« Je vais vous
rendre compte, comme vous me l’avez ordonné, de ce qui s’est
passé dans mon âme depuis le 16 mars, jour où il me sembla que
Notre-Seigneur me disait :
— Voulez-vous
marcher dans mes voies ?
M’étant soumise à
son bon plaisir, Il me donna sa croix et ses épines. Alors ce
divin Époux m’a dépouillée de tout le sensible et jetée dans les
ténèbres, tentations et pauvreté. L’Œuvre de la Réparation est
en moi comme un feu qui me brûle et qui me fait plus ou moins
souffrir comme il plaît au bon Dieu. Dans toutes mes prières je
ne cesse de demander au Seigneur qu’Il daigne sauver la France
et établir dans toutes les villes du royaume son œuvre de
réparation et susciter des hommes apostoliques pour cette fin.
— Vous voyez
bien, mon doux Jésus, que je ne peux rien faire pour cette
œuvre, pauvre et misérable créature; veillez donc faire passer
dans le cœur de celui qui peut vous rendre service en cette
œuvre tout ce que je souffre !
Le jour que j’étais
députée pour faire la communion de voeu au Sacré-Cœur de Jésus,
Notre-Seigneur voulut bien, par pitié pour ma faiblesse, me
donner un peu de consolation. Il me fit sentir sa présence,
enleva mon âme et la perdit en Lui pendant près de deux heures.
Alors, dans ce calme si délicieux, je crus entendre sa douce
voix qui me disait à peu près ces paroles :
— Mon enfant,
courage et confiance; gravez ces paroles dans votre cœur. Oh !
si vous saviez le profit pour votre âme qui souffre ces peines,
vous me remercieriez de vous les avoir données. Je viens pour
vous visiter, mais non pour rester avec vous d’une manière
sensible. Vous boirez le calice ; mais consolez-vous ; quoique
vous ne me verrez point, je ne serai pas loin de vous, car je
tiendrai ce calice pendant que vous le boirez. Après cette
épreuve, je vous ferai goûter mes consolations. Vous avez bien
mérité ces peines par vos infidélités ; cependant, ce n’est pas
pour m’en venger : ce n’est que par bonté que je vous donne ces
souffrances.
Alors je pris la
liberté de demander à Notre-Seigneur si la couronne que je Lui
faisais pour glorifier son Nom et honorer des mystères Lui était
agréable. Il me dit :
— Tout ce qu’on
fait pour ma gloire est pour moi délicieux.
Il m’engagea à
faire cet exercice quand je serais dans l’impuissance de faire
mon oraison.
Après ces deux
heures de consolation, je suis retournée dans mon état de
souffrance.
Quelque temps,
Notre-Seigneur me fit sentir qu’Il fallait que j’aie recours à
sa sainte Enfance, dont je portais un écoulement des peines
qu’Il portait alors; car Il avait un grand désir de travailler à
la gloire de son Père et cependant, Il souffrait l’infirmité et
l’impuissance de l’enfance. Il attendait en silence les heures
marquées par la volonté de son Père. Depuis cette inspiration,
je suis toute appliquée à Jésus Enfant. Je remets entre ses
mains l’Œuvre de la Réparation et à son intention, j’attendrai
en silence les moments de Dieu, ne voulant que sa sainte
Volonté. »
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