Marguerite est née à
Laviano en Toscane en 1247. Dès l’âge de 7 ans, elle perdit sa mère
et son père se remaria avec
une femme qui n’aima pas cette enfant.
Abandonnée à elle-même, Marguerite qui à l’âge de 17 ans, était très
belle, se laissa séduire par un jeune noble qui était, dit-on, le
fils du seigneur Guillaume de Pecora, seigneur de Valiano. Son amant
l’emmena chez lui en son château de Montepulciano et ils eurent un
fils. Après 9 années de vie commune qui ne fut pas exempte d’autres
relations, Marguerite qui n’avait pu décider son amant à l’épouser,
se retrouva seule, son amant ayant été assassiné au cours d’un
voyage. Elle confessa plus tard qu’elle accorda ses faveurs à des
jeunes gens, attirés par sa beauté et qu’on la considérait comme une
pécheresse. Cependant la vue de son amant assassiné l’avait
profondément impressionnée. Elle commença à regretter sa vie
tumultueuse et à redouter le jugement de Dieu. Elle se mit à
méditer, à s’intéresser aux pauvres, à les secourir, et à servir les
malades. Elle en vint à rechercher la solitude et à rêver d’une vie
adonnée à l’amour de Dieu. Durant plusieurs années, elle mena un
rude combat entre ce désir de vertu et ses attaches mondaines :
relations, bijoux, propriété. Ne pouvant retourner chez son père, en
raison de l’hostilité de son épouse, elle dut trouver une habitation
avec son fils. Dans sa prière, elle entendit une voix qui l’invitait
à recourir à la direction spirituelle des Franciscains de Cortone.
Elle trouva en cette ville des personnes charitables qui acceptèrent
de l’héberger et qui la recommandèrent aux frères franciscains. Elle
fréquentait assidûment leur église, mais continuait à être assaillie
par les tentations.
Elle dû attendre trois
années d’épreuve pour enfin être admise dans le Tiers Ordre
franciscain. Elle pratiqua alors une très rigoureuse pénitence en
s’imposant des privations de toutes sortes, sur la nourriture, le
vêtement, et en s’infligeant des mortifications corporelles. Elle
finit par se consacrer définitivement à Dieu. Son confesseur
s’efforçait de modérer ses désirs d’humiliation et sa tentation
d’automutilation pour faire disparaître cette beauté qu’elle pensait
être la cause de ses séductions. Elle parcourait la ville en avouant
publiquement ses fautes passées et son désir de réparation. Vivant
désormais comme une quasi recluse, elle fut favorisée de visions,
d’auditions de la voix du Christ. On rapporte que le Christ lui
parlait de l’état présent de l’Ordre des Frères mineurs, pour les
mettre en garde contre le relâchement. Le Christ lui aurait dit un
jour : « Je t’ai plantée, ma fille, dans le jardin de mon amour, car
ton bienheureux Père, mon très cher François, n’a eu rien de plus à
coeur que mon amour ; il m’a aimé dans une telle mesure que nul
autre ne lui est comparable aujourd’hui... »
Elle ne quittait la
prière que pour s’intéresser aux pauvres et aux malades en obtenant
pour eux la construction d’un hôpital dans lequel elle put les
servir. Elle fonda une confrérie sous le patronage de Notre-Dame de
la merci, pour soutenir cette fondation. On commençait à recourir à
ses prières, à ses conseils, à oublier sa vie de pécheresse pour peu
à peu la considérer comme une sainte. Elle eut à intervenir dans des
conflits civils, s’opposa aux exactions d’un potentat local, et
n’hésita pas à interpeller l’évêque d’Arezzo qui négligeait ses
tâches pastorales et se conduisait comme un prince séculier.
Marguerite eut la révélation de sa mort prochaine et s’endormit le
22 février 1297. Elle fut enterrée dans l’église des Franciscains.
Son corps y est conservé sans corruption et y est encore vénéré
aujourd’hui. Elle fut immédiatement honorée par le peuple et son
culte fut reconnu par le pape Léon X, pour la ville de Cortone,
puis, en 1623 pour tout l’Ordre franciscain par Urbain VIII. Enfin,
le pape Benoît XIII la canonisa le 16 mai 1728. Sa vie a inspiré de
nombreux récits et de remarquables œuvres d’art, dans lesquelles
elle est parfois rapprochée de sainte Marie-Madeleine. |