Marguerite était native
de Metela, citadelle sur le fleuve Metaur, non loin d'Urbino et de
Citta-di-Castello. Elle naquit aveugle, mais elle supporta ce
malheur, dès son enfance même, avec une patience et une
résignation
héroïque, persuadée que Dieu le lui avait envoyé, pour qu'il
procurât le salut de son âme.
Vers ce temps, se
répandit partout le bruit de la sainteté et des miracles du B.
Jacques du tiers-ordre de saint François, une foule d'infirmes
venaient en pèlerinage à son tombeau, afin de recouvrer leur santé
par son intercession. La jeune Marguerite aussi y fut conduite par
ses parents, mais Dieu ne voulut pas qu'elle fut guérie. Ses
parents, qui ne regardaient pas cet événement avec les yeux de la
religion, ni dans l'esprit d'un vrai chrétien, en furent
très-affligés, et laissèrent leur fille à Citta-di-Castello, dans le
couvent de sainte Marguerite, qui maintenant n'existe plus. Mais
comme on ne voulut pas la garder , à cause de sa cécité, deux époux
pleins de piété, Venturino et Grigia, la reçurent chez eux, et lui
donnèrent les soins les plus affectueux. Quoique jeune encore
d'années, elle était très-versée dans la doctrine chrétienne, et à
même de donner aux autres sur ce point l'instruction la plus solide.
Elle savait par cœur l'office de la Sainte-Vierge et le psautier,
qui lui fournissaient souvent matière aux plus sublimes réflexions.
Cette rare vertu et cette notion de la plus sainte de toutes les
sciences inspirèrent la plus grande admiration à toutes les
personnes qui la connaissaient ; on ne pouvait s'empêcher de
la regarder comme particulièrement favorisée du ciel.
Sa vertu ayant été
éprouvée de la manière la plus éclatante, elle reçut le voile dans
le tiers-ordre de saint Dominique, dans l'église duquel elle avait
fait tous les jours ses exercices de dévotion. Les actes de la
bienheureuse Vierge rapportent beaucoup de miracles opérés par son
intercession, avant et après sa mort. Elle quitta ce monde le 13
Avril 1320, et c'est à ce jour qu'appartient proprement cette
notice. Les uns la nomment Sainte, les autres
Bienheureuse. |