 5, 7 à 9)

"Daigne, Seigneur, me délivrer; Seigneur, viens vite à mon secours! Mais tu seras l'allégresse et la joie de tous ceux qui te cherchent; toujours ils rediront: 'Le Seigneur est grand!' ceux qui aiment ton salut." (Ps 39, 5, 14 et 17)

      8-3-2-La mort de Jésus

Le psaume 21 est attribué à David. Dans quelles conditions ce psaume a-t-il été composé? Nous ne le saurons probablement jamais. Mais ce qui est sûr, c'est que, mille ans avant que les faits ne se réalisent, le psalmiste semble assister à la mort du Messie. Ici, le psalmiste est comme entré dans le corps de Jésus mourant, et ses paroles peuvent être attribuées à Jésus Lui-même:

"Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné? Le salut est loin de moi, loin des mots que je rugis. Mon Dieu, j'appelle tout le jour, et tu ne réponds pas; même la nuit, je n'ai pas de repos. Toi, pourtant, tu es saint, toi qui habites les hymnes d'Israël! C'est en toi que nos pères espéraient, ils espéraient et tu les délivrais. Quand ils criaient vers toi, ils échappaient; en toi ils espéraient et n'étaient pas déçus." (Ps 21, 1 à 6)

Le Père continue à se taire, tandis que Jésus meurt dans des conditions épouvantables, raillé, outragé, moqué par des spectateurs impitoyables: "Et moi, je suis un ver, pas un homme, raillé par les gens, rejeté par le peuple. Tous ceux qui me voient me bafouent, ils ricanent et hochent la tête: 'Il comptait sur le Seigneur: qu'il le délivre! Qu'il le sauve, puisqu'il est son ami!' (Ps 21, 7 à 11)

Pourtant sa naissance fut bien accueillie: "C'est toi qui m'as tiré du ventre de ma mère, qui m'a mis en sûreté entre ses bras. À toi je fus confié dès ma naissance; dès le ventre de ma mère, tu es mon Dieu." (Ps 21, 12) Mais maintenant, pourquoi cet abandon? "Ne sois pas loin: l'angoisse est proche, je n'ai personne pour m'aider. Des fauves nombreux me cernent, des taureaux de Basan m'encerclent. Des lions qui déchirent et rugissent ouvrent leur gueule contre moi." (Ps 21, 13 et 14)

Nous venons de reconnaître tous ceux qui accusaient Jésus injustement; maintenant voici la révélation du Sacré-Cœur: "Je suis comme l'eau qui se répand, tous mes membres se disloquent. Mon cœur est comme la cire, il fond au milieu de mes entrailles."  (Ps 21, 15) Et Jésus a soif: "Ma vigueur a séché comme l'argile, ma langue colle à mon palais. Tu me mènes à la poussière de la mort." (Ps 21, 16)

Et la description du tableau continue, qui sera reprise plus tard par le prophète Zacharie: "Oui, des chiens me cernent, une bande de vauriens m'entoure. Ils me percent les mains et les pieds; je peux compter tous mes os. Ces gens me voient, ils me regardent. Ils partagent entre eux mes habits et tirent au sort mon vêtement."  (Ps 21, 17 à 19)

Mais la mort ne sera pas victorieuse: "Mais toi, Seigneur, ne sois pas loin: ô ma force, viens vite à mon aide! Préserve ma vie de l'épée, arrache-moi aux griffes du chien; sauve-moi de la gueule du lion et de la corne des buffles. Tu m'as répondu! Et je proclame ton nom devant mes frères, je te loue en pleine assemblée. Vous qui le craignez, louez le Seigneur, glorifiez-le, vous tous, descendants de Jacob, vous tous, redoutez-le, descendants d'Israël. Car il n'a pas rejeté, il n'a pas réprouvé le malheureux dans sa misère; il ne s'est pas voilé la face devant lui, mais il entend sa plainte." (Ps 21, 20 à 25)

Et le Messie, ressuscité, est dans la louange: "Tu seras ma louange dans la grande assemblée; devant ceux qui te craignent, je tiendrai mes promesses. Les pauvres mangeront: ils seront rassasiés; ils loueront le Seigneur, ceux qui le cherchent: 'À vous, toujours, la vie et la joie!' La terre entière se souviendra et reviendra vers le Seigneur, chaque famille de nations se prosternera devant lui: 'Oui, au Seigneur la royauté, le pouvoir sur les nations!' Tous ceux qui festoyaient s'inclinent; promis à la mort, ils plient en sa présence. Et moi, je vis pour lui: ma descendance le servira; on annoncera le Seigneur aux générations à venir. On proclamera sa justice au peuple qui va naître: Voilà son Œuvre!"  (Ps 21, 26 À 32)

Le psaume 141 résume tout ce qui précède concernant le Messie. Pendant sa Passion Jésus s'adresse au Père: "À pleine voix, je crie vers le Seigneur! À pleine voix, je supplie le Seigneur, je répands devant lui ma plainte; devant lui, je dis ma détresse. Lorsque le souffle me manque, toi, tu sais mon chemin. Sur le sentier où j'avance, un piège m'est tendu. Regarde à mes côtés, et vois: personne qui me connaisse! Pour moi, il n'est plus de refuge: personne qui pense à moi! J'ai crié vers toi, Seigneur! J'ai dit: 'Tu es mon abri, ma part, sur la terre des vivants.' Sois attentif à mes appels: je suis réduit à rien;  délivre-moi de ceux qui me poursuivent: ils sont plus forts que moi. Tire-moi de la prison où je suis, que je rende grâce à ton nom. Autour de moi, les justes feront cercle pour le bien que tu m'as fait. (Ps 141, 2 à 8)

8-4-La Résurrection

Toujours le Seigneur sera le refuge et la force de son Messie, ainsi que l'annonçait déjà le psaume 27 dans son verset 8 "Le Seigneur est la force de son peuple, le refuge et le salut de son messie." Le psaume 117 reprend toute l'histoire des hommes; Il fait constamment allusion à la Passion de Jésus, mais à plusieurs reprises il évoque la Résurrection du Messie. Oui, Israël doit dire et redire: Éternel est l'amour du Seigneur: "Rendez grâce au Seigneur: Il est bon! Éternel est son amour! Oui, que le dise Israël: Éternel est son amour! Que le dise la maison d'Aaron: éternel est son amour! Qu'ils le disent, ceux qui craignent le Seigneur: Éternel est son amour!"  (Ps 117, 1 à 4)

Après cette louange un rappel de la Passion: "Dans mon angoisse j'ai crié vers le Seigneur, et lui m'a exaucé, mis au large. Le Seigneur est pour moi, je ne crains pas; que pourrait un homme contre moi? Le Seigneur est avec moi pour me défendre, et moi, je braverai mes ennemis. Mieux vaut s'appuyer sur le Seigneur que de compter sur les hommes; mieux vaut s'appuyer sur le Seigneur que de compter sur les puissants!" (Ps 117, 5 à 9)

Et de nouveau c'est la Passion du futur Messie, mais avec toujours des accents de vengeance liés à la mentalité juive de l'époque: "Toutes les nations m'ont encerclé: au nom du Seigneur, je les détruis! Elles m'ont cerné, encerclé: au nom du Seigneur, je les détruis! Elles m'ont cerné comme des guêpes: (ce n'était qu'un feu de ronces), au nom du Seigneur, je les détruis!" (Ps 117, 10 à 12) Mais le Seigneur vient au secours de son envoyé: "On m'a poussé, bousculé pour m'abattre; mais le Seigneur m'a défendu. Ma force et mon chant, c'est le Seigneur; il est pour moi le salut."  (Ps 117, 13 et 14)

Enfin c'est la résurrection: "Clameurs de joie et de victoire sous les tentes des justes: le bras du Seigneur est fort, le bras du Seigneur se lève, le bras du Seigneur est fort! Non, je ne mourrai pas, je vivrai pour annoncer les actions du Seigneur: il m'a frappé, le Seigneur, il m'a frappé, mais sans me livrer à la mort. Ouvrez-moi les portes de justice: j'entrerai, je rendrai grâce au Seigneur. C'est ici la porte du Seigneur: qu'ils entrent, les justes! Je te rends grâce car tu m'as exaucé: tu es pour moi le salut. La pierre qu'ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d'angle: c'est là l'œuvre du Seigneur, la merveille devant nos yeux."  (Ps 117, 15 à 13)

La louange pascale alors peut reprendre avec plus de vigueur, avec, curieusement, une allusion aux acclamations des Rameaux: "Voici le jour que fit le Seigneur, qu'il soit pour nous jour de fête et de joie! Donne, Seigneur, donne le salut! Donne, Seigneur, donne la victoire! Béni soit au nom du Seigneur celui qui vient! De la maison du Seigneur, nous vous bénissons! Dieu, le Seigneur, nous illumine. Rameaux en main, formez vos cortèges jusqu'auprès de l'autel. Tu es mon Dieu, je te rends grâce, mon Dieu, je t'exalte! Rendez grâce au Seigneur: Il est bon! Éternel est son amour! (Ps 117, 14 à 29)

8-5-Passion et Résurrection

Nous avons vu combien la Résurrection est très liée à la Passion de Jésus: c'est ce qu'exprime, dans leur langage toujours voilé pour ce qui concerne le messie, les psaumes  61 et 109. Ainsi, le psaume 61 est comme la traduction de la prière de Jésus agonisant sur la croix: "Je n'ai de repos qu'en Dieu seul, mon salut vient de lui. Lui seul est mon rocher, mon salut, ma citadelle: je suis inébranlable. Combien de temps tomberez-vous sur un homme pour l'abattre, vous tous, comme un mur qui penche, une clôture qui croule? Détruire mon honneur est leur seule pensée: ils se plaisent à mentir. Des lèvres, ils bénissent; au fond d'eux-mêmes, ils maudissent…" (Ps 61, 2 à 5)

Jésus mourant se remet entre les mains de Dieu, tout en adressant ses derniers conseils aux hommes: "Mon salut et ma gloire se trouvent près de Dieu. Chez Dieu, mon refuge, mon rocher imprenable! Comptez sur lui en tous temps, vous, le peuple. Devant lui épanchez votre cœur: Dieu est pour nous un refuge. L'homme n'est qu'un souffle, les fils des hommes, un mensonge: sur un plateau de balance, tous ensemble, ils seraient moins qu'un souffle." Mais il y aura un jugement; et si les hommes ont suivi les conseils du Seigneur, Dieu leur rendra selon ce qu'ils auront fait: "N'allez pas compter sur la fraude et n'aspirez pas au profit; si vous amassez des richesses, n'y mettez pas votre cœur. Dieu a dit une chose, deux choses que j'ai entendues. Ceci: que la force est à Dieu; à toi, Seigneur, la grâce! Et ceci: tu rends à chaque homme selon ce qu'il fait".  (Ps 61, 6 à 13)

Le psaume 109 est plus explicite et, incontestablement, présente le Messie ressuscité, assis à la droite de Dieu: "Oracle du Seigneur à mon seigneur: 'Siège à ma droite, et je ferai de tes ennemis le marchepied de ton trône.' De Sion, le Seigneur te présente le sceptre de ta force: 'Domine jusqu'au cœur de l'ennemi.' Le jour où paraît ta puissance, tu es prince, éblouissant de sainteté: Comme la rosée qui naît de l'aurore, je t'ai engendré." (Ps 109, 1 à 3)

Le Messie n'est pas seulement le grand roi, assis à la droite de Dieu, il est aussi le prêtre selon l'ordre du roi Melkisédek, donc pas oint de la main des hommes: "Le Seigneur l'a juré dans un serment irrévocable: 'Tu es prêtre à jamais selon l'ordre du roi Melkisédek.' À ta droite se tient le Seigneur: il brise les rois au jour de sa colère. Il juge les nations: les cadavres s'entassent; il brise les chefs, loin sur la terre. Au torrent il s'abreuve en chemin, c'est pourquoi il redresse la tête.(Ps 109, 4 à 7)


[1] Rahab est une héroïne biblique du Livre de Josué. Prostituée à Jéricho, c'est elle qui accueille les deux espions envoyés par Josué, les cache, et leur sauve la vie.

   

  

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