Avant de raconter l'histoire de saint Yves, nous devons
donner les précisions suivantes: aucun récit
contemporain de la vie de saint Yves ne nous est
parvenu. Seuls les documents de la procédure entamée en
1330 en vue de sa
canonisation
ont servi de référence. Remarquons toutefois que, après
sa canonisation, plusieurs récits de la vie de saint
Yves ont été écrits. Comme moins de 50 ans s'étaient
passés après sa mort, pour aboutir à sa canonisation par
le pape Clément VI en 1347, on peut accorder à ces
documents une véritable authenticité.
Yves
Hélory, ou Héloury serait né le 17 octobre 1253, dans
une famille noble, au manoir de Kermartin appartenant à
la paroisse de Minihy-Tréguier, en Bretagne.
Quand il eut 14 ans,
Yves fut envoyé à Paris, pour étudier la philosophie et
la théologie, probablement à la Sorbonne. Il fit ses
humanités, suivit des cours de théologie et il recevra
même des enseignements de Thomas d’Aquin.
Ces premières études
achevées,
Yves attiré par le
droit, ira à la faculté d'Orléans, très réputée à
l'époque, pour étudier le droit, laïc et ecclésiastique.
Déjà, il se faisait remarquer par sa charité en faveur
des pauvres. Notons que la mère d'Yves mourut en 1280,
et, comme il était le fils aîné de la famille Héloury,
il hérita de tout le patrimoine familial.
Ses
études achevées, Yves rentra en Bretagne, à Rennes, où
il devint conseiller juridique du diocèse. L'évêque de
Tréguier, Alain de Bruc, ayant remarqué ses talents,
lui demanda de revenir à Tréguier et le nomma official,
c'est-à-dire vicaire judiciaire ou juge ecclésiastique,
à Rennes, en 1284. Entre temps,
l’évêque de Tréguier
l'avait décidé à devenir prêtre, ce qui fut fait en
1283. Mgr Alain de Bruc le nomma curé de Trédrez en
1285, puis de Louannec, de 1292 à 1298. En 1293, Yves
fit
construire, pour les indigents, un refuge appelé Crech-Martin,
au petit manoir de Kermartin du Minihy.
Notons que, à Tredrez, lorsqu’il y était curé, Yves
nourrissait les pauvres: une fois il fit donner le peu
de pain qui restait au presbytère à des pauvres; on en
coupa assez pour que tout le monde en ait à sa faim; au
grand étonnement du vicaire qui s'était fait mettre de
côté, au préalable, un morceau pour lui.
Yves
menait une vie exemplaire. De nombreux témoins, lors de
son procès en béatification parleront de lui comme d’un
chrétien et d’un juge doux, équitable, attentif et
compatissant au sort des pauvres et plaidant leur cause.
Mais en 1291, après une visite au mouroir de l’hôpital
de Tréguier, Yves décida de vivre pauvre parmi les plus
pauvres.
Il se retira dans son
manoir familial de Kermartin, dans le refuge Crech-Martin,
où il vivait dans la misère et accueillait les
indigents, devenant leur avocat. Mais Yves n'oubliait
pas qu'il était aussi prêtre et évangélisateur; il se
déplaçait donc, à pied, à travers la Bretagne pour
prêcher et apporter la Bonne nouvelle contre vents et
marées. Dans la région de Tréguier, on le vit
plusieurs fois dans la même journée en des lieux
différents très éloignés les uns des autres. Les gens
l'appréciaient pour sa façon de rendre la justice, et
pour son sens de l'équité qui lui interdisait de
privilégier le riche sur le pauvre. De plus, Yves étonna
souvent ses paroissiens en prêchant en breton, la langue
du peuple, rendant ainsi accessible la compréhension de
l'Évangile et de son message.
Yves Hélory de Kermartin
mourut à Kermartin le 19 mai 1303, épuisé par le travail
et la pénitence. Son corps fut transféré à la cathédrale
de Tréguier. Son tombeau devint un lieu de pèlerinage.
Yves fut canonisé le 19 mai 1347 par le pape Clément VI.
Il est le saint patron de tous les professionnels de la
justice et du droit, notamment des avocats, des avoués,
des assureurs et des notaires. Il est aussi le Patron de
la Bretagne. D'innombrables églises et chapelles
furent consacrées à saint Yves, en Bretagne, bien sûr,
mais aussi en Espagne, en Allemagne, et aux Pays-Bas.
Voici quelques témoignages sur ce que fut sa vie et la
manière dont les gens le percevaient. Saint Yves était
reconnu par les démunis comme l'avocat qui faisait
justice aux pauvres et ne tenait pas compte de la
condition sociale. Et l'on chantait de lui: "«Sanctus
Yvo erat brito; advocatus sed non latro, res mirabilis
populo", c'est-à-dire: "Saint Yves était breton,
avocat mais pas voleur, chose admirable pour le
peuple!"
On a
prêté à saint Yves un certain nombre de miracles, dont
celui d'avoir sauvé des gens de la noyade. Après une vie
d'ascèse, de prière et de partage, mangeant très peu et
vivant très pauvrement car il distribuait tout ce qu'il
avait: il ne mangeait que deux œufs le jour de Pâques,
mais tenait table ouverte pour les pauvres. Yves Hélory
s'éteignit le 19 mai 1303.
Paulette
Leblanc |