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Des vocations.
Une des grandes tâches d'un directeur de conscience
2-1-Le
discernement. Règles à suivre
Le Seigneur ne crée
pas les hommes en série. Pour Dieu "la masse", ça n'existe pas,
et chaque homme est unique, avec sa vocation spécifique. Les
vocations sont donc multiples, et certaines d'entre elles, dont
le but est de travailler directement à l'Œuvre de Dieu, sont
parfois difficilement détectables. Aussi un juste discernement
est-il indispensable. Jésus va s'attarder longuement sur ce
thème des vocations et sur le discernement.
Marie Lataste, le
25 novembre 1943 (Lettre 27) rapporte les leçons de Jésus. Comme
toujours, écrivant à son directeur spirituel, Marie est
prudente; elle commence sa lettre par ces mots: "Le Sauveur
Jésus m’a un jour parlé de la vocation et de la règle de
conduite que doit suivre un directeur, quand il se trouve en
face d'une vocation. Sa parole était claire et simple. Je vous
transmets ce qu'il m'a dit, vous en penserez ce qu'il vous
plaira."
Nous rapportons
dans les paragraphes qui suivent, les principales orientations
données par le Seigneur à Marie qui écrit:
2-1-1-Les
vocations dans l'ancienne et dans la nouvelle loi.
"Ma
fille, me dit le Sauveur, je veux vous parler de la vocation.
Dieu a destiné tout homme qui vient en ce monde à un genre de
vie particulier. Cette destination se nomme vocation... Si vous
vous trouvez dans votre vocation, votre salut sera facile; si
vous manquez votre vocation, votre salut ne sera pas impossible,
mais il sera bien difficile. Dans l’ancienne loi, il n'y avait
en général qu'une vocation, c'était le mariage..." Dans la
loi nouvelle, celle de Jésus, la virginité est également mise en
valeur: "Ô virginité, jusque là inconnue et même méprisée,
comme tu as grandi et quelle gloire est pareille à ta gloire!...
Dans la loi nouvelle, il y a plusieurs vocations: la vocation à
l’état de mariage, la vocation à l’état de virginité, la
vocation à l’état religieux, la vocation à mon sacerdoce."
2-1-2-Le
choix de la vocation. Le discernement du directeur
Quand quelqu'un
ressent l'appel à une vocation particulière, il devrait
normalement en parler à une personne capable de bien discerner
cet appel. En général, cette personne devrait être le directeur
de conscience. Mais quelles sont les qualités nécessaires à un
directeur pour juger avec discernement? Jésus enseigne: "Pour
se prononcer, un directeur doit avoir une sagesse, une prudence
et une justice très grandes... qui lui permettent de juger
sainement..." car le discernement varie souvent d'une
personne à une autre, "en fonction de l'âge, du tempérament,
des inclinations, de l'éducation, et selon le temps, les lieux
et les circonstances."
Un directeur doit
fortement engager la personne qui l'interroge à demander à Dieu
qu'il lui fasse connaître sa volonté. "Il doit lui apprendre
à dire souvent et du fond du cœur ces paroles: 'Mon Dieu,
faites-moi connaître et accomplir votre sainte volonté.' Dieu
écoutera favorablement et exaucera cette prière. Un directeur ne
doit point chercher à inspirer de vocation, ce serait usurper le
droit de Dieu. Un directeur ne peut être que le juge de la
vocation à laquelle Dieu appelle une âme. Or, pour juger, il
doit examiner les sentiments et les inclinations de la personne
qu'il dirige, et puis se prononcer d'après les lumières de la
foi et non d'après des vues purement humaines."
Parfois un
directeur peut se trouver en face d'une personne qui n'a pas
pensé à son avenir, ou qui hésite entre plusieurs états de vie
différents: mariage, virginité, vie religieuse ou sacerdoce. Que
doit-il faire? "Il doit montrer à cette personne... combien
il est important de connaître sa vocation... l’engager à prier
Dieu de l’éclairer à ce sujet. Il doit étudier ses goûts, ses
inclinations, afin de l’aider... à distinguer l’appel de Dieu;
mais il ne doit lui signaler aucun genre de vie particulier
avant d’avoir connu, autant que possible, quel est celui auquel
elle est destinée..."
Et si la personne
qui interroge est indécise entre deux partis? "Dans ce cas
deux choses sont indispensables à un directeur, une prudence
extrême, une fermeté inébranlable... Car Dieu ne donne point
deux vocations, il n’en donne qu'une... Le directeur examinera
donc avec un soin minutieux les deux chemins différents qui se
présentent devant celui ou celle qu'il dirige... Il examinera
ensuite les inclinations... Il pèsera sérieusement et avec foi
les motifs qui l'animent..." Alors il pourra se décider et
orienter la personne qu'il dirige avec fermeté et autorité... Et
cette personne devra se soumettre à la décision de son
directeur. Dieu bénira sa soumission...
Et que doit faire
un directeur à qui une personne manifeste son inclination pour
la virginité? "Il doit d’abord ne pas entrer dans ses
sentiments, lui représenter que le mariage est un sacrement
institué par Dieu, un état où plusieurs se sont sanctifiés... où
elle trouvera des grâces spéciales et particulières, en rapport
avec les besoins de son âme; il lui fera remarquer surtout qu'il
n'y a rien dans le mariage d’opposé à la chasteté.
Après cela, si
elle persévère dans ses sentiments, il ne doit point s’opposer à
ses désirs, mais lui faire connaître les devoirs d’une vierge:
vie plus sainte, plus détachée du monde et de ses plaisirs, plus
attachée à Dieu et aux bons mouvements de sa grâce. Peu à peu...
il lui montrera les beautés, la grandeur, la sublimité de la
virginité... moyen le plus sûr de croître en vertu et d’attirer
sur elle mes bénédictions les plus abondantes."
Que doit faire un
directeur à qui une personne manifeste son inclination pour la
vie religieuse? "Le directeur, dès le principe, ne doit point
entrer dans son sentiment... Il doit lui représenter qu'elle
peut bien se sauver dans le monde, qu'un nombre infini de
bienheureux s'y sont sauvés... et qu'une multitude considérable
de chrétiens s'y sanctifient encore. Il doit lui représenter que
dans l’état religieux... il y a aussi des obligations
considérables. Il faut un détachement complet de toutes choses,
une soumission et une obéissance aveugles quand on veut entrer
en religion... et lui en montrer autant les épines que les
roses... Puis il lui demandera quelles réflexions elle a faites
à ce sujet... et lui fera voir clairement combien elle est
intéressée à ne se point tromper dans ses démarches. Il écoutera
et jugera toutes ses réponses. Le directeur verra si c'est une
véritable vocation, une vocation ordinaire ou extraordinaire."
2-1-3-Le
choix de l'état de vie
"S’il ne voit
point de vocation religieuse, il en détournera cette personne
qui n’est point appelée à cette vie. S’il ne voit qu'une
vocation ordinaire... il s’assurera de la sincérité de ses
sentiments et des motifs qui la portent à embrasser cet état et
il l’engagera à suivre cette vocation. Par contre, s’il voit une
vocation plus qu’ordinaire, il commencera par donner de petites
épreuves, examinant la manière dont les supporte la personne
qu'il dirige. Il observera son caractère, ses goûts, ses
sentiments, ses inclinations, et cherchera à modifier... ce
qu'il y a de défectueux en elle... Il la formera peu à peu à
l’obéissance... S'il voit en elle un grand courage, une fermeté
prête à tout supporter, c’est une marque que Dieu destine cette
personne à de grandes épreuves, et le directeur doit commencer
en elle l’œuvre de Dieu, pour qu'elle s’achève et se
perfectionne plus tard dans la vie religieuse.
On n'est point
parfait en un seul jour, on n'est point athlète et soldat tout
d'un coup, il faut nécessairement être formé... et la vie
religieuse... doit être une lutte et un combat auquel il faut
s’exercer pour remporter la victoire... Quand le directeur...
pense avoir suffisamment éprouvé cette personne, il lui
permettra d’embrasser la vie religieuse."
Mais attention! Un
directeur ne doit jamais pousser quelqu'un à la vie
religieuse... Il n'y a point, dans un cloître pas plus
qu'ailleurs, espoir de salut s'il n'y a pas une authentique
vocation... "Ce directeur aura à me rendre compte des âmes
que son ignorance ou ses conseils auront perdues. Quand même une
personne aurait vocation pour vivre dans la virginité, pour
s’élever à une grande sainteté, pour marcher dans des voies
extraordinaires, ce n'est pas une raison suffisante pour la
retirer du monde et la faire entrer en religion. Je destine ces
âmes à être l’édification du monde et le soutien des faibles,
voilà pourquoi je ne les appelle point à la vie religieuse;
c'est là leur vocation.
Mais là où il
faut user de prudence, de sagesse et de discrétion... c'est bien
devant une vocation au sacerdoce... cette fonction si sublime et
si redoutable. Quel malheur que l’usurpation du sacerdoce, quel
malheur que le renoncement au sacerdoce! Quel compte sévère
devra me rendre celui qui éloigne du sacerdoce celui que
j’appelais à être mon prêtre et mon ministre, et celui qui
pousse au sacerdoce celui que je n'y appelais point! Combien ma
justice sera sévère pour ceux qui admettent au sacerdoce ceux
qui ne semblent point le mériter, et repoussent ceux qui n'en
sont point indignes par leur conduite et leurs actions!
Ô vous qui êtes
chargés de la direction de mes prêtres futurs, étudiez,
examinez, scrutez, jugez tous leurs sentiments, toutes leurs
actions et prononcez-vous ensuite comme je le ferais
moi-même!... Ô vous qui êtes chargés de mes prêtres futurs,
encore une fois, étudiez, examinez, scrutez et jugez tous leurs
sentiments, toutes leurs inclinations; suivez-les pas à pas,
observez tout en eux, prononcez-vous ensuite comme je le ferais
moi-même! Le sacerdoce, nul ne le mérite, il faut y être appelé
comme Aaron, comme les apôtres, comme moi-même, par mon Père
céleste qui règne dans les cieux...
La vie
religieuse demande qu'on l’embrasse avec des sentiments purs et
saints, et pour correspondre à l’appel de Dieu... La virginité
demande qu'on l’embrasse par des sentiments purs et saints... Ma
fille, vous devez comprendre... combien la vocation est une
grande chose... puisque c'est d’elle que dépend la gloire que
l’on rendra à Dieu dans le temps et dans l’éternité...
Néanmoins, au temps où vous vivez, est-il rien qu'on traite plus
légèrement? Ô hommes irréfléchis, hommes insensés, hommes
oublieux de tous leurs intérêts!"
2-2-Une vocation
très spéciale: le veuvage
Le 15 octobre 1842
(Lettre 8) Marie Lataste soumettait au Père Darbins
l'enseignement du Sauveur sur la viduité, les devoirs et les
obligations des veuves. On constatera que Jésus rejoint, ce qui
semble bien normal, les conseils que saint Paul donnait déjà aux
veuves de son temps. On pourrait s'étonner que le Seigneur ne
s'adresse qu'aux femmes. C'est qu'au 19ème siècle,
encore plus que de nos jours, le veuvage était surtout l'affaire
des femmes. Toutefois, le Seigneur termine son enseignement en
indiquant que les veufs, même s'ils sont peu nombreux, ont les
mêmes obligations que les veuves. Marie Lataste écrit:
"Ma fille, me
dit le Sauveur Jésus, la femme est soumise à son mari et lui
doit obéissance tant qu'il vit. La mort seule peut rompre ses
liens, mais elle les rompt entièrement, de telle sorte qu'elle
peut contracter un nouveau mariage, car elle est libre... Mais
qu'elle se marie pour plaire à Dieu dans l’observation de ses
lois et de ses commandements... Pour cela, il lui est permis de
chercher à plaire à celui qu'elle choisit pour son époux... mais
jamais elle ne doit se permettre rien de contraire à la volonté
de Dieu... Tel est, ma fille, le droit d’une veuve; elle peut se
marier une seconde, une troisième, une quatrième fois si elle
devient libre une, deux ou trois fois par la mort de son mari.
Néanmoins, ma
fille, il est bien glorieux pour une veuve de ne point
contracter un second mariage et de demeurer fidèle à son époux,
même mort... Elle n’usera de la liberté qui lui a été donnée que
pour servir Dieu avec plus de fidélité et avancer de plus en
plus dans la vertu."
2-2-1-Les
raisons justifiant le remariage d'un veuve
"Quelles raisons
une veuve pourrait-elle donner afin de se marier de nouveau? Sa
jeunesse, sa faiblesse, la recherche d’un appui et d’un
soutien?... Sans doute, il est permis à une veuve de s’unir
encore en mariage; mais en vérité, il est bien plus parfait
qu'elle ne le fasse point et bien plus convenable qu'elle
s’ensevelisse dans la retraite, en souvenir de son époux
enseveli dans le tombeau..."
2-2-2-Les
béatitudes des femmes veuves
Jésus énumère de
nouvelles béatitudes, destinées aux veuves. Malheureusement, dit
Jésus, "il en est peu qui comprennent ces paroles...
– Heureuses les
veuves qui, dès le premier jour de leur veuvage, prennent des
habits de deuil et de tristesse...
-Heureuses les
veuves qui vivent de telle manière que tous ceux qui les voient
disent... 'Voilà une veuve chrétienne!'
– Heureuses les
veuves qui sont ainsi en spectacle aux hommes et aux anges par
leur retenue et leur modestie...!
L'unique
occupation d'une veuve doit être de chercher à plaire à Dieu.
Elle ne devrait... s’occuper que de rendre son âme de plus en
plus belle, de plus en plus ornée de vertus, de plus en plus
enflammée par l’amour de Dieu. Il faut que toute sa beauté soit
intérieure... Dieu verra sa beauté, cela doit lui suffire. Il ne
doit y avoir rien de désordonné dans une veuve. Qu'elle soit
toujours vêtue d’une manière convenable à sa condition, mais
avec simplicité et sans apprêt."
2-2-3-Le
comportement des veuves
"Une veuve, plus
que personne, doit comprendre que les plaisirs de la vie sont
passagers et fugitifs... Les joies, les satisfactions, le
contentement, la paix... la félicité, le bonheur, et la
consolation des âmes, elle les trouvera... en Dieu. Qu'elle
s’attache à Dieu, et Dieu lui donnera, dans sa vie chaste et
pure, les chastes et pures délices dont il enivre les âmes qui
ont les yeux levés au ciel...
Dieu... est
spécialement le Dieu des veuves et des orphelins, c'est-à-dire
qu'il veille davantage sur eux. Les veuves et les orphelins ont
en effet peu de secours et d’appui sur la terre, mais ils ont
l’appui et le secours de Dieu... Une veuve doit mettre toute sa
confiance en Dieu, s’abandonner à lui et tendre avec un grand
désir vers la perfection.
Pour cela elle
doit veiller sur sa maison, sur ses intérêts temporels... Elle
ne doit point rester oisive. Elle doit travailler selon sa
condition. Elle doit nourrir son cœur... de sentiments de
charité envers Dieu et le prochain, faire de bonnes œuvres selon
ses facultés et ses loisirs... Elle doit veiller soigneusement
sur sa chasteté... garder sa réputation intacte et à l’abri de
toute détraction... Une veuve ne doit point oublier que la
chasteté, pour elle comme pour tous, est un don de Dieu; par
conséquent, elle doit la demander à Dieu souvent, tous les
jours... se rappeler que toute chair est faible et que Dieu seul
accorde la victoire sur les passions... Dieu la fortifiera... il
la rendra inébranlable comme une colonne d’airain."
2-2-4-L'Église,
modèle des veuves
Le vrai modèle des
veuves, c'est l'Église que Jésus a acquise par son sang et qui
est son épouse, sur la terre. Jésus dit: "Je suis son Époux.
Or, depuis mon ascension, mon épouse est demeurée veuve parce
que je suis monté au ciel. Je suis et je serai néanmoins avec
elle par le sacrement de mon amour et par mes grâces, mais je ne
serai avec elle d'une manière visible que dans le ciel. Or, ma
fille, que fait l’église? Elle a constamment les yeux fixés sur
moi. Son cœur m’est uni par des liens indissolubles... Je suis
sa richesse, son tout... Elle passe en faisant le bien."
Pour conclure
"Que les veuves
agissent ainsi, qu'elles s’attachent à Dieu et coulent le reste
de leur vie dans la pratique du bien.
Ce que je viens
de vous dire, ma fille, d'une femme qui a perdu son époux, je
le dis aussi d’un homme qui perdu son épouse. Il peut se
marier de nouveau; il fera mieux de ne pas contracter un second
mariage. Qu'il agisse comme je l'ai indiqué pour une femme
veuve, car l'homme, comme la femme, a une âme à sauver, un Dieu
à aimer et à adorer. Il a comme elle des devoirs à remplir.
Heureux celui qui est fidèle et marche dans la crainte et
l’amour de Dieu!" |