Troisième partie
LES Œuvres
DE Marie Lataste
(1822-1847)

 

Chapitre IV

La religion en général

 

1
Considérations sur les religions en général,
 et la religion chrétienne en particulier

 

1-1-Qu'est-ce qu'une religion?  (Livre 5, chapitre 1) 

Marie Lataste dit que le Sauveur Jésus lui avait souvent parlé de la religion, de ce qu'était une religion et quelle était la vraie religion. La religion est un acte par lequel les hommes remplissent leurs devoirs envers la Divinité; cet acte de religion est bon quand il est l’accomplissement d'un devoir envers le Dieu véritable qui est au ciel; il est mauvais s'il se rapporte à d'autres dieux. Un acte de religion est également mauvais quand, se rapportant à Dieu, il n'est pas selon la manière dont Dieu l'a prescrit.

Jésus montra la nécessité de la religion, et donna ensuite un résumé complet de la religion chrétienne. Il indiqua aussi que la religion intérieure ne suffisait pas au chrétien. Marie Lataste, indique qu'elle essaiera de respecter l'enseignement de Jésus, selon que sa mémoire le lui rappellera.

Marie Lataste se souvient de ce que Jésus lui a appris: "Ma fille, dit-il, la religion est la réunion de tous les devoirs que la créature doit rendre au Créateur... La religion est fixée, décrétée, voulue par Dieu. Pour le chrétien, la religion est aussi l'acte par lequel il remplit ses devoirs de religion, comme habitude surnaturelle que Dieu met en lui par sa grâce...

Quelle est la vraie religion, voulue par Dieu, celle qu'il a décrétée, fixée? Voici les signes auxquels on peut reconnaître la vraie religion: elle est une, sainte, apostolique, universelle. Or, de toutes les religions du monde, la catholique seule les renferme tous."  (Livre 5, chapitre 1)

1-2-La religion catholique

          1-2-1-La religion du paradis

Jésus s'explique longuement. "La religion catholique, ma fille, n'a pas commencé seulement avec moi quand je vins sur la terre, mais dès l’origine des choses, au paradis de délices. Vous savez qu'au commencement Dieu fit l'homme, et le plaça dans le jardin de délices.  L'homme reconnut Dieu pour son Créateur et le Créateur de toutes choses. L'homme, par cette connaissance de Dieu, avait aussi celle des devoirs que la créature doit au Créateur. Il avait aussi la connaissance que Dieu lui donna de respecter et de ne pas toucher aux fruits de la science du bien et du mal. Connaître Dieu, l’adorer, lui obéir, telle était la religion de l'homme sur la terre... Cette religion du premier homme jusqu'à vous est toujours été la même, car aujourd'hui que faites-vous dans la religion catholique, si ce n'est connaître Dieu, l’adorer et lui obéir." (Livre 5, chapitre 1)

          1-2-2-La religion est toujours la même

Jésus explique que nous connaissons Dieu comme Adam, que nous l'adorons comme lui. Mais l’obéissance que l'on donne à Dieu a changé, depuis que Jésus substitua la loi d'amour à la loi de crainte. L’obéissance en elle-même n'a pas changé, mais Dieu a voulu changer les prescriptions qu'il avait données à Adam, puis aux patriarches, puis à Moïse. Mais c'est Dieu qui a modifié ces prescriptions. L'homme doit obéir, mais la religion, au sens général, est toujours la même, malgré ces changements quant à l’obéissance due à Dieu. Jésus précise: "Les persécutions se sont élevées contre la religion du vrai Dieu; mais depuis Adam, Père du genre humain, depuis Abel, fidèle serviteur de Dieu, jusqu'aux martyrs les plus récents, jamais la persécution n'a détruit la religion, elle lui a donné au contraire plus de force et de vigueur. C’est que Dieu lui-même a institué la religion, et qu'il la conserve et l’étend par les moyens qu'il a choisis, et contre lesquels les puissances du monde et de l’enfer ne peuvent rien.

Quand l'homme perdit la connaissance de son Dieu et qu'il se fit des dieux, ouvrage de ses mains... la religion ne fut point perdue... Il y eut une grande famille, un peuple immense qui conserva la religion. Dieu donna un signe à ce peuple: la circoncision. Quand ce peuple eut grandi et se fut multiplié, Dieu lui donna sa loi, comme moyen de conserver sa religion. Entre la religion de ce peuple et la religion catholique, il n'y a pas de différence; seulement, la religion judaïque n'était que le symbole et la figure de la religion chrétienne que devait établir le Messie promis à Adam dans le paradis terrestre, attendu par les patriarches et annoncé par les prophètes. Tout fut prédit par rapport à mon avènement: ma naissance d'une Vierge, le lieu de ma naissance, ma vie obscure, ma vie publique, ma mort et ma résurrection..." (Livre 5, chapitre 1)

Jésus indique qu'il prouva sa divinité par ses miracles, et par sa mission divine, supérieure à celles de tous les prophètes ensemble. Puis, Il rappelle comment Il choisit douze apôtres, leur enseigna sa doctrine et sa loi. Ensuite Il les envoya dans le monde entier prêcher la bonne nouvelle du Messie, du Rédempteur attendu, mort et ressuscité, du sacrifice nouveau qu'Il avait offert le premier sur le Calvaire. Et ces hommes se dispersèrent dans le monde, faisant eux-mêmes des miracles... confondant les faussaires et les envoyés de Satan, et donnant leur vie pour confirmer la vérité de leur doctrine. La religion qu'ils prêchaient dans le monde était si parfaite, malgré ses mystères étonnants et incompréhensibles, et apparemment si difficile dans sa pratique, qu'elle se  répandit dans le monde entier.

1-3-Le Credo donné par Jésus

          1-3-1-Sur la religion catholique

Jésus affirme: "Cette religion que je donnai aux apôtres est la vraie religion, parce que seule elle renferme les signes dont je vous ai parlé plus haut. Elle est une dans la foi, une dans la morale, une dans sa durée. Une dans la croyance à un seul Dieu, à un seul Rédempteur, à un seul baptême. Une dans sa morale qui n'a qu'un commandement, l’amour de Dieu et du prochain. Une dans sa durée... C'est la seule qui doivent demeurer jusqu'à la consommation des siècles.

Cette religion est sainte: c'est elle qui unit l'homme à Dieu... c'est elle qui enseigne à éviter le mal, à pratiquer la vertu; c'est elle qui possède les sacrements... armes mortelles contre le mal et le péché. Elle est apostolique: ce sont mes apôtres qui l’ont transmise au monde... et on peut remonter aisément d’âge en âge jusqu'aux apôtres... Elle est universelle: dans tous les pays du monde on trouve des chrétiens qui ont une même foi, une même loi, les mêmes sacrements.

Cette religion est divine : c'est moi, Fils de l'homme et aussi Fils de Dieu qui l'ai instituée: elle est divine, car elle résiste à tout, aux persécutions des tyrans, des autres religions, aux passions des hommes, aux tentatives continuelles de Satan. Quelle religion a produit des héros comme la religion catholique? Quelle autre religion a transformé les femmes les plus timides, les enfants les plus faibles, à ce point de ne pouvoir trouver nulle part un courage supérieur à leur courage? La mort n’a point effrayé ceux qui ont pratiqué cette religion... ils ont béni Dieu dans les tourments les plus affreux.

Jésus s'étonne: "Quelle folie de ne pas reconnaître la vérité dans la religion catholique! Quelle folie de ne pas voir le mensonge dans toute autre religion" et tout particulièrement les religions qui honorent "des  divinités faites par les mains des hommes, ou qui n'ont d’autres dieux que de vils animaux[1], ou qui ne favorisent que les passions[2]? Donc, ma fille, poursuit Jésus, ceux-là n'ont pas la vraie religion qui n'ont pas une religion ayant les signes d’unité, de sainteté, d’apostolicité et d’universalité dont je vous ai parlé." (Livre 5, chapitre 1)

          1-3-2-Sur Jésus Lui-même  (Livre 5, chapitre 3)

Quelques jours plus tard, Jésus révèle à Marie Lataste son désir de s'adresser à tous les hommes pour leur parler de Lui-même et de sa Mère. Il commence par se situer au sein de la Trinité divine, et il s'écrie: "Je romprai mon silence, j’élèverai ma voix pour que tous les hommes entendent les paroles de vérité qui sortent de ma bouche. Peuples de la terre, prêtez l’oreille... écoutez ce que dit le Seigneur votre Dieu... Dieu est un en trois personnes; chacune de ces trois personnes est Dieu; ces trois personnes ne font qu’un seul Dieu."

Puis Jésus raconte sa venue sur la terre: "Je me suis fait homme, en prenant un corps et une âme auxquels j'ai uni ma divinité, et par cette union j'ai été Dieu et homme tout ensemble. Il y a en moi deux natures: la nature divine et la nature humaine; mais il n'y a qu'une personne, la personne du Fils de Dieu fait homme. Il était nécessaire que je me fisse homme, pour rendre réparation à Dieu de l'offense de l'homme...

Je suis ressuscité trois jours après ma mort par la puissance de ma divinité; après ma résurrection, je suis monté au ciel. Je suis encore sur la terre d’une manière invisible par le Très-Saint Sacrement de l’autel dans lequel je suis véritablement présent avec mon corps, mon sang, mon âme et ma divinité... Vous mourrez tous, et quand le monde sera fini vous ressusciterez. Après la mort, vous serez jugés sur votre vie..."

Enfin, Jésus revient sur sa conception: "La sainte Vierge Marie, conçue sans péchés, est ma mère. Elle m’a conçu dans son chaste sein par l’opération du Saint-Esprit; elle n'a jamais connu d’homme; elle a toujours été vierge avant, pendant et après ma conception." (Livre 5, chapitre 3)

1-4-Les devoirs des hommes

          1-4-1-Devoirs envers Dieu  (Livre 5, chapitre 2)

Un homme, c’est un être vivant avec un corps et une âme raisonnable. Il a tout reçu de Dieu: l’existence, la vie, le mouvement, la raison. Il y a donc des devoirs essentiels que l'homme  doit obligatoirement remplir vis-à-vis de Celui de qui est son créateur, son bienfaiteur et son Dieu, et de qui il a tout reçu. L'homme est fait pour vivre uni à Dieu; ne pas agir ainsi, c'est manquer sa fin, c'est n'être pas homme. L’homme sans religion n'est pas un homme. L'homme doit avoir une religion, et les chrétiens doivent travailler à faire connaître à tous les hommes la vraie religion; cela, c'est la véritable charité: "Allez, enseignez toutes les nations!"

          1-4-2-Devoirs de l'homme envers lui-même et les autres hommes

Jésus dit: "L'homme a des devoirs envers lui-même. Or, un homme sans religion ne remplit pas ses devoirs envers lui-même. Il ne se rend pas Dieu propice, il n’attire pas sur lui ses bénédictions, il ne travaille point pour l’éternité... il ne marche pas dans la voie du salut, mais vers l’éternelle damnation... "

L'homme a aussi des devoirs envers ses semblables. En effet, un homme sans religion ne peut s’acquitter entièrement de ses devoirs envers la société, devoirs dictés par la charité ou par la justice; il se trompe souvent et il travaille avec trop d'égoïsme. L'homme est fait pour vivre en société, et l'homme sans religion, loin d’entretenir et de vivifier la société, travaille à sa perte. "Oui, ma fille, dit Jésus, vainement parmi les hommes on se persuade qu’un homme sans religion a de la probité, qu'il est juste, honnête, charitable, bon; il n’en est rien, la religion seule donne force à ces vertus. Là où il n'y a point de religion, il n'y a en général que duplicité, égoïsme, mensonge."

Remarque: On ne peut manquer de noter combien ces enseignements de Jésus, donnés dans la première moitié du 19ème siècle, sont toujours d'une étonnante et brûlante actualité.

Jésus poursuit: "La religion, ma fille, est le seul véritable lien de la société... Elle est le lien entre l'homme et les anges, ministres de Dieu pour le service et le bonheur de l'homme. Elle est le lien entre  tous les hommes jusque dans l'éternité..."

Mais il y a plus. Jésus affirme que "la religion ne consiste pas seulement dans l’accomplissement des devoirs fixés par Dieu. Dieu a voulu faire de la religion une inclination, un mouvement du cœur, une habitude de l'âme qui pousse l'homme à accomplir ses devoirs de religion. Cette habitude, cette inclination, cette vertu de religion, donnée à toute âme avec la grâce sanctifiante, lui facilite l’accomplissement de ses devoirs, et l'aide à croître et à grandir..."   (Livre 5, chapitre 2)

L'homme ne peut pas, avec ses seules forces humaines, accomplir ses devoirs envers Dieu et envers les autres hommes. Aussi, depuis l'origine, Dieu a-t-il mis dans le cœur de chaque homme, des vertus qui lui permettent d'accomplir la loi de vie, ce que l'on appelle la loi naturelle. L'origine du malheur étant le péché, et surtout le péché d'orgueil de Lucifer, la plus grande des vertus que Dieu a confiée aux l'homme, la plus difficile aussi, est l'humilité. Avant d'entrer dans le détails de la religion chrétienne, nous nous arrêterons longuement sur cette vertu d'humilité.


[1] Peut-être une allusion discrète aux anciens dieux égyptiens.
[2] Comme l'étaient, notamment, les dieux des mythologies grecques ou romaines.

   

 

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