Troisième partie
LES Œuvres
DE Marie Lataste
(1822-1847)

 

Chapitre 3
 

 Des enseignements plus approfondis

 

1
Quelques précisions sur la bible

 

Il est des paroles de Jésus, rapportées dans l'Évangile, qui parfois, semblent contradictoire, parce que nous les comprenons mal. Aussi, dans certaines circonstances et le plus souvent à ses saints et à ses mystiques, Jésus vient-il donner lui-même quelques explications. Mais, pour éclairer ses explications, comme durant sa vie publique, Jésus utilise souvent des paraboles ou des comparaisons. Il lui dit:

– "Ma fille, quand j’étais sur la terre, j’aimais à parler en paraboles; je veux aussi vous parler comme cela."

Jésus veut également montrer comment l’Ancien Testament fut souvent l’image du Nouveau, et comment l’action de Dieu sur le peuple juif était la figure de son action sur les âmes.

1-1-L'Ancien Testament, figure du Nouveau   (Livre 13, chapitre 1)

          1-1-1-La colombe de Noé, image de l'âme solitaire

Le Sauveur Jésus  dit un jour à Marie Lataste: "Ma fille, il est rapporté dans les saints Livres que Noé envoya une colombe de l’arche où il était enfermé... afin de connaître si les eaux du déluge avaient baissé. La colombe rentra dans l’arche portant dans son bec une branche d’olivier.

Cette colombe est l’image de l’âme solitaire... Il est des âmes qui ont besoin de la solitude extérieure pour parvenir à l’intérieure; il en est d’autres qui se trouvent aussi solitaires au milieu du plus grand tumulte que dans la profondeur d’un désert. L’âme solitaire ... trouve Dieu dans la solitude et Dieu lui suffit... Cette âme est simple et innocente comme une colombe, elle laisse son cœur tout ouvert à Dieu, elle le lui donne tout entier. Elle est timide et craintive comme une colombe, et cette crainte la rend sage... Elle craint le monde... elle entre dans sa solitude, portant l’olivier de sa victoire sur le monde...  Les mondains ne comprennent point les délices de la solitude et ressemblent au corbeau envoyé de l’arche et qui ne revient pas. La solitude est plus qu'un mystère pour eux; elle est un objet d’ennui, et ils dépensent dans le tumulte et les agitations de la terre leurs années et leur vie...

L’âme solitaire, comme la maison d’Israël, a espéré dans le Seigneur; il est son appui et sa protection. L'âme solitaire, comme la maison d’Aaron, a espéré dans le Seigneur; il est son appui et sa protection... Aussi Dieu bénit-Il l'âme solitaire, retirée en elle-même, comme il a béni la maison d’Israël, la maison d’Aaron et tous ceux qui craignent le Seigneur... " (Livre 13, chapitre 1)  

          1-1-2-La fille de Pharaon (Livre 13, chapitre 2)

Jésus dit: "La fille de Pharaon étant venue se baigner dans le Nil, aperçut, exposé sur l’eau, un enfant si beau, qu'elle le prit et le fit élever à la cour de son père. Cet enfant grandit, délivra les enfants de Jacob, de la servitude des Pharaons. Pour quitter l’Égypte, il dut traverser la mer avec le peuple qu'il conduisait...

La fille de Pharaon qui va se baigner dans le Nil est l’image des pécheurs convertis, qui, venant se baigner dans les eaux salutaires de la pénitence, y trouvent la charité qui est plus belle de beaucoup que l’enfant exposé. Le pécheur converti prend la charité... il la fait croître et grandir, il la défend, comme la fille de Pharaon défendait son protégé contre les Égyptiens qui se trouvaient à la cour de son père. La charité se fortifie, et... la tire de l’Égypte, figure du monde... pour la mener au désert, c'est-à-dire pour la faire vivre d'une vie tout intérieure et retirée en Dieu. Mais, pour arriver au désert, il faut traverser la mer Rouge, image de la mortification. L'homme alors s’arme de la croix, et le passage de cette mer devient facile et aisé. Quand l'âme se trouve ainsi délivrée, elle étend de nouveau la croix avec reconnaissance pour rapporter tout à Dieu... et cette âme poursuit son chemin vers la terre promise, le ciel." (Livre 13, chapitre 2)

          1-1-3-Moïse  (Livre 13, chapitre 3)

Jésus parle: "Ma fille, les Israélites se trouvant dans le désert, sans nourriture, commencèrent à murmurer contre Dieu et contre Moïse, qui les avaient retirés de la servitude d’Égypte. Moïse essaya de calmer le peuple et pria le Seigneur, et Dieu envoya aux Israélites, malgré leur indignité, la manne pour les nourrir.

Ne reconnaissez-vous point là, ma fille, la dégradation et l’ingratitude de l'homme? Dieu veut éprouver une âme convertie et pendant un moment, Il la prive de ses douceurs et de ses consolations; mais cette âme s’impatiente... et regrette les consolations du monde auxquelles elle a renoncé, comme les Israélites regrettaient les oignons d’Égypte.

Que ceux qui sont dans l’affliction ou dans les épreuves imitent plutôt la conduite de Moïse. Qu’ils mettent en Dieu leur confiance... et il leur enverra toutes sortes de biens... et la grâce coulera sur eux comme une manne céleste qui leur donnera la force pour traverser le désert de la vie."

En une autre circonstance, le Sauveur Jésus dit à Marie Lataste: "Ma fille, pendant que Moïse recevait de Dieu les lois qui devaient régir son peuple, les Israélites firent un veau d’or et l’adorèrent. Moise, descendant de la montagne, brisa ce veau d’or avec indignation.

Ainsi agissent les orgueilleux vis-à-vis de Dieu. Ils aiment à être élevés... et ils s’attribuent le bien de Dieu, comme s’ils en étaient les auteurs véritables. Agir comme cela, c'est dérober à Dieu l’honneur qui lui est dû. Je viendrai comme Moïse briser ces ingrats et ces orgueilleux... Ma fille... ne cherchez que l’humilité et l’oubli, et vous ne perdrez point la seule véritable gloire: la possession et l’amour de Dieu." (Livre 13, chapitre 3)

          1-1-4-Moïse et Josué  (Livre 13, chapitre 4)

Josué succéda à Moïse, et fut placé par le Seigneur à la tête du peuple juif pour qu'il l'introduisît dans la terre promise. Moïse et Josué sont les modèles de ceux qui sont chargés de la conduite temporelle ou spirituelle des peuples. "Ils sont les modèles des rois pour maintenir la justice dans la société. Quelle sagesse et quel désintéressement en eux! Leur désintéressement était le fondement inébranlable de leur sagesse. Que de potentats... sont marqués du sceau de la folie à cause de leur cupidité!... Malheur à ces potentats! Ils devaient faire régner la justice de Dieu sur la terre, et par eux l’injustice règne partout, et ils oppriment le faible et l’innocent.

Un jour leur conscience s’élèvera contre eux avec la voix de tous ceux qu'ils ont opprimés... Le Seigneur a tracé aux princes et aux rois ses commandements, comme il les a donnés à Moïse et à Josué. S’ils les font observer comme eux, ils rendront leurs peuples heureux et feront couler dans tout leur empire le lait et le miel en abondance, c'est-à-dire que Dieu bénira le roi et les sujets, et les comblera de biens, comme les Israélites dans la terre promise. Les bons rois font les bons peuples, et les pervers les pervertiront.

Moïse et Josué sont encore les modèles de ceux qui sont chargés de la conduite spirituelle des âmes. Tous leurs actes sont empreints de sagesse, de douceur et de charité. Quand le zèle et l’intérêt de la gloire de Dieu les obligeaient à user de sévérité, c’était... toujours selon l’esprit de Dieu, afin de rappeler les coupables à une sincère pénitence... Enfin, ils s’interposaient entre Dieu et le peuple pour fléchir la colère du Tout-Puissant par leurs prières et leurs larmes. Ainsi doivent faire les directeurs des âmes, en enseignant, en exhortant, en reprenant, en corrigeant... et surtout en priant beaucoup pour ceux qu'ils dirigent... S’ils font comme cela, Dieu les récompensera, quand même ils auraient obtenu peu de succès, car Dieu récompense toujours la bonne volonté..." (Livre 13, chapitre 4)

          1-1-5-Déborah et Jahel  (Livre 13, chapitre 5)

"Après la mort de Moïse et de Josué Dieu suscita des chefs à son peuple pour le délivrer de l’oppression de ses ennemis. Jabin, roi de Chanaan, voulant opprimer les Israélites, Dieu donna pour chef à son peuple une femme nommée Déborah... Déborah marcha contre les Chananéens et les mit en déroute. Plus tard, le commandant des troupes chananéennes, Sisara, se retira sous la tente d’Haber ami de Jabin, où il s’endormit. Jahel, femme d’Haber, profita du sommeil de Sisara pour lui donner la mort en enfonçant un clou dans sa tête. Ainsi, par le ministère de deux femmes, Dieu délivra son peuple des Chananéens.

Que de leçons admirables vous pouvez tirer naturellement de ces faits rapportés par les saints Livres! Dieu se sert des instruments les plus faibles en apparence pour opérer des prodiges. C'est une femme qu'il donne aux Israélites pour leur assurer la liberté. C'est une femme aussi qui met à mort le chef de leurs ennemis. Ma fille... que les faibles espèrent en Dieu, ils pourront tout par Celui qui est et qui veut être leur force. Que les puissants cessent d’espérer en leur propre puissance... Si vous êtes faible venez à moi, je serai votre force..."  (Livre 13, chapitre 5)

          1-1-6-Gédéon  (Livre 13, chapitre 6)   

Dieu ayant choisi Gédéon pour délivrer son peuple, lui envoya un ange pour lui donner ses ordres. Gédéon, se défiant de lui-même, demanda un signe pour reconnaître la mission que Dieu lui donnait... Un sacrifice fut offert sur une pierre, et un ange toucha avec l’extrémité de sa baguette le sacrifice de Gédéon; le feu sortit de la pierre; tout fut consumé et l'ange disparut.

"La crainte de Gédéon, ma fille, figure ces âmes pusillanimes qui sont tout étonnées des grâces que Dieu leur accorde...  Mais il y avait plus de prudence et de sagesse que de crainte dans la conduite de Gédéon qui voulait s’assurer de la volonté bien expresse de Dieu...

Admirable leçon pour ceux que Dieu appelle à diriger et à commander autrui!... Cela ne signifie pas qu'il faille demander à Dieu un miracle pour connaître sa volonté; ce serait de la présomption. Il suffit d’avoir une certitude morale de cet appel de Dieu par les circonstances qui se présentent... Alors on sera béni par le Très-Haut, pourvu qu’on imite la conduite de Gédéon, en immolant à Dieu toutes les passions de l’âme, toutes les attaches coupables et criminelles, en les consumant par le feu brûlant de la croix, et répandant sur elles les larmes de la pénitence et du repentir."  (Livre 13, chapitre 6)

          1-1-7-Saul et David  (Livre 13, chapitre 8)

Marie Lataste priait quand le Seigneur lui dit: "Saül mérita par sa désobéissance la malédiction de Dieu qui donna le trône d’Israël à un petit berger nommé David. Saül se voyant abandonné de Dieu, plein de fureur contre David, chercha à le faire mourir, mais il ne put y parvenir; le Seigneur Dieu veillait sur David. Celui-ci connaissait les desseins de son ennemi; néanmoins, au lieu de se venger, il ne lui fit que du bien.

Saül, ma fille, est l’image du pécheur, et David, du juste persécuté par le pécheur. Le pécheur est un roi déchu de son trône... qui persécute le juste par ses calomnies, ses médisances, cherchant à l’abaisser, à l’opprimer, à l’anéantir s’il le pouvait. Que fait le juste? Il imite David; il n’oppose point la force à la force, la calomnie à la calomnie... Il souffre avec patience les persécutions et ne se venge point. C'est ainsi que doivent agir les pauvres et ceux qui sont faibles. Dieu les retirera un jour de leur faiblesse... de leur pauvreté; il les établira sur le trône magnifique de la sainteté... C’est ainsi que doivent agir tous eux qui souffrent persécution pour la justice. Ils recevront la bénédiction de Dieu dans le temps et dans l’éternité." (Livre 13, chapitre 8)

Les justes danseront de joie, comme David, devant l’arche du Seigneur. David fut traité d’insensé par son épouse elle-même. "C’est ainsi, dit Jésus, que les âmes justes, pures et saintes sont transportées de joie et marchent pleines d’allégresse devant le Seigneur. Elles ne cherchent point la joie dans les festins... elles la trouvent dans la retraite au pied des autels. Le monde s’étonne de les voir si joyeuses et ne comprend point... Le monde les traite d’insensées. Et cependant, ma fille, la joie véritable n’est pas parmi les mondains, elle se trouve parmi les justes et les saints... rien n’est capable de leur enlever la paix du coeur; et leur joie demeure, parce qu'elle repose sur un fondement solide, la vertu."  (Livre 13, chapitre 9)

          1-1-8-Le temple de Salomon    (Livre 13, chapitre 10)

Le Sauveur Jésus dit un jour: "Ma fille, le roi Salomon ayant fait bâtir à Dieu un temple magnifique, y plaça l’arche d’alliance, et Dieu témoigna d’une manière sensible qu'il y habitait. C'est pourquoi on y offrit de nombreuses victimes. Ce temple est l’image de l'âme que tout homme tâche d’orner et d’embellir selon ses moyens, en la purifiant de toute attache et de toute affection au péché, pour y placer la véritable arche d’alliance qui est le Fils de Dieu fait homme, dans l’Eucharistie.

Je préfère un cœur pur à des tabernacles de pierre ou de bois doré, j’y établis ma demeure avec plaisir... et Dieu, mon Père, manifeste dans ce cœur sa présence et la mienne, car il est partout où je suis, par les pensées, les désirs et les œuvres de celui en qui nous habitons. Aussi, que de sacrifices offerts à mon Père par celui qui nous reçoit et en qui nous habitons... C'est une victime qui s’immole sans cesse. Quelle beauté dans cette âme!... Recevez-moi souvent et je serai en vous l’arche de l’alliance véritable entre vous et mon Père, et rien ne brisera cette alliance qui durera à jamais." (Livre 13, chapitre 10)

          1-1-9-Les Madianites  (Livre 13, chapitre 11)

Jésus dit encore: "Les Madianites, les ennemis du peuple de Dieu qui ravageaient leurs terres sont l’image des passions qui sont comme l’ennemi de l'homme. Par le baptême, Dieu fait entrer l'âme dans la véritable terre promise, éloigne le péché et lui donne sa grâce...

Mais, si l'homme se révolte, Dieu le livre encore aux Madianites, c'est-à-dire aux passions, à l’entraînement au mal, à ses péchés. Ce n’est qu’à l’heure du repentir et de la contrition que Dieu le délivre, comme il délivrait les Juifs quand ils revenaient à lui." (Livre 13, chapitre 11)

          1-1-10-Babylone  (Livre 13, chapitre 12)

Jésus dit encore: "Les Juifs captifs à Babylone soupiraient sans cesse vers Jérusalem, leur patrie, et le Temple du Seigneur... C'est ainsi qu'ils se préservèrent de l’idolâtrie des Babyloniens. Il en est de même de l’âme chrétienne. La révolte de l'homme, son péché, l’éloigna de l’état de grâce pour le reléguer dans la Babylone du péché: la disgrâce de Dieu et l’éloignement du ciel... À la vue des effets et des malheurs du péché... l'homme s’écrie: 'Assis sur les bords du fleuve de Babylone, je versais des pleurs au souvenir de Sion. Ô sainte Jérusalem, si jamais je t’oublie, que ma main droite se sèche, que ma langue s’attache à mon palais!' Ma fille, la vie de la grâce est la vie de la liberté; le péché est l’esclavage de l’âme. Soyez libre, et vous jouirez un jour de la vie dans le ciel, votre patrie." (Livre 13, chapitre 12)

          1-1-11-Nabuchodonosor  (Livre 13, chapitre 13)

Jésus poursuit ses explications: "La gloire et la grandeur éblouirent tellement Nabuchodonosor qu'il s’imagina que sa puissance était au dessus de toute puissance. Dieu, pour le punir, le réduisit non seulement au dernier rang parmi ses sujets, mais encore au rang des animaux sans raison, lui donnant le même toit, les mêmes vêtements et la même nourriture... Les hommes qui recueillent précieusement tous les honneurs... au lieu de tout rapporter à Dieu... pour qui l'orgueil domine en eux, dans leurs démarches... verront Dieu s’élever contre eux et les réduire, non plus au rang des animaux dénués d’intelligence, mais au rang des démons.

Si vous voulez toujours avoir part aux bienfaits de Dieu, vivez dans l’humilité, et les bienfaits qu'il vous accordera dans le temps ne seront que l’avant-goût des biens qu'il vous donnera dans l’éternité." (Livre 13, chapitre 13)

          1-1-12-La reine Esther  (Livre 13, chapitre 14)

Voici enfin une dernière parabole expliquée par Jésus: elle concerne plus spécialement la France. Jésus dit: "Ma fille, le roi Assuérus ayant résolu de perdre la nation juive, Mardochée conseilla à Esther, sa nièce et l’épouse d’Assuérus, de demander grâce pour le peuple juif. Elle se présenta devant le roi, et, saisie de frayeur, elle tomba évanouie. Le roi lui fit aussitôt prodiguer des soins. Esther reprit ses sens et le roi, ému de compassion, lui promit de lui accorder tout ce qu'elle demanderait. C'est ainsi qu’Esther put sauver son peuple.

Ma fille, je vous le dis en vérité, il est quelquefois assez d’une âme qui se présente devant Dieu dans la crainte et le tremblement, et qui lui adresse ses supplications, pour arrêter son bras vengeur déjà levé contre une nation tout entière. Priez, ma fille, priez beaucoup pour la France: le nombre de ses iniquités s’accroît de jour en jour; priez pour elle, et désarmez le courroux de mon Père. Joignez-vous aux âmes pieuses et saintes qui lui adressent leurs incessantes supplications. Si Dieu veille sur la France et la protège malgré ses iniquités, c'est à cause des prières et des supplications nombreuses qui lui sont adressées, et qui montent jusqu’à lui pour le fléchir." (Livre 13, chapitre 14)

   

 

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