Théodelinde Dubouché
Vénérable, Fondatrice
(1809-1863)

30

AOÛT

Originaire d'une famille sans pratique religieuse, Théodelinde était la fille de Jean-Baptiste Bourcin du Bouché, sieur du Bouchet (1772-1852), un haut fonctionnaire trésorier-payeur général, et de Marie Elisabeth Carlotta Marini. Théodelinde naquit le 2 mai 1809, à Montauban. À cette époque, même dans les familles non pratiquantes, la morale naturelle était scrupuleusement observée, surtout lorsque l'ensemble de la société était baignait encore dans le jansénisme.

Théodelinde découvrit peu à peu ce qu'était vraiment l'amour des autres; et son dévouement pour les personnes malades et souffrantes grandissait à mesure que s'accroissait en elle l'amour du Sauveur qu'elle découvrait grâce aux mystères de la vie chrétienne: l'Incarnation, la Rédemption et l'Eucharistie. Par ailleurs, de 1846 à 1848, elle bénéficia de trois visions fondamentales qui orientèrent toute sa vie: vision eucharistique à Notre-Dame de Paris, vision de Jésus crucifié et vision du Cœur du Christ qui rejoignait le sien via un canal d'or.

Théodelinde a maintenant trente-neuf ans. Nous sommes en 1848, et voici les journées tragiques d'une nouvelle révolution en France. Théodelinde regroupe, dans la chapelle des Carmélites de la Rue Denfert-Rochereau à Paris et avec le soutien et l'appui de la Mère Supérieure, de nombreuses personnes afin d'organiser, pendant quarante jours, des prières de réparation. En quelques semaines 2000 membres s'agrégèrent à l'Association Réparatrice dont l'idée avait été lancée par Sœur Marie de Saint Pierre, une Carmélite de Tours; et Théodelinde Dubouché avait obtenu de Monseigneur Affre, l'Archevêque de Paris, l'érection Canonique de cette Association Réparatrice. Mais la même année, dans la nuit du jeudi dans l'octave du Saint Sacrement, le Seigneur apparut à Théodelinde, et lui fit comprendre qu'Il voulait bien plus qu'une Association, mais “une Congrégation religieuse vouée à l'Adoration Réparatrice.”

 

Petit rappel historique: pour bien comprendre ce que sera l'œuvre de Théodelinde Dubouché il faut faire une petite excursion au Carmel de Tours où vivait une jeune religieuse, Sœur Marie de Saint Pierre (ou Perrine Éluère 1816-1848). Depuis le 7 décembre 1843, le Seigneur lui faisait entendre, que des événements très graves se préparaient et que la France aurait beaucoup à souffrir à cause de son impiété; il fallait que des âmes pures s'unissent pour réparer. Le 13 février 1848, Sœur Marie de Saint-Pierre reçut une communication importante: le Seigneur lui annonçait des événements particulièrement graves. Elle écrivit le jour même à sa supérieure:

"L’Église est menacée d’une horrible tempête, priez, priez… Jésus m’a donné cette connaissance à diverses fois, mais il n’est pas possible de rendre le touchant accent avec lequel ce charitable Sauveur me disait: 'Priez, priez!... Cet adorable Sauveur m’a fait entendre que sa justice était fort irritée contre les péchés des hommes, mais surtout contre les crimes qui outragent immédiatement la majesté de Dieu...

Le 20 février 1848, elle confirmait: "Le dimanche 20 février, ayant offert la sainte communion en réparation des outrages faits à la Majesté divine, j’ai vu que c’en était fini! La France, trop coupable, allait être châtiée!... Il y a plus de quatre ans que le bras du Seigneur était levé sur nos têtes coupables!..." Mais ce coup ne serait pas mortel pour la France: en effet, elle ajoutait: "Notre-Seigneur m’a fait comprendre aussi que le clergé serait épargné; sans doute il aura des vexations, mais il ne sera pas persécuté ouvertement…" Et Sœur Marie de Saint Pierre de s'écrier: " Oh! Que je voudrais faire savoir à tous les évêques cette consolante vérité, que le très saint Nom de Dieu est le refuge de l’Église de France, en leur demandant à grands cris l’œuvre réparatrice! Je l’ai toujours dit et je le répète encore: c’est elle qui doit désarmer la justice de Dieu et sauver la France. Heureux si l’on sait profiter de ce moyen de salut!" 

Sœur Marie de Saint-Pierre insista pour que son évêque étende davantage l'Œuvre de la Réparation. Mgr Morlot refusa et la jeune sœur se soumit... et elle se tourna vers la sainte Face de Jésus. Heureusement Théodelinde se manifesta, avec l'appui de la Mère supérieure du Carmel parisien de la rue Denfert Rochereau. Forte de la demande de Jésus de fonder une Congrégation religieuse eucharistique, vouée à l'Adoration Réparatrice, et poussée par Dieu, Théodelinde proposa à la sœur prieure du Carmel, la fondation d'un Tiers-Ordre lié au Carmel. Avec l'approbation des autorités religieuses, elle forma, le 6 août 1848, sa première petite communauté, à Paris, rue d'Ulm. On ne peut pas ici, ne pas remarquer le lien très fort qui existait, non seulement entre les deux carmels, mais également entre les deux femmes souhaitant développer l'Adoration Réparatrice: Sœur Marie de Saint Pierre et Théodelinde Dubouché.

L'Institut de l'Adoration Réparatrice était né; il fut approuvé par Mgr Sibour, (1792-1857), archevêque de Paris, en février de l'année suivante. Le 27 mai 1849, Théodelinde revêtait un habit religieux. Elle fit sa profession religieuse le 29 mai, et devint Mère Marie-Thérèse du Cœur de Jésus. Le 13 juin 1849, treize sœurs prenaient l'habit à leur tour. En 1850, Théodelinde fut appelée à Lyon pour y faire une fondation. Le 8 novembre 1855, alors qu'un incendie ravageait la chapelle, en voulant sauver des flammes le Saint-Sacrement, elle fut très gravement brûlée. Les années qui suivirent furent marquées par de terribles épreuves, tant physiques que morales, mais le 10 février 1859, avec ses quatre premières religieuses, Théodelinde faisait sa profession perpétuelle. L'année suivante, elle créa le couvent de Châlons-sur-Marne.

Théodelinde Dubouché mourut le 30 août 1863. La messe des obsèques fut célébrée à l'église Saint-Jacques-du-Haut-Pas. Le 26 février 1864, Théodelinde était inhumée dans la crypte de la Congrégation de l'Adoration Réparatrice, au 39 rue Gay-Lussac, Paris 5e.

L'héroïcité des vertus de Théodelinde Dubouché fut reconnue par l'Église catholique romaine. Elle fut déclarée Vénérable par le pape Saint Pie X, le 19 mars 1913.

Notons, pour notre information, que Théodelinde pratiquait aussi la peinture avec un certain talent.

Voici, pour finir, quelques phrases de Théodelinde Dubouché:

"L'adoration eucharistique, c'est d'être là comme une fleur devant son soleil. Si vous saviez quel est Celui qui vous regarde à travers ces voiles... Ne faites rien, qu'importe! Une vertu sortira de Lui... Les bons anges vous enverront le souffle de sa bouche, la chaleur de son cœur...

Au pied de l'Eucharistie, il n'y a ni lieu, ni temps, ni distance. En Lui, on se retrouve, on s'aime, on se soutient.

L'oraison, c'est la vie de Dieu. C'est l'exercice qui, sous différentes formes, tient l'âme dans l'union parfaite et continuelle avec Dieu.

Une âme unie à Dieu est un feu qui embrase tout autour d'elle."

Paulette Leblanc

 

pour toute suggestion ou demande d'informations