Écrits patristiques
Lettre à Diognète
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Nous
avons vu que la lettre originale s'arrêtait au paragraphe 10. En
effet, je vous indiquais que "la plupart des critiques
modernes ont signalé entre les paragraphes qui précèdent et les
deux chapitres qui suivent, 11 et 12, une différence assez forte
pour qu’ils aient cru devoir les rejeter comme apocryphes. Pour
ces auteurs, les chapitres de 1 à 10 ne s’adressent qu’au seul
Diognète. Par contre, les chapitres 11 et 12 ont un caractère
plus général, s’adressant à tous ceux qui veulent être disciples
de la vérité. De plus, on ne peut pas ne pas remarquer également
de grandes différences de style. En conséquence, il semble bien
que ces chapitres 11 et 12 aient été rajoutés et que leur
origine soit ignorée. Nous les conservons cependant, estimant
que, compte tenu de cette mise en garde, ils pourront cependant
intéresser certains de nos lecteurs."
11-Ce que je te dis est l'expression véritable de notre foi, c'est
le langage même de la raison. Disciple
des apôtres, je suis devenu le docteur des nations; (Ici
on pense à saint Paul) la
parole de vérité que j'ai reçue, je la transmets à ceux qui se
montrent dignes de la recevoir. Quel homme bien préparé par les
premiers éléments de la foi ne s'empresse de s'instruire de toutes
les vérités que le Verbe expliquait clairement lui-même aux
disciples qui eurent l'avantage de le voir. Il (ici,
il s'agit de Jésus) parlait
librement, s'inquiétant peu des incrédules qui ne le comprenaient
pas; mais les mêmes choses, il les développait ensuite à ses
disciples; et c'est ainsi que ceux
qu'il jugeait fidèles connurent les secrets de son Père. Le
Père envoya son Verbe pour qu'il fût connu des hommes; rejeté par
son peuple, il a été prêché par les apôtres et cru des nations.
C'est lui qui était dès le commencement, et qui a paru dans les
derniers temps, toujours nouveau, parce qu'il naît tous les jours
dans le cœur des justes. Il est aujourd'hui ce qu'il a toujours été,
le Fils de Dieu; par lui, l'Église ne
cesse de s'enrichir; sa
grâce se répand, reçoit sans cesse par ses saints de nouveaux
accroissements, communiquant partout l'intelligence, dévoilant les
mystères, annonçant la fin des temps, heureuse
de ceux qui sont fidèles, prompte à se donner à ceux qui cherchent, mais
dont la curiosité ne force pas les barrières de la foi, et respecte
les bornes qu'ont respectées nos pères.
La loi de crainte est abolie,
la loi de grâce annoncée par les prophètes est connue, la
foi des saints Évangiles est affermie, la tradition des apôtres
conservée, et la grâce qui soutient l'Église triomphe. Ah! Cette
grâce qui vous parle, ne l'attriste pas, ô Diognète, et tu
connaîtras la vérité que le Verbe communique aux hommes quand
il veut et par les organes qu'il lui plait de choisir. Il
nous ordonne, il nous presse de parler, sa
voix réclame nos travaux, et l'amour nous porte à vous communiquer
ce que nous avons reçu. |