Écrits patristiques
Lettre à Diognète
7-Je l'ai déjà dit
et je le répète, la
parole qu'ils ont reçue n'est pas une invention de la terre.
Elle n'est pas un mensonge des mortels, la doctrine qu'ils se font
un devoir de conserver avec soin. Enfin le
mystère confié à leur foi n'a rien de commun avec ceux de la sagesse
humaine.
Dieu lui-même, le
tout-puissant, le créateur de toutes choses, a
fait descendre du ciel sur la Terre la
vérité, c'est à dire son
Verbe saint et incompréhensible. Il
a voulu que le cœur de l'homme fût à jamais sa demeure. Ce n'est
donc pas, comme quelques-uns pourraient le croire, un ministre du
Très Haut qui nous a été envoyé, un ange, un archange, un des
esprits qui veillent sur la conduite du monde, ou qui président au
gouvernement des cieux. Celui
qui est venu vers nous est l'auteur, le créateur du monde, par qui
Dieu le Père a fait les cieux, a donné des limites à la mer;
c'est lui à qui obéissent et le soleil, dont il a tracé la route
dans les cieux avec ordre de la parcourir chaque jour sans sortir de
la ligne tracée, et la Lune qui doit prêter son flambeau à la nuit,
et les astres qui suivent son cours; enfin c'est lui qui a tout
disposé avec ordre et tout circonscrit dans de justes limites; c'est
lui à qui tout est soumis, les cieux et tout ce qui est dans les
cieux, le Terre et tout ce qui est sur la Terre, la
mer et tout ce qui est au sein de la mer, le feu, l'air, les abîmes,
les hauteurs du ciel, les profondeurs de la Terre, les régions
placées entre la terre et les cieux. Voilà
celui que Dieu nous a envoyé, non
comme un conquérant chargé de semer la terreur et d'exercer partout
un tyrannique empire, ainsi que quelques-uns pourraient le croire.
Non, il l'a envoyé comme un roi envoie son fils, lui donnant pour
cortège la douceur et la clémence ; il a envoyé ce
fils comme étant Dieu lui-même. Il l'a envoyé à de faibles
mortels; il l'a envoyé en père qui veut les sauver, qui ne réclame
que leur soumission, qui
ne connaît pas la violence, la
violence n'est pas en Dieu; il l'a envoyé comme un ami qui
appelle et non comme un persécuteur; il
l'a envoyé n'écoutant que l'amour. Il
l'enverra comme juge, et qui soutiendra cet avènement?
Ne vois-tu pas que l'on
jette les chrétiens aux bêtes féroces ? On voudrait en faire des
apostats; vois s'ils se laissent vaincre! Plus
on fait de martyres, plus on fait de chrétiens. Cette
force ne vient pas de l'homme; le doigt de Dieu est là; tout ici
proclame son avènement.
*****
Après
avoir évoqué le ridicule des opinions païennes, l'auteur de la
Lettre à Diognète aborde une question délicate: pourquoi Dieu a-t-il
différé si longtemps notre rédemption? Pourquoi a-t-il laissé le
genre humain plongé dans l’erreur et dans le vice pendant si
longtemps? C’est qu’il voulait nous faire sentir notre profonde
misère et le besoin indispensable que nous avions de son secours. |