Marie-Victoire Couderc naquit au Mas, hameau de la
commune ardéchoise de Sablières, le 1er
février 1805. Elle était la quatrième des douze enfants
d'Anne Méry et Claude Couderc qui vivaient dans un
milieu rural simple mais cependant assez aisé. La
famille Couderc était très croyante et, très tôt,
Marie-Victoire manifesta un
profond
désir de vie religieuse. En 1822, Marie-Victoire, âgée
de 17 ans, fut envoyée, pour faire ses études, au
Pensionnat des VANS tenu par les sœurs de saint Joseph.
Au printemps de 1825, son père vient la chercher pour
qu’elle soit présente, avec toute sa famille, à la
mission animée par trois missionnaires diocésains,
chargés du pèlerinage auprès du tombeau de Saint
Jean-François Régis, à Lalouvesc. C'est alors qu'elle
fera la connaissance du Père Étienne Terme.
Le
Père Terme était curé d’Aps (aujourd’hui Alba). Nommé à
Lalouvesc en 1824, il constata que la promiscuité dans
les auberges ne favorisait guère le pèlerinage surtout
pour les femmes. Il eut l'idée d'ouvrir une maison
d’accueil uniquement pour elles. Dès l’hiver 1825-1826,
il voulut tester son idée et organisa l'accueil des
femmes, dans un lieu provisoire; deux jeunes filles
vinrent l'aider. Bientôt, quoique sans argent, il
entreprit la construction d'une maison, qui sera la
première maison de la congrégation Notre-Dame du
Cénacle. Auparavant, il avait réuni quelques jeunes
filles qui souhaitaient se consacrer à l’éducation des
enfants, et fondé ce qui deviendra la Congrégation de
Saint Régis. Lors de la mission à Sablières,
Marie-Victoire âgée de vingt ans se confia au père Terme
qui lui proposa d’entrer au noviciat d’Aps (Alba la
Romaine). En janvier 1926 Marie-Victoire entrait au
noviciat d'Aps et prenait le nom de Sœur Thérèse.
En
1827, le Père Terme appela Thérèse et deux autres sœurs
à Lalouvesc pour s'occuper de sa nouvelle fondation:
l'accueil des femmes qui venaient en pèlerinage. Thérèse
fut nommée maîtresse des novices. Un an plus tard, la
supérieure étant appelée dans une autre communauté,
Thérèse devint la supérieure de cette communauté: elle
n’avait pas 23 ans. Très vite Thérèse comprit que les
personnes qu'elle accueillait n'avaient aucune formation
spirituelle. En 1828, elle convainquit le Père Terme de
n'accepter dans la maison de Lalouvesc que des femmes
désireuses de prendre un temps de prière et
d’approfondissement de la foi. Et cela pendant trois ou
neuf jours; ensuite, rentrées chez elles, elles
pourraient mener une vie chrétienne solide.
Le
Père Terme fit alors une retraite chez les Jésuites de
Vals près du Puy et découvrit les Exercices Spirituels
de Saint Ignace de Loyola. Enthousiasmé par cette
découverte, il exigea que les sœurs en fassent
immédiatement l’expérience et qu’elles se servent de
cette méthode pour aider les personnes qui viendraient
en pèlerinage. Les sœurs n’osaient pas encore employer
le mot de retraite. Les exercices spirituels devinrent
ainsi la base de la formation des sœurs, laquelle
formation s'enrichira peu à peu des dons propres du Père
Étienne Terme et de Thérèse Couderc, l'un et l'autre
marqués par la spiritualité de l'École française.
L'œuvre des retraites se développait rapidement malgré
le manque de moyens. Aussi dut-elle se détacher de la
Congrégation de Saint Régis fondée pour l'éducation des
enfants pauvres de la région ardéchoise. C'est ainsi que
l'institution du Père Terme se divisa en deux branches,
les sœurs des écoles (Sœurs de saint Régis) et les sœurs
de la retraite qui seront appelées plus tard Sœurs de
Notre-Dame du Cénacle.
En
1831, le Père Terme consacra au Sacré-Cœur, par les
mains de Marie, les biens et les personnes de ses
communautés. Vers 1832, Thérèse devint la supérieure
générale de toutes les communautés fondées par le Père
Terme, avec la maison de Lalouvesc comme Maison-Mère.
Tout allait bien; malheureusement, épuisé, le Père Terme
mourut le 12 décembre 1834 à l’âge de 43 ans. Àgée de 29
ans, Thérèse restait seule responsable. Elle réussit
cependant à maintenir l'œuvre avec l'aide du provincial
des Jésuites de France, le Père Renault, jusqu'en 1837,
où la question de maintenir dans une même congrégation
maisons de retraite et écoles se posa. La séparation
entre les Sœurs de Saint Régis qui garderont les écoles
et les Sœurs de la Retraite se vécut douloureusement. En
1838, suite à des intrigues, Thérèse fut déposée de sa
charge et remplacée à la tête de l'institution. Elle
vécut dès lors dans l'ombre et l'humilité, confinée dans
d’humbles et pénibles travaux, et tenue à l’écart de la
communauté, n'intervenant que pour quelques missions
difficiles. Ainsi, en 1844, une communauté s’installa à
Fourvière et Thérèse fut nommée assistante. C'est alors
que la congrégation prit le nom de Notre Dame du
Cénacle.
En
1855, Thérèse fut envoyée à Paris pour dénouer une crise
grave pouvant aller jusqu'à une scission, et calmer les
esprits. En 1860, elle fut nommée assistante de la
supérieure de Montpellier. Nous constatons que la vie de
Thérèse Couderc fut ponctuée de beaucoup d'épreuves et
de souffrances; mais quelle aide pour sa vie
spirituelle!
À
partir de 1867, n'ayant plus aucun rôle de direction,
Thérèse vécut à Lyon, faisant de la catéchèse à des
adultes, organisant des retraites, soignant ses sœurs
malades, et se consacrant à la prière dans l'humilité et
la discrétion. En 1877, la nouvelle supérieure fera
reconnaître officiellement Thérèse comme cofondatrice de
l'institution avec le Père Terme. Autre consolation pour
Thérèse: pendant ce temps, et certainement grâce à ses
prières, le Cénacle se développait et de nombreuses
maisons s'ouvraient en France et à l'étranger.
Thérèse Couderc mourut au Cénacle de Lyon le 26
septembre 1885. Elle fut béatifiée le 4 novembre 1951
par le pape Pie XII, et canonisée le 10 mai 1970 par le
pape Paul VI. Sa fête est le 26 septembre.
Paulette Leblanc |