Léopold d’Autriche
Margrave, Confesseur, Saint
† 1136

Léopold IV, sixième margrave d'Autriche, était fils de Léopold le Bel et d'Itte, fille de l’empereur Henri IV. Les hautes vertus dont il donna des preuves dès sa plus tendre enfance lui firent donner le surnom de Pieux. Ayant hérité (1096) des Etats de son père, il gouverna ses sujets avec une prudence admirable, gagnant leurs esprits par la douceur, cherchant à leur être utile, regardant leurs biens comme si Dieu les lui avait confiés pour en être le protecteur, et prenant soin de procurer leur salut éternel, en excitant les bons à la persévérance par les grâces qu'il leur accordait, et en réduisant les méchants à l'observation des lois divines par des châtiments paternels. Sa charité envers les pauvres était inépuisable. Son palais était l'asile des veuves et des orphelins les étrangers trouvaient auprès de lui un secours assuré. U ne refusa jamais son assistance à ceux qui, étant dans l'oppression, implorèrent la force de son bras pour en être délivrés. Il portait un profond respect aux ecclésiastiques et aux religieux. Les affaires de son Etat ne l’empêchaient point de visiter souvent les églises et d'y demeurer longtemps dans une dévotion ravissante. En un mot, toutes ses démarches étaient si édifiantes, que son peuple avait à tout moments de nouveaux sujets d'admirer la bonté, la sagesse et la sainteté de sa conduite.

Sa piété ne diminuait rien de son courage, qu'il avait naturellement grand. Lorsqu'il lui fallut rendre à César ce qu'il devait à César, il ne parut pas moins intrépide au milieu des armées qu'il avait paru constant au pied des autels pour rendre à Dieu ce qu'il devait à Dieu. L'an 1104, il commença ses exploits militaires sous l'empereur Henri IV, qui était en guerre contre son fils Henri V ayant ensuite embrassé le parti de ce dernier, il épousa sa sœur. Elle se nommait Agnès et était veuve de Frédéric, duc de Souabe, duquel elle avait eu Conrad, qui fut depuis empereur, et Frédéric, qui donna aussi à l'empire le fameux Frédéric Barberousse. Ce mariage, qui se fit l'an 1106 fut très-heureux, tant parce que cette princesse était parfaitement vertueuse, que parce que Dieu le bénit par une grande et sainte prospérité, car ils eurent ensemble dix-huit enfants : huit garçons et dix filles. Le ciel en prit sept dans leur innocence baptismale, et les onze autres se rendirent tous recommandables, ou dans le siècle, ou dans la religion, ou dans l'état ecclésiastique.

Ce nouvel engagement de Léopold ne lui fit rien relâcher de sa dévotion au contraire, se voyant une épouse toute dévouée à la vertu, il s'efforça de donner avec elle de nouveaux exemples de sainteté à son peuple. Comme ils n'avaient point d'autre désir que de procurer la gloire de Dieu, ils résolurent ensemble de faire bâtir une église et de la fonder pour y entretenir le service divin. L'endroit où ils devaient la faire construire leur fut montré par une espèce de miracle car, un jour que le temps était fort doux, le voile que la princesse avait sur sa tête fut enlevé bien loin, et Léopold ne le trouva que quelques années après, sans qu'il eût reçu aucun dommage, sur le sommet d'un arbre, dans un lieu appelé Nenbourg, près de Vienne. Cette merveille, qu’ils prirent pour une marque de la volonté de Dieu, les détermina à y faire ériger, en l'honneur de la sainte Vierge, une magnifique basilique. La première pierre en fut posée le 9 juin 1111. Cette église était desservie par des chanoines réguliers de l'Ordre de Saint-Augustin.

Ce ne fut pas le seul témoignage public que notre Saint donna de sa religion. Il fonda encore, l'an 1127. à douze milles de Vienne, un célèbre monastère sous le nom de la Sainte-Croix. Il répara aussi et dota de nouveau une ancienne maison déjà fondée par ses ancêtres, et, par la force de ses armes, il chassa de la province les ennemis qui l'avaient désolée et avaient contraint les religieux de l'abandonner.

Léopold couronna glorieusement une vie si belle par une très-sainte mort. Il fut inhumé dans son église de Neubourg, et de nombreux miracles sont venus attester sa sainteté. C'est ce qui a déterminé le pape Innocent VIII à le canoniser (1485).

De nos jours encore, à la fête de saint Léopold, on expose à la vénération du peuple ses reliques dans une châsse d'argent, la tête parée du chapeau ducal et couchée sur un coussin de velours rouge. L'église est alors toujours remplie de fidèles, tant de la ville que des environs. La couronne ducale et les armoiries de la maison d'Autriche sont des attributs fréquents de saint Léopold. Le drapeau blasonné, caractéristique générale des princes, est aussi une des siennes. Comme fondateur d'églises et de monastères, il porte quelquefois une petite réduction d'église sur la main.

Les Petits boullandistes : Vies des Saints ; Tome 11. Paris 1866.

 

 

pour toute suggestion ou demande d'informations