1
L'enfance de Marie Lataste
Marie Lataste naquit le 21 février
1822 à Mimbaste, dans le département des Landes, à quelques
kilomètres de Dax. C'était la cadette d'une famille de paysans
pauvres mais pieux. Sa maman lui apprit à lire, à écrire, et à
compter. Elle savait aussi coudre, filer et tisser, comme la
plupart des jeunes filles du XIXème siècle.
Les parents Lataste avaient formé
leurs enfants dans la foi chrétienne et les véritables vertus
morales. Ainsi armées pour la vie, Marie et ses sœurs pouvaient
fonder une sainte famille chrétienne. Marie fit sa communion à
l'âge de 12 ans et fut ensuite confirmée. Rien donc
d'extraordinaire dans la vie de cette enfant tout à fait
normale, destinée à vivre comme tous les paysans de son temps.
Mais le Seigneur en avait décidé autrement.
En effet, vers l'âge de treize ans, au
cours d'une messe, pendant la consécration, au moment de
l'élévation, Marie crut voir, sur l'autel, une lumière
brillante. Dès lors sa foi augmenta, et son amour pour Jésus
Eucharistie alla croissant. Son cœur brûlait d'amour pour Jésus;
et la sainte communion commença à lui apparaître, ce qu'elle est
vraiment: la vraie lumière de l'amour divin. Jésus-Christ la
préparait à ce qui serait plus tard sa mission: transmettre à
tous son enseignement.
2
Une jeune fille très pieuse
Comme tous ceux que Dieu destine à
accomplir une mission spéciale, Marie Lataste fut mise à
l'épreuve: elle vécut diverses tentations contre lesquelles elle
redoubla de vigilance. Quand Marie eut atteint l'âge de 17 ans,
les tentations cessèrent. Sa vie eucharistique s'approfondissait
préparant sa vie mystique. Elle dira plus tard: "Le
tabernacle de Jésus est le lieu où j'aime à me retirer, à me
cacher, à prendre mon repos. J'y trouve une vie que je ne
saurais définir, une joie que je ne puis faire comprendre, une
paix telle qu'on n'en trouve pas sous les toits hospitaliers des
meilleurs amis..."
Peu à peu Marie comprenait qu'il lui
faudrait se consacrer tout entière à Jésus dans le
Saint-Sacrement.
3
La mystique
Vers la fin de l'année 1839, alors
qu'elle entrait dans l'église de Mimbaste, Marie, âgée de dix
sept ans, vit Notre-Seigneur sur l'autel. "Il était environné
de ses anges, mais comme voilé par un nuage lumineux qui
empêchait de le distinguer parfaitement". Le jour de
l'Épiphanie de 1840, le même phénomène se reproduisit, et cette
faveur se renouvela plusieurs fois jusqu'en 1843.
Marie Lataste bénéficia également de
nombreuses autres expériences mystiques, qu'elle vécut comme une
grâce. Jésus Lui-même l'instruisait et elle recueillait ses
instructions doctrinales, que son directeur, le Père Darbins lui
demanda d'écrire. Pendant ces rencontres, Jésus lui expliquait
de nombreux mystères de la foi chrétienne ainsi que ceux
concernant les souffrances de sa Passion, et Il lui présenta la
très Sainte Vierge.
Jésus soutenait Marie Lataste, sa
confidente, ou plutôt, son élève. Il l'aidait mais Il la
réprimandait aussi. Marie raconte ce qui se passa un jour:
"Je vis alors, dit-elle, son
visage
devenir sérieux et ses yeux me regarder fixement. Il s'arrêta,
et me dit d'un ton irrité: 'Qui es-tu pour recevoir avec tant de
négligence les paroles que je t'adresse? Fille pleine d'orgueil,
te connais-tu bien toi-même? Tu n'es que néant, péché et
corruption, et c'est ainsi que tu prêtes l'oreille à ma voix?
Penses-tu que ce soit à cause de tes mérites que je viens
converser avec toi? C'est par un effet de ma miséricorde que je
viens t'instruire. Cette instruction ne t'est point due.
Garde-toi de la mépriser, garde-toi de t'enorgueillir, garde-toi
de t'élever pour cela au-dessus d'autrui. Ma parole ne te
sauvera pas seule, il faut ta coopération. Ma parole ne te
donnera pas de mérite, ton mérite sera de correspondre à ce
qu'elle te dira..."
Comme cela se produit pour tous les
très grands mystiques, la vie de Marie Lataste fut jalonnée
d'épreuves, de doutes, d'interrogations et d'incompréhensions.
Mais Jésus veillait et la rassurait: "Les paroles que vous
entendez ne sont pas de vous, elles m'appartiennent; vous ne
faites que les écrire. Vous n'êtes rien, vous ne pouvez rien par
vous-même; mais je suis tout, je puis tout, je règle tout, je
prends soin de tout, et les plus grandes choses comme les plus
petites entrent dans les desseins et l'économie de ma sagesse,
de ma providence et de ma miséricorde..."
En 1840, l'abbé Pierre Darbins succéda
au père Darbos en tant que curé de Mimbaste. C'était un homme de
grande sagesse. Il rencontra Marie et devint son confesseur.
Jésus ayant recommandé à Marie de ne rien cacher au directeur
qu'il lui avait choisi, elle lui raconta les événements qu'elle
avait vécus. Il soumit Marie à différentes épreuves d'obéissance
et d'humiliation. Puis il fut demandé à Marie de mettre par
écrit tout ce qu'elle avait vu et entendu par le passé et tout
ce qu'elle verrait, entendrait et éprouverait à l'avenir.
C'était une tâche très difficile pour une jeune fille sans
aucune culture littéraire et sachant à peine écrire; mais elle
obéit, avec le soutien de Jésus Christ, et en dehors de son
travail: à la ferme, pendant qu'elle était encore dans sa
famille, puis dans la Congrégation du Sacré-Cœur, comme
infirmière.
Le 21 avril 1844, âgée de vingt deux
ans, Marie Lataste quitta son village et partit pour Paris. Elle
fut admise dans la société du Sacré-Cœur, là où Jésus lui avait
demandé d'entrer. Mais elle savait par Jésus qu'elle
n'atteindrait pas son 26ème anniversaire. Elle donna
la propriété pleine et entière de tous ses écrits, qui
comprenaient également le récit des révélations qu'elle avait
reçues, à son directeur l'abbé Darbins: "C'est à vous,
disait-elle le même jour à son directeur, de juger comment, de
quelle manière et en quel temps vous pourrez vous servir de mes
cahiers pour faire le bien ou s'il ne vaut pas mieux les
détruire."
Nota:
Avec l'accord de Monseigneur l'Évêque
d'Aire et de Dax, quatre éditions de "La vie et les œuvres de
Marie Lataste" ont été publiées entre 1862 et 1872.
4
Marie Lataste et la Société du Sacré-Cœur
Jésus avait demandé à Marie de se
faire religieuse dans la Société du Sacré Cœur. C'était la
vocation que Jésus-Christ voulait d'elle. Admise à Paris, rue de
Varennes, elle ira ensuite à Conflans puis à Rennes, comme
infirmière: ses supérieures espéraient qu'un changement d'air
améliorerait sa santé. Mais, le 9 mai 1847, son état de santé
s'aggravant dangereusement, Marie Lataste fut admise à prononcer
ses vœux.
Le lendemain, 10 mai 1847, elle
décédait: elle n'avait pas encore 26 ans.
Ses restes reposeraient à Roehampton
près de Londres.
5
Que retenir de la vie de Marie Lataste?
Que retenir de la si courte vie
religieuse de Marie Lataste? Une parfaite obéissance, une grande
humilité, beaucoup de patience et de charité. Elle laissa auprès
de ses sœurs un souvenir plein de respect et d'admiration. À sa
supérieure, Marie disait: "Ce que je demande au bon Dieu,
c'est d'être oubliée des hommes après ma mort, comme pendant ma
vie." En dehors de celle qui la dirigeait, personne ne
connaissait les grâces exceptionnelles qu'elle avait reçues et
continuait de recevoir.
La vie de Marie Lataste fut une suite
de révélations dont de nombreux témoignages nous sont restés,
grâce à sa correspondance. Ils témoignent d'une ferveur
spirituelle tout à fait exceptionnelle. Ceux qui l'ont connue
affirment: "Fervente, tant dans l'explication du dogme que de
la morale, cette paysanne illettrée à l'origine, par sa piété et
son don d'écrire s'est élevée à la hauteur de la littérature
théologale hors du commun." Cela, nous le découvrirons dans
l'étude de ses lettres et de ses livres.
6
Après la mort de Marie Lataste
Les funérailles de
Marie Lataste, faites par les soins de la paroisse
Saint-Etienne, de Rennes, furent très simples, comme il convient
à une religieuse. Un seul prêtre, l'abbé Mahé, et quelques rares
personnes accompagnèrent le modeste convoi au cimetière de
Rennes.
Quelques jours plus tard, la
supérieure de la communauté, Mère de Kérouartz, s'étant aperçue
que l'on avait omis de mettre sur la tombe la croix avec
l'inscription d'usage dans la Congrégation du Sacré-Cœur, envoya
deux sœurs pour en porter une au cimetière. Curieusement, le
fossoyeur fut incapable d'indiquer l'emplacement de la tombe,
plusieurs enterrements ayant eu lieu le même jour... La
supérieure se souvint alors que sœur Marie Lataste lui avait
dit "qu'elle demandait à Dieu d'être ignorée après sa mort,
comme elle l'avait été pendant sa vie." Et les recherches
furent interrompues... L'emplacement de la tombe demeura inconnu
et serait vraisemblablement tombé dans un oubli total si la
Providence n'en avait décidé autrement.
En effet, en 1862,
parut à Paris, aux éditions Ambroise Bray, la première édition
des trois volumes consacrés par l'abbé Pascal Darbins,
neveu de l'ancien curé de Mimbaste, à la vie et aux œuvres de
Marie Lataste. Ce fut une révélation, et les habitants de Rennes
eurent le désir bien naturel de connaître le lieu de la
sépulture de Marie Lataste, mais ce fut peine perdue.... et les
choses en restèrent là. Pourtant, une quinzaine d'année plus
tard, à l'évêché de Rennes, on voulut faire de nouvelles
recherches qui, cette fois, furent couronnées de succès. Le 23
mars 1879, les travaux d'exhumation furent commencés, et l'on
découvrit des ossements parfaitement conservés.
Compte tenu des détails donnés sur le
cercueil et par d'autres témoins, il semble, selon les dires de
ces témoins, "humainement parlant, que nous ayons tout lieu
de croire fermement que nous avons trouvé les ossements de Marie
Lataste."
Que fit-on ensuite des ossements de
Marie? Pourquoi ses "reliques" sont-elles allées en Angleterre?
L'auteur de ces lignes n'a pas réussi à trouver la réponse.
7
La vocation de Marie Lataste
(Livre 11,
chapitre 8)
Marie Lataste fut
une âme particulièrement bénie. Elle bénéficia plusieurs fois de
visions exceptionnelles qui lui montrèrent la joie des âmes
consacrées, dans ce monde, et dans l'autre. Ces visions lui
permirent de découvrir sa vocation personnelle. On peut lire ce
qui suit, dans le chapitre 8 de son Livre 11:
"Voici ce que le
Sauveur m'a fait voir et comprendre à propos de ses relations
avec les âmes, surtout celles qui lui sont spécialement
consacrées par la virginité. Elles sont plus intimes que toutes
les autres, car fondées sur son union avec les âmes, union
incompréhensible, mais union pleine de vérité... c'est l’union
de la créature avec la divinité..."
Un jour, Jésus
conduisit Marie dans une belle vallée et lui demanda d'avancer.
À l'extrémité de la vallée elle vit une plaine immense entourée
de murs, et au milieu de cette plaine un palais magnifique. Le
palais semblait inhabité. Marie eut l'impression de se trouver
prisonnière dans la plaine, et elle implora: "Seigneur, ayez
pitié de moi... je gémis ici comme une pauvre prisonnière..."
Une voix venue du palais se fit entendre et les portes du palais
s’ouvrirent... Marie aperçut une multitude de vierges et Jésus
était au milieu d’elles. Marie s'écria: "Seigneur, je ne suis
qu’une pécheresse, je ne mérite point de paraître en votre
présence." Jésus s’approcha d'elle et Marie devint belle
comme les autres vierges. Toutes les vierges rentrèrent dans le
palais en promettant à Jésus de l’aimer toujours et de le suivre
partout où il irait. (Livre 11, chapitre 8)
Quelques jours plus
tard, après la communion, Marie Lataste se sentit attirée vers
Jésus qui disait au Père: "Mon Père, envoyez-lui le
Saint-Esprit. Répandez sur cette enfant vos grâces les plus
abondantes; vous savez les desseins que j’ai sur elle, ne
regardez point ses mérites, mais rien que les miens." Puis,
regardant Marie: "Offrez-vous en sacrifice à Dieu mon Père,
comme je le fis moi-même dans le temple entre les bras de ma
Mère." Marie Lataste fit ce qu'on lui demandait et vit un
ange, vêtu de blanc se diriger vers elle et l'attacher à Jésus.
Marie pensa: "Ces chaînes sont la figure de la charité qui
doit m’unir à Dieu dans toutes mes actions." L'ange la vêtit
ensuite d'une robe blanche, symbole d'innocence, d’une mantille
rouge, figure des souffrances qu'elle aurait à supporter, et
d'un manteau superbe aux couleurs variées: la figure de la
charité.
La Vierge Marie
passa un ruban autour du cou de Marie Lataste, figure de la
dévotion pure et tendre que l'on doit avoir pour la Mère de
Jésus. D'autres figures symboliques indiquèrent le détachement
et l'esprit de pénitence qui devraient être le sien. Une
couronne d’épines, une croix simple, une lance et un glaive aux
pointes teintes de sang annonçaient sa souffrance future. Alors
Jésus lui dit: "Ma fille, soyez heureuse, je vous choisis
pour épouse. Je suis votre époux... Dites aux hommes: 'Je suis
vierge... Jésus est mon époux, il m’a choisie pour son épouse...
Une vierge véritablement vierge est humble, douce, modeste dans
ses yeux, ses oreilles et ses paroles... elle s’habille
conformément à son rang et à sa condition... elle soupire après
la vue de son époux et n’a de consolation sur la terre que quand
elle le reçoit dans son cœur par la sainte communion.
Une vierge qui
m'a choisi pour époux est comme une épouse qui aime
véritablement son époux, qui s’afflige et s’ennuie quand il est
absent... qui ne dort point ou qui a un sommeil bien léger pour
ne point laisser son époux frapper longtemps à la porte...
L’épouse donne encore tous ses soins à son époux. Elle a pour
lui toutes sortes de prévenances et d’attentions... elle a
toujours ses yeux attachés sur lui pour deviner, s’il est
possible, ses désirs et ses volontés et les exécuter aussitôt.
L’époux, ma fille, n'est point indifférent à ces témoignages
affectueux de son épouse.... Ses absences deviennent moins
longues et moins fréquentes...
Je suis l’époux,
ma fille. Avez-vous pour moi les sentiments de cette épouse dont
je viens de vous parler?... Cette disposition de votre cœur vous
attachera de plus en plus à moi... et je vous comblerai de
toutes les faveurs les plus précieuses, je vous ferai éprouver
la douceur et la suavité de mon amour, et bientôt... je serai
votre vie..." (Livre 11, chapitre 9)
Quelques jours plus
tard, Marie Lataste fit une nouvelle expérience. Après la sainte
communion, elle remerciait le Sauveur de toutes ses grâces. Il
lui sembla entendre sa voix: "Ma colombe, ma bien-aimée, où
êtes-vous?" Puis il lui montra un chemin qui aboutissait à
un escalier. Marie descendit et vit un immense fossé qui
entourait une citadelle. Sur les remparts étaient représentées,
en relief, des têtes d’animaux. Une main invisible la promena
autour du fossé, et une voix dit: "Elle ne fera point sa
demeure parmi les tentes des pécheurs."
La même main la
transporta ensuite en pleine mer sur un vaisseau magnifique et
la plaça sur un lit superbe où elle s'endormit. Elle fut
réveillée par une voix qui appelait: "Marie! Marie!" Ne
connaissant pas le beau personnage qui était devant elle, elle
se tourna et se rendormit. Vint ensuite une figure hideuse qui
l'effraya. Marie pria, et se rendormit. Enfin elle reconnut la
voix du bien-aimé, celle du Sauveur qui lui dit: "Ma fille,
levez-vous. Nous sommes au port." Ils abordèrent et
entrèrent dans un lieu "ravissant". "C'est ici, ma
bien-aimée, que vous demeurerez éternellement avec moi, parce
que vous m’avez reconnu et n’avez voulu reconnaître que moi
seul." (Livre 11, chapitre 10)
Le Sauveur poursuit
son enseignement sur la vie consacrée. Il dit tout d'abord:
"Ma fille, à partir de ce moment, soyez-moi unie pour toujours,
resserrez de plus en plus les liens qui nous unissent. Je vous
ai choisie pour mon épouse, je vous accepte aujourd'hui;
donnez-vous à moi, je me donne à vous, et vous apprécierez, dans
l’intimité de nos relations, la dignité, le bonheur et
l’avantage de m’avoir pour époux...
Tout ce qui est
à l’époux appartient aussi à l’épouse. Tout est commun entre
eux... Le bonheur de la vie, c'est l’union des âmes. Le
fondement de l’union, c'est la force, l’amour en fait le charme.
Cette union est durable, parce qu'elle est fondée sur la paix...
Cette union est préférable à toute autre union, car je suis le
Dieu de la charité. Je suis charité, et je l’insinue dans celle
qui veut être mon épouse. Entre une âme qui m’est unie et moi,
il n’y a point de secrets, mais la confiance la plus entière.
Quels suaves épanchements entre mon cœur et celui de mon épouse!
Elle s’est donnée tout à moi, je me suis donné aussi tout à
elle... Dans le secret de ces épanchements intimes, notre union
devient de plus en plus forte, de plus en plus heureuse.
Enfin, ma fille,
il n'est rien de plus avantageux pour une âme que d'être mon
épouse... Je puis vous suffire et vous suffirai, ma fille, car
je suis Dieu. Je prendrai plus de soin de vous, je veillerai
plus sur vous, je vous rendrai plus heureuse que l’époux le plus
tendre... Éloignez de votre cœur tout ce qui pourrait y blesser
mes yeux purs, chastes et saints. Je suis jaloux des affections
de mes épouses; je veux posséder leur cœur tout entier, afin de
le remplir de la suavité et de la tendresse de mon amour..."
(Livre 11, chapitre 11)
8
Les œuvres de Marie Lataste
Marie Lataste était une paysanne
presque inculte. Elle savait lire parce que sa maman lui avait
appris à lire, à écrire et à compter, comme elle l'avait fait
pour ses autres enfants. Or Marie écrivit beaucoup, sur des
sujets souvent très difficiles. Comment un tel miracle a-t-il pu
se réaliser et se maintenir durant plusieurs années? Elle-même
le dit: par obéissance à son Père spirituel. Elle écrivit donc,
sur des cahiers, tous les enseignements que Jésus lui confiait
par sa parole, enseignements qui s'incrustaient dans sa mémoire
d'une manière indélébile, sans qu'elle sache comment cela se
faisait. À la fin de son Livre 13, Marie Lataste explique
pourquoi elle a tant écrit, et comment cela se fit. Elle exprime
comment le Seigneur l'inspira, et lui ordonna de
conserver ses instructions afin qu'elles servent, plus tard, aux
âmes qui en auront besoin. Elle rapporte comment le Sauveur
Jésus voulut l'instruire, "tantôt par des exemples, tantôt
par des figures, des images, tantôt enfin par la vue claire et
nette de ce qu'il m’avait appris ou de ce qu'il voulait lui-même
m’enseigner."
Pleine d'humilité
elle indique: "J’ai tâché de tout exprimer selon que je le
trouvais gravé dans mon cœur et ma mémoire... J’ai écrit selon
que mon esprit me le rappelait. Ce que je sais, c'est que le
Sauveur m’a promis dès le commencement de m’instruire de la
véritable science, de la science du salut. Il devrait donc y
avoir, dans ce que j’ai écrit par obéissance à mon directeur et
aussi par obéissance à mon Sauveur, de quoi satisfaire les
désirs de toute intelligence appliquée à son salut, de toute âme
qui tend vers Dieu. Il sera facile de suppléer à ce qui manque;
il sera facile surtout de disposer mes écrits de manière à ce
qu'ils puissent être livrées aux fidèles et qu'ils en retirent
un grand fruit."
C'est là la
promesse que lui fit le Sauveur Jésus, alors qu'il l’entretenait
à peu près en ces termes: "Ma fille, c'est moi-même qui ai
inspiré à votre directeur de vous faire écrire ce que vous
éprouviez et ce que vous entendiez. Je vous ordonne de lui obéir
comme vous l’avez fait jusqu’à ce jour. Je désire que les
instructions que je vous ai données soient livrées plus tard aux
âmes qui auront de la dévotion à mon Cœur sacré. Conservez-les
toutes précieusement... Néanmoins, ne vous enorgueillissez point
de mes faveurs. Par vous-même vous ne savez rien; vous tenez
tout de moi... Je vous défends de parler de ce que vous avez
éprouvé à d’autres qu’à votre directeur et à ceux qui seront
préposés à la direction de votre âme. Livrez et abandonnez vos
manuscrits à celui qui vous dirige en ce moment. C'est lui qui
les conservera jusqu’à l’heure que j’ai déterminée, et que je
lui ferai connaître, pour les livrer aux âmes qui me sont
attachées comme à leur seul bien véritable ici-bas." (Livre
13, chapitre 15)
Parmi les œuvres de Marie Lataste
on peut citer d'abord les lettres qu'elle écrivit à son
Directeur de conscience, le Père Darbins, curé de Mimbaste.
Puis, elle mit par écrit, comme il lui était demandé, tous les
enseignements que Jésus lui prodiguait. Ces œuvres sont de
véritables traités de théologie, mais d'une clarté
exceptionnelle et très faciles à comprendre, même pour les non
initiés. Pourtant, comme tous les mystiques le disent, Marie
Lataste eut parfois des difficultés à exprimer l'inexprimable
avec nos mots humains. D'ailleurs elle-même l'avoue et elle
écrit:
"Cette parole
n’est point comme la parole de l'homme; voilà pourquoi la parole
des hommes est insuffisante pour exprimer la parole de Jésus; je
tacherai pourtant de l’exprimer de mon mieux et aussi bien qu'il
me le permettra."
Dans le N° 7 de l'année 1863 des
"Etudes Religieuses Historiques et Littéraires" des Pères de la
Compagnie de Jésus, le R. P. Toulemont confirmait, à l'avance,
ce que nous venons d'écrire. Il faisait remarquer que "les
œuvres de Marie Lataste telles qu'elles ont été publiées par
l'abbé Pascal Darbins, neveu de l'ancien curé de Mimbaste, se
composent de deux parties distinctes: les lettres,
écrites avant son entrée chez les Sœurs du Sacré-Cœur, qui
répondent à différentes questions que lui avait adressées son
directeur sur les circonstances de sa vie, sur les faveurs
qu'elle recevait de Notre-Seigneur, ainsi que sur divers sujets
de dogme, de morale ou de piété. Ensuite, il y a les
instructions que Marie Lataste reçut du Sauveur."
D'une manière étonnante, ces
instructions embrassent une très grande partie de l'enseignement
catholique, dont les grandes vérités dogmatiques et les
principes fondamentaux de la vie chrétienne et de toute vie
morale. Une chose est tout à
fait évidente dans les œuvres de Marie Lataste: Jésus sait que
l'esprit de l'homme est lent à comprendre. Il faut sans cesse
expliquer, redire, revenir sur un sujet et reprendre les
explications... Ce que Jésus faisait avec ses apôtres, Il
continue à le faire avec ses saints, et cela est
particulièrement évident avec Marie Lataste. En conséquence,
Jésus, remarquable pédagogue, aborde un thème, puis quelques
jours après, il revient sur le même sujet, y ajoutant des
explications supplémentaires. Marie Lataste nous livre cela, en
vrac.
En conséquence, la lecture des
ouvrages de Marie Lataste, écrits au jour le jour, en fonction
des instructions reçues, pourrait être déconcertante, voire
décevante, pour des lecteurs désirant étudier en profondeur un
sujet donné. Nous avons donc regroupé les divers éléments des
thèmes abordés par le "Sauveur Jésus". Nous avons écartelé les
lettres de Marie Lataste adressées à son directeur, le Père
Pierre Darbins, pour en faire une sorte de traité théologique.
Nous avons fait de même pour les autres ouvrages: les treize
Livres publiés par l'Abbé Pascal Darbins.
Les plans retenus pour la présentation
des lettres, puis des livres, sont présentés dans la table des
matières globale de notre étude. On aurait pu imaginer des plans
différents. Peu importe: l'essentiel, c'est que les
enseignements de Jésus rapportés par Marie Lataste, soient
parfaitement compris et assimilés par tous les lecteurs. Et
surtout, qu'ils soient utiles!
Annexe
1
Que sont
devenus les manuscrits ?
Notre Seigneur avait dit à Marie
Lataste :
"Livrez et abandonnez vos écrits à
votre directeur, c'est lui qui les conservera jusqu'à l'heure
que j'ai déterminée, et que je ferai connaître".
"Ces écrits seront gardés
précieusement et la gloire qu'ils rapporteront à Dieu, alors
qu'ils seront jetés au grand jour de la publicité retombera sur
la Congrégation du Sacré-Cœur.
"Mon intention est que d'autres
profitent de mes paroles. Je veux qu'on garde fidèlement vos
écrits
"Ce qui se dit aujourd'hui dans le
silence de mon sanctuaire ou de votre cœur, sera publié sur le
toit des maisons. Tout ce que je vous ai dit se répandra dans le
monde, et ce sera pour le bien d'un grand nombre."
On ne sait pas ce que le neveu de
l'ancien curé de Mimbaste fit des manuscrits, quand il eut
procédé à la publication des écrits de Marie Lataste. Ce qui est
sûr, c'est que l'on a perdu leur trace...
Annexe
2
Une
étonnante prédiction
En 1974, les Éditions Téqui firent
paraître une cinquième édition pour répondre au vœu d'un prêtre
qui voulait consacrer sa vie à faire connaître Sœur Marie
Lataste. Dans cette édition, on découvre une étonnante
prédiction concernant le dogme de l'Immaculée Conception
qui fut promulgué par l'Église en 1858. Or, Marie Lataste est
morte en 1847 et la première édition de ses œuvres date de 1852.
Voici cette prédiction donnée par
Jésus à Marie Lataste: "Quand Jésus fut dans mon cœur, il me
dit ainsi: 'Ma fille, vos hommages ont été agréés par ma Mère et
aussi par moi. Je veux vous remercier de votre piété par une
nouvelle qui vous fera plaisir. Le jour va venir où le ciel et
la terre se concerteront ensemble pour donner à ma Mère ce qui
lui est dû dans la plus grande de ses prérogatives. Le péché n'a
jamais été en elle, et sa conception a été pure et sans tache
comme le reste de sa vie.
Je veux que sur la terre cette vérité
soit proclamée et reconnue par tous les chrétiens. Je me suis
élu un pape et j'ai soufflé dans son cœur cette résolution. Il
aura toujours, dans sa tête, cette pensée, pendant qu'il sera
pape. Il réunira les évêques du monde pour entendre leurs
voix proclamer Marie, Immaculée dans sa conception et toutes
les voix se réuniront dans sa voix. Sa voix proclamera la
croyance des autres voix et retentira dans le monde
entier. Alors, sur la terre, rien ne manquera à l'honneur de ma
Mère."
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