Chapitre V
La religion chrétienne
2
Les épreuves et les luttes
de la vie chrétienne
(Livre 7, chapitre
1)
2-1-Une vie de labeur
La vie chrétienne est certes, une vie
de prière. Mais la vie chrétienne est aussi la vie de tous les
jours, avec ses joies et ses épreuves. Un jour, le Sauveur
Jésus s'adressa à Marie Lataste: "Ma fille, la vie de l’homme
sur la terre est un labeur, une lutte contre lui-même. La vie
est un pèlerinage, le monde un lieu d’exil, le corps une prison.
C'est pour cela que, selon ma parole, 'le royaume du ciel
souffre violence'... La vie de l'homme est sujette à des
changements continuels: il marche tantôt avec force et courage
et tantôt avec faiblesse et lâcheté. Aujourd'hui, il est plein
de feu; demain, sans mouvement. Quelquefois il s’élève et semble
pénétrer les cieux par la sublimité et la grandeur des
aspirations de son âme; quelques instants après il rampe terre à
terre... Il rayonne de joie... et bientôt son front est
obscurci par le trouble et le chagrin..."
C'est que Dieu veut éprouver l'homme.
Parfois, il semble se retirer avec ses grâces, il semble
abandonner les âmes, afin qu'elles sentent mieux leur misère et
pour leur montrer combien elles sont impuissantes sans lui.
Dieu veut faire comprendre aux hommes que la perfection n'existe
pas sur la terre, et qu'il faut toujours combattre. Dieu agit
ainsi afin que l’âme se détache le plus possible de ce qui est
terrestre pour ne s’attacher qu'à Dieu. Dieu agit ainsi afin
que, dans les moments de sécheresse, l'âme se tourne vers lui.
Et Jésus donne un grand conseil: "C'est pourquoi, ma fille,
dans quelque état que vous vous trouviez, ayez toujours soin de
penser à Dieu. Faites un doux effort pour aller vers lui. Jetez
vers lui un cri d’alarme, ou bien tenez-vous en sa présence,
ramenez votre esprit vers lui. Oubliez tout le reste; peines,
chagrins, afflictions, travaux, exercices de piété; si vous êtes
unie à Dieu, tout ira bien. Votre vie pourra être laborieuse,
c’est-à-dire pénible, mais ce labeur vous portera vers Dieu et
vous engendrera à la gloire." (Livre 7, chapitre 1)
2-2-Dieu éprouve les âmes justes
(Livre 7, chapitre 2)
2-2-1-Les
épreuves corporelles et matérielles
Pourquoi les âmes justes sont-elles
éprouvées? Jésus répond à Marie Lataste: "Ma fille... il y a
deux sortes d’épreuves: les unes regardent le corps ou la vie
matérielle, les autres regardent l'âme ou la vie surnaturelle.
Les épreuves ne sont pas un mal, les âmes intérieures le
comprennent bien, mais les mondaines ne le comprennent pas. Leur
parler d’épreuves, de souffrances, de tribulations, de
pénitences, c'est leur tenir un langage barbare qu'elles ne
veulent point écouter. Ce sont des aveugles qui ne voient point
dans la vie intérieure; ce sont des sourds qui ferment leurs
oreilles et qui n’entendent point la parole de la vie
intérieure... Vous, ma fille, vous n'appartenez pas au monde...
vous comprendrez que les épreuves sont pour votre bien...
Les épreuves du corps ou de la vie
matérielle sont les infirmités, les souffrances, les maladies.
Que de saints, dans le ciel, doivent leur salut à ces
épreuves!... Les épreuves du corps ou de la vie matérielle sont
encore la perte d’un ami, d’un père ou d’une mère, d’un frère ou
d’une sœur. La mort, ma fille, ne frappe pas seulement le cœur,
elle frappe aussi l’esprit. Elle fait faire des réflexions
sérieuses, tourne l’esprit vers Dieu, l’attache à lui, et par ce
moyen fait suivre la voie de la vérité.
Les épreuves du corps ou de la vie
matérielle sont encore la pauvreté... la perte de sa fortune et
de ses richesses... C'est une grande grâce que Dieu fait souvent
au riche de lui enlever ses richesses. Il lui montre que rien
n'est stable ici-bas... mais qu’on doit plutôt s’abandonner
complètement à Dieu et n’aimer que lui."
(Livre 7, chapitre 2)
2-2-2-Les
épreuves de l'âme
Le contenu du chapitre 2 du Livre 7
s'adresse surtout à des âmes très avancées dans la vie
spirituelle, et vivant dans le contexte très particulier de la
première moitié du 19ème siècle. Il risque de ne pas
être bien compris par les chrétiens du 21ème siècle,
généralement peu instruits religieusement. Aussi, ne
donnerons-nous ici qu'un bref résumé des paroles de Jésus; et
nous renvoyons les personnes intéressées, au livre 7 des
ouvrages de Marie Lataste.
Jésus dit que les épreuves de l'âme
sont les scrupules liés aux tentations du démon, tentations qui
peuvent aboutir à la privation de la présence sensible de Dieu.
L'esprit de cette âme se remplit d’épaisses ténèbres, et elle se
demande si elle jouit encore de l’amitié de Dieu ou bien si elle
est en état de péché mortel. Néanmoins elle demeure aveuglément
soumise à la volonté de Dieu. Cet état dure plus ou moins
longtemps selon la volonté de Dieu. Toutefois, même dans cet
état, l'âme doit demeurer joyeuse et fervente. Mais c'est là
chose rare. Heureuses les âmes qui conservent leur joie, et qui
restent soumises à la volonté de Dieu!
Dieu n'éprouve les âmes que pour leur
bien. Aussi Jésus conseille-t-il à Marie Lataste: "Quand il
vous surviendra des épreuves dans votre vie, supportez-les
patiemment et avec courage, pensant que Dieu ne vous les envoie
que pour votre bien." (Livre 7, chapitre 2)
2-2-3-Les
tromperies de Satan (Livre
7, chapitre 3)
Marie Lataste se demandait pourquoi
les justes étaient soumis à tant d'épreuves. Elle cherchait
aussi la signification d'une phrase rencontrée dans les psaumes:
"Ils m’ont tendu un piège en secret dans le chemin que je
suivais." Le Sauveur Jésus lui dit: "Ma fille, la vie de
l'homme est pleine de combats et de tentations. Il faut
nécessairement combattre ou mourir... Pour conserver sa vie, il
faut vaincre ses ennemis dans le combat... Voilà la situation de
l'homme en face du démon qui, poursuivant sa révolte contre
Dieu... veut l'entraîner avec lui. Pour cela il sème partout des
embûches et des pièges pour l’entraîner au péché. Voilà pourquoi
le prophète s’écriait: 'Ils m’ont tendu un piège en secret...'
Par ce secret et ce chemin, le
prophète entend l’intérieur de son âme et sa vie. Là, tout est
caché, tout est secret entre Dieu et l'homme. L’âme vit là de sa
vie cachée et ignorée, et Dieu la conduit. Mais voici un autre
guide, un autre directeur qui se présente et qui s’oppose à
Dieu, c'est Satan. Dieu indique la voie, et suivre cette voie
c'est marcher à la vie. Satan approche, montre une autre voie
qui semble plus brillante que la voie de Dieu, mais qui en
vérité conduit à la mort. Pour entraîner l'âme, il emploie toute
sorte de ruses... Malheur à qui suit la voie qu'il indique!...
La vie intérieure, le secret,
ressemble à un chemin caché, inconnu, souterrain... Dieu seul a
le droit de pénétrer cette retraite de l'âme, et Il gagne
l’amitié de l'âme par la douceur de sa présence et les
consolations qu'il lui fait goûter. Mais afin d’éprouver la
fermeté de l’attachement et de l’amour de l'âme, il se plaît à
lui retirer le bonheur de sa présence et il permet au démon de
la tenter. Le démon aussitôt représente à l'âme les rudes
combats que Dieu va lui livrer... et il lui dépeint la vie des
personnes qui suivent le monde comme pleine de charmes et de
bonheur. Il l’engage à embrasser cette vie."
Jésus décrit alors le bonheur des âmes
ayant des tentations contre la chasteté, mais qui savent
s’humilier devant Dieu, et Lui rester fidèles malgré les menaces
du démon: pensées déshonnêtes et indécentes, ou représentations
de l’imagination. Heureuses ces âmes qui pensent à la mort de
Jésus sur le calvaire! Sa croix les sauvera. Le démon attaque
aussi en inspirant des sentiments de crainte, en montrant à
l'âme sa faiblesse, et en l’exagérant à l’extrême. Si l'âme
ainsi tentée a mis le démon en déroute, ce dernier lui
représente cette victoire comme une preuve de sa force et c'est
l'orgueil. Si l'âme se rappelle son extrême petitesse et
résiste, le démon l’engagera à des actes de vertu excessifs,
mais dépourvus de discrétion et de discernement. Que l'âme alors
demande des conseils et qu'elle s'y soumette.
Si l'âme a su, grâce à Dieu, résister
à toutes les tentations, Satan peut lancer un assaut général
contre toutes les forces de l'âme, par la sensualité, l’orgueil,
la crainte ou la présomption. Les pièges sataniques sont tendus
partout sur le chemin de l'âme, le démon cherchant à la réduire
en esclavage. Jésus met Marie Lataste en garde: "Ô ma fille!
soyez toujours attentives aux pièges que le démon vous tendra
sur le chemin de votre vie... Observez moins votre vie
extérieure que votre vie intérieure, moins vos ennemis du dehors
que ceux du dedans. Rappelez-vous qu'un piège est tendu sur le
chemin que vous parcourez.
Les tentations viennent du démon;
elles viennent aussi de la nature corrompue par le péché...
C'est cette inclination au mal qui a été combattue par tous les
saints et changée en eux et par eux avec ma grâce en une
inclinaison vers le bien... La tentation n'est donc pas un mal
par elle-même, qu'elle vienne du démon ou de la nature
corrompue... La tentation ne devient péché que lorsqu'on y
succombe."
D'où les conseils de Jésus: "Quand
vous serez attaquée par une tentation, venez, courez vers moi,
pour l’empêcher d’entrer dans votre cœur... tenez votre volonté
fortement attachée à Dieu. Pour pécher, il faut le consentement
de la volonté et si votre volonté est attachée à Dieu, elle ne
le sera point à la tentation, et par conséquent vous n’aurez
point péché. Quand toutes les puissances de votre âme seraient
absorbées par une tentation... si votre volonté ne prête point
son consentement, soyez tranquille, vous n’avez point péché.
Pour le péché, il faut matière
suffisante, advertance de l’esprit et consentement de la
volonté; à ces trois choses, vous reconnaîtrez toujours votre
culpabilité ou votre innocence."
D'où la nécessité de tenir sa volonté
ferme à l'heure de la tentation. Il ne faut jamais se
décourager, mais garder toujours confiance et abandon à Dieu. Il
ne faut juger personne pour ne point pécher contre la charité,
car Dieu seul connaît le fond des cœurs. L’inadvertance,
l’ignorance ou tout autre motif connu de Dieu peuvent diminuer
la gravité des péchés. Il faut cependant savoir écouter ceux qui
sont dans la peine, pour les calmer et les soulager.
Jésus conclut: "Faites tout cela,
ma fille, sans préoccupation, avec calme, en rendant à César ce
qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. À César,
c’est-à-dire à vous-même, le mépris, l’humiliation et la
reconnaissance de votre néant; à Dieu ce qui est à Dieu,
c’est-à-dire tout le bien qui est en vous, parce qu'il en est le
principe et que vous avez eu besoin de sa grâce pour l’opérer."
(Livre 7, chapitre 3)
2-2-4-La
grâce de Dieu (Livre 7,
chapitre 14)
Les enseignements de Jésus à Marie
Lataste sont d'une clarté exceptionnelle. Mais quand il veut
traiter de sujets très difficiles, comme, par exemple, de la
grâce de Dieu, il envoie à son élève, des visions très ciblées.
Ainsi, Marie fut un jour invitée à descendre dans une fosse
large, ronde, et d’une grande profondeur, étrange image de son
propre cœur où elle avait reçu Jésus. L’intérieur de cette fosse
avait un très bel aspect. Comme il n’y avait ni escalier ni
échelle pour descendre, Marie s'accrochait aux sculptures, ce
qui ne lui permettait pas de descendre vite. Quand elle fut à
peu près au milieu, Jésus qui était en haut, sur le bord de la
fosse, lui fit parvenir le bout d’une chaîne d’or qu’il tenait
lui-même. Marie saisit la corde et arriva jusqu'au bas de la
fosse recouvert de sable.
L'ange gardien de Marie vint près
d'elle et lui dit:
– "Vous êtes heureuse des grâces
nombreuses que Dieu vous accorde.
– Oui, mon ange, Dieu est plein de
bonté pour moi.
– Ne mettez jamais d’obstacles à ses
grâces.
– Et comment faut-il faire pour cela?
– Suivre toujours l’attrait qui vous
sera donné et demeurer sans cesse dans la plus profonde
humilité. Vous allez soutenir ici un grand combat.
– Comment pourrai-je combattre, je
n’ai rien pour me défendre?
– Je vous ai apporté une croix;
tenez-vous fortement à la chaîne que vous avez en main; on
voudra vous en détacher, mais avec la croix vous éloignerez tous
ceux qui approcheront de vous."
Marie saisit la croix que lui
présentait son ange. Elle raconte: "Aussitôt le sable se
souleva et une bête immense... sortit de dessous terre et vint
se coucher devant moi... Son corps était développé comme celui
d’un bœuf, mais les jambes étaient plus courtes; sa tête
ressemblait aussi à la tête d’un bœuf. Elle avait plusieurs
cornes grandes et petites; ses yeux ressemblaient à ceux du
bœuf; sa gueule était très fendue; il en sortait une langue
d’une longueur démesurée qui se terminait par deux pointes très
affilées. Elle portait sur le dos une ville, où je ne vis que
des maisons de danse et de théâtre."
La bête lançait vers Marie des lances
et des balles que Marie repoussait avec la croix. Les balles et
les lances, en rebondissant, blessaient la bête. Bientôt survint
une multitude considérable d’agresseurs qui ressemblaient à des
hommes. Quand ils s’approchaient d'elle, Marie leur présentait
la croix, ils se retiraient. Ils furent remplacés par d'autres
hommes, plus grands et plus menaçants. Ils cherchèrent à
arracher la chaîne d'or, mais la croix les mit en fuite. La bête
qui était toujours là s'approcha doucement... Marie la frappa
avec la croix. Le combat dura longtemps jusqu'à ce que de
nombreux corbeaux s’abattissent sur Marie, cherchant à lui
crever les yeux. Marie tira sur la chaîne et cria vers le
Sauveur Jésus. Immédiatement une grêle de plomb tomba d’en haut
sur les corbeaux et les tua tous. La bête jeta une nouvelle
lance qui fut repoussée trois fois de suite avec la croix;
enfin, elle mourut.
Après le combat, Marie Lataste eut
l'impression que son âme, tout heureuse, s’élevait vers Jésus.
Elle monta avec lui dans un char de lumière qui s’éleva vers le
ciel jusqu'à un autel magnifique autour duquel se trouvaient des
trônes. Jésus dit: "Voyez ces trônes, ma fille. Les uns sont
plus élevés que les autres; plus vous vous élèverez en sainteté,
plus aussi le trône qui vous sera donné pour récompense sera
élevé et se rapprochera du trône de la Divinité." (Livre 7,
chapitre 14)
2-2-5-Considérations
sur le scrupule (Livre 7,
chapitre 4)
Parmi les grands épreuves auxquelles
des âmes justes peuvent être confrontées, il y a le scrupule.
Jésus explique à Marie Lataste l'origine du scrupule et comment
il se manifeste. Il lui dit: "Ma fille, je suis la lumière
des âmes; celle qui ne vit que de moi, marche dans la vérité;
ses actions sont pleines de vérité et demeurent fermes comme la
vérité. Je suis pour l'âme comme une lumière claire, brillante,
comme un feu ardent qui la réchauffe et la vivifie. Or,
quelquefois il sort de cette lumière et de ce feu une fumée plus
ou moins épaisse qui empêche l'âme de voir clairement... Cette
fumée n'est point produite par la lumière ni par le feu que
j’apporte dans l’âme quand je suis avec elle; elle est produite
par l'âme elle-même que pénètrent ce feu et cette lumière.
Le scrupuleux est celui qui juge
faussement le jugement de sa conscience... Il se fait comme une
ombre dans son intelligence,... qui l’empêche de voir la vérité.
Ainsi, après avoir posé un acte bon l’intelligence le juge
mauvais... Cette maladie vient de ce que ces âmes ne me sont pas
unies en tout et pour tout; elles ne savent pas me trouver. Il y
a en elles défaillance dans l’amour qu'elles doivent avoir pour
moi. Elles ne savent pas regarder en face la vérité...
Néanmoins, ma fille, ces âmes ne sont que malades et elles
désirent guérir, car leur maladie est un tourment très pénible
qui leur cause une souffrance extrême... Il n'y a pas en elles
de simplicité, d’abandon, elles ne sont pas vis-à-vis de moi
comme des enfants vis-à-vis de leurs mères. Cet état peut être
utile pour ces âmes, il peut leur être aussi très funeste.
Cet état est utile quand il est
accepté; il est funeste, quand l'âme veut secouer ce joug pour
marcher... malgré l’obscurité; elle tombent alors dans le
désespoir. Les âmes scrupuleuses, quand elles perdent leurs
scrupules et qu'elles entrevoient clairement la vérité,
deviennent des âmes d'une haute sainteté; mais quand elles
ferment complètement les yeux à cette vérité, elles tombent dans
toutes sortes de péchés et se séparent complètement de Dieu.
Jésus va aller encore plus loin dans
la description de cette maladie qu'est le scrupule. Il explique
qu'il y a deux cas dans lesquels le scrupule vient prendre
possession d'une âme: quand une âme commence à se donner à Dieu;
quand une âme marche déjà dans la pratique et l’exercice de
toutes les vertus. Jésus dit:
"Quand une âme commence à se donner à
Dieu, elle aime le Seigneur, mais elle ne laisse pas
suffisamment sa lumière entrer en elle... et son intelligence,
prend l’ombre pour les ténèbres, trouve le mal là où il n'est
pas. Elle peut abandonner complètement la voie qui mène au ciel;
il faut donc à cette âme beaucoup de patience, une grande
humilité, surtout une obéissance entière en celui qui la
dirige... Le scrupule ne résiste pas à l’humilité, et
l’obéissance le chasse..."
Le scrupule s’empare aussi des âmes
qui déjà marchent depuis longtemps dans la pratique des
vertus... Elles croient s’être séparées de moi et ne plus
marcher à la clarté de ma lumière. Ce trouble est... de toutes
les épreuves auxquelles elles peuvent être exposées, la plus
rude et la plus terrible. Dieu permet cela bien souvent pour le
plus grand bien de ces âmes, pour les exercer à une plus grande
humilité, pour se les attacher davantage... Il faut surtout
qu'elles se défient d’elles-mêmes, de leur manière de voir...
Alors, se renonçant elles-mêmes, l’humilité grandira, et le
scrupule, qui le plus souvent naît de l’orgueil... et de
l’obstination pour sa manière de voir et de juger, le scrupule
disparaîtra."
Le meilleur moyen pour guérir un
scrupuleux, c'est de lui montrer la vérité puisque le scrupule
est l’erreur dans un jugement porté par l’intelligence. Le
second remède, c'est l'amour de cette vérité connue. Là où se
trouve l’amour, là, n’existent point la crainte ni le trouble.
La vérité, sous quelque aspect qu'elle se présente, ne produit
jamais le mal. À cela il convient d'ajouter la prière, la
soumission complète à la volonté de Dieu et la plus grande
humilité.
Petites remarques de Jésus: "Quand
on pèche mortellement, on le sait bien, on s’en aperçoit, parce
qu'il faut pour cela un plein consentement de la volonté... Si
ce consentement donné n'est pas pour vous une chose certaine, ne
vous arrêtez pas à examiner si vous l’avez donné ou non. Le
démon ne cherche que cela, afin de vous troubler... Dîtes: 'Je
ne sais si j’ai péché... Mon Dieu, pitié de moi; je me jette
entre les bras de votre miséricorde et déteste ce péché de tout
mon cœur.' Abandonnez tout dans le sein de la miséricorde de
Dieu, en disant: 'Si j’ai péché, mon Dieu, pardonnez-moi; si je
n’ai point péché, préservez-moi à l’avenir de toute faute et
conservez-moi la paix de l’âme'..." (Livre 7, chapitre 4)
2-2-6-Que
faire pendant les épreuves?
(Livre 7, chapitre 5)
Marie Lataste se sentait faible,
languissante, exténuée. Jésus lui rappela alors que la vie était
parsemée de peines et de contradictions, qu'elle n'était encore
qu’au commencement de ses tribulations, et que ce qu'elle
éprouvait n'était que peu de chose en comparaison de ce qui
l'attendait. La patience lui donnera la force nécessaire. Jésus
lui dit: "Combattez toujours, les combats rendent puissant et
vigoureux... Abandonnez-vous à ma miséricorde... Regardez-moi
portant la croix sur le chemin du Calvaire; regardez-moi attaché
à cette croix, les mains et les pieds percés, mon côté ouvert.
Ma vue sera pour vous comme un bâton sur lequel vous vous
appuierez. Pensez ensuite que vous n'êtes point seule soumise à
ces rudes épreuves, qu'elles sont communes à tous les enfants de
Dieu... Espérez en Dieu... Acceptez ces épreuves avec
reconnaissance, et désirez souffrir toujours davantage pour
accroître de plus en plus vos mérites, et devenir une image
frappante de votre Rédempteur." (Livre 7, chapitre 5)
2-3-Les souffrances des hommes
(Livre 7, chapitre 6)
Jésus passe alors en revue les
épreuves et les souffrances qui, au long des siècles ont
accablé les hommes. Jésus parle à Marie Lataste: "Ma fille
les années s’écoulent; les siècles s’accumulent et les hommes se
succèdent. J’ai jeté un regard sur la terre, et j’ai vu tous les
hommes passer leurs jours dans la peine et la douleur, arroser
la terre de l’eau de leur sueur et de leurs larmes.
2-3-1-La
souffrance des enfants
L’enfant, à peine sorti du sein de sa
mère... commence sa vie par les larmes... Pendant les premières
années de sa vie, n’ayant pas assez de connaissance pour qu'il
éprouve de grandes souffrances, son jeune cœur ne laisse pas
d’être affligé par des déplaisirs enfantins... et les larmes
qu'il répand pour ces déplaisirs ne sont qu'un apprentissage..."
2-3-2-Les
souffrances de tous les hommes
Jésus examine la vie des hommes:
"Tous les hommes: riches ou pauvres, puissants ou faibles,
ignorants ou savants... tous sont soumis à la peine, à la
souffrance, à la tribulation... Oui, ma fille, il y a des peines
pour tous, pour les justes comme pour les pécheurs, pour les
parfaits comme pour les imparfaits. L'homme a été condamné à la
souffrance à cause de sa révolte contre Dieu, et la souffrance
s’est répandue sur le monde comme une malédiction portée contre
le péché. Mais n'oubliez pas la miséricorde de Dieu! La
souffrance, qui était malédiction, Dieu l'a rendue bénédiction
pour l'homme. Acceptez la souffrance, ma fille; elle expiera
tous vos péchés... acceptez la souffrance; elle vous méritera un
poids éternel de gloire dans le ciel... Acceptez la souffrance;
elle vous unira à Dieu sur la terre et dans le Ciel."
(Livre 7, chapitre 6)
2-3-3-Valeur
de la souffrance (Livre 7,
chapitre 7)
Jésus dit un jour à Marie Lataste:
"L'homme est condamné à la souffrance... chaque jour, à travers
quelque peine, quelque contradiction, quelque malheur qui leur
sont envoyés par Dieu. L’homme est sur la terre comme plongé
dans une mer de misère, de peine, d’amertume. Il a péché, il
pèche chaque jour, il faut que chaque jour aussi il porte la
croix qui doit le sauver... Dieu lui ménage chaque jour quelque
douleur pour qu'il la lui offre en expiation de ses péchés...
Mais ce mal n'est pas un mal; c'est un bien pour celui qui
l’accepte de bon cœur... qui élève ses yeux au-dessus de la
terre pour monter jusqu’à Dieu... qui ne murmure pas et me prend
pour modèle... Heureux est-il! Il sera élevé par sa croix
au-dessus de la terre, il sera rapproché de Dieu, et sa mort
sera une naissance à la vie de la gloire.
Ma fille, soyez de ce nombre...
Surpassez, par votre courage, les hommes lâches qui craignent
les incommodités de la vie, les sacrifices, les peines et les
pleurs, et ne cherchent en tout que leurs satisfactions et leurs
aises... Vos peines, vos tribulations, vos pleurs auront un
terme... mais quand vous vous présenterez à Dieu, vous vous
réjouirez, parce que vous aurez bien accompli sa loi et ses
desseins sur vous, et il vous introduira dans ses tabernacles
éternels." (Livre 7,
chapitre 7)
2-3-4-Pourquoi
s'affliger dans la souffrance?
(Livre 7, chapitre 10)
Jésus parle des trois sortes
d’afflictions qui font souffrir les hommes. Jésus a dit:
"Bienheureux ceux qui pleurent, bienheureux ceux qui souffrent
persécution!" Pourtant tant d'hommes s'affligent lorsqu'ils
ont perdu leur fortune, leur position, ou parce qu’ils sont
délaissés. "Ah! dit Jésus, s'ils comprenaient que Dieu
veut les détacher des biens passagers de la terre pour les unir
à lui et être leur souverain bien! Pourquoi l'homme
s’afflige-t-il? Parce qu'il a perdu un père, une mère... Mais la
mort n'est pas une séparation éternelle... Pourquoi donc
pleurer? Ne devriez-vous pas plutôt vous réjouir de ce qu'ils
ont quitté le lieu de l’exil pour aller se reposer en Dieu? Non,
il ne faut point pleurer un mort s'il est en état de grâce; s'il
est en état de péché mortel, alors pleurez, pleurez encore, vos
larmes sont justes; mais ne pleurez pas seulement sur lui,
pleurez aussi sur vous qui êtes pécheurs, et craignez d'avoir un
jour un sort pareil au sien, si vous continuez à vivre dans le
péché.
L'homme s’afflige quand il est dans la
souffrance, parce que son corps éprouve des douleurs immenses,
ou parce que son âme est torturée par les tentations, le dégoût
et l'ennui. Et cependant tous ces maux sont un bien... Ma fille,
je vous le dis en vérité, il n'y a qu'un seul mal sur la
terre, c'est le péché. Tout le reste est bien ou source de
bien... tout le reste porte à Dieu et unit à lui. Heureux qui le
sait et ne l’oublie pas..."
(Livre 7, chapitre 10)
2-3-5-La
tristesse (Livre 7,
chapitre 11)
Jésus parle des deux sortes de
tristesse, dont l'une est expressément défendue, tandis que
l’autre est fortement recommandée. Jésus s'explique: "La
tristesse défendue abat l’âme, lui inspire le dégoût de toutes
choses; elle lui enlève sa force, sa ferveur, la rend craintive,
pusillanime et incapable d’opérer le bien. Le démon inspire
cette tristesse, et, quand il l’a assise dans une âme... il la
retire de Dieu... Que de ravages cette tristesse produit dans
une âme! Tous peuvent y être soumis, mais tous doivent la
rejeter, la repousser, car elle ne vaut rien, ses fruits sont
mauvais. Comme il faut jeter au feu un arbre qui ne produit pas
de bons fruits et le jeter au feu, il faut renvoyer cette
tristesse ou l’abandonner à Satan qui l’a inspirée."
Ici nous devons nous arrêter un
instant. Aujourd'hui, en 2010, nous sommes bien obligés de
constater que les adolescents et les jeunes adultes, et même
ceux qui sont nés entre 1960 et 1980, sont incroyablement
tristes. Cette tristesse est mauvaise, car elle conduit trop
souvent aux fausses joies: alcool, drogue, sexe, et même au
suicide. L'enseignement de Jésus, doux et humble de Cœur est une
délivrance et non un fardeau. Comment le donner, cet
enseignement béni, à nos générations privées de Dieu et acculées
au désespoir? Mais écoutons encore Jésus. Il dit:
"Il y a une autre sorte de tristesse
qui est bonne et qui produit de bons fruits. Cette tristesse
n’abat point l’âme, elle la relève; elle ne la sépare point de
Dieu, elle l’unit à lui; elle n’excite point le dégoût, mas
l’amour pour Dieu. Cette tristesse donne le regret de ses
péchés. Elle fait verser des larmes de douleur et de
componction; elle remplit de force, de courage et de confiance.
Ô sainte tristesse! Heureuses les âmes qui ont cette tristesse
et qui sont tristes jusqu'à la mort, c’est-à-dire jusqu'à la
séparation de toutes choses! Cette tristesse convient aux âmes
pécheresses afin qu'elles quittent leur état de péché; elle
convient aux âmes justes afin qu'elles gémissent sur leur exil
et soupirent après la patrie. Cette tristesse est bonne; je vous
la recommande, ma fille; elle vous préservera des joies de la
terre et vous fera obtenir celles du ciel."
(Livre 7, chapitre 11)
2-3-6-Le
dégoût (Livre 7, chapitre
12)
Jésus va affiner son enseignement en
traitant du dégoût qui est souvent proche de la tristesse. Il
dit: "Il y a deux sortes de dégoûts de la vie, comme il y a
deux sortes de tristesses. Leurs effets sont différents: les uns
sont bons et les autres mauvais. Vous devez repousser le dégoût
de la vie qui produit de mauvais effets, mais vous devez
accepter l'autre et chercher à l'exciter en vous.
Quand le dégoût de la vie produit en
vous l’accablement, le découragement, l’affaiblissement dans le
service de Dieu, il faut le rejeter et le combattre, parce qu’il
vient d’un mauvais principe.
Quand le dégoût de la vie vous rend
plus fervents, plus fidèles, plus attachés à Dieu, il faut
l'entretenir et l'alimenter en votre âme, parce qu'il vient d’un
bon principe."
Et s'adressant à Marie Lataste, Jésus
ajouta: "Ne soyez jamais dégoûtée de la vie, ma fille, à
cause de ses misères ou des tentations que vous devrez
supporter; ce dégoût accablerait votre âme et finirait par
l’abattre. Si, au contraire, le dégoût que vous éprouvez vient
du désir de voir Dieu et de l’aimer plus parfaitement, de la
crainte de l’offenser, s’il vous rend plus vigilante pour éviter
le mal, plus attentive pour opérer le bien, acceptez-le..."
(Livre 7, chapitre 12)
À cet enseignement de Jésus nous
pourrions ajouter que nous ne devons pas craindre le dégoût que
nous inspirent nos sociétés contemporaines privées de Dieu et
livrées à Satan.
2-4-De la pénitence et des sacrifices
(Livre 7, chapitre 8)
Ce jour-là, Jésus aborda avec Marie
Lataste un sujet que la plupart des hommes d'aujourd'hui
rejettent: il s'agit de la pénitence. Pourtant Jésus développe
ce sujet d'une manière inattendue qui rend la pénitence et les
mortifications accessibles à tout le monde. Jésus dit d'abord:
"La souffrance ou les mortifications que Dieu envoie sont
très bonnes puisqu’elles perfectionnent les hommes en les
retirant du péché et leur faisant pratiquer la vertu. Je veux
vous parler aujourd'hui des pénitences que l'homme peut et doit
s’imposer à lui-même...
Il y a trois sortes de pénitences: la
mortification, la prière et l’aumône... Ces trois choses n’en
forment qu’une, parce que les deux dernières sont renfermées
dans la première..."
Ce discours parut étrange à Marie qui
ne comprenait pas comment la prière et l'aumône étaient une
mortification. Jésus ayant perçu son trouble, lui dit:
"Écoutez-moi avec attention... La souffrance que Dieu envoie à
l'homme ce n'est rien d'autre que la séparation d’une partie de
l'homme que Dieu s’est choisie, qu'il veut pour lui, mais autant
que l'homme la lui offrira. La mortification que l'homme
s’impose à lui-même, c'est la séparation d’une partie de ce qui
appartient à l'homme et dont il se défait pour l’offrir à Dieu.
Voilà la mortification, telle que le chrétien devrait
l’envisager."
2-4-1-Ce
qu'opèrent les mortifications
La mortification prend en partie ce
qui appartient à l'homme pour le donner à Dieu... et être
entièrement uni à Dieu. Jésus explique encore: "Toutes les
mortifications consistent dans le jeûne. Jeûner, ce n'est pas
seulement se priver de certains aliments, ce n'est pas seulement
se priver de toutes les commodités de la vie du corps. Non, ce
jeûne est uniquement matériel, corporel, il n’affecte que les
sens.
Le jeûne véritable est celui qui
saisit l’âme, qui saisit les facultés et les enchaîne contre le
mal pour leur donner l’essor et l’élan vers le bien. Voilà le
jeûne véritable, le jeûne le plus méritoire, le jeûne dont tout
le monde est capable, le jeûne qui me plaît le plus et qui est
le plus agréable à mon Père..."
Aussi Jésus s'attarde-t-il peu sur les
mortifications extérieures ou le jeûne purement corporel. Il se
contente de quelques réflexions étonnantes et ne parle de ces
mortifications ou de ce jeûne, que pour nous éclairer. Il dit:
"Il vous est permis d’user des choses qui ne sont point
nécessaires pour votre vie, mais de pur agrément; car si Dieu
les a faites, c'est pour votre usage. Mais vous ne pouvez point
sans péché vous attacher immodérément au plaisir que vous
trouveriez en cet usage... User de ce que le bon Dieu vous a
donné, avec plaisir, mais sans le lui offrir, c'est chose
imparfaite. En user avec plaisir, mais en Dieu, selon Dieu et
pour Dieu, c'est chose bonne. S’en priver par mortification et
pour l'amour de Dieu, c'est jeûner, et ce jeûne est chose
parfaite.
Il n'en est pas ainsi de l’usage de
votre volonté intérieure. Vous pouvez vouloir ce qui n'est point
défendu et qui est de pur agrément et sans pécher, mais vous ne
pouvez en cela être tellement attachée à votre volonté que vous
ne soyez en rien disposée à céder cette satisfaction de votre
volonté... Satisfaire votre volonté en ce qui n'est ni défendu
ni nécessaire sans l’offrir à Dieu, c'est chose imparfaite.
Satisfaire votre volonté en offrant à Dieu cette satisfaction,
c'est chose bonne. Priver votre volonté de cette satisfaction
par mortification et par amour pour Dieu, c'est jeûner, et ce
jeûne est chose parfaite... C'est offrir à Dieu un sacrifice
d’agréable odeur." D'où
quelques conseils.
2-4-2-Comment
agir en pratique?
Jésus continue son enseignement
surprenant: "Mortifiez votre volonté, faites jeûner votre
volonté, luttez contre vos goûts... vos désirs, vos passions.
Réformez votre intérieur en le dépouillant de lui-même pour y
introduire tout ce qui est de Dieu, et vous l’agrandirez en
réalité. Dépouillez-le, et vous l’enrichirez... Vous le croirez
sans mouvement, mais il reposera en Dieu. C'est là le jeûne
véritable, celui qui acquiert aux âmes des trésors que ni la
rouille ni les voleurs ne peuvent endommager."
2-4-3-Comment
la prière est-elle une pénitence?
Comment la prière est-elle une
pénitence, un jeûne, une mortification? Comment la prière ne
fait qu'une seule chose avec la souffrance? Jésus estime qu'il
faut nécessairement que la prière soit jointe à la souffrance,
et aux jeûnes, sans quoi il n'y a point de mérite, il n'y a
point de vie... Jésus explique à Marie: "Et d’abord, ma
fille, la prière est une mortification; elle est même la plus
grande des mortifications. Je vous ai dit que la mortification,
séparation d'une partie de soi-même pour l’offrir et la
présenter à Dieu est chose parfaite... Or prier, c'est prendre
tout son corps et son âme pour l’offrir en holocauste à Dieu.
Prier, c'est s’humilier, renoncer à soi pour aller à Dieu,
embrasser Dieu, recourir à Dieu.
Tout renoncement est une peine, tout
sacrifice un labeur. Pour prier, il faut se faire violence, à
cause de l’inclination que le péché a mise dans l'homme et qui
tend à le séparer de Dieu, à l’éloigner de Dieu... Quand on
prie, au contraire, on se rappelle Dieu, on se le rappelle avec
tout ce qu'il y a en lui de bonté, de miséricorde et d'amour;
quand on prie, on se rapproche de Dieu par l’esprit, par le
cœurs, par tout son être... on s’unit à Dieu, parce que la
prière est dictée par la confiance et par l’amour qui sont les
liens merveilleux qui unissent Dieu et l'âme. Prier, c'est donc
lutter contre son inclination, c'est se sacrifier, c'est faire
pénitence, et de toutes les pénitences, c'est la plus agréable à
Dieu. La prière ne fait qu'un avec la mortification et la
souffrance, parce qu"elle est elle-même souffrance et
mortification...
Faites pénitence, mais ne présentez
point à Dieu vos pénitences seules... elles ne vous serviraient
de rien. Ces victimes pour Dieu ne peuvent être brûlées,
consumées que par le feu du ciel, c’est-à-dire la prière."
2-4-4-L'aumône
Le troisième moyen de faire pénitence
c'est de donner l’aumône, parce que l’aumône est une
mortification: la privation d'une partie de ce qui est à soi
pour l’offrir à Dieu en la personne des pauvres. La prière est
la vie et le mouvement de la mortification; l’aumône en est la
base et le fondement. Jésus dit: "Ceux qui ne font point
l'aumône, ce sont les avares... les personnes qui ne veulent
rien perdre pour ne rien diminuer de leurs plaisirs et de leurs
satisfactions. Un avare, personne attachée aux biens de ce
monde, n'est point une personne mortifiée."
Maintenant Jésus précise: "Faire
l’aumône... c'est se fier à Dieu et entrer dans les desseins de
Dieu; faire l’aumône, c'est souvent s’imposer des sacrifices,
c'est vouloir diminuer les souffrances d’autrui et les soulager
quelquefois par des privations personnelles.
Il y a deux sortes d’aumônes: l’aumône
corporelle et l’aumône spirituelle. L’aumône corporelle regarde
les corps et leurs nécessités; l’aumône spirituelle regarde les
âmes et leurs besoins.
– Faire l'aumône corporelle, c'est
donner à manger et à boire aux indigents qui ont faim, c'est
vêtir et abriter les indigents qui sont nus et sans asile. Pour
cela, il faut non seulement donner de son superflu, mais encore,
parfois, de ce qui n'est point superflu...
– Faire l’aumône spirituelle, c'est
instruire les ignorants, reprendre les pécheurs, consoler les
affligés. Agir ainsi, ma fille, c'est se disposer à la
mortification, c'est se mortifier réellement... La vertu est
quelquefois sujette à tomber et à défaillir complètement, mais
reprendre les pécheurs, c'est se fortifier soi-même. Celui qui
pleure avec les malheureux renonce pour ainsi dire à son bonheur
pour participer à l’infortune et aux douleurs d’autrui. Agir
ainsi, c'est bien se disposer à la mortification, c'est la
désirer, c'est même être mortifié. Voilà, ma fille, comment
toutes choses se lient et s’enchaînent, comment vous devez voir
et envisager les choses, les comprendre et les aimer."
(Livre 7, chapitre 8)
2-4-5-Les
sacrifices (Livre 7,
chapitre 9)
Mortifications ou sacrifices, ce sont
des mots différents pour exprimer des choses comparables, avec
cependant quelques nuances que Jésus va mettre en évidence.
Ainsi Jésus dit à Marie Lataste: "Ma fille, il y a deux
sortes de sacrifices: les sacrifices forcés, ceux que Dieu
envoie à l'homme, et les sacrifices volontaires que l'homme
s’impose à lui-même. Les sacrifices volontaires sont très
agréables à Dieu; les sacrifices qu’on doit supporter par force
ou par nécessité peuvent lui être réellement agréables, selon
les sentiments de ceux qui les supportent.
Les sacrifices qu'un homme doit
supporter nécessairement, comme la maladie ou n'importe quelle
autre épreuve, sont pour lui une occasion de mérite s'il se
soumet entièrement à la volonté de Dieu. Car en agissant ainsi,
il rend ces sacrifices volontaires... Si, au contraire, cet
homme murmure contre Dieu, et s’élève contre lui... les
sacrifices qu'il doit supporter, bon gré mal gré, seront pour
lui une occasion de punition nouvelle dans le temps ou dans
l’éternité.
Les sacrifices qu'un homme s’impose
volontairement sont ceux qui plaisent le plus à Dieu. Un homme
peut s’imposer des sacrifices pour des motifs purement humains,
ou pour des motifs surnaturels de foi, pour des motifs
surnaturels d’espérance ou d’amour. Celui qui s’impose des
sacrifices pour des motifs purement humains... a déjà reçu sa
récompense dans la vaine gloire, dans l’approbation et les
applaudissements des hommes qu'il recherche et qu'il obtient.
Ceux, au contraire, qui s’imposent des sacrifices... pour éviter
les peines de l’enfer ou du purgatoire et pour gagner le ciel...
ceux-là obtiendront leur but et ne seront pas déçus dans leurs
espérances.
Ceux qui s’imposent des sacrifices...
pour marcher sur mes traces, pour imiter l'exemple que je leur
ai donné, sans aviser à la récompense... ceux-là sont présentés
par moi à mon Père dans le ciel, et mon Père les bénit sur la
terre et les bénira à jamais dans le ciel. Ceux qui s’imposent
des sacrifices... qui se détachent de plus en plus d’eux-mêmes,
uniquement par amour pour Dieu... ceux-là sont les plus
agréables à Dieu. Il vient en eux, il les transforme en lui par
l’effusion de toutes ses grâces, et leur accorde le plus haut
degré de gloire dans le ciel."
(Livre 7, chapitre 9) |