Troisième partie
LES Œuvres
DE Marie Lataste
(1822-1847)

 

Chapitre V

La religion chrétienne

 

2
Les épreuves et les luttes
de la vie chrétienne
(Livre 7, chapitre 1)

   

2-1-Une vie de labeur

La vie chrétienne est certes, une vie de prière. Mais la vie chrétienne est aussi la vie de tous les jours, avec ses joies et ses épreuves.  Un jour, le Sauveur Jésus s'adressa à Marie Lataste: "Ma fille, la vie de l’homme sur la terre est un labeur, une lutte contre lui-même. La vie est un pèlerinage, le monde un lieu d’exil, le corps une prison. C'est pour cela que, selon ma parole, 'le royaume du ciel souffre violence'... La vie de l'homme est sujette à des changements continuels: il marche tantôt avec force et courage et tantôt avec faiblesse et lâcheté. Aujourd'hui, il est plein de feu; demain, sans mouvement. Quelquefois il s’élève et semble pénétrer les cieux par la sublimité et la grandeur des aspirations de son âme; quelques instants après il rampe terre à terre...  Il rayonne de joie... et bientôt son front est obscurci par le trouble et le chagrin..."

C'est que Dieu veut éprouver l'homme. Parfois, il semble se retirer avec ses grâces, il semble abandonner les âmes, afin qu'elles sentent mieux leur misère et pour leur montrer combien elles sont impuissantes sans lui.  Dieu veut faire comprendre aux hommes que la perfection n'existe pas sur la terre, et qu'il faut toujours combattre. Dieu agit ainsi afin que l’âme se détache le plus possible de ce qui est terrestre pour ne s’attacher qu'à Dieu. Dieu agit ainsi afin que, dans les moments de sécheresse, l'âme se tourne vers lui. Et Jésus donne un grand conseil: "C'est pourquoi, ma fille, dans quelque état que vous vous trouviez, ayez toujours soin de penser à Dieu. Faites un doux effort pour aller vers lui. Jetez vers lui un cri d’alarme, ou bien tenez-vous en sa présence, ramenez votre esprit vers lui. Oubliez tout le reste; peines, chagrins, afflictions, travaux, exercices de piété; si vous êtes unie à Dieu, tout ira bien. Votre vie pourra être laborieuse, c’est-à-dire pénible, mais ce labeur vous portera vers Dieu et vous engendrera à la gloire." (Livre 7, chapitre 1)

2-2-Dieu éprouve les âmes justes  (Livre 7, chapitre 2)

          2-2-1-Les épreuves corporelles et matérielles

Pourquoi les âmes justes sont-elles éprouvées? Jésus répond à Marie Lataste: "Ma fille... il y a deux sortes d’épreuves: les unes regardent le corps ou la vie matérielle, les autres regardent l'âme ou la vie surnaturelle. Les épreuves ne sont pas un mal, les âmes intérieures le comprennent bien, mais les mondaines ne le comprennent pas. Leur parler d’épreuves, de souffrances, de tribulations, de pénitences, c'est leur tenir un langage barbare qu'elles ne veulent point écouter. Ce sont des aveugles qui ne voient point dans la vie intérieure; ce sont des sourds qui ferment leurs oreilles et qui n’entendent point la parole de la vie intérieure... Vous, ma fille, vous n'appartenez pas au monde... vous comprendrez que les épreuves sont pour votre bien...

Les épreuves du corps ou de la vie matérielle sont les infirmités, les souffrances, les maladies. Que de saints, dans le ciel, doivent leur salut à ces épreuves!... Les épreuves du corps ou de la vie matérielle sont encore la perte d’un ami, d’un père ou d’une mère, d’un frère ou d’une sœur. La mort, ma fille, ne frappe pas seulement le cœur, elle frappe aussi l’esprit. Elle fait faire des réflexions sérieuses, tourne l’esprit vers Dieu, l’attache à lui, et par ce moyen fait suivre la voie de la vérité.

Les épreuves du corps ou de la vie matérielle sont encore la pauvreté... la perte de sa fortune et de ses richesses... C'est une grande grâce que Dieu fait souvent au riche de lui enlever ses richesses. Il lui montre que rien n'est stable ici-bas... mais qu’on doit plutôt s’abandonner complètement à Dieu et n’aimer que lui." (Livre 7, chapitre 2)

          2-2-2-Les épreuves de l'âme

Le contenu du chapitre 2 du Livre 7 s'adresse surtout à des âmes très avancées dans la vie spirituelle, et vivant dans le contexte très particulier de la première moitié du 19ème siècle. Il risque de ne pas être bien compris par les chrétiens du 21ème siècle, généralement peu instruits religieusement. Aussi, ne donnerons-nous ici qu'un bref résumé des paroles de Jésus; et nous renvoyons les personnes intéressées, au livre 7 des ouvrages de Marie Lataste.

Jésus dit que les épreuves de l'âme sont les scrupules liés aux tentations du démon, tentations qui peuvent aboutir à la privation de la présence sensible de Dieu. L'esprit de cette âme se remplit d’épaisses ténèbres, et elle se demande si elle jouit encore de l’amitié de Dieu ou bien si elle est en état de péché mortel. Néanmoins elle demeure aveuglément soumise à la volonté de Dieu. Cet état dure plus ou moins longtemps selon la volonté de Dieu. Toutefois, même dans cet état, l'âme doit demeurer joyeuse et fervente. Mais c'est là chose rare. Heureuses les âmes qui conservent leur joie, et qui restent soumises à la volonté de Dieu!

Dieu n'éprouve les âmes que pour leur bien. Aussi Jésus conseille-t-il à Marie Lataste: "Quand il vous surviendra des épreuves dans votre vie, supportez-les patiemment et avec courage, pensant que Dieu ne vous les envoie que pour votre bien." (Livre 7, chapitre 2)

          2-2-3-Les tromperies de Satan (Livre 7, chapitre 3)

Marie Lataste se demandait pourquoi les justes étaient soumis à tant d'épreuves. Elle cherchait aussi la signification d'une phrase rencontrée dans les psaumes: "Ils m’ont tendu un piège en secret dans le chemin que je suivais." Le Sauveur Jésus lui dit: "Ma fille, la vie de l'homme est pleine de combats et de tentations. Il faut nécessairement combattre ou mourir... Pour conserver sa vie, il faut vaincre ses ennemis dans le combat... Voilà la situation de l'homme en face du démon qui, poursuivant sa révolte contre Dieu... veut l'entraîner avec lui. Pour cela il sème partout des embûches et des pièges pour l’entraîner au péché. Voilà pourquoi le prophète s’écriait: 'Ils m’ont tendu un piège en secret...'

Par ce secret et ce chemin, le prophète entend l’intérieur de son âme et sa vie. Là, tout est caché, tout est secret entre Dieu et l'homme. L’âme vit là de sa vie cachée et ignorée, et Dieu la conduit. Mais voici un autre guide, un autre directeur qui se présente et qui s’oppose à Dieu, c'est Satan. Dieu indique la voie, et suivre cette voie c'est marcher à la vie. Satan approche, montre une autre voie qui semble plus brillante que la voie de Dieu, mais qui en vérité conduit à la mort. Pour entraîner l'âme, il emploie toute sorte de ruses... Malheur à qui suit la voie qu'il indique!...

La vie intérieure, le secret, ressemble à un chemin caché, inconnu, souterrain... Dieu seul a le droit de pénétrer cette retraite de l'âme, et Il gagne l’amitié de l'âme par la douceur de sa présence et les consolations qu'il lui fait goûter. Mais afin d’éprouver la fermeté de l’attachement et de l’amour de l'âme, il se plaît à lui retirer le bonheur de sa présence et il permet au démon de la tenter. Le démon aussitôt représente à l'âme les rudes combats que Dieu va lui livrer... et il lui dépeint la vie des personnes qui suivent le monde comme pleine de charmes et de bonheur. Il l’engage à embrasser cette vie."

Jésus décrit alors le bonheur des âmes ayant des tentations contre la chasteté, mais qui savent s’humilier devant Dieu, et Lui rester fidèles malgré les menaces du démon: pensées déshonnêtes et indécentes, ou représentations de l’imagination. Heureuses ces âmes qui pensent à la mort de Jésus sur le calvaire! Sa croix les sauvera. Le démon attaque aussi en inspirant des sentiments de crainte, en montrant à l'âme sa faiblesse, et en l’exagérant à l’extrême. Si l'âme ainsi tentée a mis le démon en déroute, ce dernier lui représente cette victoire comme une preuve de sa force et c'est l'orgueil. Si l'âme se rappelle son extrême petitesse  et résiste, le démon l’engagera à des actes de vertu excessifs, mais dépourvus de discrétion et de discernement. Que l'âme alors demande des conseils et qu'elle s'y soumette.

Si l'âme a su, grâce à Dieu, résister à toutes les tentations, Satan peut lancer un assaut général contre toutes les forces de l'âme, par la sensualité, l’orgueil, la crainte ou la présomption. Les pièges sataniques sont tendus partout sur le chemin de l'âme, le démon cherchant à la réduire en esclavage. Jésus met Marie Lataste en garde: "Ô ma fille! soyez toujours attentives aux pièges que le démon vous tendra sur le chemin de votre vie... Observez moins votre vie extérieure que votre vie intérieure, moins vos ennemis du dehors que ceux du dedans. Rappelez-vous qu'un piège est tendu sur le chemin que vous parcourez.

Les tentations viennent du démon; elles viennent aussi de la nature corrompue par le péché... C'est cette inclination au mal qui a été combattue par tous les saints et changée en eux et par eux avec ma grâce en une inclinaison vers le bien... La tentation n'est donc pas un mal par elle-même, qu'elle vienne du démon ou de la nature corrompue... La tentation ne devient péché que lorsqu'on y succombe."

D'où les conseils de Jésus: "Quand vous serez attaquée par une tentation, venez, courez vers moi, pour l’empêcher d’entrer dans votre cœur... tenez votre volonté fortement attachée à Dieu. Pour pécher, il faut le consentement de la volonté et si votre volonté est attachée à Dieu, elle ne le sera point à la tentation, et par conséquent vous n’aurez point péché. Quand toutes les puissances de votre âme seraient absorbées par une tentation... si votre volonté ne prête point son consentement, soyez tranquille, vous n’avez point péché.

Pour le péché, il faut matière suffisante, advertance de l’esprit et consentement de la volonté; à ces trois choses, vous reconnaîtrez toujours votre culpabilité ou votre innocence."

D'où la nécessité de tenir sa volonté ferme à l'heure de la tentation. Il ne faut jamais se décourager, mais garder toujours confiance et abandon à Dieu. Il ne faut juger personne pour ne point pécher contre la charité, car Dieu seul connaît le fond des cœurs. L’inadvertance, l’ignorance ou tout autre motif connu de Dieu peuvent diminuer la gravité des péchés. Il faut cependant savoir écouter ceux qui sont dans la peine, pour les calmer et les soulager.

Jésus conclut: "Faites tout cela, ma fille, sans préoccupation, avec calme, en rendant à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. À César, c’est-à-dire à vous-même, le mépris, l’humiliation et la reconnaissance de votre néant; à Dieu ce qui est à Dieu, c’est-à-dire tout le bien qui est en vous, parce qu'il en est le principe et que vous avez eu besoin de sa grâce pour l’opérer." (Livre 7, chapitre 3)

          2-2-4-La grâce de Dieu (Livre 7, chapitre 14)    

Les enseignements de Jésus à Marie Lataste sont d'une clarté exceptionnelle. Mais quand il veut traiter de sujets très difficiles, comme, par exemple, de la grâce de Dieu, il envoie à son élève, des visions très ciblées. Ainsi, Marie fut un jour invitée à descendre dans une fosse large, ronde, et d’une grande profondeur, étrange image de son propre cœur où elle avait reçu Jésus. L’intérieur de cette fosse avait un très bel aspect. Comme il n’y avait ni escalier ni échelle pour descendre, Marie s'accrochait aux sculptures, ce qui ne lui permettait pas de descendre vite. Quand elle fut à peu près au milieu, Jésus qui était en haut, sur le bord de la fosse, lui fit parvenir le bout d’une chaîne d’or qu’il tenait lui-même. Marie  saisit la corde et arriva jusqu'au bas de la fosse recouvert de sable.

L'ange gardien de Marie vint près d'elle et lui dit:

– "Vous êtes heureuse des grâces nombreuses que Dieu vous accorde.

– Oui, mon ange, Dieu est plein de bonté pour moi.

– Ne mettez jamais d’obstacles à ses grâces.

– Et comment faut-il faire pour cela?

– Suivre toujours l’attrait qui vous sera donné et demeurer sans cesse dans la plus profonde humilité. Vous allez soutenir ici un grand combat.

– Comment pourrai-je combattre, je n’ai rien pour me défendre?

– Je vous ai apporté une croix; tenez-vous fortement à la chaîne que vous avez en main; on voudra vous en détacher, mais avec la croix vous éloignerez tous ceux qui approcheront de vous."

Marie saisit la croix que lui présentait son ange. Elle raconte: "Aussitôt le sable se souleva et une bête immense... sortit de dessous terre et vint se coucher devant moi... Son corps était développé comme celui d’un bœuf, mais les jambes étaient plus courtes; sa tête ressemblait aussi à la tête d’un bœuf. Elle avait plusieurs cornes grandes et petites; ses yeux ressemblaient à ceux du bœuf; sa gueule était très fendue; il en sortait une langue d’une longueur démesurée qui se terminait par deux pointes très affilées. Elle portait sur le dos une ville, où je ne vis que des maisons de danse et de théâtre."

La bête lançait vers Marie des lances et des balles que Marie repoussait avec la croix. Les balles et les lances, en rebondissant, blessaient la bête. Bientôt survint une multitude considérable d’agresseurs qui ressemblaient à des hommes. Quand ils s’approchaient d'elle, Marie leur présentait la croix, ils se retiraient. Ils furent remplacés par d'autres hommes, plus grands et plus menaçants. Ils cherchèrent à arracher la chaîne d'or, mais la croix les mit en fuite. La bête qui était toujours là s'approcha doucement... Marie la frappa avec la croix. Le combat dura longtemps jusqu'à ce que de nombreux corbeaux s’abattissent sur Marie, cherchant à lui crever les yeux. Marie tira sur la chaîne et cria vers le Sauveur Jésus. Immédiatement une grêle de plomb tomba d’en haut sur les corbeaux et les tua tous. La bête jeta une nouvelle lance qui fut repoussée trois fois de suite avec la croix; enfin, elle mourut.

Après le combat, Marie Lataste eut l'impression que son âme, tout heureuse, s’élevait vers Jésus. Elle monta avec lui dans un char de lumière qui s’éleva vers le ciel jusqu'à un autel magnifique autour duquel se trouvaient des trônes. Jésus dit: "Voyez ces trônes, ma fille. Les uns sont plus élevés que les autres; plus vous vous élèverez en sainteté, plus aussi le trône qui vous sera donné pour récompense sera élevé et se rapprochera du trône de la Divinité."  (Livre 7, chapitre 14)

          2-2-5-Considérations sur le scrupule   (Livre 7, chapitre 4)   

Parmi les grands épreuves auxquelles des âmes justes peuvent être confrontées, il y a le scrupule. Jésus explique à Marie Lataste l'origine du scrupule et comment il se manifeste. Il lui dit: "Ma fille, je suis la lumière des âmes; celle qui ne vit que de moi, marche dans la vérité; ses actions sont pleines de vérité et demeurent fermes comme la vérité. Je suis pour l'âme comme une lumière claire, brillante, comme un feu ardent qui la réchauffe et la vivifie. Or, quelquefois il sort de cette lumière et de ce feu une fumée plus ou moins épaisse qui empêche l'âme de voir clairement... Cette fumée n'est point produite par la lumière ni par le feu que j’apporte dans l’âme quand je suis avec elle; elle est produite par l'âme elle-même que pénètrent ce feu et cette lumière.

Le scrupuleux est celui qui juge faussement le jugement de sa conscience... Il se fait comme une ombre dans son intelligence,... qui l’empêche de voir la vérité. Ainsi, après avoir posé un acte bon l’intelligence le juge mauvais... Cette maladie vient de ce que ces âmes ne me sont pas unies en tout et pour tout; elles ne savent pas me trouver. Il y a en elles défaillance dans l’amour qu'elles doivent avoir pour moi. Elles ne savent pas regarder en face la vérité... Néanmoins, ma fille, ces âmes ne sont que malades et elles désirent guérir, car leur maladie est un tourment très pénible qui leur cause une souffrance extrême... Il n'y a pas en elles de simplicité, d’abandon, elles ne sont pas vis-à-vis de moi comme des enfants vis-à-vis de leurs mères. Cet état peut être utile pour ces âmes, il peut leur être aussi très funeste.

Cet état est utile quand il est accepté; il est funeste, quand l'âme veut secouer ce joug pour marcher... malgré l’obscurité; elle tombent alors dans le désespoir. Les âmes scrupuleuses, quand elles perdent leurs scrupules et qu'elles entrevoient clairement la vérité, deviennent des âmes d'une haute sainteté; mais quand elles ferment complètement les yeux à cette vérité, elles tombent dans toutes sortes de péchés et se séparent complètement de Dieu.

Jésus va aller encore plus loin dans la description de cette maladie qu'est le scrupule. Il explique qu'il y a deux cas dans lesquels le scrupule vient prendre possession d'une âme: quand une âme commence à se donner à Dieu; quand une âme marche déjà dans la pratique et l’exercice de toutes les vertus. Jésus dit:

"Quand une âme commence à se donner à Dieu, elle aime le Seigneur, mais elle ne laisse pas suffisamment sa lumière entrer en elle... et son intelligence, prend l’ombre pour les ténèbres, trouve le mal là où il n'est pas. Elle peut abandonner complètement la voie qui mène au ciel; il faut donc à cette âme beaucoup de patience, une grande humilité, surtout une obéissance entière en celui qui la dirige... Le scrupule ne résiste pas à l’humilité, et l’obéissance le chasse..." 

Le scrupule s’empare aussi des âmes qui déjà marchent depuis longtemps dans la pratique des vertus... Elles croient s’être séparées de moi et ne plus marcher à la clarté de ma lumière. Ce trouble est... de toutes les épreuves auxquelles elles peuvent être exposées, la plus rude et la plus terrible. Dieu permet cela bien souvent pour le plus grand bien de ces âmes, pour les exercer à une plus grande humilité, pour se les attacher davantage... Il faut surtout qu'elles se défient d’elles-mêmes, de leur manière de voir... Alors, se renonçant elles-mêmes, l’humilité grandira, et le scrupule, qui le plus souvent naît de l’orgueil... et de l’obstination pour sa manière de voir et de juger, le scrupule disparaîtra."

Le meilleur moyen pour guérir un scrupuleux, c'est de lui montrer la vérité puisque le scrupule est l’erreur dans un jugement porté par l’intelligence. Le second remède, c'est l'amour de cette vérité connue. Là où se trouve l’amour, là, n’existent point la crainte ni le trouble. La vérité, sous quelque aspect qu'elle se présente, ne produit jamais le mal. À cela il convient d'ajouter la prière, la soumission complète à la volonté de Dieu et la plus grande humilité.

Petites remarques de Jésus: "Quand on pèche mortellement, on le sait bien, on s’en aperçoit, parce qu'il faut pour cela un plein consentement de la volonté... Si ce consentement donné n'est pas pour vous une chose certaine, ne vous arrêtez pas à examiner si vous l’avez donné ou non. Le démon ne cherche que cela, afin de vous troubler... Dîtes: 'Je ne sais si j’ai péché... Mon Dieu, pitié de moi; je me jette entre les bras de votre miséricorde et déteste ce péché de tout mon cœur.' Abandonnez tout dans le sein de la miséricorde de Dieu, en disant: 'Si j’ai péché, mon Dieu, pardonnez-moi; si je n’ai point péché, préservez-moi à l’avenir de toute faute et conservez-moi la paix de l’âme'..." (Livre 7, chapitre 4)

          2-2-6-Que faire pendant les épreuves? (Livre 7, chapitre 5)

Marie Lataste se sentait faible, languissante, exténuée. Jésus lui rappela alors que la vie était parsemée de peines et de contradictions, qu'elle n'était encore qu’au commencement de ses tribulations, et que ce qu'elle éprouvait n'était que peu de chose en comparaison de ce qui l'attendait. La patience lui donnera la force nécessaire. Jésus lui dit: "Combattez toujours, les combats rendent puissant et vigoureux... Abandonnez-vous à ma miséricorde... Regardez-moi portant la croix sur le chemin du Calvaire; regardez-moi attaché à cette croix, les mains et les pieds percés, mon côté ouvert. Ma vue sera pour vous comme un bâton sur lequel vous vous appuierez. Pensez ensuite que vous n'êtes point seule soumise à ces rudes épreuves, qu'elles sont communes à tous les enfants de Dieu... Espérez en Dieu... Acceptez ces épreuves avec reconnaissance, et désirez souffrir toujours davantage pour accroître de plus en plus vos mérites, et devenir une image frappante de votre Rédempteur." (Livre 7, chapitre 5)

2-3-Les souffrances des hommes  (Livre 7, chapitre 6)

Jésus passe alors en revue les épreuves et les souffrances qui, au long  des siècles ont accablé les hommes. Jésus parle à Marie Lataste: "Ma fille les années s’écoulent; les siècles s’accumulent et les hommes se succèdent. J’ai jeté un regard sur la terre, et j’ai vu tous les hommes passer leurs jours dans la peine et la douleur, arroser la terre de l’eau de leur sueur et de leurs larmes.

          2-3-1-La souffrance des enfants

L’enfant, à peine sorti du sein de sa mère... commence sa vie par les larmes... Pendant les premières années de sa vie, n’ayant pas assez de connaissance pour qu'il éprouve de grandes souffrances, son jeune cœur ne laisse pas d’être affligé par des déplaisirs enfantins... et les larmes qu'il répand pour ces déplaisirs ne sont qu'un apprentissage..."

          2-3-2-Les souffrances de tous les hommes

Jésus examine la vie des hommes: "Tous les hommes: riches ou pauvres,  puissants ou faibles, ignorants ou savants... tous  sont soumis à la peine, à la souffrance, à la tribulation... Oui, ma fille, il y a des peines pour tous, pour les justes comme pour les pécheurs, pour les parfaits comme pour les imparfaits. L'homme a été condamné à la souffrance à cause de sa révolte contre Dieu, et la souffrance s’est répandue sur le monde comme une malédiction portée contre le péché. Mais n'oubliez pas la miséricorde de Dieu! La souffrance, qui était malédiction, Dieu l'a rendue bénédiction pour l'homme. Acceptez la souffrance, ma fille; elle expiera tous vos péchés... acceptez la souffrance; elle vous méritera un poids éternel de gloire dans le ciel... Acceptez la souffrance; elle vous unira à Dieu sur la terre et dans le Ciel."  (Livre 7, chapitre 6)

          2-3-3-Valeur de la souffrance (Livre 7, chapitre 7)    

Jésus dit un jour à Marie Lataste: "L'homme est condamné à la souffrance... chaque jour, à travers quelque peine, quelque contradiction, quelque malheur qui leur sont envoyés par Dieu. L’homme est sur la terre comme plongé dans une mer de misère, de peine, d’amertume. Il a péché, il pèche chaque jour, il faut que chaque jour aussi il porte la croix qui doit le sauver... Dieu lui ménage chaque jour quelque douleur pour qu'il la lui offre en expiation de ses péchés... Mais ce mal n'est pas un mal; c'est un bien pour celui qui l’accepte de bon cœur... qui élève ses yeux au-dessus de la terre pour monter jusqu’à Dieu... qui ne murmure pas et me prend pour modèle... Heureux est-il! Il sera élevé par sa croix au-dessus de la terre, il sera rapproché de Dieu, et sa mort sera une naissance à la vie de la gloire.

Ma fille, soyez de ce nombre... Surpassez, par votre courage, les hommes lâches qui craignent les incommodités de la vie, les sacrifices, les peines et les pleurs, et ne cherchent en tout que leurs satisfactions et leurs aises... Vos peines, vos tribulations, vos pleurs auront un terme... mais quand vous vous présenterez à Dieu, vous vous réjouirez, parce que vous aurez bien accompli sa loi et ses desseins sur vous, et il vous introduira dans ses tabernacles éternels."  (Livre 7, chapitre 7)

          2-3-4-Pourquoi s'affliger dans la souffrance?  (Livre 7, chapitre 10)   

Jésus parle des trois sortes d’afflictions qui font souffrir les hommes. Jésus a dit: "Bienheureux ceux qui pleurent, bienheureux ceux qui souffrent persécution!" Pourtant tant d'hommes s'affligent lorsqu'ils ont perdu leur fortune, leur position, ou parce qu’ils sont délaissés. "Ah! dit Jésus, s'ils comprenaient que Dieu veut les détacher des biens passagers de la terre pour les unir à lui et être leur souverain bien! Pourquoi l'homme s’afflige-t-il? Parce qu'il a perdu un père, une mère... Mais la mort n'est pas une séparation éternelle... Pourquoi donc pleurer? Ne devriez-vous pas plutôt vous réjouir de ce qu'ils ont quitté le lieu de l’exil pour aller se reposer en Dieu? Non, il ne faut point pleurer un mort s'il est en état de grâce; s'il est en état de péché mortel, alors pleurez, pleurez encore, vos larmes sont justes; mais ne pleurez pas seulement sur lui, pleurez aussi sur vous qui êtes pécheurs, et craignez d'avoir un jour un sort pareil au sien, si vous continuez à vivre dans le péché.

L'homme s’afflige quand il est dans la souffrance, parce que son corps éprouve des douleurs immenses, ou parce que son âme est torturée par les tentations, le dégoût et l'ennui. Et cependant tous ces maux sont un bien... Ma fille, je vous le dis en vérité, il n'y a qu'un seul mal sur la terre, c'est le péché. Tout le reste est bien ou source de bien... tout le reste porte à Dieu et unit à lui. Heureux qui le sait et ne l’oublie pas..."  (Livre 7, chapitre 10)

          2-3-5-La tristesse (Livre 7, chapitre 11)    

Jésus parle des deux sortes de tristesse, dont l'une est expressément défendue, tandis que l’autre est fortement recommandée. Jésus s'explique: "La tristesse défendue abat l’âme, lui inspire le dégoût de toutes choses; elle lui enlève sa force, sa ferveur, la rend craintive, pusillanime et incapable d’opérer le bien. Le démon inspire cette tristesse, et, quand il l’a assise dans une âme... il la retire de Dieu... Que de ravages cette tristesse produit dans une âme! Tous peuvent y être soumis, mais tous doivent la rejeter, la repousser, car elle ne vaut rien, ses fruits sont mauvais. Comme il faut jeter au feu un arbre qui ne produit pas de bons fruits et le jeter au feu, il faut renvoyer cette tristesse ou l’abandonner à Satan qui l’a inspirée."

Ici nous devons nous arrêter un instant. Aujourd'hui, en 2010, nous sommes bien obligés de constater que les adolescents et les jeunes adultes, et même ceux qui sont nés entre 1960 et 1980, sont incroyablement tristes. Cette tristesse est mauvaise, car elle conduit trop souvent aux fausses joies: alcool, drogue, sexe, et même au suicide. L'enseignement de Jésus, doux et humble de Cœur est une délivrance et non un fardeau. Comment le donner, cet enseignement béni, à nos générations privées de Dieu et acculées au désespoir? Mais écoutons encore Jésus. Il dit:

"Il y a une autre sorte de tristesse qui est bonne et qui produit de bons fruits. Cette tristesse n’abat point l’âme, elle la relève; elle ne la sépare point de Dieu, elle l’unit à lui; elle n’excite point le dégoût, mas l’amour pour Dieu. Cette tristesse donne le regret de ses péchés. Elle fait verser des larmes de douleur et de componction; elle remplit de force, de courage et de confiance. Ô sainte tristesse! Heureuses les âmes qui ont cette tristesse et qui sont tristes jusqu'à la mort, c’est-à-dire jusqu'à la séparation de toutes choses! Cette tristesse convient aux âmes pécheresses afin qu'elles quittent leur état de péché; elle convient aux âmes justes afin qu'elles gémissent sur leur exil et soupirent après la patrie. Cette tristesse est bonne; je vous la recommande, ma fille; elle vous préservera des joies de la terre et vous fera obtenir celles du ciel." (Livre 7, chapitre 11)

          2-3-6-Le dégoût  (Livre 7, chapitre 12)    

Jésus va affiner son enseignement en traitant du dégoût qui est souvent proche de la tristesse. Il dit: "Il y a deux sortes de dégoûts de la vie, comme il y a deux sortes de tristesses. Leurs effets sont différents: les uns sont bons et les autres mauvais. Vous devez repousser le dégoût de la vie qui produit de mauvais effets, mais vous devez accepter l'autre et chercher à l'exciter en vous.

Quand le dégoût de la vie produit en vous l’accablement, le découragement, l’affaiblissement dans le service de Dieu, il faut le rejeter et le combattre, parce qu’il vient d’un mauvais principe.

Quand le dégoût de la vie vous rend plus fervents, plus fidèles, plus attachés à Dieu, il faut l'entretenir et l'alimenter en votre âme, parce qu'il vient d’un bon principe."

Et s'adressant à Marie Lataste, Jésus ajouta: "Ne soyez jamais dégoûtée de la vie, ma fille, à cause de ses misères ou des tentations que vous devrez supporter; ce dégoût accablerait votre âme et finirait par l’abattre. Si, au contraire, le dégoût que vous éprouvez vient du désir de voir Dieu et de l’aimer plus parfaitement, de la crainte de l’offenser, s’il vous rend plus vigilante pour éviter le mal, plus attentive pour opérer le bien, acceptez-le..."  (Livre 7, chapitre 12)

À cet enseignement de Jésus nous pourrions ajouter que nous ne devons pas craindre le dégoût que nous inspirent nos sociétés contemporaines privées de Dieu et livrées à Satan.

2-4-De la pénitence et des sacrifices  (Livre 7, chapitre 8)    

Ce jour-là, Jésus aborda avec Marie Lataste un sujet que la plupart des hommes d'aujourd'hui rejettent: il s'agit de la pénitence. Pourtant Jésus développe ce sujet d'une manière inattendue qui rend la pénitence et les mortifications accessibles à tout le monde. Jésus dit d'abord: "La souffrance ou les mortifications que Dieu envoie sont très bonnes puisqu’elles perfectionnent les hommes en les retirant du péché et leur faisant pratiquer la vertu. Je veux vous parler aujourd'hui des pénitences que l'homme peut et doit s’imposer à lui-même...

Il y a trois sortes de pénitences: la mortification, la prière et l’aumône... Ces trois choses n’en forment qu’une, parce que les deux dernières sont renfermées dans la première..."

Ce discours parut étrange à Marie qui ne comprenait pas comment la prière et l'aumône étaient une mortification. Jésus ayant perçu son trouble, lui dit: "Écoutez-moi avec attention... La souffrance que Dieu envoie à l'homme ce n'est rien d'autre que la séparation d’une partie de l'homme que Dieu s’est choisie, qu'il veut pour lui, mais autant que l'homme la lui offrira. La mortification que l'homme s’impose à lui-même, c'est la séparation d’une partie de ce qui appartient à l'homme et dont il se défait pour l’offrir à Dieu. Voilà la mortification, telle que le chrétien devrait l’envisager."

          2-4-1-Ce qu'opèrent les mortifications 

La mortification prend en partie ce qui appartient à l'homme pour le donner à Dieu... et être entièrement uni à Dieu. Jésus explique encore: "Toutes les mortifications consistent dans le jeûne. Jeûner, ce n'est pas  seulement se priver de certains aliments, ce n'est pas seulement se priver de toutes les commodités de la vie du corps. Non, ce jeûne est uniquement matériel, corporel, il n’affecte que les sens.

Le jeûne véritable est celui qui saisit l’âme, qui saisit les facultés et les enchaîne contre le mal pour leur donner l’essor et l’élan vers le bien. Voilà le jeûne véritable, le jeûne le plus méritoire, le jeûne dont tout le monde est capable, le jeûne qui me plaît le plus et qui est le plus agréable à mon Père..." Aussi Jésus s'attarde-t-il peu sur les mortifications extérieures ou le jeûne purement corporel. Il se contente de quelques réflexions étonnantes et ne parle de ces mortifications ou de ce jeûne, que pour nous éclairer. Il dit: "Il vous est permis d’user des choses qui ne sont point nécessaires pour votre vie, mais de pur agrément; car si Dieu les a faites, c'est pour votre usage. Mais vous ne pouvez point sans péché vous attacher immodérément au plaisir que vous trouveriez en cet usage... User de ce que le bon Dieu vous a donné, avec plaisir, mais sans le lui offrir, c'est chose imparfaite. En user avec plaisir, mais en Dieu, selon Dieu et pour Dieu, c'est chose bonne. S’en priver par mortification et pour l'amour de Dieu, c'est jeûner, et ce jeûne est chose parfaite.

Il n'en est pas ainsi de l’usage de votre volonté intérieure. Vous pouvez vouloir ce qui n'est point défendu et qui est de pur agrément et sans pécher, mais vous ne pouvez en cela être tellement attachée à votre volonté que vous ne soyez en rien disposée à céder cette satisfaction de votre volonté... Satisfaire votre volonté en ce qui n'est ni défendu ni nécessaire sans l’offrir à Dieu, c'est chose imparfaite. Satisfaire votre volonté en offrant à Dieu cette satisfaction, c'est chose bonne. Priver votre volonté de cette satisfaction par mortification et par amour pour Dieu, c'est jeûner, et ce jeûne est chose parfaite... C'est offrir à Dieu un sacrifice d’agréable odeur."  D'où quelques conseils.

          2-4-2-Comment agir en pratique?

Jésus continue son enseignement surprenant: "Mortifiez votre volonté, faites jeûner votre volonté, luttez contre vos goûts... vos désirs, vos passions. Réformez votre intérieur en le dépouillant de lui-même pour y introduire tout ce qui est de Dieu, et vous l’agrandirez en réalité. Dépouillez-le, et vous l’enrichirez... Vous le croirez sans mouvement, mais il reposera en Dieu. C'est là le jeûne véritable, celui qui acquiert aux âmes des trésors que ni la rouille ni les voleurs ne peuvent endommager."

          2-4-3-Comment la prière est-elle une pénitence?

Comment la prière est-elle une pénitence, un jeûne, une mortification? Comment la prière ne fait qu'une seule chose avec la souffrance? Jésus estime qu'il faut nécessairement que la prière soit jointe à la souffrance, et aux jeûnes, sans quoi il n'y a point de mérite, il n'y a point de vie... Jésus explique à Marie: "Et d’abord, ma fille, la prière est une mortification; elle est même la plus grande des mortifications. Je vous ai dit que la mortification, séparation d'une partie de soi-même pour l’offrir et la présenter à Dieu est chose parfaite... Or prier, c'est prendre tout son corps et son âme pour l’offrir en holocauste à Dieu. Prier, c'est s’humilier, renoncer à soi pour aller à Dieu, embrasser Dieu, recourir à Dieu. 

Tout renoncement est une peine, tout sacrifice un labeur. Pour prier, il faut se faire violence, à cause de l’inclination que le péché a mise dans l'homme et qui tend à le séparer de Dieu, à l’éloigner de Dieu... Quand on prie, au contraire, on se rappelle Dieu, on se le rappelle avec tout ce qu'il y a en lui de bonté, de miséricorde et d'amour; quand on prie, on se rapproche de Dieu par l’esprit, par le cœurs, par tout son être... on s’unit à Dieu, parce que la prière est dictée par la confiance et par l’amour qui sont les liens merveilleux qui unissent Dieu et l'âme. Prier, c'est donc lutter contre son inclination, c'est se sacrifier, c'est faire pénitence, et de toutes les pénitences, c'est la plus agréable à Dieu. La prière ne fait qu'un avec la mortification et la souffrance, parce qu"elle est elle-même souffrance et mortification...

Faites pénitence, mais ne présentez point à Dieu vos pénitences seules... elles ne vous serviraient de rien. Ces victimes pour Dieu ne peuvent être brûlées, consumées que par le feu du ciel, c’est-à-dire la prière."

          2-4-4-L'aumône

Le troisième moyen de faire pénitence c'est de donner l’aumône, parce que l’aumône est une mortification: la privation d'une partie de ce qui est à soi pour l’offrir à Dieu en la personne des pauvres. La prière est la vie et le mouvement de la mortification; l’aumône en est la base et le fondement. Jésus dit: "Ceux qui ne font point l'aumône, ce sont les avares... les personnes qui ne veulent rien perdre pour ne rien diminuer de leurs plaisirs et de leurs satisfactions. Un avare, personne attachée aux biens de ce monde, n'est point une personne mortifiée."

Maintenant Jésus précise: "Faire l’aumône... c'est se fier à Dieu et entrer dans les desseins de Dieu; faire l’aumône, c'est souvent s’imposer des sacrifices, c'est vouloir diminuer les souffrances d’autrui et les soulager quelquefois par des privations personnelles.

Il y a deux sortes d’aumônes: l’aumône corporelle et l’aumône spirituelle. L’aumône corporelle regarde les corps et leurs nécessités; l’aumône spirituelle regarde les âmes et leurs besoins.

– Faire l'aumône corporelle, c'est donner à manger et à boire aux indigents qui ont faim, c'est vêtir et abriter les indigents qui sont nus et sans asile. Pour cela, il faut non seulement donner de son superflu, mais encore, parfois, de ce qui n'est point superflu...

– Faire l’aumône spirituelle, c'est instruire les ignorants, reprendre les pécheurs, consoler les affligés. Agir ainsi, ma fille, c'est se disposer à la mortification, c'est se mortifier réellement... La vertu est quelquefois sujette à tomber et à défaillir complètement, mais reprendre les pécheurs, c'est se fortifier soi-même. Celui qui pleure avec les malheureux renonce pour ainsi dire à son bonheur pour participer à l’infortune et aux douleurs d’autrui. Agir ainsi, c'est bien se disposer à la mortification, c'est la désirer, c'est même être mortifié. Voilà, ma fille, comment toutes choses se lient et s’enchaînent, comment vous devez voir et envisager les choses, les comprendre et les aimer."  (Livre 7, chapitre 8)

          2-4-5-Les sacrifices   (Livre 7, chapitre 9)   

Mortifications ou sacrifices, ce sont des mots différents pour exprimer des choses comparables, avec cependant quelques nuances que Jésus va mettre en évidence. Ainsi Jésus dit à Marie Lataste: "Ma fille, il y a deux sortes de sacrifices: les sacrifices forcés, ceux que Dieu envoie à l'homme, et les sacrifices volontaires que l'homme s’impose à lui-même. Les sacrifices volontaires sont très agréables à Dieu; les sacrifices qu’on doit supporter par force ou par nécessité peuvent lui être réellement agréables, selon les sentiments de ceux qui les supportent.

Les sacrifices qu'un homme doit supporter nécessairement, comme la maladie ou n'importe quelle autre épreuve, sont pour lui une occasion de mérite s'il se soumet entièrement à la volonté de Dieu. Car en agissant ainsi, il rend ces sacrifices volontaires... Si, au contraire, cet homme murmure contre Dieu, et s’élève contre lui... les sacrifices qu'il doit supporter, bon gré mal gré, seront pour lui une occasion de punition nouvelle dans le temps ou dans l’éternité.

Les sacrifices qu'un homme s’impose volontairement sont ceux qui plaisent le plus à Dieu. Un homme peut s’imposer des sacrifices pour des motifs purement humains, ou pour des motifs surnaturels de foi, pour des motifs surnaturels d’espérance ou d’amour. Celui qui s’impose des sacrifices pour des motifs purement humains... a déjà reçu sa récompense dans la vaine gloire, dans l’approbation et les applaudissements des hommes qu'il recherche et qu'il obtient. Ceux, au contraire, qui s’imposent des sacrifices... pour éviter les peines de l’enfer ou du purgatoire et pour gagner le ciel... ceux-là obtiendront leur but et ne seront pas déçus dans leurs espérances.

Ceux qui s’imposent des sacrifices... pour marcher sur mes traces, pour imiter l'exemple que je leur ai donné, sans aviser à la récompense... ceux-là  sont présentés par moi à mon Père dans le ciel, et mon Père les bénit sur la terre et les bénira à jamais dans le ciel. Ceux qui s’imposent des sacrifices... qui se détachent de plus en plus d’eux-mêmes, uniquement par amour pour Dieu... ceux-là sont les plus agréables à Dieu. Il vient en eux, il les transforme en lui par l’effusion de toutes ses grâces, et leur accorde le plus haut degré de gloire dans le ciel." (Livre 7, chapitre 9)

   

 

pour toute suggestion ou demande d'informations