Wilfrid d'YORK
Évêque, Saint
(634-709)

12

OCTOBRE

Petite remarque préliminaire: Il y a, dans l'enregistrement qui suit, de nombreux noms et sites anglais qui ne sont pas toujours bien prononcés. Nous invitons ceux qui veulent bénéficier de tous les détails, de se reporter au texte écrit, joint à cet enregistrement.

Tout d'abord, notons qu'un fait extraordinaire signale la naissance de saint Wilfrid: la maison de ses parents sembla, soudain, comme enveloppée dans un incendie. Les voisins, effrayés, accoururent pour éteindre le feu, mais ils s'aperçurent qu'en réalité, ce feu s'élançait vers le ciel sans rien consumer. Qu'est-ce que cela pouvait signifier? Nous le découvrirons bientôt: soyez patients…

La vie de saint Wilfrid fut particulièrement mouvementée. Il naquit à Ripon en Northumbrie, royaume médiéval situé au nord de l'Angleterre actuelle. Son père appartenait à la petite noblesse. Quand il eut atteint l'âge de 13 ans, Wilfrid fut placé à la maison du roi Oswiu, et devint le favori de la reine Eanflede qui l'envoya à Lindisfarne pour son éducation, dont se chargea Cudda, un ancien noble devenu moine.

Pour comprendre l'histoire de saint Wilfrid, nous devons nous arrêter pendant un moment, pour donner quelques précisions sur l'histoire de l'Angleterre et sur les personnages cités. En 616, le roi de Northumbrie, Æthelfrith de Bernicie décédait. Son rival et beau-frère Edwin de Deira lui succéda. Ce roi païen, appartenant au peuple des Angles (pensons aux anglo-saxons) se convertit au christianisme en 627 grâce à sa femme, une fille du roi chrétien Æthelbert de Kent, et sous l’influence du missionnaire romain Paulinus qui accompagnait la future épouse.

Malheureusement, en 633, Edwin fut tué à Hatfield Chase par le roi breton Cadwallon. De plus, l'arrivée au pouvoir du roi de Mercie Penda, farouche défenseur du paganisme, interrompit momentanément les progrès du christianisme. Mais, en 634, Oswald de Bernicie, fils d'Æthelbert, réunifiait  la Northumbrie après avoir vaincu Cadwallon. Afin d'évangéliser son peuple, Oswald de Bernicie fit venir un missionnaire écossais Aidan, qui fonda une abbaye à Lindisfarne. Le pays fut rapidement converti par les moines écossais. Le soutien d'Oswald au christianisme et son martyre par le roi Penda en 641, lui valurent d'être sanctifié. L'opposition entre les régions de la Mercie et la Northumbrie culmina lors de la bataille de Winwaed, en 654, durant laquelle Penda fut vaincu et tué par Oswiu, le successeur d'Oswald.

Nous pouvons revenir à Wilfrid. Vers 653, la reine Eanflede autorisa Wilfrid à se rendre à Rome en compagnie du jeune moine Benoît Biscop. En effet, alors qu'il était encore très jeune, Wilfrid avait résolu de se donner au Seigneur. Après un court séjour dans un couvent, il s'était aperçu que certains usages étaient contraires à ceux de l'Église catholique. Aussi voulut-il aller à Rome afin de bien discerner la vérité. C'est alors qu'il fut confié au moine, Benoît Biscop.

Lors de son passage à Lyon, l'archevêque Ennemond, remarquant ses qualités, voulut le marier à sa nièce, mais, déclinant ces propositions, le jeune homme alla à Rome, reçut la bénédiction papale, puis, respectant une promesse, revient à Lyon, où il resta trois ans, jusqu'au meurtre de son protecteur. À son retour en Northumbrie, en 658, Alchfrith, fils d'Oswiu, lui donna un monastère à Ripon et, peu de temps après, Agilbert, évêque des Gewissae (Saxons du Wessex), l'ordonna prêtre.

Un schisme ravageait alors le pays où Wilfrid travaillait à la défense de l'Église catholique. En 664, il fut nommé évêque d'York, mais refusa d'être consacré en Northumbrie par les évêques du nord de l'Angleterre qui étaient considérés comme des schismatiques. Comme Agilbert était devenu l'évêque de Paris, Wilfrid se fit consacrer à Compiègne. Wilfrid n'avait que trente ans. Wilfrid avait déjà vécu une vie bien tourmentée, mais ce n'était rien compte tenu de ce qui l'attendait.

Pendant trois ans, son évêché n'étant pas disponible, de 665 à 668, Wilfrid dirigea son monastère de Ripon en paix, tout en se chargeant des épiscopats de Mercie et du Kent. En 669, à l'arrivée de Théodore, récemment nommé archevêque de Cantorbéry, Wilfrid fut rétabli dans son évêché d'York auquel il consacra neuf années, et dans lequel il fit construire de nombreuses églises.

Les tribulations continuent. En 678, sur les instances d'Egfrid, le roi qui avait succédé à Oswiu, l'archevêque Théodore divisa l'évêché d'York en quatre diocèses malgré les protestations de Wilfrid, qui fut déposé. Wilfrid se rendit alors à Rome pour faire appel de cette décision. Le pape Agathon réunit en octobre 679, un synode qui décida que le diocèse d'York serait effectivement partagé, mais que c'est Wilfrid lui-même, archevêque d'York, qui nommerait les évêques. Après être passé en Austrasie, (Royaume Franc situé dans le nord-est de la Gaule et appelé successivement Royaume de Reims ou Royaume de Metz) Wilfrid revint en Angleterre, en 680. Mais le roi Egfrith refusa d'accéder à la demande de réintégration de Wilfrid et l'emprisonna pendant 9 mois. Enfin libéré, Wilfrid se réfugia dans le Sussex (sud-est de l'Angleterre) et évangélisa les Saxons, païens du Sud, convertissant la quasi totalité de la population.

Après la mort du roi Egfrith en 685, Wilfrid rencontra Théodore, qui lui demande son pardon pour l'avoir déposé, et avoir ordonné les quatre évêques des nouveaux diocèses dans la cathédrale d'York. En 686, à la demande de Théodore, le roi Aldfrid rappela Wilfrid et le rétablit à Ripon. Mais cinq ans plus tard, en 691, il l'exila… Wilfrid se rendit en Mercie, où il administra l'évêché vacant de Litchfield. Après de nouvelles mésaventures, Wilfrid fut nommé évêque d'Hexham  en 705.

Wilfrid mourut en 709 au monastère saint André d'Oundle, dans le Northamptonshire, au cours d'une visite des monastères qu'il avait fondés en Mercie.

Wilfrid avait beaucoup souffert, mais il avait largement participé au rétablissement de l'unité de l'Église d'Angleterre. Sous sa houlette, les conversions se multiplièrent, de nombreux monastères furent fondés, et de magnifiques églises et cathédrales s’élevèrent sur le sol anglo-saxon. Doué, d'un courage exceptionnel, et malgré tous les obstacles et les menaces qu'il rencontra, Wilfrid s'attacha avec force à la réforme des mœurs et à faire régner la doctrine de l'Évangile: paix, justice et charité.

Pour conclure, nous ajouterons le fait divers suivant: un jour que Wilfrid donnait le sacrement de confirmation, une pauvre femme le supplia de ressusciter son enfant mort. Wilfrid, ému de ses larmes, bénit l'enfant et lui rendit la vie.

Paulette Leblanc

 

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