Chapitre VI
Spécificités de la morale chrétienne
La religion
chrétienne n'implique pas que des épreuves, des obligations ou
des contraintes. En fait, le but réel de la religion catholique,
c'est le bonheur de l'homme. Dieu a créé l'homme par Amour et
pour qu'il soit heureux. Alors pourquoi tous ces malheurs qui
ont accompagné l'histoire de tous les peuples de tous les temps?
Nous savons que c'est le péché qui a introduit le malheur dans
les sociétés humaines. Dieu avait dit: "Tu ne tueras pas!"
Or depuis Caïn les hommes ne cessent de s'entretuer. Comment
seraient-ils heureux?
Pour tenter de
réparer cette situation intolérable, Dieu a donné aux hommes un
mode d'emploi et sa notice explicative qui permettent d'accéder
au bonheur: ce sont ses commandements, lesquels se résument en
un seul: "Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur,
et ton prochain comme toi-même." Les autres commandements ne
sont que le mode d'emploi, la notice explicative détaillée à
mettre en œuvre, pour que les hommes, encore trop soumis aux
tentations de leur ennemi puissent être heureux. En effet, les
hommes ne savent pas encore très bien aimer leur prochain.
Alors, le Verbe de Dieu s'est incarné en Jésus, vrai Dieu et
vrai homme, et il est venu chez nous, pour nous apprendre à
aimer.
Mais toujours
aimer, même ses ennemis, même ceux qui nous persécutent, même
ceux que l'on n'a pas toujours envie d'aimer, ce n'est pas
facile: aussi Jésus a-t-il complété la mise en œuvre des
commandements divins par des précisions concernant la notice
explicative; il nous a donné les béatitudes.
Toute la vie de
Jésus a été tendue vers ce but fondamental: nous apprendre à
aimer: aimer Dieu, aimer son prochain. Si les hommes font cela,
ils seront heureux, car ils seront vraiment dans la volonté de
Dieu. Pour nous faire comprendre la véritable volonté de Dieu,
Jésus nous a d'abord donné l'exemple de sa vie si riche de
toutes les vertus. Puis, afin de nous faire comprendre que
l'amour véritable, c'est le bonheur, il nous a montré comment
les commandements aboutissent aux béatitudes.
Dans ce chapitre,
nous traiterons d'abord des vertus, théologales et morales dont
Jésus a très longuement parlé, puis nous rapporterons ce qu'il a
enseigné à Marie Lataste, à propos de la pureté, béatitude
essentielle. En effet, "Heureux les cœurs purs, car ils
verront Dieu!" Nous verrons aussi que Dieu nous aide à
mettre en pratique les vertus qu'il exige de nous en nous
donnant ses grâces et les dons du Saint-£Esprit.
1
Les vertus théologales
(Livre 8,
chapitre 7)
La grâce
sanctifiante, dont nous parlerons plus loin, met dans l'âme:
– les vertus
théologales: foi, espérance et charité pour la diriger vers
Dieu,
– les vertus
cardinales de justice, de force, de prudence et de tempérance
pour la diriger dans ses rapports avec les créatures, et
– les sept dons du
Saint-Esprit pour la disposer à recevoir les mouvements qu'il
donne à ceux qui veulent se sauver.
1-1-La foi
Jésus décrit la
foi, en explicitant tour à tour tout ce qu'elle désigne: "La
foi désigne le jugement intérieur de l'âme, la bonne ou mauvaise
foi. Elle désigne aussi la fidélité à tenir un pacte ou une
promesse; c'est la confiance que l’on a en la parole de
quelqu'un ou l'inclination par laquelle quelqu'un donne son
assentiment, sans crainte d’être trompé, à ce qu'il ne voit pas
pourtant d'une manière précise.
1-1-1-La
vertu de foi
La foi désigne
un des dons gratuits de Dieu par lequel on a une certitude
suréminente des choses qu'on doit croire. Le caractère
distinctif entre les chrétiens et ceux qui ne le sont pas, c'est
le baptême." Pour entrer dans les détails, il faut ajouter,
que "la foi désigne la matière ou la réunion des vérités
qu'il faut croire, ou les symboles. C'est aussi une habitude qui
informe les œuvres et leur donne vie. Enfin, dit Jésus,
il y a la foi théologique, la vertu surnaturelle de foi...
La vertu de foi,
ma fille, est une habitude surnaturelle que Dieu met dans l'âme
et qui lui donne la conviction ferme et l’assentiment libre aux
vérités qu'il a révélées, et que l’Église catholique propose à
sa croyance. C'est une vertu surnaturelle, un don de Dieu...
Elle enlève toute crainte d’erreur dans ce que l’on croit...
elle produit l’assentiment de la volonté, assentiment libre et
non forcé, comme celui des démons, qui croient, eux aussi, mais
avec nécessité. La foi se porte sur les vérités que Dieu a
révélées et que l’Église catholique propose à sa croyance. Il a
institué l’Église pour cela. Celui qui a la vertu de foi croit
ces vérités réalité divine, sans peine ni difficulté... Celui
qui a la vertu de foi est convaincu de ces vérités, bien qu'il
ne les comprenne pas... Celui qui a la foi, a en lui le
commencement de la vie éternelle, c’est-à-dire qu'il possède par
la croyance ce qu'il ne voit point, mais qu'il espère... ce vers
quoi il tend par le mouvement de son intelligence et
l'assentiment de sa volonté.
La foi est la
première des vertus et le fondement des autres vertus. Elle est
avant l’espérance, parce que pour espérer il faut savoir ce qui
fait l’objet de cette espérance. Elle est avant la charité,
parce que la charité c'est l'amour, et pour aimer, il faut
connaître l’objet de cet amour. Or, la foi fait connaître
Dieu... C'est donc sur elle que reposent l’espérance et la
charité... L'espérance ne peut exister sans la foi. La charité
aussi, du moins ici-bas, demande la foi pour exister... La foi
et l’espérance n’existeront point dans l’éternité parce que dans
le ciel on voit Dieu face à face... Dans le ciel on possède
Dieu, par conséquent on ne l’espère plus...
La foi doit être
une en ce qui concerne son objet; tous doivent croire la même
chose: Dieu et les révélations de Dieu. Elle est une aussi,
quant à sa fin: elle ne dirige que vers la possession de Dieu.
La foi doit être catholique et universelle, c’est-à-dire qu'elle
doit s’étendre à toutes les vérités sans exception... et
embrasser le bien universel du temps et de l’éternité, Dieu.
Elle doit être vraie, car si elle était erronée, elle ne serait
plus foi, mais erreur... La foi doit nécessairement porter sur
la vérité, c’est-à-dire sur Dieu. La vertu de foi repose dans
l’intelligence et dans la volonté. Dans l’intelligence comme
dans le lieu spécial de sa demeure... dans la volonté, comme
force de ce regard et comme assentiment à l’existence de ce qui
est vu.
1-1-2-L'acte
de foi
L’acte de foi
intérieur est triple. Il peut porter sur Dieu d’une manière
générale, tel qu'il est en lui-même: trinité et unité... L’acte
de foi peut porter sur Dieu, vérité infaillible et éternelle...
Enfin, l’acte de foi peut être un acte de l’intelligence que la
volonté détermine à tendre vers Dieu... vérité et bonté suprême.
L’acte de foi
extérieur, triple aussi... se manifeste de trois manières.
Tout d'abord ce
peut être la reconnaissance publique de tous les articles de
foi... Si vous étiez citée devant le tribunal d’un prince, d’un
juge ou d’un magistrat, dit Jésus à Marie Lataste, et
qu’on vous interrogeât sur votre foi, vous seriez obligée de la
manifester... Cette confession de sa foi est, vous le comprenez,
ma fille, un des actes les plus glorieux du chrétien. Confesser
sa foi, en effet, c'est honorer et glorifier Dieu; confesser sa
foi, c'est être son défenseur; confesser sa foi, c'est confondre
les incrédules; confesser sa foi, c'est édifier son prochain et
lui donner le bon exemple. Le second acte extérieur de foi,
c'est l’acte d’adoration de Dieu par le culte extérieur qu'on
lui rend pour reconnaître ses divins attributs. Le troisième
acte extérieur de foi, c'est la confession de ses péchés par
laquelle on reconnaît avoir offensé Dieu, et par laquelle aussi
on lui demande pardon et oubli de ses offenses.
La foi est
nécessaire au salut, ma fille... Il y a deux mouvements
essentiels de l'homme... le mouvement vers l’existence et le
mouvement de retour vers Dieu. Le mouvement vers l’existence,
c'est le don de tout ce qui convient à la nature humaine; le
mouvement de retour vers Dieu, c'est le mouvement que la nature
divine, supérieure à la nature humaine, donne à celle-ci pour la
diriger dans le bien. Avec ce mouvement, on va droit au bien,
droit à Dieu, droit à l’éternelle félicité. Or, la première
condition pour la réception de ce mouvement, c'est la foi qui
fait connaître Dieu, qui fait tendre vers lui en appréciant ce
qui est en lui et ce qu'il veut mettre en vous... Sans la foi,
il est impossible de plaire à Dieu, parce que c'est repousser
Dieu. Sans la foi on ne peut être sauvé, parce qu'on n'est pas
uni à Dieu...
1-1-3-Que
devons-nous croire?
Ma fille, que
devez-vous croire? La vérité: la vérité éternelle, la vérité qui
demeure toujours et demeurera dans les siècles des siècles. La
vérité, c'est Dieu; la vérité, c'est moi. Je suis l’expression
personnelle de la vérité... Je suis la vérité première qui
contient toutes les autres vérités, la vérité qui les rassemble
toutes, et toutes les vérités réunies en moi ne font qu’une
vérité: la vérité de Dieu ou Dieu, vérité éternelle. Vous devez
croire la vérité première. Vous devez croire aussi les autres
vérités qui découlent de moi et par lesquelles vous êtes aidée à
tendre vers moi. La manifestation de la vérité première à une
âme attire cette âme vers la vérité. Pour l’attirer plus
facilement, cette vérité se manifeste sous diverses formes, et,
comme autant de liens, elles viennent l’enlacer doucement et la
porter vers Dieu.
Ainsi, tout ce
qui a rapport à la divinité, en tant qu’elle est Dieu en trois
personnes, le Père, le Fils et le Saint-Esprit, ce qui a rapport
à mon humanité, à mon Église, aux sacrements que j’ai institués,
sont autant de formes diverses de la vérité première qui se
présentent à l'homme et lui disent: 'Crois et marche vers Dieu!'
Toutes ces vérités sont renfermées dans les symboles de l’Église
et les décisions qu’elle porte sur la vérité première, décisions
qui lui sont inspirées par Dieu lui-même. Ces vérités, l'homme
ne les comprend pas dans leur nature intime, parce que la vérité
c'est Dieu, mais il les croit parce qu’elles viennent de Dieu.
La foi, ma
fille, est donnée par Dieu, cause première de la foi. Mais la
foi a plusieurs causes secondaires qui la produisent: la
révélation, la vision des miracles... et l’assentiment de l’âme
à ce qu'il faut croire.
La révélation
est cause de la foi. Comment avoir la foi, en effet, si Dieu ne
révèle pas ce qu'il faut croire... La foi véritable est une foi
vivante, et pour qu’elle vivre, il lui faut une nourriture, un
objet qu’elle saisisse: la révélation.
La vue des
miracles est cause de la foi, non seulement en ce
sens que les miracles sont opérés par Dieu, mais en ce sens que
Dieu doit exciter la foi par la vue des miracles...
L’assentiment
de l’âme à la vérité est une cause de la foi... en ce
sens que Dieu donne à l’âme l’inclination et la force pour
arriver à la foi.
1-1-4-Les
avantages de la foi
La foi est une
arme contre le monde... Par la foi, on repousse la
concupiscence de la chair... la concupiscence des yeux, parce
qu’on sait que la seule richesse que les voleurs ne peuvent
point enlever, c'est Dieu. Par la foi on repousse l’orgueil de
la vie, parce que la vue d’un Dieu humilié, crucifié et mort
pour les hommes fait connaître la misère et le péché de l'homme
qui ne lui permet pas de s’enorgueillir.
La foi est un
bouclier contre Satan et contre ses traits. Vainement
cherchera-t-il à frapper celui qui a la foi, à l’entraîner dans
la révolte, à le faire tomber dans le péché. Celui qui a la foi
sait que Satan veut sa perte et sa damnation, il sait que Dieu
veut son salut et son bonheur; il écoutera Dieu et repoussera
Satan. La foi est par conséquent un éloignement du péché...
La foi produit
la sanctification du cœur. Elle fait fuir le péché, par
conséquent elle conserve la grâce, qui est état de sainteté...
Elle fait avouer le péché quand on a eu la faiblesse de le
commettre; elle fait expier par la pénitence...
La foi
produit la crainte... de la séparation de Dieu, la crainte
de ne point l’aimer, de ne point le servir fidèlement. Elle
opère des prodiges: celui qui a la foi transporte des
montagnes... Elle relève la dignité de l'homme et le déifie en
le faisant participer à la vie divine... Enfin, la foi assure la
vie éternelle, parce que celui qui a la foi vit dans la justice,
opère des œuvres bonnes et saintes qui seront l’objet de sa
récompense dans l’éternité. Il faut désirer la foi de plus en
plus... (Livre 8, chapitre 7)
1-2-L'espérance
(Livre 8, chapitre 8)
Après avoir
longuement perlé de la foi, Jésus aborde l'espérance. Il
commence par présenter les trois sortes d'espérance: l’espérance
naturelle, l’espérance surnaturelle et l’espérance criminelle.
– L’espérance
naturelle est une inclination qui se trouve dans chaque
individu, et le fait tendre vers un but naturel qu'il croit être
bon et dans lequel il croit posséder le bonheur.
– L’espérance
surnaturelle ou la vertu d’espérance est une habitude
surnaturelle que Dieu met dans l’âme pour lui faire attendre
avec une confiance certaine la vie éternelle et les moyens de
l’obtenir par le secours de Dieu.
– L’espérance
criminelle n'est une espérance que de nom... Cette espérance est
une espérance nulle, trompeuse et mensongère. Elle peut être
fondée sur soi, sur autrui, ou sur la vanité. L'homme, être
créé, tiré du néant est faible, et le démon ne tarderait pas,
par ses ruses et son habileté à l’entraîner au mal, si la
miséricorde de Dieu ne le soutenait à chaque moment.
1-2-1-L'espérance
criminelle
Cette expression
étonne. Aussi Jésus va-t-il prendre le temps de donner les
explications nécessaires. Il parle: "L'homme est faible.
L'homme ne peut rien mériter par lui-même, et la pensée... si
elle revêt un caractère de bonté surnaturelle, n'est pas à lui,
car elle lui vient de Dieu. Par conséquent, fonder sur soi son
espérance, c'est faire injure à Dieu, c'est opérer le mal, c'est
se perdre.
De même,
l’espérance fondée sur les autres est une espérance
criminelle... En effet, tous les hommes même unis ensemble, sont
la personnification même de la faiblesse; ils sont plus fragiles
qu’un roseau et, compter sur eux, c'est être sûr d’être trompé
et confondu à l'heure du danger. Votre espérance doit s’arrêter
à Dieu et demeurez toujours en lui... et vous pourrez dire un
jour: 'Seigneur, j’ai espéré en vous; je ne serai point
confondue.'
L’espérance dans
la vanité est une espérance criminelle. Espérer dans la vanité,
c'est espérer sur sa vie, qui est fugitive et transitoire comme
la fumée emportée par le vent; c'est espérer sur la renommée, la
gloire ou l’estime des hommes... qui disparaissent avec la vie
en face de l’éternité; c'est enfin espérer sur les richesses et
les biens de ce monde, qui auront également un terme. Peut-on
placer une espérance solide sur ce qui aura un terme et une fin?
L’espérance dans la vanité est une vaine espérance, une
espérance qui éloigne de Dieu, par conséquent coupable et
criminelle.
1-2-2-L'espérance
surnaturelle
La seule
véritable espérance, c'est l’espérance surnaturelle. Jésus,
s'adressant à Marie Lataste, la décrit longuement. Il dit:
"La nature de l’espérance c'est une habitude, une inclination
surnaturelle; c'est un don de Dieu. Elle vient de Dieu et
dépasse les forces de la nature humaine. Par cette inclination,
l'homme a constamment les yeux sur les biens futurs: il les
regarde, il les attend avec courage, avec fermeté, avec la
certitude de les obtenir, parce qu'il sait que Dieu lui
accordera les moyens nécessaires pour les acquérir, et en être
un jour le possesseur. Celui qui a la vertu d’espérance s’oublie
lui-même pour s’abandonner complètement à Dieu, pour se reposer
en lui.
L’acte
d’espérance est une attente, une expectative
certaine; et quand vous faites un acte d’espérance, quand vous
dites à Dieu: 'Mon Dieu, j’espère votre grâce en cette vie et la
vue de votre gloire dans le ciel', vous dites en vérité: Mon
Dieu, j’attends votre grâce en cette vie et la vue de votre
gloire dans l’autre. Cette expectative est certaine, parce
qu’elle repose sur des fondements certains, le secours de la
toute-puissance de Dieu et de son immense miséricorde...
L’objet de
l’espérance, le premier objet de votre espérance
c'est la béatitude éternelle, c'est la possession de Dieu.
L’objet secondaire, ce sont les grâces de Dieu, les secours de
Dieu, la protection de votre Sauveur, l’effusion sur vous de mes
mérites, la tutelle de Marie, qui éloignera de vous les dangers.
Les heureux
effets que l’espérance produira en votre âme, les
voici, poursuit Jésus: Elle vous excitera à faire
pénitence de vos péchés, parce que vous en espérerez le pardon;
elle vous donnera force et courage dans les dangers, parce
qu’avec elle vous comptez sur Dieu qui renverse tous les
ennemis; elle vous délivrera des dangers, car Dieu n’abandonne
jamais ceux qui se fient en lui... Elle vous fera triompher des
tentations... Elle éclairera votre intelligence. Espérer en
Dieu, c'est se rapprocher de Dieu. Or, Dieu est lumière, et sa
lumière répand le jour dans les ténèbres et montre la vérité.
Elle gardera et sauvera la bonté de vos intentions... C'est
ainsi, ma fille, que l’espérance sera pour vous une source de
multiplicité de bonnes œuvres que vous n’auriez point opérées
sans elle. L’espérance, ma fille, doit être en vous... toujours.
1-2-3-Que
faut-il espérer, et quand?
Jésus indique à
Marie Lataste qu'elle doit espérer aussi bien dans la tentation
que dans l’affliction, dans la sécheresse ou dans l’état de
péché:
– "Vous devez
espérer dans la tentation. C'est alors, surtout, que votre
espérance doit être forte; c'est elle qui doit être le bouclier
avec lequel vous renverserez vos tentations. Si vous ne les
fuyez point, c'est là de la présomption... Si dans la tentation
vous ne priez pas, vous vous mettez dans la certitude de
succomber et de pécher. Espérez donc, ma fille, à l'heure de la
tentation.
– Espérez dans
l’affliction. Espérez, parce que Dieu n’abandonne jamais les
malheureux; espérez, parce que Dieu mettra un terme à vos
afflictions; espérez, parce que Dieu vous donnera une sécurité
entière au milieu même de vos tribulations.
– Espérez dans
la sécheresse de l'âme, dans la pauvreté... Dieu vous donnera la
nourriture dont vous avez besoin, le secours qui vous est
indispensable pour vous soutenir, un abri pour vous couvrir, et
vous ne serez point trompée dans votre espérance.
– Espérez quand
vous êtes dans l’état de péché. Pourquoi, ma fille? Parce que
Dieu est un médecin qui connaît la manière de guérir l’infirmité
de votre âme, qui peut la guérir et le désire.
L'espérance est
nécessaire... Sans elle, vous ne pouvez obtenir le ciel, parce
que Dieu ne veut le donner qu'à ceux qui l’espèrent..."
1-2-4-Où
trouver l'espérance?
Jésus continue son
exposé: "L’espérance n'est point dans le ciel où les anges et
les élus jouissent de la vue de Dieu... L’espérance n'est point
dans l’enfer. Les démons et les damnés savent qu'ils sont à
jamais séparés de Dieu... L’espérance était parmi les âmes qui
attendaient ma venue, et le bonheur du ciel que je devais leur
donner par la satisfaction de ma croix offerte à mon Père.
L’espérance est dans le Purgatoire, parmi les âmes qui n’ont
point encore satisfait à la justice de Dieu, et qui attendent le
moment où elles jouiront du bonheur. L’espérance est parmi les
hommes tant qu’ils sont sur la terre. C'est, en effet, dans la
vie que le ciel leur est montré comme une récompense, et qu'ils
cherchent à l’obtenir par les actes de vertus qu'ils
accomplissent.
Ayez une ferme
espérance en Dieu, ma fille, une ferme espérance en moi. Cette
vertu est comme un trait qui me perce le cœur, non pour me faire
souffrir, mais pour que j’en laisse sortir les flots de ma
miséricorde sur l'âme qui espère en son Sauveur... Allez, ma
fille, marchez dans cette belle voie de la sainte espérance,
vous ne serez point trompée." (Livre 8, chapitre 8)
1-3-La
charité (Livre 8, chapitre 9)
Marie Lataste est
émerveillée par les paroles du Sauveur Jésus. Elle désire qu'Il
lui parle encore... si cela est sa volonté. C'était la volonté
de Jésus qui lui dit: "Ma fille, je veux vous entretenir de
la charité. La charité est triple, et vous pouvez la considérer
dans son essence, qui est Dieu, dans sa personne, qui est le
Saint-Esprit, et dans le don que Dieu en fait à l'homme, savoir:
la vertu de charité.
– La charité
est l’essence de Dieu; c'est ce qui constitue la Divinité;
la charité c'est Dieu... la charité, c'est l’être même de Dieu.
– La charité
est la personne du Saint-Esprit. La personne du
Saint-Esprit, en effet, qui procède du Père et du Fils, est
l’éternel amour du Père pour le Fils et du Fils pour le Père. Le
Saint-Esprit est le lien du Père et du Fils, et ce lien vient du
Père et du Fils; il est dans le Père et dans le Fils; il en est
pourtant distinct, et ne fait qu’un néanmoins avec le Père et le
Fils. Le Père est charité, le Fils est charité, le Saint-Esprit
est charité. Je dis néanmoins que la charité est la personne du
Saint-Esprit, qui procède du Père et du Fils, et qui unit, par
la charité qui est lui-même, la personne du Fils à la personne
du Père."
– La charité
comme vertu est le don que Dieu fait à l'homme du
mouvement surnaturel de son cœur vers la Divinité, comme objet
de son amour...
1-3-1-La
vertu de charité
L’amour est un nom
générique qui désigne la propension
naturelle vers une chose bonne ou mauvaise; c'est une passion
de l’âme... Ainsi on aime une fleur, une habitation, un lieu.
Cet amour vous pouvez l’appeler l’amour de désir. Quand on aime
ainsi un objet ou une personne, et qu’on désire du bien à cet
objet ou à cette personne, cet amour s’appelle bienveillance,
parce qu’on veut du bien à ce qu’on aime.
L’amitié
renferme plus que la bienveillance. Il y a
bienveillance quand on désire du bien à quelqu'un sans qu'il y
ait réciprocité de sa part. L’amitié requiert cette
réciprocité. L’amitié consiste à aimer et à être aimé, à
aimer et à savoir qu'on est aimé... La charité est l’amour de
Dieu fondé sur la communication future de la béatitude. La
charité ne s’adresse d’abord qu’à Dieu, elle n’a que Dieu pour
objet; secondairement elle s’adresse aux hommes en qui on voit
l’image de Dieu, et parce que Dieu l’a voulu comme condition de
la communication de son bonheur."
1-3-2-Définition
de la vertu de charité
Avant de poursuivre
son "cours", Jésus définit la vertu de charité: "La charité
est une vertu ou un don surnaturel intrinsèquement inhérent à
l’âme, par lequel l'homme aime Dieu par-dessus tout, à cause de
ses perfections, et le prochain en Dieu et pour Dieu. La charité
est au dessus de toutes les autres vertus, à cause de sa
nécessité, de ses œuvres, de sa durée et de sa dignité. Pour la
nécessité, elle est évidente. Quand vous auriez tous les autres
dons spirituels, si vous n’avez point la charité, ces dons ne
vous servent de rien pour le salut; mais avec la charité sans
rien de plus, vous feriez sûrement votre salut."
Jésus reprend
alors, en les précisant, les enseignements contenus dans le
nouveau Testament: "La foi elle-même, celle qui transporte
les montagnes, ne vous servirait de rien sans la charité. Le
martyre, s’il pouvait être enduré sans la charité, ne vous
servirait de rien. La conversion du monde entier opérée par
votre parole, sans la charité, ne vous servirait de rien.
Il n'y a
point de vertu sans la charité, de vertu véritable, vivante,
opérante. La vertu, en effet, est un mouvement vers le bien.
Or, le bien suprême c'est Dieu; pour tendre vers lui, il faut le
connaître et l’aimer. On ne va point vers celui qu’on n’aime
pas... La charité vous fait aimer Dieu, vous le fait désirer,
vous porte à lui être agréable, afin qu'il se rapproche de vous,
et vous de lui..."
1-3-3-La
charité est la vie de la foi et de l'espérance
Jésus prend le
temps d'expliquer comment la charité dépasse la foi et
l'espérance: "Comme il y a plusieurs vertus, il faut que
chacune ait un mouvement particulier. La vertu de foi meut l’âme
vers Dieu et la porte à affirmer son existence; la vertu
d’espérance meut l’âme vers Dieu et la porte à attendre la
jouissance de sa vue; la vertu de charité meut l’âme vers Dieu
et la porte à s’attacher à lui. Le mouvement de la vertu de
charité est la vie des deux mouvements donnés à l’âme par les
vertus de foi et d’espérance.
On peut avoir la
foi et l’espérance sans la charité; mais cette foi et cette
espérance sont sans couleur, sans force, sans action féconde et
fructueuse. Vous avez la foi, vous n’avez point la charité;
cette foi tournera à votre ruine et à votre condamnation... Vous
avez l’espérance; mais que pouvez-vous espérer, si vous n’aimez
point Dieu?... La charité, ma fille, est la voie qui mène au
ciel... sans la charité, vous ne pouvez point aller au ciel. Par
conséquent, de toutes les vertus, la charité est la plus
nécessaire... La charité est au dessus de toutes les autres
vertus, à cause de l’excellence de ses œuvres.
1-3-4-Excellence
de la charité
Toutes les
œuvres produites par la charité sont bonnes; voilà pourquoi,
dit Jésus, je suis venu en allumer le feu sur la terre,
n’ayant qu’un seul désir, celui de voir le monde entier embrasé
par ses flammes. Celui qui a la charité, qui aime Dieu, cherche
à lui plaire, observe sa loi et ses commandements, n’agit que
pour suivre en tout sa divine volonté. Celui qui a la charité
opère par conséquent des œuvres de vertu, puisque la charité en
est le fondement...
Estimez donc la
charité: elle vous obtiendra tant de mérites pour la vie qui ne
passera jamais. La charité est de toutes les vertus celle qui
dure le plus... en ce sens qu'elle ne tombe jamais dans le péché
mortel... La charité dure toujours dans ceux qui sont confirmés
en grâce.. parce que la grâce donne la charité... La charité
dure toujours, même après cette vie. La foi et l’espérance
finissent avec la vie; mais après la mort la charité est reçue
dans le ciel avec les âmes... La charité est de toutes les
vertus la plus précieuse... La foi fait regarder Dieu;
l’espérance le fait attendre; la charité le fait posséder... La
charité est aussi de toutes les vertus la plus estimable, parce
que la charité... élève l'âme jusqu'à Dieu, c'est elle qui
l’unit à Dieu... Voilà, ma fille, en quelques paroles, la nature
de la charité."
1-3-5-La
perfection de la charité
Nous pourrions
penser que Jésus a fait le tour de la vertu de charité. Pas du
tout! Il pose maintenant à Marie Lataste, toute une série de
questions concernant la place de la charité dans les âmes, et
comment elle conduit à la vie spirituelle. Ces questions sont
importantes: aussi Jésus demande-t-Il à Marie de l'écouter avec
beaucoup d'attention: "La charité, je vous l’ai déjà dit, ne
finit point avec la vie. Elle continue dans le ciel. La charité
n’existe pas dans l’enfer, séjour du désordre et de la haine
éternelle contre Dieu. La charité sur la terre se trouve dans
les âmes qui ont en elles la grâce.
La charité
réside principalement dans une des facultés de l’âme: la
volonté. C'est la volonté en effet, qui saisit Dieu et s’attache
à lui dès qu'il lui est présenté par l’intelligence. Il y a des
degrés dans le don de la vertu de charité que Dieu accorde aux
hommes... selon les dispositions que Dieu découvre dans l’âme...
La charité augmente à mesure qu'on se rapproche de Dieu, non pas
d’une manière sensible par chaque acte de charité, mais en
rendant l'homme plus apte à agir de nouveau selon la charité...
La charité est susceptible d’augmentation et de progrès...
jusqu'à atteindre la charité parfaite que rien ne peut enlever
d’une âme.
– En Dieu la
charité est parfaite car Dieu est parfait et Dieu est charité;
cette perfection divine de la charité qui est Dieu, n’appartient
qu’à Dieu.
– Pour les âmes,
la perfection de la charité dans le ciel, consiste en ce que
toutes les puissances de l'âme sont uniquement attachées à
Dieu...
– Et sur la
terre, la perfection de la charité est triple et renferme trois
degrés:
La charité est
parfaite dans un homme qui se donne tout entier à l’étude de
Dieu, à la recherche de Dieu et de ce qui est à Dieu, oubliant
tout le reste...
La charité est
parfaite dans celui qui tient habituellement son cœur uni à
Dieu, de telle manière qu'il ne veuille et ne désire rien qui
soit contraire à l’amour de Dieu.
La charité est
parfaite dans celui qui tend vers Dieu, non seulement par
l’accomplissement des commandements, mais encore par la pratique
des conseils évangéliques.
Telle est la
perfection possible de la charité sur la terre. La perfection
absolue de la charité qui puisse se concevoir n'est point
possible sur la terre... "
Jésus poursuit:
"Je n’ai pas besoin d’insister longuement, ma fille, pour vous
montrer que la charité peut diminuer et se perdre. Adam avait la
charité, il la perdit par son péché. Les chrétiens, après leur
baptême, ont la charité, un seul péché mortel suffit pour la
leur faire perdre. En effet, ma fille, pécher mortellement,
c'est se retirer et s’éloigner de Dieu... Le péché mortel est la
mort de la charité dans une âme; le péché véniel en est la
diminution. Le péché véniel n’éloigne pas complètement de Dieu,
néanmoins il commence la séparation et l’éloignement."
D'où le conseil:
"Fuyez donc, ma fille, non seulement le péché mortel, mais
encore le péché véniel, qui est si préjudiciable aux âmes.
Conservez précieusement la charité. Si vous avez la charité,
vous le reconnaîtrez aux signes que je vais vous indiquer."
1-3-6-Comment
reconnaître que l'on possède la charité
Jésus vient de dire
à Marie Lataste: "Si vous avez la charité, vous le
reconnaîtrez aux signes que je vais vous indiquer." Voici
ces signes:
– "Si vous
pensez à Dieu volontiers et avec plaisir, tranquillisez-vous,
vous lui êtes unie par la charité. Là où est votre cœur, là est
votre trésor, et celui qui a Dieu pour trésor n’a rien à
craindre.
– Si vous
entendez parler de Dieu avec plaisir, si vous retenez les
paroles bonnes et édifiantes que vous aurez entendues, vous lui
êtes unie par la charité, vous n’avez rien à craindre.
– Si vous vous
entretenez souvent avec Dieu, si vous lui parlez par la prière,
tranquillisez-vous, vous lui êtes unie par la charité, vous
n’avez rien à craindre.
– Si vous donnez
volontiers pour Dieu ce qui vous appartient, ce dont vous pouvez
disposer, vous lui êtes unie par la charité. Si vous souffrez
patiemment les douleurs de cette vie en vue de plaire à Dieu,
tranquillisez-vous, vous lui êtes unie par la charité, vous
n’avez rien à craindre.
– Si vous
observez fidèlement les commandements de Dieu... Si vous aimez
tout ce que Dieu aime... si vous détestez tout ce qu'il
déteste... vous lui êtes unie par la charité, vous n’avez rien à
craindre.
– Si vous avez
la charité, Dieu vous aime parce que vous lui êtes agréable...
Il ne suffit pas, ma fille, de savoir ce que c'est que la
charité... il faut que vous en connaissiez encore l’objet, afin
que vous exerciez dignement la vertu de charité."
1-3-7-Les
objets de la charité
Jésus estime qu'il
y a quatre objets sur lesquels la charité doit se porter: Dieu,
son âme, son prochain et son corps.
L'amour de Dieu
"Dieu, ma fille,
doit être, par reconnaissance, le premier objet de votre
charité. C'est de lui que vous avez tout reçu: l'âme et le
corps, la rédemption et la grâce... Vous devez aimer Dieu parce
qu'il est infiniment aimable... Vous devez l’aimer, non
seulement parce qu'il est Dieu, mais parce qu'il est votre
Maître, votre Seigneur, et parce qu'il veut être votre
possession, votre Dieu. Oui, Dieu vous appartient, car il est
votre Père; Dieu vous appartient, car vous êtes son enfant. Eh
bien! Puisqu’il en est ainsi, aimez Dieu, aimez-le de tout votre
cœur, de toute votre âme, de toutes vos forces... Manifestez-lui
votre amour par des œuvres extérieures. Aimez Dieu toujours...
Que votre vie ne soit qu'une seule chose, l’amour continuel de
Dieu... C’est là un commandement formel qui est imposé à toute
créature raisonnable... La charité ou l’amour de Dieu efface la
multitude des péchés. La charité est la lumière de l’âme que
Dieu éclaire quand elle se rapproche de lui..."
La sauvegarde de
l'âme
"La charité est
la sauvegarde de l’âme, car elle donne Dieu lui-même pour
gardien. Dieu aime ceux qui l’aiment, il les garde et il les
préserve de tout malheur... La charité obtient le secours de
Dieu dans les nécessités de la vie, elle soutient à l’heure de
la mort... La charité tourne tout ce qui est dans l'homme à son
avantage et à son profit... parce qu’elle rapporte tout à
Dieu... La charité donne ici-bas un avant-goût de la réalité du
ciel. Elle élève au plus haut degré de la contemplation de Dieu
les âmes qui la possèdent... Tout, au contraire, s’élève contre
celui qui n’aime pas Dieu. Le péché s’empare de son cœur et le
fait ramper terre à terre; les contrariétés de la vie et ses
diverses épreuves se tournent contre lui..."
La charité
s'exerce sur soi-même
Jésus avait dit un
jour: "Aimez Dieu par-dessus tout et le prochain comme
vous-même." Le chrétien doit aimer le prochain comme il
s’aime lui-même. Il doit donc commencer par s'aimer lui-même,
puisque l’amour que l'on doit avoir pour le prochain doit être à
comparable à celui que l'on a pour soi. Jésus dit à Marie
Lataste, donc à nous aussi: "Vous devez aimer votre âme...
avant et de préférence à celle de votre prochain, mais vous
devez aimer plus l’âme de votre prochain que votre corps, tout
comme vous devez commencer par aimer votre corps avant celui de
votre prochain. Pourquoi, demande Jésus à Marie,
devez-vous plus aimer votre âme que celle de votre prochain ou
devez-vous aimer votre âme avant celle de votre prochain? Vous
aimez Dieu comme principe du bien, vous devez vous aimer
vous-même en Dieu par charité pour obtenir société avec Dieu,
qui sera votre bien... Or, l’unité de participation à Dieu est
préférable pour vous à l’union de plusieurs avec vous dans cette
même participation, par conséquent vous devez chercher d’abord
votre union à Dieu avant celle d’autrui...
Mais vous devez
aimer l'âme plus que votre frère ou votre prochain, ou que votre
propre corps. Ainsi, ma fille, si vous deviez exposer votre vie,
c'est-à-dire la vie du corps, pour procurer le salut de l'âme
d’une personne quelconque, même en la sacrifiant, ce serait là,
ma fille, la marque d’une charité parfaite. Vous n’êtes point
tenue à cela par nécessité de charité, mais la charité parfaite
peut porter à ce sacrifice, tant à cause du bonheur que vous
procurez à l'âme que vous sauvez, que de la gloire qui en
revient à Dieu."
L'amour du
prochain
Jésus parle de la
préférence que nous devons avoir pour notre corps sur le corps
de notre prochain. Mais qui est notre prochain que nous devons
aimer? Jésus dit: "Votre prochain est tout être raisonnable
de qui vous pouvez recevoir quelque bien en vue de la vie
éternelle, ou à qui vous pouvez rendre quelque bien de cette
sorte. Ainsi les anges comptent parmi votre prochain... parce
qu'ils veillent sur vous, parce que vous partagerez un jour leur
bonheur... Les élus du ciel sont votre prochain; ils sont de la
grande famille humaine à laquelle vous appartenez... Tous les
justes de la terre sont votre prochain, non seulement parce
qu'ils sont disposés à vous faire du bien, mais parce que vous
pouvez leur en faire à votre tour... Les âmes qui sont dans le
purgatoire sont votre prochain, vous pouvez et devez prier pour
elles, afin de les soulager dans leurs peines et obtenir leur
délivrance. Les pécheurs sont aussi votre prochain, et vous
devez les aimer par charité... Leur personne est susceptible de
participer au bonheur du ciel, et vous devez aimer leur
personne... Ne confondez pas le péché avec le pécheur. Haïssez
le péché comme Dieu le hait; mais aimez le pécheur comme Dieu
l’aime dans sa miséricorde...
Attention! Le
précepte de la charité ne s’étend point aux démons ni aux
damnés... "
1-3-8-L'amour
de Jésus pour les hommes
Le Sauveur Jésus
dit un jour à Marie Lataste: "Ma fille, si vous voulez bien
accomplir le précepte de la charité, prenez-moi toujours pour
modèle. Considérez de quel amour j’ai aimé les hommes, et vous
verrez qu'il avait trois caractères bien distincts:
– Je les ai
aimés gratuitement... Si vous n’aimez que ceux qui vous aiment,
ma fille, vous n’aimerez point votre prochain. J’ai aimé les
hommes, non à cause du bien qu'ils m’avaient fait, mais
uniquement pour leur faire du bien. C'est ainsi que vous devez
aimer votre prochain, sans rien attendre de lui, et dans la
disposition de lui faire toujours du bien si vous le pouvez.
J’ai aimé les hommes, même mes plus grands ennemis, mes
bourreaux, et, sur la croix, je demandai à mon Père leur pardon.
Si vous avez des ennemis, si vous rencontrez des personnes qui
vous persécutent... aimez-les encore plus que vos amis...
– J’ai
aimé les hommes avec discrétion. Je n’ai jamais aimé en eux le
vice ou le péché. J’ai guéri le paralytique en lui disant: 'Tes
péchés te sont remis.' J’ai pardonné à la femme adultère en lui
disant: 'Allez, ne péchez plus.' J’ai pardonné à saint Pierre...
J’ai pardonné à l’apôtre incrédule, et il se releva plein de foi
en disant: 'Mon Seigneur et mon Dieu!' J’ai pardonné tous les
péchés des hommes sur la croix; mais ce pardon n’était point
l’approbation de leurs fautes, c’en était la condamnation...
Ainsi, ma fille, il faut aimer le prochain, mais condamner et
haïr tout ce qu'il y a de répréhensible en lui, c'est-à-dire le
vice et le péché.
– J’ai aimé les
hommes d’un amour extrême et fructueux. Je les ai aimés d’un
amour extrême, car j'ai quitté la splendeur des cieux, je me
suis fait homme, je me suis humilié jusqu’à la mort de la croix.
Je les ai aimés d’un amour fructueux, puisque mon amour leur a
rendu la vie... Aimez ainsi le prochain, en vous dépouillant de
votre volonté propre, en vous mortifiant, en vous sacrifiant
pour lui... et ainsi vous aimerez véritablement votre prochain,
comme j’ai aimé moi-même les hommes.
Aimez le
prochain, ma fille; aimez-le en Dieu et pour Dieu, et en aimant
le prochain vous aimerez Dieu... parce que votre amour se
terminera toujours directement ou indirectement à Dieu."
1-3-9-Pourquoi
l'amour embrase-t-il si peu de cœurs?
Après avoir montré
les grands bienfaits de l'amour, Jésus s'écrie: "Ô amour!
Amour! Amour! Flamme de la charité, comment se fait-il que,
désirant si fort te communiquer, tu embrases si peu de cœurs?
Ah! c'est qu'il
trouve l’entrée des âmes fermée... Priez Dieu qu'il dispose ces
cœurs à recevoir et à conserver la grâce; il les ouvrira, et
avec la grâce, l'amour divin viendra habiter en eux."
Et comme Jésus aime
beaucoup les paraboles, il ajoute: "Le cœur d’un pécheur
ressemble à une belle maison remplie de meubles vermoulus et
gâtés, que la lumière du jour ne pénètre point, et qui éloigne
par son infection insupportable ceux qui voudraient en
approcher. Si l'amour divin pénètre dans ce cœur, il l’éclaire,
il l’illumine, il remplace par des meubles précieux ceux qui y
étaient avant, il répand enfin dans tout son intérieur un parfum
dont l’odeur suave monte de la terre au ciel pour inviter le
Dieu de charité à venir en prendre possession.
Jésus s'adresse
maintenant à la grande mystique qu'est Marie Lataste: "Ma
fille, resserrons de plus en plus les doux liens qui nous
unissent... Aimez-moi chaque jour davantage; moi... je vous
donnerai des marques plus sensibles de mon amour. Ouvrez votre
âme à toutes les ardeurs du divin amour, et que ses flammes
circulent avec votre sang dans vos veines. Offrez-vous comme
victime, et que votre sacrifice soit consumé par le feu de
l'amour divin. Aimez-moi comme je vous ai aimée quand j’étais
sur la terre. Que de peines, que de fatigues, de souffrances
vous m’avez coûtées! J’ai donné ma vie et mon sang pour vous
sauver, et... je suis toujours ici près de vous dans le
sacrement de mon amour. Je demeure ici constamment avec mon
corps, mon âme et ma divinité par amour pour vous... Quand
j’instituai ce sacrement, je connaissais déjà les outrages et
toutes les injures que je devais y recevoir, mais je sus me
contenter du petit nombre d’âmes fidèles qui devaient m’y
honorer et m’y témoigner leur amour. Soyez de ce nombre, ma
fille. Dédommagez-moi par votre amour de l’indifférence et de
l’insensibilité de tant de mauvais chrétiens. J'ai le droit et
un droit tout spécial pour attendre cela de vous.
Ô amour sacré,
embrasez tous les cœurs! Ô puissance de l'amour divin sur les
hommes! Ô puissance de l'amour divin sur Dieu! Il donne les
hommes à Dieu, il fait mourir Dieu pour les hommes! Je suis mort
par amour pour vous, ma fille, donnez-vous donc à votre Sauveur,
à votre Dieu par amour pour lui. Répondez à mon amour par votre
amour, vivez par amour pour moi, sacrifiez-vous par amour pour
moi, mourez par amour pour moi, parce que j’ai vécu, j’ai
souffert, je suis mort par amour pour vous." (Livre 8,
chapitre 9)
1-4-Les fruits
de la charité (Livre 8, chapitre 10)
Le Sauveur Jésus
veut nous faire connaître, en détails, les fruits de la vertu de
charité. Ces fruits sont: la paix, la soumission à la volonté de
Dieu, le détachement de soi-même, la pauvreté du cœur, la
liberté entière et complète et le bon exemple.
1-4-1-La
paix
La paix est un
fruit de la vertu de charité; elle consiste dans la concorde
entre ses propres désirs avec les désirs d’autrui. La paix est
toujours un effet de la vertu de charité, car toutes les choses
sont rapportées à Dieu, et ce rapport à Dieu est l’union ou la
concorde de tous les désirs des hommes avec le désir de Dieu et
les désirs d’autrui, en tout ce qui n'est pas contraire à la
volonté de Dieu. Jésus dit: "La paix n'est point une vertu
spéciale, car tous les actes qui produisent la paix ne partent
que du principe de la charité... Tout le monde veut la paix,
mais peu la possèdent, parce qu'il y en a peu qui aient la
charité.
On peut
considérer:
– La paix
temporelle, c'est la paix dans la famille, dans les cités,
dans les empires... c'est l’accord, l’entente entre deux hommes,
entre plusieurs hommes, entre plusieurs peuples divers. Là où il
n'y a point de charité il n'y a point de paix. La paix
temporelle, c'est la paix ou le calme du corps, c'est la
concorde entre l’esprit et la chair, c'est l’entente dans les
diverses opinions. Le corps est en paix quand il ne souffre pas,
quand il n’a point de maladies; la charité lui conserve cette
paix, même dans la souffrance et la maladie... La charité
conserve la paix entre la chair et l’esprit, parce qu'elle
dompte la chair et permet à l’esprit de demeurer uni à Dieu, et
cette paix contribue au bien-être temporel.
La charité
conserve la paix entre des opinions diverses; la diversité
d’opinion n'est point une attaque à la paix, c'est l’usage
rationnel et raisonné de la liberté dans le mouvement actif de
l’intelligence... Si vous avez la charité, ma fille, vous aurez
cette paix temporelle. Car si vous avez la charité, si vous
m’aimez, vous vous tournerez vers moi dans les souffrances et
les maladies de votre corps, dans l’affliction ou l’abattement
de votre cœur, ou les contrariétés de votre esprit. Vous
viendrez à moi sans effort me faire part de votre état, de vos
peines les plus secrètes avec la sincérité et la confiance d’un
enfant, et dans la tendresse de ces épanchements... vous
conserverez la paix et l’égalité de votre âme.
Les personnes
affligées, souffrantes... supporteraient mieux leurs
épreuves... si elles avaient la charité... Mais sans la charité
elles se troublent et rien ne peut les consoler. Elles me
prendraient pour leur confident et je les aimerais moi-même avec
constance et fidélité... Je compatirais à leur douleur et je les
consolerais... Moi, ma fille, non seulement je vous écouterais,
mais je vous ferais tellement éprouver de consolations que vous
oublieriez même votre douleur... et que vos plaintes et vos
épanchements ne seraient qu’une conversation pleine de félicité
avec votre Sauveur et votre Dieu.
Celui qui a la
charité a la paix, parce qu'il sait de quelle manière il doit
agir pour que la concorde soit en lui pour tout ce qui le
concerne. Il a la paix... parce qu'il hait le monde, parce qu'il
a confiance en Dieu... Celui qui a la charité hait le monde et
le méprise. Il sait que le monde passera et avec lui tout ce qui
est dans le monde... Il ne considère que mon jugement, la
connaissance que j’ai de lui, l’amitié que j’ai pour lui, et
cela lui suffit, il est calme et toujours en paix. Celui qui a
la charité met toute sa confiance en Dieu. Il supporte les
épreuves qu’il lui envoie; il n’a d’autre volonté que la volonté
de Dieu: il est en paix. Ayez donc la charité et vous aurez la
paix temporelle, vous aurez aussi la paix spirituelle.
– La paix
spirituelle, c'est la paix avec Dieu, c'est la
concorde entre vous et Dieu, et c'est la charité qui vous la
donne. Si vous avec la charité, vous accomplissez toujours la
volonté de Dieu, vous observez fidèlement sa loi et ses
commandements. Cet accomplissement vous tient nécessairement
dans le calme et la paix du cœur, car il vous unit à Dieu, vous
fait vivre de sa vie. Il y a donc conformité de volonté,
conformité de vie, vous avez la paix véritable, la paix
spirituelle.
Quelque grand
pécheur qu’ait été celui qui a la charité, par cela seul qu'il a
la charité, il a paix; car le souvenir des fautes passées
éloigne du péché, et là où il n'y a point de péché, là règne la
paix. Le souvenir des fautes passées est le souvenir d’un état
qui n'est plus et il donne une meilleure appréciation de l’état
présent. Le souvenir des fautes passées que la charité a
effacées rappelle le pardon qu'on en a reçu... l’aveu qu'on en a
fait au ministre sacré, la douleur et le repentir du cœur... Le
souvenir du pardon, c'est la paix spirituelle parce qu'il
rappelle l’œuvre de Dieu sur le pécheur et les paroles qu'il lui
a adressées: 'Courage, mon fils, ne craignez point. Venez à moi;
si vous êtes faible, je suis fort; si vous ne pouvez rien, je
puis tout; si vous êtes pauvre, je suis riche'..."
Jésus se fait
suppliant: "Venez puiser à mes pieds les eaux salutaires de
la grâce qui jaillissent jusqu’à la vie éternelle. Venez, je
serai votre bonheur, le bonheur ne se trouve qu’avec moi. Vous
l’avez cherché loin de moi et il vous a échappé; vous avez voulu
puiser dans les citernes boueuses du monde, de Satan et des
passions, et vous n'y avez trouvé que des eaux empoisonnées qui
ne désaltèrent point... Venez à moi, ayez confiance en moi,
écoutez ma voix, acceptez mon amour et vous aurez le bonheur
autant qu'il peut être sur la terre...
La charité donne
la paix éternelle, c'est-à-dire le ciel. La paix éternelle, est
la récompense de l'âme qui a la charité quand Dieu l’appelle à
lui... La charité donne la paix au ciel et sur la terre. Soyez
donc toujours en état de charité... et vous aurez aujourd'hui
aussi la paix sur la terre, pour l’avoir demain au ciel.
Il y a une
grande ressemblance entre la paix et la soumission à la
volonté de Dieu. Celui qui a la paix est soumis à la volonté
de Dieu, et celui qui est soumis à la volonté de Dieu a la paix.
On ne peut pas être soumis à la volonté de Dieu sans avoir la
charité... La soumission à la volonté de Dieu est produite aussi
par la charité. Cependant, la soumission à la volonté de Dieu
n'est pas la même chose que la paix. La paix est un état de
l’âme donné par la charité... La soumission à la volonté de Dieu
est plus qu'un état, c'est une inclination... qui fait que
l'homme accomplit tout ce que Dieu veut...
1-4-2-La
soumission à la volonté de Dieu
La soumission à
la volonté de Dieu est l'hommage le plus glorieux que l'homme
puisse offrir à Dieu et l’acte le plus avantageux à l'homme.
Qu’est-ce, en effet, que se soumettre à Dieu? C'est accomplir sa
volonté... c'est reconnaître qu'il est maître souverain, que
rien n'est au-dessus de lui; c'est adorer ses desseins... c'est,
en un mot, donner à Dieu tout ce que l’on a... selon le bon
plaisir de Dieu.
La soumission à
la volonté de Dieu est préférable à tous les jeûnes, à toutes
les austérités, à tous les sacrifices, même à l’apostolat le
plus fécond et le plus fructueux..."
Cette dernière
phrase de Jésus peut nous étonner, et Jésus le sait; aussi
explique-t-il longuement ses dernières paroles: "Que
diriez-vous d’un serviteur qui travaillerait toujours à
accroître le bien-être et les possessions de son maître, qui
vanterait partout sa bonté, qui lui prodiguerait toutes sortes
de richesses, mais qui refuserait de lui obéir ou d’accomplir sa
volonté? Que diriez-vous de ce serviteur si son maître ne
pouvait lui adresser aucun reproche, aucune remontrance sans
qu'il se révoltât, sans qu'il lui témoignât son mécontentement?
Ne préfèreriez-vous pas un serviteur moins entreprenant, mais
plus obéissant, plus respectueux? Eh bien, ma fille, il en est
ainsi de Dieu.
Dieu vous
demande la soumission pleine et entière à sa sainte volonté. Si
vous l’aimez, vous la lui accorderez. Vous recevrez les épreuves
qu'il vous imposera en lui disant: 'Mon Dieu, que votre volonté
soit faite et non la mienne.' Vous... recevrez tout comme des
témoignages de l’amitié de Dieu... qui veut que vous soyez plus
unie à lui...
Parfois on peut
se plaindre, mais à Dieu. Cette plainte... c'est un cri de
prière, une demande, un appel du secours de Dieu, prière et
demande dictées par la soumission... Être soumis à la volonté de
Dieu... c'est marcher dans le droit chemin, c'est marcher dans
le bien... car Dieu ne conduit que dans le bien et la vérité.
Que cherchez-vous sur la terre? La vérité. Que désirez-vous? La
possession de la vérité. Vous la trouverez dans la soumission à
la volonté de Dieu, parce que vous trouverez Dieu, et que Dieu
est la vérité... Pour aller à Dieu, il faut suivre ses voies, et
pour suivre ses voies, il faut être soumis à sa volonté. Celui
qui se soumet à sa volonté, va vers Dieu, arrive au ciel...
Que cette
pensée: 'Dieu le veut!' vous aide et vous soutienne. Ayez
confiance dans cette volonté, et marchez, vous arriverez au
ciel. La soumission à la volonté de Dieu n'est pas un bien
seulement pour le ciel, elle est encore un bien pour le temps...
La soumission à la volonté de Dieu fait disparaître toute haine
ou toute aversion autre que celle du péché...
1-4-3-Le
détachement et la pauvreté
Si la charité
produit la soumission, elle produit aussi le détachement.
Dieu suffit à celui qui l’aime. Aimer Dieu, ma fille, c'est le
posséder; posséder Dieu, c'est posséder le souverain bien, le
bien qui ne passe pas, le bien qui demeurera éternellement. Or,
celui qui a ce bien ne peut s’attacher aux biens périssables, ni
à la vie, ni aux créatures, ni aux richesses... il ne s’en sert
que selon les desseins de Dieu... Il accepte tout comme venant
de Dieu, il se sert de tout pour aller à lui... il n’a qu’un
seul attachement, l’attachement pour Dieu..."
Jésus poursuit son
exposé en expliquant comment celui qui aime Dieu ne peut être
attaché, ni à la vie, ni aux créatures, ni à leur beauté qui est
passagère, ni aux liens du sang, parce son Père est dans le
ciel. Celui qui aime Dieu ne peut être attaché aux richesses que
la rouille et les voleurs enlèvent; il n'est point attaché aux
honneurs de la vie, sa seule gloire consistant à servir Dieu.
Jésus insiste: "Dieu est tout pour cet homme, et rien ne le
séparera de Dieu: ni la vie, ni la mort, ni les créatures
raisonnables, ni les créatures sans raison, ni le monde, ni
Satan, parce que l'amour de Dieu est plus puissant que toutes
les puissances, et que rien ne peut lui résister... On reconnaît
l’arbre à ses fruits, et la charité produit le détachement, et
parmi les diverses sortes de détachement, il en est un que je
vous recommande entre tous, la pauvreté."
La pauvreté
Il y a deux sortes
de pauvreté: la pauvreté de nécessité et la pauvreté volontaire.
Jésus demande que les pauvres des biens de la terre estiment
leur pauvreté, car ils se trouvent dans l'état où lui-même se
trouvait sur la terre avec sa Mère. Qu’ils se disent à
eux-mêmes: nous sommes petits aux yeux des hommes, mais nous
sommes grands aux yeux de Dieu, nous sommes sûrs d’aller au
ciel; car le ciel c'est Dieu, et Dieu est la possession et la
richesse du pauvre. Cependant, dit Jésus: "Les pauvres
doivent être soutenus dans leur état de pauvreté par la vue de
ma pauvreté et de celle de ma Mère, par l’espérance de voir leur
pauvreté disparaître et se changer en une richesse immense et
sans bornes. C'est la charité encore qui nourrit et entretient
ces sentiments de foi et d’espérance." Cela ne signifie pas
qu'il faille négliger d'aider les pauvres matériellement puisque
nous devons les aimer comme nous-mêmes. Mais Jésus veut que nous
allions au-delà des contingences terrestres pour marcher
librement selon la volonté de Dieu.
1-4-4-La
liberté
Jésus nous demande
de marcher librement selon la volonté de Dieu. Librement? Mais
quelle liberté? Jésus répond: "La charité vous donnera la
vraie liberté, la liberté des enfants de Dieu. Je n’entends
point parler de cette liberté qui est le désordre, de cette
liberté qui fait le mal. Non, cela n'est point la liberté.
La liberté
consiste à se soumettre volontairement à la loi. Or, celui qui
aime véritablement Dieu, l’aimant toujours, fera toujours aussi
ce qu'il lui commande; il se soumettra sans peine, parce qu'il
l’aime et qu'il ne veut lui déplaire en rien. La volonté de Dieu
sera la règle de sa conduite, et il suivra cette règle parce
qu'il aime Dieu. Il fera tout ce qu’il voudra, et sera libre par
conséquent, parce qu'il ne voudra que ce que Dieu veut. Tenez à
cette liberté qui est la seule liberté vraie, conservez-la
toujours en vous en y conservant l’amour de Dieu.
Croissez dans
l’amour de Dieu, et votre liberté grandira, parce que vous
deviendrez de plus en plus portée à ne faire que ce que Dieu
veut." (Livre 8, chapitre 10)
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