Simples
constats
Les diverses circonstances de ma vie ont fait que très
souvent j'ai été en contact avec des incroyants.
Généralement ils cherchent à éloigner de Dieu tous ceux qui
croient en un Dieu créateur, quel qu'il soit d'ailleurs.
Pour des raisons que je ne m'explique pas, depuis une
cinquantaine d'années "ON" a fait taire les chrétiens qui
voulaient témoigner de leur foi, sous le prétexte fallacieux
qu'il fallait "respecter" les croyances des autres. Et le
plus souvent, ces "ON" appartenaient à la hiérarchie des
Églises locales. Maintenant, ce sont des convertis que
j'entends témoigner de leur foi. Et le rappel de leur joie
d'avoir rencontré Dieu est trop souvent lié à des critiques
concernant la pauvreté de la foi des chrétiens qu'ils
rencontrent, et surtout au silence de l'Église qui a caché
tous ses points de repère, points de repère qui sont
pourtant bien utiles aux incroyants. Tout ce que j'entends
est suffisamment grave pour que j'en fasse part à tous ceux
qui ont un rôle, même caché, dans l'Évangélisation de notre
monde. Comme je ne veux parler que de choses vécues ou vues,
je ne parlerai que de ce qui concerne la France.

Je commencerai par mentionner quelques remarques de récents
convertis. On ne voit plus, disent-ils, l'Église qui se
tait, qui a perdu ses repères et qui semble vouloir
s'effacer. Il y a environ vingt ans, alors que je me
trouvais à Béziers, deux jeunes religieuses portant un
costume religieux, ont été apostrophées par des personnes
qui se sont moqué d'elles, disant: "Ça existe encore,
ça?" Du tac au tac les petites sœurs ont répondu:
"Oui, ça existe encore, ça!" Oui, les religieuses
existent encore, mais elles ne sont plus très nombreuses, et
on ne les voit pas. C'est vrai notre Église de France est
devenue presque invisible. Nos prêtres ont disparu, eux
aussi… Est-ce pour cela que, lorsqu'un prêtre porte une
soutane, ou un col romain dans la région parisienne, il est
systématiquement arrêté par des personnes qui désirent lui
parler, car, confusément, les gens cherchent Dieu et
attendent ses envoyés. Notre monde sans Dieu ne veut pas que
certaines personnes Le cherchent; et ne parlons pas des
médias qui ne savent que critiquer, calomnier l'Église
qu'ils ne connaissent même plus, pour la détruire.
Oui, notre Église catholique s'est effacée; on ne connaît
plus d'elle que quelques-unes de ses erreurs passées, la
plupart du temps aggravées pour les rendre abominables… Par
contre l'islam se manifeste, et les médias en parlent. Et
lorsqu'un malfaiteur musulman est arrêté, on lui trouve
toujours de très bonnes excuses. Incontestablement l'islam
s'impose, malheureusement pas pour le bien de la population.
Et personne ne semble s'apercevoir de la haine contenue dans
cette religion.
Nous avons tous entendu, un jour ou l'autre, l'une de ces
réflexions destructrices visant les hommes d'Église, ou
entendu parler de l'Église catholique en toute mauvaise foi.
C'est pourquoi nous devons commencer à réfléchir. On n'aime,
on ne choisit que ce que l'on connaît. Dieu a fait l'homme
libre, nous sommes donc tous libres de Le choisir ou de Le
refuser. Et Dieu nous a également informés des risques que
nous prendrions si nous Le refusions. Mais comment choisir
Dieu aujourd'hui alors que presque plus personne ne Le
connaît? Pourquoi l'Église n'enseigne-t-elle plus
Jésus-Christ? Quant au catéchisme, non seulement il n'est
pas très bon, mais il serait utile que tous les catéchistes
connaissent leur catéchisme et qu'ils aient la foi: on ne
peut enseigner que ce que l'on connaît et que l'on accepte
comme vrai.
J'essaie d'approfondir ce constat désespérant: l'Église a
cessé d'évangéliser sous prétexte que Dieu est
miséricordieux, et que tous les hommes seront sauvés. Alors
pourquoi Jésus s'est-il laissé crucifier pour nous montrer
la gravité de nos péchés? Du jour au lendemain, l'Église a
fait de ses prêtres des hommes comme les autres. Non, les
prêtres ne sont pas des hommes comme les autres car ils ont
été choisis par Dieu qui en a fait des consacrés,
appartenant à Lui seul, et destinés à sauver les hommes qui
leur sont confiés. L'Église ne réagit plus aux moqueries
contre Dieu, aux mensonges, aux attaques sans cesse
répétées. Elle ne donne plus la vérité. Certains de ses
biblistes et exégètes ont même parfois nié l'historicité des
Évangiles, alors que le Concile Vatican II affirme le
contraire…(Décret Dei Verbum) Notre Église a même caché ses
saints. Mais pourquoi? Pourquoi continuer à se taire tandis
que les autres religions, fausses, gagnent du terrain, car
les hommes ne peuvent pas se passer de Dieu?
Même les personnes qui sont en dehors de l'Église voient et
constatent ce silence de l'Église, et quand je parle avec
elles, elles disent: l'Église est muette, elle semble avoir
peur. Elle se cache, et les chrétiens sont absents, et nous
n'avons plus de repère. Car même les sans-Dieu ont besoin de
repère. Ces remarques de ceux qui viennent de se convertir
me vont droit au cœur, et après une longue conversation avec
un converti, j'essaie d'approfondir les raisons d'une telle
situation.
On me dit: les chrétiens ont peur, ils ne prient plus, et il
n'y a plus de mystiques. Alors je me demande comment on
pourrait redonner vie à notre Église? Tout d'abord il faut
revenir à la mystique, c'est à dire à la vie de prière et de
foi. Car être mystique ne signifie pas avoir des
révélations, des apparitions, mais, être mystique, c'est
prier, c'est-à-dire parler avec Dieu, vivre un cœur à Cœur
avec le Vivant par excellence; en un mot, être uni à Dieu.
Il faudrait aussi reparler de la Présence réelle de Jésus
dans l'Eucharistie. L'Eucharistie, c'est Jésus ressuscité et
toujours vivant, vivant pour nous et avec nous. Je suis
souvent épouvantée par certaines homélies de cérémonie de
Profession de foi qui ne parlent plus, aux enfants, que d'un
repas…
Autre chose: certaines églises sont souvent très visitées
par les touristes. La circulation y est donc permanente même
devant l'autel principal où se trouve le tabernacle: presque
personne ne s'arrête; aucune génuflexion, ni inclinaison.
Dieu est ignoré, car les gens ne Le connaissent plus… Et les
quelques personnes qui voudraient prier ne le peuvent pas.
Il y a un autre point qui m'a été signalé. Depuis de longues
années, pour des raisons que les chrétiens ignorent, le mot
"miracle" a été remplacé par le mot "signe". C'est une grave
erreur, car, même si un miracle peut être un signe
permettant de faire comprendre un événement ou une volonté
de Dieu, un signe n'est pas un miracle. Il s'agit ici d'une
faute de vocabulaire. Il existe un certain nombre d'autres
confusions, par exemple, entre: la mystique et le
mysticisme. Ici, des précisions s'imposeraient.
Un autre point semble perturber les nouveaux convertis:
c'est lorsque l'on parle de l'humilité de Dieu. Tout
d'abord, nous ne devons pas confondre la véritable humilité
que les personnes appartenant à l'Église, Corps du Christ,
devraient manifester, avec l'expression "être comme tout
le monde". Non, les prêtres et chrétiens humbles ne sont
pas comme tout le monde. Avec Dieu ils essaient de chasser
l'orgueil, car ils savent qu'ils reçoivent tout de Dieu. Il
y a un autre point difficile à comprendre lorsqu'on parle de
l'humilité de Dieu. Il me semble qu'il faut penser d'abord à
l'orgueil. L'orgueil suppose une comparaison: je suis
supérieur à un tel. Or Dieu n'a pas de supérieur, Il ne peut
être comparé à personne, car Il est l'Être par excellence.
Dieu est humble car il ne peut pas être comparé à qui que ce
soit, tout ce qui existe ayant été créé par Lui. Dieu est
supérieur à tout, Il ne peut pas être comparé à quelque
chose. Et c'est là qu'est le péché de Lucifer et des hommes.
Lucifer s'est cru égal, voire supérieur à Dieu. Quant aux
hommes, trompés par Lucifer, ils ont voulu "devenir comme
des dieux". Ensuite, l'orgueil n'a cessé de se développer,
et nous voyons maintenant où cela nous a conduits.
Les
convertis sont des gens pleins de l'enthousiasme de la foi.
Tous manifestent leur joie d'avoir rencontré Dieu. Mais tous
sont tellement déçus de rencontrer des chrétiens blasés et
tristes. Certes, ils sont généreux et beaucoup sont des
bénévoles dans les œuvres caritatives. Mais cela ne remplace
pas Dieu ni son amour véritable; car les chrétiens
d'aujourd'hui ne prient plus et, en vérité, ils ne
connaissent plus Dieu. Certes, tout ceci n'est qu'un
constat. Mais ce constat, venu de l'extérieur de l'Église
doit nous réveiller: oui, nous devons de nouveau être les
témoins de Jésus qui nous a demander d'aller enseigner
toutes les nations.
Paulette
Leblanc |