Qui connaît Lucie-Christine, une grande mystique
parisienne du XIXe siècle, qui vécut de 1844 à 1908 ? Bien peu de personnes.
Cette petite étude va nous permettre de la
découvrir un peu.
Nous connaissons Lucie-Christine grâce à son
« Journal spirituel» qui fut édité pour la première fois en 1910 et traduit
en espagnol, en italien, en allemand et en néerlandais. Une réédition en
français fut réalisée en 1938 par les religieuses de la Communauté de
l’Adoration réparatrice. Les Éditions Téqui le publièrent de nouveau en décembre
1999.
Le Père Auguste Poulain avait eu connaissance de
ce texte par les moniales de "l'Adoration Réparatrice", un ordre contemplatif
dont la mission était de prier et d'adorer Jésus dans son Eucharistie en
réparation des péchés qui se commettaient dans le monde. Une fraternité
séculière avait été adjointe à la communauté cloîtrée; ses membres, totalement
immergés dans les préoccupations politiques, économiques ou culturelles de
l'époque pouvaient cependant partager la mission de la communauté dans la mesure
où leur état de vie le leur permettait.
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Pour mieux comprendre ce qui suit, souvenons-nous
que de 1850 à 1870, ce fut le second Empire; puis en 1870, une guerre
désastreuse contre la Prusse, et le siège de Paris. Le 4 septembre 1871, la 3e
république était installée en France ; bientôt on verrait apparaître les lois
anticléricales.
Remarque importante
Après la mort de l'auteur, membre laïque de
l'Adoration Réparatrice, le texte intégral du "Journal spirituel" avait
été confié à la communauté cloîtrée, par sa fille qui stipulait que l'ouvrage ne
devait être remis à aucun membre de sa famille, éventuellement désireux de le
récupérer, peut-être parce que ce texte mettait trop en évidence une tragédie
familiale. Les moniales, cependant, ne furent pas aussi restrictives. Touchées
par la profondeur de l'union à Dieu de son auteur, elles sollicitèrent l'avis du
Père Poulain pour une possible publication.
La famille exigea alors que la publication ne
puisse fournir aucune information permettant d'identifier l'auteur, ni même
qu'il n'y ait aucune mention des joies et des épreuves de la vie familiale.
Ainsi, tous les noms propres furent supprimés ou changés. Le Père Poulain
choisit le pseudonyme de "Lucie-Christine", Lumière du Christ. Il se focalisa
sur les seules expériences mystiques de l'auteur. Il en résulte que
Lucie-Christine peut sembler parfois désincarnée, alors qu'en réalité elle était
une femme réellement engagée dans la vie, une Jeanne d'Arc moderne dont les
armes étaient la prière, l'amour et la souffrance. Elle sut même atteindre une
totale union avec le Seigneur, tout en accomplissant les tâches et obligations
de son état de vie, souvent dans des circonstances très difficiles.
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