Toujours
la France coupable...
« Le dimanche 20
février, ayant offert la sainte communion en réparation des
outrages faits à la Majesté divine, j’ai vu que c’en était fini!
La France, trop coupable, allait être châtiée ! Une lumière
intérieure me découvrait ceci : “Le Seigneur a bandé son arc ;
il va décocher ses flèches.” Le voyant si indignement outragé,
je suis entrée dans le dessein de sa justice et j’ai dit :
“Frappez, Seigneur.” Alors je désirais que la gloire de Dieu fût
vengée; j’ai vu que le coup ne serait pas mortel. Si j’ai prié
le Très-Haut de frapper pour venger sa gloire, je l’ai prié
aussi de frapper en père, et non en juge irrité. J’ai vu
clairement qu’il était nécessaire que ce scandale arrive, si je
peux m’exprimer ainsi. Adorons cette divine justice, et
invoquons la miséricorde. Il y a plus de quatre ans que le bras
du Seigneur était levé sur nos têtes coupables!... »
« — Ne
craignez point, petit troupeau ; votre bercail est en mon Nom.
Je vous tiens toutes cachées dans mon Cœur; il ne vous arrivera
point de mal; j’ai la puissance entre mes mains, et je ne
souffrirai pas qu’on vous arrache de mon sein.
Oui, le Seigneur
saura reconnaître ceux qui ont invoqué son saint Nom. Ce Nom
adorable est un tout-puissant rempart; sa vertu est communiquée
à notre maison, parce que les membres sont unis par les liens de
la charité.
Notre-Seigneur m’a
fait comprendre aussi que le clergé serait épargné; sans doute
il aura des vexations, mais il ne sera pas persécuté
ouvertement; le sang des prêtres ne coulera pas comme en 93,
parce, m’a-t-il dit, il n’a pas à se plaindre du clergé comme il
avait sujet de le faire à cette malheureuse époque. Oui, j’en ai
la conviction, l’Église de France sera gardée en la vertu du
très saint Nom de Dieu.
“Père saint, gardez
en votre Nom ceux que vous m’avez donnés!” Voilà la divine
prière qu’il faudrait faire continuellement pour la sainte
Église, en union avec Notre-Seigneur Jésus-Christ.
Permettez-moi de
vous rappeler les paroles que Jésus me dit après la sainte
communion, le 21 novembre, et qui firent couler mes larmes en ce
jour de fête consacré à Marie. Il me parlait alors de l’œuvre
réparatrice; il ajouta:
— Et quand,
de mon bras puissant, j’ébranlerai ce trône pour en faire tomber
celui qui y est assis, en quel état sera la France ?
Vous voyez que ce
n’était pas sans raison que mon cœur était affligé, puisque les
grands moments de Dieu approchaient. Mais hélas ! l’heure de la
justice a sonné, et, dans un clin d’œil, il fait ce qu’il dit.
Je vous adore, justice de mon Dieu, et j’invoque votre
miséricorde, Seigneur !
Mon âme est dans un
état pénible ; j’ai besoin d’ouvrir mon cœur. Je considère les
prédictions que le Seigneur m’a faites, et je dis: Les voilà
bientôt toutes vérifiées! Mon Dieu, n’ai-je pas sujet de
trembler d’avoir été chargée d’une mission si redoutable,
surtout quand je me rappelle ces terribles paroles, qui me
furent adressées : Si par votre faute mes desseins ne sont
pas accomplis, je vous demanderai compte du sang et des
âmes ? Il y a plusieurs années, il est vrai, afin
d’arrêter le bras de Dieu qui s’appesantissait sur notre patrie,
j’ai dit que le Seigneur demandait à la France une œuvre
réparatrice, qui serait pour elle l’arc-en-ciel de la
miséricorde. Heureusement l’œuvre est née, elle commence à
briller; mais elle est encore bien faible pour arrêter le bras
du Tout-Puissant en courroux. Ah ! si elle s’étendait dans tous
les diocèses, je serais sans inquiétude ; car Dieu est fidèle
dans ses promesses. Depuis quelque temps, j’ai prié ce bon
Maître de donner à Monseigneur un signe de ma mission, afin
qu’il puisse agir pour le réparation. J’ai exposé simplement à
Celui qui peut tout la position de Sa Grandeur, et j’ai supplié
Jésus de lui donner une preuve de sa volonté. Seigneur, ai-je
dit, donnez un signe, mais un signe si éclatant que toute la
France puisse en être témoin. Seigneur, donnez-lui ce grand
signe !
Notre-Seigneur,
voyant que je lui faisais cette prière uniquement pour la gloire
de son Nom et l’accomplissement de sa volonté, m’a exaucée. Le
13 février, j’ai eu cette vision dont je vous ai parlé; c’était
la confirmation de ce que j’avais annoncé à Monseigneur en la
communication du 2 décembre. Le divin Maître, à cette époque,
m’avait dit de faire connaître à Sa Grandeur que l’orage
grondait déjà dans le lointain, et que c’était la dernière heure
pour agir. Le 13 février, j’ai vu la lutte s’engager, et les
ennemis, sous l’emblème d’une fumée noire qui s’élevait vers le
ciel, mais qui n’a point obscurci le soleil de l’Église, parce
que l’Église de France avait déjà invoqué le saint Nom de Dieu,
et il devait être son refuge au moment de la tempête. Le
Seigneur m’avait dit qu’en faveur se son œuvre naissante, celle
qui devait être réduite à l’extrémité du malheur (la France) ne
serait, en cette terrible commotion, que légèrement blessée. Il
a exécuté jusqu’à présent ce qu’il m’avait promis; oui, il a
gardé son Église en la vertu de son Nom salutaire; avant de
frapper le grand coup de sa justice, il a dit : Père
saint, gardez en votre Nom ceux que vous m’avez donnés.
Aussi les méchants ont respecté les siens. Oh ! que je voudrais
faire savoir à tous les évêques cette consolante vérité, que le
très saint Nom de Dieu est le refuge de l’Église de France, en
leur demandant à grands cris l’œuvre réparatrice! Je l’ai
toujours dit et je le répète encore : C’est elle qui doit
désarmer la justice de Dieu et sauver la France. Heureux si l’on
sait profiter de ce moyen de salut ! »
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