Sainte Mathilde eut
pour ancêtre et pour descendants des princes remarquables, des
héros fameux et de grands saints. Elle naquit dans les dernières
années du IXe siècle.
Sa mère, après la
mort de son époux, quitta le monde et entra dans un monastère.
Mathilde fut élevée par
des
religieuses, sous les yeux maternels. Cette éducation produisit
des fruits merveilleux, et l'on ne savait ce qu'il fallait
admirer davantage en elle de sa beauté, de ses progrès dans les
sciences ou de son habileté dans les travaux de son sexe.
Le duc Othon de
Saxe, ravi de tant de belles qualités, rehaussées par une piété
rare, la demanda en mariage pour son fils Henri, qui, peu
d'années après, devenait empereur d'Allemagne, sous le nom
d'Henri Ier. Ce prince était digne d'une telle épouse. Rarement
époux eurent une si noble famille: Othon, leur fils aîné, devint
empereur et mérita le titre de Grand; Brunon fut archevêque de
Cologne, et l'Église l'a mis au rang des saints; une de leur
filles fut reine de France. Mais la gloire de Mathilde, c'est
avant tout sa sainteté.
Dieu rompit bientôt
les liens de ce mariage, dont l'amour divin était l'âme et dont
les saintes œuvres étaient la joie; Henri mourut, jeune encore,
malgré les soins dévoués de sa sainte épouse, et sa mort fut
pour Mathilde l'objet d'une longue et profonde douleur. Dès lors
le monde ne fut plus rien pour elle, et elle ne s'occupa que de
sa sanctification.
L'oraison, les
jeûnes, l'aumône, la mortification, remplirent sa vie, et les
nuits suppléaient à la brièveté des jours pour prolonger ses
colloques intimes avec Jésus-Christ. Elle avait coutume de
réciter tout le Psautier avant le premier chant du coq. Les
pauvres recevaient ses premières et ses dernières visites; elle
savait si bien suffire à toutes leurs nécessités, qu'ils
n'avaient qu'une voix pour l'appeler leur mère.
L'épreuve est le
creuset de la vertu. L'empereur, prévenu contre sa mère,
l'exila; mais ce coup douloureux, qu'elle supporta avec une
angélique patience, fut bientôt suivi d'une éclatante
réparation.
Peu de temps avant
sa mort, Mathilde se retira dans un couvent pour se préparer à
la mort. On la vit descendre au rang des simples religieuses,
remplir avec joie les plus viles fonctions, et donner à toute la
communauté l'exemple d'une régularité parfaite. Elle mourut
couchée sur un cilice recouvert de cendres, le 14 mars 968.
Abbé L. Jaud
Vie des Saints pour tous les
jours de l'année,
Tours, Mame, 1950. |