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Introduction
Les Béatitudes dans Matthieu 5,1-12
LES BÉATITUDES
"Bienheureux serai-je si je suis pauvre en esprit".
"Bienheureux serai-je si je suis doux".
"Bienheureux serai-je si je sais pleurer sans me
révolter"
"Bienheureux serai-je si j'ai faim et soif de justice"
"Bienheureux serai-je si je suis miséricordieux"
"Bienheureux serai-je si j'ai le coeur pur"
"Bienheureux serai-je si j'ai un esprit pacifique"
"Bienheureux serai-je si je suis persécuté pour mon amour
de la Justice "
"Bienheureux serai-je si on m'outrage et me calomnie" |
Introduction
Jésus parle aux apôtres en leur assignant à chacun une
place
pour diriger et surveiller la foule qui monte dès les premières heures de la
matinée, avec des malades portés sur les bras ou sur des brancards ou qui se
traînent avec des béquilles. Dans la foule, il y a Étienne et Hermas.
L'air est pur et un peu frais mais le soleil a vite fait de
tempérer cet air de montagne un peu vif. C'est tout avantage, car le soleil
donne à l'air une fraîcheur qui n'est pas désagréable. Les gens s'assoient sur
des pierres ou des rochers épars dans la vallée entre les deux cimes. Certains
attendent que le soleil ait séché l'herbe humide de rosée pour s'asseoir à même
le sol. Il y a une foule nombreuse venue de toutes les régions de Palestine, et
de toutes conditions. Les apôtres sont perdus dans la foule, mais comme des
abeilles qui vont et viennent du pré au rucher, ils reviennent de temps à autre
auprès du Maître, pour le renseigner, pour le questionner, pour avoir le plaisir
que le Maître les regarde de près.
Jésus monte un peu plus haut que le pré qui est au fond de la
vallée, s'adosse à la paroi d'un rocher et commence à parler.
"Plusieurs m'ont demandé pendant une année de prédication :
"Mais, Toi, qui te dis le Fils de Dieu, dis-nous ce qu'est que le Ciel, ce
qu'est que le Royaume, ce qu'est Dieu, car nous avons des idées confuses. Nous
savons que le Ciel existe avec Dieu et les anges. Mais personne n'est jamais
venu nous dire comment il est, puisque il est fermé aux justes". On m'a même
demandé ce qu'est que le Royaume et ce qu'est Dieu. Et je me suis efforcé de
vous expliquer ce qu'est que le Royaume et ce qu'est Dieu. Efforcé, non parce
qu'il m'était difficile de m'expliquer, mais parce qu'il m'est difficile, pour
un ensemble de circonstances, de vous faire accepter une vérité qui se heurte,
en ce qui concerne le Royaume, contre tout un édifice d'idées qui se sont
accumulées au cours des siècles, et en ce qui concerne Dieu contre la sublimité
de sa Nature.
D'autres encore m'ont demandé : "C'est bien pour ce qui est
du Royaume et ce qui est de Dieu. Mais comment conquiert-on celui-ci et
celui-là ?" Ici aussi j'ai cherché à vous expliquer patiemment l'âme véritable
de la Loi du Sinaï. Celui qui fait sienne cette âme s'approprie le Ciel. Mais
pour vous expliquer la Loi de Sinaï il faut aussi faire entendre le ton sévère
du Législateur et de son Prophète. S'ils promettent des bénédictions à ceux qui
l'observent, ils menacent de peines terribles et de malédictions ceux qui
désobéissent. La manifestation du Sinaï fut terrible et cette terreur se reflète
dans toute la Loi, se reflète dans tous les siècles et dans toutes les âmes.
Mais Dieu n'est pas seulement Législateur. Il est Père. Et un
Père d'une immense bonté.
Peut-être, et sans aucun doute, vos âmes affaiblies par le
péché d'origine, par les passions, par les péchés, par des égoïsmes de toutes
sortes les vôtres et ceux d'autrui, ces derniers vous faisant une âme irritée,
les vôtres une âme fermée, ne peuvent s'élever à la contemplation des infinies
perfections de Dieu et de la bonté, encore moins que de toute autre, parce que
c'est la vertu qui avec l'amour est le moins le partage des mortels. La bonté !
Oh ! la douceur d'être bons, sans haine, sans envie, sans orgueil. Avoir des
yeux qui ne regardent que pour aimer, des mains qui ne se tendent que pour des
gestes d'amour, des lèvres qui ne profèrent que des paroles d'amour, et un cœur,
un coeur surtout qui uniquement rempli d'amour force les yeux, les mains, et les
lèvres à des actes d'amour !
Les plus savants d'entre vous savent de quels dons Dieu avait
enrichi Adam, pour lui et pour ses descendants. Même les plus ignorants parmi
les fils d'Israël savent qu'il y a en nous un esprit. Seuls les pauvres païens
l'ignorent, cet hôte royal, ce souffle vital, cette lumière céleste qui
sanctifie et vivifie notre corps. Mais les plus savants savent quels dons
avaient été donnés à l'homme, à l'esprit de l'homme.
Dieu n'a pas été moins généreux pour l'esprit, que pour la
chair et le sang de la créature qu'Il avait faite avec un peu de boue et avec
son souffle. Comme Il avait donné les dons naturels de beauté et d'intégrité,
d'intelligence et de volonté, le don de s'aimer soi-même et d'aimer les autres,
de la même façon Il avait donné les dons moraux avec la soumission des sens à la
raison. Ainsi dans la liberté et la maîtrise de soi et de la propre volonté,
dont Dieu avait doté Adam, ne s'insinuait pas le pervers esclavage des sens et
des passions, mais libre était l'amour de soi, libre la volonté, libre une juste
jouissance, qui ne vous fait pas esclaves en vous faisant sentir ce poison que
Satan a répandu et qui déborde, en vous amenant hors du lit limpide sur des
terrains fangeux, dans des marais malsains où fermentent les fièvres des sens
charnels et des sens moraux. Pour que vous sachiez que le désir de la pensée
vient aussi du sens. Et ils eurent des dons surnaturels, à savoir la Grâce
sanctifiante, le destin supérieur, la vision de Dieu.
La Grâce sanctifiante : la vie de l'âme. Cette chose
extrêmement spirituelle déposée dans notre âme spirituelle. La Grâce qui nous
fait fils de Dieu car elle nous préserve de la mort du péché, et celui qui n'est
pas mort "vit" dans la maison du Père: le Paradis; dans mon Royaume: le Ciel.
Qu'est-ce que cette Grâce qui sanctifie et qui donne Vie et Royaume ? Oh !
n'employez pas des flots de paroles ! La Grâce c'est l'amour. La Grâce, par
conséquent, c'est Dieu. C'est Dieu qui en s'admirant dans la créature qu'Il a
créée parfaite s'y aime, s'y contemple, s'y désire, se donne ce qui est sien
pour multiplier son avoir, pour jouir de cette multiplication, pour s'aimer en
tant d'êtres qui sont d'autres Lui-Même.
Oh ! fils ! Ne frustrez pas Dieu de ce qui est son droit ! Ne
dépouillez pas Dieu de ce qui est son avoir ! Ne décevez pas Dieu en ce qui est
son désir ! Pensez qu'Il agit par amour. Même si vous n'existiez pas, Lui serait
toujours l'Infini et sa puissance n'en serait pas diminuée. Mais Lui, bien
qu'étant complet dans sa mesure infinie, sans mesure, veut non pas pour Lui ni
en Lui ― Il ne le pourrait pas puisque Il est déjà
l'Infini ― mais pour le Créé, sa créature, Lui veut
augmenter l'amour bien que ce Créé contienne déjà ce qui permet de donner la
Grâce: l'Amour, pour que vous le portiez en vous à la perfection des saints et
pour que vous reversiez ce trésor, tiré du trésor que Dieu vous a donné avec sa
Grâce et augmenté de toutes vos œuvres saintes, de toute votre vie héroïque de
saints, dans l'Océan infini où Dieu se trouve: dans le Ciel.
Divines, divines, divines citernes de L'Amour ! C'est ce que
vous êtes, et à votre être n'est pas donnée la mort, car vous êtes éternels
comme Dieu, étant Dieu. Vous existerez et votre être ne connaîtra pas de fin,
parce qu'immortels comme les esprits saints qui vous ont suralimentés, en
revenant en vous enrichis de vos propres mérites. Vous vivez et nourrissez, vous
vivez et enrichissez, vous vivez et formez cette très sainte chose qui est la
Communion des esprits, depuis Dieu, Esprit Très Parfait, jusqu'à ce tout petit
qui vient de naître qui prend pour la première fois le sein maternel.
Ne me jugez pas mal au fond de votre cœur, vous qui êtes
savants ! Ne dites pas: "C'est un fou ! C'est un menteur ! Il faut qu'il soit
fou pour parler de la Grâce en nous, puisque la Faute nous en a privés, il ment
en nous disant déjà unis à Dieu". Oui, la Faute existe ; oui, la séparation
existe. Mais devant la puissance du Rédempteur, la Faute, séparation cruelle
survenue entre le Père et les fils, croulera comme une muraille secouée par le
nouveau Samson. Déjà je l'ai saisie et je la secoue et elle vacille, et Satan
tremble de colère et d'impuissance ne pouvant rien contre mon pouvoir et se
voyant arracher tant de proies et devenir plus difficile l'entraînement de
l'homme au péché. Parce que quand, par mon intermédiaire je vous aurai amené à
mon Père, et que par l'effusion de mon sang et par ma douleur vous serez devenus
purs et forts, la Grâce reviendra en vous vivante, éveillée, puissante et vous
serez des triomphateurs, si vous le voulez.
Dieu ne vous fait pas violence dans votre pensée ni non plus
dans votre sanctification. Vous êtes libres. Mais Il vous rend la force. Il vous
délivre de la domination de Satan. A vous de reprendre le joug infernal, ou de
mettre à votre âme des ailes d'ange. Tout dépend de vous pour me prendre comme
frère pour que je vous guide et vous nourrisse d'une nourriture immortelle.
"Comment conquérir Dieu et son Royaume en suivant une autre
voie plus douce que la voie sévère du Sinaï ?" dites-vous. Il n'y a pas d'autre
chemin, il y a celui-ci. Mais cependant ne le regardons pas sous le jour de la
menace, mais sous le jour de l'amour. Ne disons pas : "Malheur si je ne fais pas
ceci !" en restant tremblants dans l'attente du péché, de n'être pas capable de
ne pas pécher. Mais disons : "Bienheureux serai-je si je fais ceci" et avec un
élan de joie surnaturelle, joyeux, élançons-nous vers ces béatitudes, qui
naissent de l'observation de la Loi comme les roses naissent dans un buisson
épineux.
Bienheureux si je suis pauvre en esprit, car alors le Royaume
des Cieux est à moi !
Bienheureux si je suis doux, parce que j'aurai la Terre en
héritage !
Bienheureux si je suis capable de pleurer sans me révolter,
car je serai consolé !
Bienheureux si plus que du pain et du vin qui rassasient la
chair, j'ai faim de justice. La Justice me rassasiera !
Bienheureux si je suis miséricordieux, car je profiterai de
la divine miséricorde !
Bienheureux si je suis pur de coeur, car Dieu se penchera sur
mon coeur pur, et moi je Le verrai !
Bienheureux si j'ai l'esprit de paix, car Dieu m'appellera
son fils, car je serai dans la paix et dans l'amour, et Dieu est l'Amour qui
aime celui qui est semblable à Lui !
Bienheureux si, par fidélité à la justice, je suis persécuté
parce que pour me dédommager des persécutions de la terre, Dieu me donnera le
Royaume des Cieux !
Bienheureux si on m'outrage et si on m'accuse à tort pour
savoir être ton fils, ô Dieu ! Ce n'est pas la désolation mais la joie que cela
doit m'apporter, car cela me mettra au niveau de tes meilleurs serviteurs, les
Prophètes, qui furent persécutés pour la même raison et avec lesquels je crois
fermement que je partagerai la même récompense, grande, éternelle, dans le Ciel
qui m'appartient !"
Regardons ainsi le chemin du salut à travers la joie des
saints.
Voyant les foules, il gravit la montagne, et quand il fut
assis, ses disciples s'approchèrent de lui. Et prenant la parole, il les
enseignait en disant :
« Heureux ceux qui ont une âme de pauvre, car Royaume des
Cieux est à eux.
Heureux les doux, car ils posséderont la terre.
Heureux les affamés et assoiffés de la justice, car ils
seront rassasiés.
Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde.
Heureux les coeurs purs, car ils verront Dieu.
Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de
Dieu.
Heureux les persécutés pour la justice, car le Royaume des
Cieux est à eux.
Heureux êtes-vous quand on vous insultera, qu'on vous
persécutera, et qu'on dira faussement contre vous toute sorte d'infamie à cause
de moi. Soyez dans la joie et l'allégresse, car votre récompense sera grande
dans les cieux : c'est bien ainsi qu'on a persécuté les prophètes, vos
devanciers. »
LES BÉATITUDES
Maria Valtorta
« l'Évangile tel qu'il m'a été révélé »
(tome 3)
"Bienheureux serai-je si je suis pauvre en esprit".
« Oh ! fièvre satanique des richesses à quels délires tu
conduis les hommes ! Les riches, les pauvres. Le riche qui vit pour son or,
idole infâme de son esprit en ruines. Le pauvre qui vit de la haine qu'il a pour
le riche qui possède l'or, et même s'il ne se rend pas matériellement homicide,
il proclame ses anathèmes contre les riches, leur souhaitant toutes sortes de
maux. Il ne suffit pas de ne pas commettre le mal, il faut encore ne pas désirer
le faire. Celui qui maudit en souhaitant malheurs et mort ne diffère pas
beaucoup de celui qui tue matériellement, car il a en lui le désir de voir périr
celui qu'il hait. En vérité je vous dis que le désir n'est qu'un acte que l'on
retient, comme le fruit d'une conception déjà formé mais non expulsé. Le désir
mauvais empoisonne et corrompt, car il dure davantage que l'acte violent. Il
s'enracine plus profondément que l'acte lui-même.
Celui qui est pauvre en esprit, s'il est matériellement riche
ne pèche pas à cause de l'or, mais avec son or il réalise sa sanctification
parce qu'il en fait de l'amour. Aimé et béni, il est semblable à ces sources qui
sauvent les voyageurs dans les déserts et qui se donnent sans avarice, heureuses
de pouvoir se donner pour soulager ceux qui désespèrent. S'il est réellement
pauvre, il est joyeux dans sa pauvreté et trouve son pain agréable. Il est
joyeux car il échappe à la fièvre de l'or, son sommeil ignore les cauchemars et
il se lève bien reposé pour se mettre tranquillement à son travail qui lui est
léger parce qu'il le fait sans avidité et sans envie.
L'homme peut être riche matériellement avec l'or, moralement
par ce qu'il affectionne. Sous le nom d'or, on comprend non seulement les
ressources pécuniaires, mais les maisons, les champs, les bijoux, les meubles,
les troupeaux, tout ce qui en somme donne l'aisance à la vie. Les richesses
morales consistent dans : les liens de parenté ou de mariage, les amitiés, les
richesses intellectuelles, les charges publiques. Comme vous le voyez, pour la
première catégorie le pauvre peut dire : "Oh ! pour moi, il me suffit de ne pas
envier celui qui possède et je me contente de la situation qui m'est imposée" ;
pour la seconde, celui qui est pauvre doit encore se surveiller car le plus
misérable des hommes peut devenir coupable si son esprit n'est pas détaché.
Celui qui s'attache immodérément à quelque chose, celui-là pèche.
Vous direz : "Mais alors, nous devons haïr le bien que Dieu
nous a accordé ? Mais alors, pourquoi commande-t-Il d'aimer le père, la mère,
l'épouse, les enfants et pourquoi dit-Il : 'Tu aimeras ton prochain comme
toi-même' ?". Il faut distinguer. Nous devons aimer le père, la mère, l'épouse
et le prochain, mais dans la mesure que Dieu nous a fixée : "comme nous-mêmes".
Tandis que Dieu doit être aimé par-dessus tout et avec tout nous-mêmes. Nous ne
devons pas aimer Dieu comme nous aimons ceux qui nous sont les plus chers :
celle-ci parce qu'elle nous a allaités, cette autre parce qu'elle dort sur notre
poitrine et qu'elle nous donne des enfants, mais nous devons l'aimer avec tout
nous-mêmes : c'est-à-dire avec toute la capacité d'aimer qui existe dans
l'homme : amour de fils, amour d'époux, amour d'ami et oh ! ne vous scandalisez
pas ! amour de père. Oui, pour les intérêts de Dieu, nous devons avoir le même
soin qu'un père a pour ses enfants pour lesquels il veille avec amour sur ses
biens et les développe, et s'occupe et se préoccupe de sa croissance physique et
culturelle et de sa réussite dans le monde.
L'amour n'est pas un mal et ne doit pas devenir un mal. Les
grâces que Dieu nous accorde ne sont pas un mal et ne doivent pas devenir un
mal. Elles sont amour. C'est par amour qu'elles sont données. C'est avec amour
qu'il faut user de ces richesses d'affections et de biens que Dieu nous accorde.
Et seul celui qui ne s'en fait pas des idoles, mais des moyens pour servir Dieu
dans la sainteté, montre qu'il n'a pas d'attachement coupable pour ces biens. Il
pratique alors la sainte pauvreté d'esprit qui se dépouille de tout pour être
plus libre de conquérir le Dieu Saint, Suprême Richesse. Conquérir Dieu,
c'est-à-dire posséder le Royaume des Cieux. »
(Correspondance avec Matthieu 5,3)
"Bienheureux serai-je si je suis doux".
« Cela peut sembler contraster avec les exemples de la vie
journalière. Ceux qui manquent de douceur semblent triompher dans les familles,
dans les villes et les nations. Mais est-ce un vrai triomphe ? Non. C'est la
peur qui en apparence tient soumis ceux qui sont accablés par un despote, mais
en réalité, ce n'est qu'un voile qui cache le bouillonnement de la révolte
contre le tyran. Ils ne possèdent pas les coeurs de leurs familiers, ni de leurs
concitoyens, ni de leurs sujets ceux qui sont coléreux et dominateurs. Ils ne
soumettent pas les intelligences et les esprits à leurs enseignements ces
maîtres du "je l'ai dit et je l'ai dit". Mais ils ne forment que des
autodidactes, des gens qui recherchent une clef qui puisse ouvrir les portes
closes d'une sagesse ou d'une science dont ils soupçonnent l'existence et qui
est opposée à celle qu'on leur impose.
Ils n'amènent pas à Dieu ces prêtres qui ne vont pas à la
conquête des esprits avec une douceur patiente, humble, aimante, mais qui
semblent des guerriers armés qui se lancent à l'attaque, tant ils marchent avec
violence et intransigeance contre les âmes... Oh! pauvres âmes! Si elles étaient
saintes, elles n'auraient pas besoin de vous, prêtres, pour rejoindre la
Lumière. Elles l'auraient déjà en elles. Si elles étaient justes, elles
n'auraient pas besoin de vous, juges, pour être retenues par le frein de la
justice. Elles l'auraient déjà en elles. Si elles étaient saines, elles
n'auraient besoin de personne pour les soigner. Soyez donc doux. Ne mettez pas
les âmes en fuite. Attirez-les par l'amour, car la douceur c'est de l'amour tout
comme la pauvreté d'esprit.
Si vous êtes doux vous aurez la
Terre en héritage. Vous amènerez à Dieu ce domaine qui appartenait à
Satan. En effet votre douceur, qui est aussi amour et humilité, aura vaincu la
Haine et l'Orgueil en tuant dans les âmes le roi abject de l'orgueil et de la
haine, et le monde vous appartiendra et donc appartiendra à Dieu, car vous serez
les justes qui reconnaissent Dieu comme le Maître absolu de la création, à qui
on doit donner louange et bénédiction et rendre tout ce qui Lui appartient. »
(Correspondance avec Matthieu 5,4)
"Bienheureux serai-je si je sais pleurer sans me
révolter".
« La douleur existe sur la terre, et la douleur arrache des
larmes à l'homme. La douleur n'existait pas. Mais l'homme l'a apportée sur la
terre, et par la dépravation de son intelligence s'efforce de la faire croître,
de toutes les façons. Il y a les maladies, les malheurs qu'amènent la foudre, la
tempête, les avalanches, les tremblements de terre, mais voilà que l'homme pour
souffrir et surtout pour faire souffrir ― car nous
voudrions que ce soit non pas nous, mais les autres qui pâtissent des moyens
étudiés pour faire souffrir ― voilà que l'homme invente
des armes meurtrières toujours plus terribles et des tortures morales toujours
plus astucieuses. Que de larmes l'homme arrache à l'homme à l'instigation de son
roi secret, Satan! Et pourtant, en vérité je vous dis que ces larmes
n'amoindrissent pas l'homme mais le perfectionnent.
L'homme est un enfant distrait, un étourdi superficiel, un
être d'intelligence tardive jusqu'à ce que les larmes en fassent un adulte,
réfléchi, intelligent. Seuls ceux qui pleurent ou qui ont pleuré savent aimer et
comprendre. Aimer les frères qui pleurent comme lui, les comprendre dans leurs
douleurs, les aider avec une bonté qui a éprouvé comme cela fait mal d'être seul
quand on pleure. Et ils savent aimer Dieu, car ils ont compris que tout est
douleur excepté Dieu, parce qu'ils ont compris que la douleur s'apaise si on
pleure sur le coeur de Dieu, parce qu'ils ont compris que les larmes résignées
qui ne brisent pas la foi, qui ne rendent pas la prière aride, qui ne
connaissent pas la révolte, changent de nature, et de douleur deviennent
consolation.
Oui. Ceux qui pleurent en aimant le Seigneur seront
consolés. »
(Correspondance avec Matthieu 5,5)
"Bienheureux serai-je si j'ai faim et soif de justice".
« Du moment où il naît jusqu'au moment où il meurt, l'homme
est avide de nourriture. Il ouvre la bouche à sa naissance pour saisir le tétin,
il ouvre les lèvres pour absorber de quoi se restaurer dans les étreintes de
l'agonie. Il travaille pour se nourrir. La terre est pour lui comme un sein
gigantesque auquel il demande incessamment sa nourriture pour ce qui meurt.
Mais, qu'est l'homme ? Un animal ? Non, c'est un fils de Dieu. En exil pendant
des années plus ou moins nombreuses, mais sa vie n'est pas finie quand il change
de demeure.
Il y a une vie à l'intérieur de la vie comme dans une noix il
y a le cerneau. Ce n'est pas la coque qui est la noix, mais c'est le cerneau
intérieur qui est la noix. Si vous semez une coque de noix, rien ne pousse, mais
si vous semez la coque avec la pulpe, il naît un grand arbre. Il en est ainsi de
l'homme. Ce n'est pas la chair qui devient immortelle, c'est l'âme. Et il faut
la nourrir pour l'amener à l'immortalité à laquelle, par amour, elle peut amener
la chair dans la résurrection bienheureuse. La nourriture de l'âme, c'est la
Sagesse et la Justice. On les absorbe comme un liquide et une nourriture
fortifiants. Et plus on s'en nourrit, plus augmente la sainte avidité de
posséder la Sagesse et de connaître la Justice. Mais il viendra un jour où l'âme
insatiable de cette sainte faim sera rassasiée. Ce jour viendra. Dieu se donnera
à son enfant, il l'attachera directement à son sein, et l'enfant au Paradis se
rassasiera de la Mère admirable qui est Dieu Lui-même et ne connaîtra jamais
plus la faim mais se reposera bienheureux sur le sein divin. Aucune science
humaine n'atteint cette science divine. La curiosité de l'intelligence peut être
satisfaite, mais pas les besoins de l'esprit. Et même à cause de la différence
de saveur, l'esprit éprouve du dégoût et détourne sa bouche du tétin amer,
préférant souffrir de faim qu'absorber une nourriture qui n'est pas venue de
Dieu.
N'ayez aucune crainte, vous qui êtes assoiffés ou affamés de
Dieu ! Restez fidèles et vous serez rassasiés par Celui qui vous aime. »
(Correspondance avec Matthieu 5,6)
"Bienheureux serai-je si je suis miséricordieux".
« Qui, d'entre les hommes, peut dire : "Je n'ai pas besoin de
miséricorde" ? Personne. Or si dans l'ancienne Loi il est dit : "Œil pour oeil
et dent pour dent" pourquoi ne devrait-on pas dire dans la nouvelle : "Qui aura
été miséricordieux trouvera miséricorde" ? Tous ont besoin de pardon.
Eh bien : ce n'est pas la formule et la forme d'un rite, qui
ne sont que des symboles extérieurs accordés à l'opaque esprit humain, qui
obtiennent le pardon. Mais c'est le rite intérieur de l'amour, ou encore de la
miséricorde. Que si on a imposé le sacrifice d'un bouc ou d'un agneau et
l'offrande de quelques pièces de monnaie, cela fut fait parce qu'à la base de
tout mal on trouve encore toujours deux racines: la cupidité et l'orgueil. La
cupidité est punie par la dépense qu'il faut faire pour l'offrande, l'orgueil
par la confession publique du rite : "Je célèbre ce sacrifice parce que j'ai
péché". Et cela se fait aussi pour annoncer les temps et les signes des temps,
et le sang répandu est la figure du Sang qui sera répandu pour effacer les
péchés des hommes.
Bienheureux donc celui qui sait être miséricordieux pour ceux
qui sont affamés, nus, sans toit, pour ceux encore plus misérables qui sont ceux
qui ont un mauvais caractère qui fait souffrir ceux qui le possèdent et ceux qui
vivent avec eux. Ayez de la miséricorde. Pardonnez, compatissez, secourez,
instruisez, soutenez. Ne vous enfermez pas dans une tour de cristal en disant :
"Moi, je suis pur, et je ne descends pas parmi les pécheurs". Ne dites pas : "Je
suis riche et heureux et je ne veux pas entendre parler des misères d'autrui".
Pensez que plus vite que la fumée que disperse un grand vent votre richesse peut
se dissiper et aussi votre santé, votre aisance familiale. Et rappelez-vous que
le cristal fait office de loupe et que ce qui serait passé inaperçu en vous
mêlant à la foule, vous ne pourrez plus le tenir caché si vous vous établissez
dans une tour de cristal, seuls, séparés, éclairés de tous côtés.
Miséricorde pour accomplir un sacrifice secret, continuel,
saint d'expiation et obtenir miséricorde. »
(Correspondance avec Matthieu 5,7)
"Bienheureux serai-je si j'ai le coeur pur".
Dieu est Pureté. Le Paradis est le Royaume de la Pureté. Rien
d'impur ne peut entrer au Ciel où est Dieu. Par conséquent, si vous êtes impurs,
vous ne pourrez entrer dans le Royaume de Dieu. Mais, oh ! joie ! Joie anticipée
que Dieu accorde à ses fils! Celui qui est pur possède dès cette terre un
commencement de Ciel, car Dieu se penche sur celui qui est pur, et l'homme qui
vit sur la terre voit son Dieu. Il ne connaît pas la saveur des amours humaines
mais il goûte, jusqu'à l'extase, la saveur de l'amour divin. Il peut dire : "Je
suis avec Toi et Tu es en moi. Je te possède donc et je te connais comme l'époux
très aimable de mon âme". Et croyez que celui qui possède Dieu subit,
inexplicables à lui-même, des changements substantiels qui le rendent saint,
sage, fort. Sur ses lèvres s'épanouissent des paroles, et ses actes possèdent
une puissance qui n'est pas de la créature, mais de Dieu qui vit en elle.
Qu'est la vie de celui qui voit Dieu ? Béatitude. Et vous
voudriez vous priver d'un pareil don par une fétide impureté ? »
(Correspondance avec Matthieu 5,8)
"Bienheureux serai-je si j'ai un esprit pacifique".
« La paix est une des caractéristiques de Dieu. Dieu n'est
que dans la paix. Car la paix est amour alors que la guerre est haine. Satan,
c'est la Haine. Dieu, c'est la Paix. Personne ne peut se dire fils de Dieu et
Dieu ne peut reconnaître pour son fils un homme qui a un esprit irascible et
toujours prêt à déchaîner des tempêtes. Non seulement, mais de même ne peut se
dire fils de Dieu celui qui, ne déchaînant pas personnellement des tempêtes, ne
contribue pas par sa grande paix à calmer les tempêtes suscitées par d'autres.
Le pacifique répand la paix même s'il se tait. Maître de lui-même et J'ose dire
maître de Dieu, il la porte comme une lampe porte sa lumière, comme un encensoir
répand son parfum, comme une outre porte son liquide, et il produit la lumière
parmi les nuées fumantes des rancoeurs. Il purifie l'air des miasmes des
aigreurs, il calme les flots furieux des procès par cette huile suave qu'est
l'esprit de paix qui émane des fils de Dieu.
Faites que Dieu et les hommes puissent vous appeler ainsi. »
(Correspondance avec Matthieu 5,9)
"Bienheureux serai-je si je suis persécuté pour mon amour
de la Justice ".
« L'homme est tellement satanisé qu'il hait le bien partout
où il se trouve, qu'il hait celui qui est bon, comme si celui qui est bon,
jusque par son silence, l'accusait et lui faisait des reproches. En effet la
bonté de quelqu'un fait paraître encore plus noire la méchanceté du méchant. En
effet la foi du vrai croyant fait ressortir encore plus vivement l'hypocrisie du
faux croyant. En effet, il ne peut pas ne pas être détesté par ceux qui sont
injustes, celui qui par sa manière de vivre témoigne sans cesse en faveur de la
justice. Et alors, voilà qu'on se déchaîne contre ceux qui aiment la justice.
Ici, aussi, c'est comme pour les guerres. L'homme progresse
dans l'art satanique de persécuter plus qu'il ne progresse dans l'art saint de
l'amour. Mais il ne peut que persécuter ce dont la vie est brève. L'éternel qui
est dans l'homme échappe aux pièges et acquiert ainsi une vitalité plus
vigoureuse du fait de la persécution. La vie s'enfuit par les blessures qui
saignent ou pour les privations qui épuisent celui qui est persécuté, mais le
sang fait la pourpre du futur roi et les privations sont autant d'échelons pour
s'élever jusqu'aux trônes que le Père a préparés pour ses martyrs, auxquels sont
réservés les sièges royaux du Royaume des Cieux. »
(Correspondance avec Matthieu 5,10)
"Bienheureux serai-je si on m'outrage et me calomnie".
« Ne faites que ce qui peut mériter que votre nom soit
inscrit dans les livres célestes, là où ne sont pas notés les noms d'après les
mensonges des hommes et les louanges décernées à ceux qui les méritent le moins.
Mais où, par contre, sont inscrites avec justice et amour les oeuvres des bons
pour qu'ils puissent recevoir la récompense promise à ceux qui sont bénis de
Dieu.
Jusqu'à présent on a calomnié et outragé les Prophètes. Mais
quand s'ouvriront les portes des Cieux, comme des rois imposants, ils entreront
dans la Cité de Dieu et ils seront salués par les anges, chantant de joie. Vous
aussi, vous aussi, outragés et calomniés pour avoir appartenu à Dieu, aurez le
triomphe céleste et quand le temps sera fini et le Paradis rempli, alors toute
larme vous sera chère parce que par elle vous aurez conquis cette gloire
éternelle qu'au nom du Père je vous promets.
Allez. Demain je vous parlerai encore. Que restent seulement
les malades pour que je les secoure dans leurs peines. Que la paix soit avec
vous, et que la méditation du salut par le moyen de l'amour vous mette sur la
route qui aboutit au Ciel." »
(Correspondance avec Matthieu 5,11-12)
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