Apparitions à Wigratzbad

Wigratzbad est un village de Souabe, proche de la Bavière, en Allemagne, appartenant à la commune d’Opfenbach. C'est un important lieu de pèlerinage depuis des dizaines d’années, connu surtout par les apparitions de la Vierge Marie. On y vénère Notre-Dame sous le titre de "Immaculée Conception, Mère de la Victoire." Tout commença au cours de l’octave de l’Immaculée Conception de Marie, le 15 décembre 1936. Notons, car ce qui suit est très important, qu'en 1936, Hitler déjà à la tête de l'Allemagne, menait le pays vers un pouvoir totalitaire et qu'il préparait la seconde guerre mondiale. Dans son livre Mein-Kampf, il exposait sa vision nationale socialiste du monde en affirmant: "Une conception du monde ne peut accepter aucun compromis avec une autre conception du monde, car elle est totalitaire. On peut le déplorer ou non, mais avec le christianisme un terrorisme infernal s’est installé dans le monde; ce terrorisme ne peut être brisé que par un terrorisme plus infernal encore." Ceci a le mérite d'être très clair; dommage que ce livre ait été si peu lu!

Pour bien comprendre les apparitions de la Vierge Marie à Antonie Rädler, il faut d'abord rappeler les grandes étapes de la vie d'Antonie qui vécut de 1899 à 1991. En 1919, Antonie Rädler est atteinte de la grippe espagnole, mais la Vierge lui serait apparue, lui aurait imposé les mains et l'aurait guérie. De 1927 à 1936, Antonie est la gérante d'une des boucheries de son père, à Lindau, au bord du lac de Constance. Un jour, la Gestapo, la police hitlérienne, lui ordonna de remplacer le tableau de la Vierge par celui du Führer. Comme elle refusait, sa vie fut menacée et, à plusieurs reprises, elle échappa à des tentatives de meurtre notamment à une noyade dans le lac. En reconnaissance, ses parents érigèrent dans leur jardin, une grotte de Lourdes, qui fut bénie par le père Basch, curé de la paroisse, le 11 octobre 1936. Le mois suivant, la statue lui souriait et Antonie reçut un message: "Mère de la Victoire, conçue sans péché, prie pour nous!"  

Deux mois après l’inauguration solennelle de la Grotte de Lourdes à Wigratzbad, le 15 décembre 1936, Antonie se rendit à la Grotte pour prier les mystères douloureux du Rosaire. Voici ce qu'elle écrivit en 1938: "Au troisième mystère, celui du Couronnement d’épines, j’entendis soudain un bruissement qui s’amplifiait d’instant en instant. C’était comme le battement d’ailes innombrables. Je regardai vers la statue de la Sainte Vierge, mais je ne vis rien. Alors, un chant se mit à retentir en augmentant sans cesse de volume; il devint si puissant et si intense qu’il semblait que d’innombrables légions célestes étaient rassemblées autour de la Grotte faisant retentir des accords merveilleux. Toutes ces voix chantaient: "Immaculée Conception, Mère de la Victoire, priez pour nous." J’ai entendu ces paroles au moins cinquante fois, puis spontanément, je me suis mise à chanter à l’unisson. Je regardais la statue de Notre-Dame de Lourdes. Je ne vis rien d’extraordinaire si ce n’est que Marie m’a paru sourire. Puis le chant a recommencé, mais devenait de plus en plus faible et finalement il s’est tu. Je m’agenouillai sur mon prie-Dieu, me demandant ce qu’il m’arrivait. J’étais fascinée. Soudain, je pensai: 'Rentre à la maison, le travail t’attend.' Cet événement avait duré deux ou trois heures. Ma mère me reçut en me reprochant amèrement ma longue absence. Je me tus et allai au lit de bonne heure. Mon cœur éclatait presque de joie." Antonie commença par se taire, puis elle alla se confier à un prêtre.

Le Révérend Père Johannes Schmid, religieux Passioniste, écrivit plus tard, dans son livre "Das Geheimnis von Wigratzbad", en français "Le mystère de Wigratzbad": "Pour qui étudie l’histoire du centre de prières déjà renommé de Wigratzbad, depuis la bénédiction de la modeste Grotte de Lourdes, en 1936, jusqu’à la consécration du grand sanctuaire de réparation sur la Colline de la Croix par l’évêque du diocèse, Mgr Josef Stimpfle, en mai 1976, il est évident qu’il ne peut s’agir là de l’entreprise d’une femme hystérique et exaltée, mais bien d’une œuvre de la Mère de Dieu, victorieuse dans tous les combats pour la Gloire de Dieu. Ce n’est pas une volonté humaine qui a donné à cet endroit le nom de "Marie de la Victoire". Ce n’est pas un esprit humain qui a imaginé cette invocation "Immaculée Conception, Mère de la Victoire, priez pour nous." Non, ces deux faits remontent à un événement encore peu connu que vécut Mademoiselle Antonie Rädler." Le livre du R. P. Johannes Schmid reçut l'imprimatur de l'autorité ecclésiastique de Fribourg, le 15 janvier 1985.

Les faits étonnants vécus par Antonie Rädler ont été confirmés, en quelque sorte, par des événements miraculeux qui survinrent plus tard. Ainsi, le 22 février 1938, vers six heures trente du matin, la Vierge apparut à Cäcilia Geyer et lui dit: "Édifiez-moi ici une chapelle, je foulerai aux pieds la tête du serpent infernal. Les gens viendront ici en foule, et je répandrai sur eux des flots de grâces. Saint Joseph, saint Antoine et les âmes du purgatoire aideront Antonie". Puis, raconta Cäcilia Geyer, la Grande Dame ordonna:

– Va, à présent, adorer mon Divin Fils devant le très Saint Sacrement.

– Où donc pourrais-je le faire? À cette heure, le saint sacrement n'est exposé nulle part.

Alors, devant mes yeux étonnés parut à l'endroit qui m'avait été désigné une chapelle. À l'intérieur, sur l'autel, Jésus trônait dans un ostensoir magnifique qui projetait de tous côtés des rayons d'une merveilleuse lumière."

Pourquoi la Vierge Marie dit-elle que Antonie serait aidée par les saints Joseph et Antoine? Revenons à l'Histoire: le 17 juin 1938, le gouvernement allemand autorisait la construction de la chapelle dédiée à Marie "Mère de la Victoire". Les travaux commencèrent le 2 juillet 1938, sur le terrain offert par les parents d'Antonie Rädler. L'inauguration avait été fixée au 8 décembre, fête de l'Immaculée Conception, mais Antonie fut arrêtée par les nazis le 21 novembre, et fut incarcérée dans une prison de droit commun où elle subit d'interminables interrogatoires. Mais, durant la nuit du 7 au 8 décembre 1938, dans sa cellule, la Vierge lui apparut et lui annonça sa libération imminente. Marie apprit à Antonie la prière de l'Enfant Jésus que l'on récite toujours au sanctuaire. Antonie fut libérée le 18 décembre 1938. Dès lors, l'affluence s'accrut à Wigratzbad.  

Paulette Leblanc

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