« Depuis la
dernière lettre que nous vous avons remise, il me semble que
Notre-Seigneur m’a recueillie en Lui deux fois et a opéré en moi
de manière extraordinaire. Je vais vous dire à peu près; ne vous
attachez pas à la lettre, mais bien au fond, à l’esprit des
choses.
Il me semble que
pendant la sainte Messe, Notre-Seigneur m’ayant recueillie en
Lui, m’a fait voir l’horreur du péché du blasphème. Il me semble
qu’Il me disait :
– Vous ne pouvez
comprendre la malice, l’abomination de ce péché. Si ma
miséricorde ne retenait ma justice, elle écraserait le coupable,
et les créatures même inanimées s’en vengeraient; mais j’ai
l’éternité pour l’en punir.
Ensuite Il m’a fait
comprendre l’excellence de l’Œuvre de la Réparation, combien
elle surpassait les autres dévotions, et qu’elle était agréable
à Dieu, aux Anges, aux Saints et à l’Église; mais qu’il ne
fallait pas me mettre en peine si, en m’y appliquant, je n’y
trouvais pas une dévotion sensible, me faisant entendre que le
démon m’en donnerait du dégoût. Ensuite il me semblait que ce
divin Sauveur me disait :
Oh ! si vous saviez
quel degré de gloire vous acquérez en disant seulement une
fois : Mirabile Nomen Dei Quod est,
etc. ... en esprit de réparation des blasphèmes. »
« Le seconde
communication que je crois avoir reçue de Notre-Seigneur le fut
à l’oraison du soir. Je sentais en mon âme bien des misères et
des imperfections. Je me suis approchée de Notre-Seigneur avec
confiance, Lui découvrant ma pauvreté. Alors Il a recueilli mon
âme et Il m’a fait entendre qu’on bon riche était ravi de faire
la rencontre d’un pauvre bien nécessiteux et qu’il le soulageait
avec une grande joie; que sa bonté, sa charité étaient bien
grandes pour soulager nos misères quand on s’approchait de Lui
avec confiance. Il m’a fait voir qu’effectivement j’étais bien
pauvre, bien misérable, et que je ne profitais point de ses
grâces; mais enfin, qu’Il voulait bien, dans sa miséricorde,
m’en accorder le pardon. Alors je Lui demandai ce pardon de mes
péchés, qu’Il m’accorda en me disant ensuite :
— Un ouvrier
nettoie l’instrument dont Il veut se servir.
Il m’a fait voir
comme une Carmélite devait être dépouillée du vieil homme,
détachée de tout, comme elle devait aimer les souffrances et les
humiliations et être remplie de zèle pour la gloire de Dieu et
de l’Église, et d charité pour le salut des âmes.
Ce divin Sauveur
m’a dit que je ne pouvais de moi-même acquérir ces vertus, mais
de Celui qui me pardonnait pouvait bien les mettre dans mon âme
si je l’en priais. Ensuite il me semble que Notre-Seigneur ma
disait :
— Consentez-vous à
marcher dans mes voies?
J’ai répondu :
— “Oui Seigneur”.
Alors il m’a dit :
— Fermez les yeux,
jetez-vous dans mon cœur ; je vous donne pour parure la croix et
les épines de ce Cœur ; ne vous le dissimulez pas: vous êtes
appelée à une grande perfection ; pensez à Moi et je penserai à
vous ; occupez-vous de mes affaires et je m’occuperai des
vôtres ; et regardez ce jour comme un des plus beaux de votre
vie.
Alors j’ai
renouvelai mes voeux et j’ai pris la résolution de commencer une
vie nouvelle.»
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