Marcien de Strie
Anachorète, Saint
† ca. 387

Marcien, né dans la ville de Cyr, en Syrie, sortait d'une famille patricienne, et son père occupa les premières places de l'empire. Il fut élevé lui-même à la cour, liais il connut de bonne heure la vanité du monde, et il résolut d'y renoncer. Il quitta sa patrie et ses amis, et prit les mesures qui lui parurent les plus efficaces pour vivre entièrement inconnu aux hommes. Il se retira dans le désert de Calchis , en Syrie, sur les confins de l'Arabie, et se renferma dans une cellule si étroite et si basse, qu'il était obligé d'être toujours dans une posture gênante. Jamais il n'en sortait, et il n'avait de communication qu'avec le Ciel. Il partageait son temps entre le chant des psaumes, la lecture, la prière et le travail des mains. Il ne se nourrissait que de pain ; encore en prenait-il en si petite quantité, qu'il n'assouvissait jamais sa faim. Cependant il n'était jamais plus d'un jour sans manger, afin d'avoir plus de force pour faire ce que Dieu demandait de lui. Il reçut le don de contemplation dans un degré si sublime, que des jours entiers passés dans cet exercice lui paraissaient des instants. La lumière surnaturelle qui fut la suite de ses communications intimes avec Dieu, lui donna une connaissance expérimentale des grandes vérités et des mystères de la foi. Son cœur n'étant rempli que de Dieu, était souvent inondé d'un torrent de délices et de consolations.

Malgré les précautions qu'il avait prises pour être inconnu aux hommes, sa sainteté le fit découvrir. Il consentit enfin à recevoir deux disciples, Eusèbe et Agapet. Ils logèrent dans des cellules peu éloignées de celle de leur maître. Ils chantaient le jour des psaumes avec lui, et le consultaient souvent sur les moyens de parvenir à la perfection. Peu à peu il se forma un monastère nombreux près de l'ermitage du Saint. Eusèbe en eut la conduite. Marcien traça lui-même le plan de l'institut, et se chargea de donner des instructions aux moines qui venaient fréquemment le visiter.

Flavien d’Antioche, Acace de Bérée, Isidore de Cyr, Eusèbe de Calcis, Théodore d’Hiéraple, les plus célèbres évêques de Syrie, vinrent un jour le voir ensemble, avec les principaux officiers et magistrats du pays. Lorsqu'ils furent arrivés !» la porte de sa cellule, ils le prièrent de vouloir bien leur donner quelques instructions, comme il avait coutume de faire en pareil cas. Une compagnie aussi respectable alarma son humilité, et il garda quelque temps le silence. Comme on le pressait de parler, il dit en soupirant : « Hélas ! Dieu nous parle tous les jours par ses créatures, et par le spectacle de cet univers que nous voyons ; il nous parle par son Evangile, et nous instruit K de nos devoirs envers nous-mêmes et envers le prochain. » II nous effraie et nous encourage tout à la fois. Cependant nous ne profitons point de toutes les leçons qu'il » nous donne. Que pourrait dire Marcien, lui qui, au milieu de tant d'instructions touchantes fait si peu de progrès dans la vertu ! » Les évêques avaient le dessein de l'ordonner prêtre; mais ils ne l'exécutèrent point, pour ne pas faire violence à son humilité.

Divers miracles augmentèrent encore la vénération qu'on avait pour le serviteur de Dieu. On bâtit des chapelles en plusieurs endroits, dans l'espérance qu'après sa mort on l'enterrerait dans quelqu'une. Marcien en ressentit une vive douleur, et il fit promettre à ses deux disciples d'enterrer secrètement son corps dans un lieu inconnu. On met sa mort vers l'an 387. Ses disciples tinrent la promesse qu'ils lui avaient faite. Quelques années après, on découvrit son corps, et on le renferma dans un cercueil de pierre. Son tombeau devint un lieu de grande dévotion, et il s'y opéra -des miracles.

SOURCE : Alban Butler : Vie des Pères, Martyrs et autres principaux Saints… – Traduction : Jean-François Godescard.

 

 

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