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Notre-Seigneur désire, mais d’un très vif désir, que cette œuvre
s’établisse, comme Il me l’a fait connaître, car son divin Cœur
ne désire que la miséricorde.
Notre-Seigneur
applique toujours mon âme à la réparation et à compatir à la
douleur de son divin Cœur à la vue des outrages faits à son
divin Père et à son Épouse, la sainte Église, par les blasphèmes
et les impies. Il me semble entendre ce divin Jésus du fond du
tabernacle, nous adresser ces paroles :
— Oh ! vous qui
êtes mes amis et mes fidèles enfants, voyez s’il est une douleur
semblable à la mienne ! Mon divin Père et son Épouse, la sainte
Église, l’objet des délices de mon Cœur sont méprisés, outragés
par mes ennemis. Ne se lèvera-t-il don une personne pour me
consoler en défendant la gloire de mon Père et de son Épouse
attaquée ? Je ne peux plus rester au milieu de ce peuple ingrat.
Voyez les torrents de larmes qui coulent de mes yeux. Ne
trouverai-je personne pour les essuyer en faisant réparation
d’honneur à la gloire de mon Père et en demandant pardon pour
les coupables ?
Voilà, ma Révérende
Mère, les sentiments que Dieu met en mon âme et qui lui font
éprouver cette peine intérieure que le Cœur de Jésus glorieux ne
peut plus ressentir.
Voici encore une
autre pensée qui fait grande impression sur mon cœur: si un roi
est méprisé par une puissance étrangère, ou seulement son
ambassadeur, tout de suite on court aux armes : il faut venger
l’honneur du prince. On lève des troues; on compte pour peu de
chose la mort d’un grand nombre de soldats. Et voilà que le Nom
Saint et terrible du Dieu des armées, du Roi des rois, est
blasphémé, méprisé, et son jour profané par une infinité de
pécheurs ; et on ne s’en met pas en peine, on n’y pense pas !
Mais voilà Notre-Seigneur Jésus, l’envoyé, le divin Fils du Dieu
des batailles, le divin ambassadeur du royaume du ciel, qui
demande réparation d’honneur pour son divin Père, ou qui nous
déclare la guerre et menace la France de sa colère. Avons-nous à
balancer dans notre choix ? Puisque Dieu a inspiré au Souverain
Pontife d’engager les fidèles à former des associations pour
réparer les blasphèmes, dans le même mois que Notre-Seigneur
nous a communiqué cette dévotion, je vous prie, très humblement,
ma Révérende Mère, de prier Monseigneur l’Archevêque de vouloir
bien s’en occuper.
Veuillez, s’il vous
plaît, lui donner connaissance de tout ce qui s’est passé
d’extraordinaire dans mon âme depuis la fête de saint Louis, roi
de France, au sujet de la Réparation. Notre-Seigneur lui donnera
lumière pour connaître sa volonté en cette œuvre. Si vous voulez
bien, ma Révérende Mère, examiner avec Monsieur le
Supérieur s’il n’est point contre l’humilité que j’écrive à Sa
Grandeur comme j’en ai le désir, j’en sollicite très humblement
la permission. Alors, j’aurai fait tout ce qui aura été en mon
pouvoir pour l’accomplissement de l’œuvre de la Réparation, qui
m’a été révélée malgré mon indignité. Mais je n’écrirai à Sa
Grandeur que quand je sentirai mon âme sous l’empire de la
grâce, car je ne veux pas me servir de mon propre esprit, qui
n’est capable de rien. Je servirai seulement de plume à
Notre-Seigneur, si je peux m’exprimer ainsi” ».
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