Le 13 février 1848, Sœur Marie de
Saint-Pierre reçoit une communication importante: le Seigneur lui annonce des
évènements très graves. Elle écrit le jour même:
"L’Église est menacée d’une
horrible tempête, priez, priez...
Jésus m’a donné cette
connaissance à diverses fois, mais il n’est pas possible de rendre le touchant
accent avec lequel ce charitable Sauveur me disait: 'Priez, priez!...' Et il m’a
enseigné de quelle prière je devais me servir pour garder son Église dans le
saint Nom de Dieu; c’est de celle qu’avant de quitter la terre il avait faite à
son Père céleste pour ses apôtres et pour toute l’Église: 'Père saint, gardez en
votre Nom ceux que vous m’avez donnés...'
Cet adorable Sauveur m’a fait entendre que sa justice était fort irritée contre
les péchés des hommes, mais surtout contre les crimes qui outragent
immédiatement la majesté de Dieu...
Notre-Seigneur m’a recommandé
aussi de prier pour le nouveau Souverain Pontife. À la fin, il m’a semblé voir
comme une fumée noire qui s’élevait vers le ciel; mais le soleil n’en a pas été
obscurci, ce qui m’a un peu consolée. Cette fumée était l’emblème des ennemis,
et le soleil représentait l’Église."
Le 20 février 1848, elle
confirme: "Le dimanche 20 février, ayant offert la sainte communion en
réparation des outrages faits à la Majesté divine, j’ai vu que c’en était fini!
La France, trop coupable, allait être châtiée!... Il y a plus de quatre ans que
le bras du Seigneur était levé sur nos têtes coupables!..."
Mais ce coup ne sera pas mortel pour la France: en effet, elle ajoute:
"Notre-Seigneur m’a fait comprendre aussi que le clergé serait épargné; sans
doute il aura des vexations, mais il ne sera pas persécuté ouvertement; le sang
des prêtres ne coulera pas comme en 93,
parce, m’a-t-il dit, il n’a pas à se plaindre du clergé comme il avait sujet de
le faire à cette malheureuse époque. Oui, j’en ai la conviction, l’Église de
France sera gardée en la vertu du très saint Nom de Dieu."
Sœur Marie de Saint-Pierre
rappelle ce qu'elle disait dans une précédente lettre: "Le 13 février 1848,
j’ai vu la lutte s’engager, et les ennemis, sous l’emblème d’une fumée noire qui
s’élevait vers le ciel, mais qui n’a point obscurci le soleil de l’Église, parce
que l’Église de France avait déjà invoqué le saint Nom de Dieu, et il devait
être son refuge au moment de la tempête. Le Seigneur m’avait dit qu’en faveur de
son œuvre naissante, celle qui devait être réduite à l’extrémité du malheur (la
France) ne serait, en cette terrible commotion, que légèrement blessée. Il a
exécuté jusqu’à présent ce qu’il m’avait promis; oui, il a gardé son Église en
la vertu de son Nom salutaire; avant de frapper le grand coup de sa justice, il
a dit: Père saint, gardez en votre Nom ceux que vous m’avez donnés...
Oh! que je voudrais faire
savoir à tous les évêques cette consolante vérité, que le très saint Nom de Dieu
est le refuge de l’Église de France, en leur demandant à grands cris l’œuvre
réparatrice! Je l’ai toujours dit et je le répète encore: C’est elle qui doit
désarmer la justice de Dieu et sauver la France. Heureux si l’on sait profiter
de ce moyen de salut!"
– Ne craignez point, petit
troupeau; votre bercail est en mon Nom. Je vous tiens toutes cachées dans mon
Cœur; il ne vous arrivera point de mal; j’ai la puissance entre mes mains, et je
ne souffrirai pas qu’on vous arrache de mon sein. (Lettre du 26 février
1848)
La France, par contre :
Sœur Marie de Saint-Pierre
insiste pour rencontrer l'évêque pour qu'il étende davantage l'Œuvre de la
Réparation. Mgr Morlot refuse et la jeune sœur se soumet... et elle se tourne
vers la sainte Face de Jésus: " Rien, n’est plus propre à désarmer sa justice
irritée que de lui offrir cette très Sainte-Face, qui a mis sur sa tête les
épines de nos péchés et qui s’est affermie comme un rocher sous les coups de
cette même justice. Elle a payé nos dettes. Elle est notre caution; c’est
pourquoi notre aimable Sauveur m’a commandé de me tenir sans cesse devant le
trône de son Père, malgré mon indignité, et de lui offrir cette divine Face,
objet de ses complaisances; et ce tendre sauveur m’a fait cette consolante
promesse: 'à chaque fois que vous offrirez ma face à mon Père, ma bouche
demandera miséricorde'. Ce bon Jésus m’a promis qu’il aurait pitié de la France.
Ayons donc grande confiance; son Nom tout-puissant sera notre bouclier et sa
Face adorable notre divin rempart. Mais il me faisait comprendre qu’il désirait
voir se développer autant que possible la dévotion à cette Face adorable."
Et la sœur d'insister :
“Père saint, gardez en votre
Nom ceux que vous m’avez donnés!” Voilà la divine prière qu’il faudrait faire
continuellement pour la sainte Église, en union avec Notre-Seigneur
Jésus-Christ.
Permettez-moi de vous rappeler
les paroles que Jésus me dit après la sainte communion, le 21 novembre 1847, et
qui firent couler mes larmes en ce jour de fête consacré à Marie. Il me parlait
alors de l’œuvre réparatrice; il ajouta:
– Et quand, de mon bras
puissant, j’ébranlerai ce trône pour en faire tomber celui qui y est assis, en
quel état sera la France ?
Vous voyez que ce n’était pas
sans raison que mon cœur était affligé, puisque les grands moments de Dieu
approchaient. Mais hélas! L’heure de la justice a sonné, et, dans un clin d’œil,
il fait ce qu’il dit. Je vous adore, justice de mon Dieu, et j’invoque votre
miséricorde, Seigneur!
Je considère les prédictions
que le Seigneur m’a faites, et je dis: Les voilà bientôt toutes vérifiées! Mon
Dieu, n’ai-je pas sujet de trembler d’avoir été chargée d’une mission si
redoutable... (Lettre du 26 février 1848)
|