La spiritualité de sainte Mechtilde
d’après le Livre de la Grâce spéciale

 

4-L’Eucharistie

Un très grand nombre des visions de sainte Mechtilde eut lieu pendant la messe et très souvent au moment de la communion. Comme on le verra plus loin, déjà au XIIIe siècle, Jésus invite à la communion fréquente; mais il insiste aussi sur la nécessité de la contrition c’est-à-dire du regret de ses péchés.

Un jour, au moment de la communion, Mechtilde vit le Seigneur sous l’aspect d’un roi magnifique prendre la place du prêtre tandis que chacune des sœurs tenait en main une lampe ardente et s’arrêtait devant lui, le visage illuminé par la clarté de sa lampe. Le Saint-Esprit lui fit comprendre que les cœurs étaient symbolisés par ces lampes; la miséricorde du Cœur divin, par l’huile; et enfin, l’ardeur de l’amour par la flamme de la lampe, car le Très Saint Sacrement communique à ceux qui le reçoivent la piété utile à tout et, de plus, elle les embrase de l’amour divin. (Le Livre de la Grâce spéciale, première partie, chapitre 4)

        4-1-L’Eucharistie, quelle merveille!

Ce jour-là, Mechtilde, après avoir demandé au Seigneur comment elle devait se préparer à communier, le vit dans une splendide maison; une table d’or était dressée. Jésus dit:

 Cette maison désigne l’ampleur de mon immense largesse qui accueille ... quiconque vient à elle. Celui qui voudra communier peut se réfugier auprès de ma clémente générosité: elle l’accueillera avec une maternelle bonté et le protègera contre tous les dangers.

La table est l’amour près duquel celui qui doit communier trouvera un sûr accès; il enrichira l’indigence de l’âme en lui communiquant tous ses biens. La nappe est ma tendresse: comme une étoffe souple et douce au toucher, elle tend fortement à se rapprocher de l’homme. Dans ma tendresse, la créature trouve un refuge assuré, parce que le souvenir de ma douceur et de ma miséricorde doit la rendre audacieuse pour rechercher et obtenir tout ce qui est nécessaire à son salut.

Sur la table parut un Agneau plus blanc que la neige... cet Agneau était le Christ, seule nourriture et véritable rassasiement des âmes. Dans cette maison, deux vierges très belles faisaient le service: elles se nommaient Miséricorde et Charité. (Le Livre de la Grâce spéciale, troisième partie, chapitre XXII, 22)

        4-2-Importance de la messe

            4-2-1-Importance de la messe

Un jour Mechtilde, malade, demanda si l’on perdait quelque chose quand on ne pouvait entendre la messe que de loin.

Le Seigneur dit :

 Il est bon d’être présent; si c’est impossible, il faut s’efforcer du moins d’être assez près pour entendre les paroles, car l’Apôtre dit: “La parole de Dieu est vivante, pénétrante et efficace.” La parole de Dieu fait produire à l’âme des vertus réelles, des œuvres bonnes; elle pénètre pour illuminer. Quand donc l’infirmité, une obédience ou quelque cause raisonnable empêche une personne d’assister à la messe, n’importe où elle est, je suis avec elle.

Une autre fois en allant à la messe elle vit le Seigneur... entièrement revêtu de blanc. Il dit :

 Quand les hommes se rendent à l’église, ils devraient se préparer par la pénitence, se frapper la poitrine et confesser leurs péchés. Alors ils pourraient aller au-devant de ma divine lumière et la recevoir en eux-mêmes. C’est cette lumière que désigne la blancheur éclatante de mon vêtement. (Le Livre de la Grâce spéciale, troisième partie, chapitre XIX, 19)

            4-2-2-Il faut communier fréquemment

Le Seigneur dit :

 Plus on communie, plus l’âme devient pure, de même que le corps est plus propre quand on le lave plus fréquemment. Plus une personne communie, plus aussi j’opère en elle et elle en moi, de sorte que ses œuvres deviennent plus saintes... (Le Livre de la Grâce spéciale, troisième partie, chapitre XXVI, 27)

            4-2-3-L’action de grâces après la communion

Mechtilde venait de communier quand le Seigneur lui dit :

 Ma volonté est que les cœurs des hommes me soient tellement unis par leurs désirs que la créature ne souhaite plus rien, mais dispose toutes ses aspirations selon mon Cœur. Ainsi lorsque les vents soufflent de deux côtés, on ne distingue plus leurs courants. (Le Livre de la Grâce spéciale, troisième partie, chapitre XXVII, 28)

        4-3-Comment se préparer à la communion?

            4-3-1-Nécessité de se repentir de ses fautes même vénielles

Jésus demande à Mechtilde, donc à nous tous :

 Quand tu veux communier examine avec soin la maison de ton âme pour voir si ses murs ne sont ni sales, ni dégradés... Observe si tu as été fidèle envers l’Église entière, comment tu as agi avec ton prochain, si tu l’as aimé d’une charité profonde, si tu as regardé ses peines comme étant les tiennes, si tu as prié dévotement pour les pécheurs, pour les âmes des fidèles et pour tous ceux qui sont dans le besoin. Et si sur l’un de ces points tu trouves quelque tache ou quelque dommage, applique-toi à le réparer par la pénitence et la satisfaction. (Le Livre de la Grâce spéciale, première partie, chapitre XIX, 33)

Un samedi, , comme on faisait mémoire de la sainte Vierge, Mechtilde fut emportée dans un ravissement. Elle vit le Roi de gloire; à sa droite se trouvait sa sainte Mère. Mechtilde se pencha sur le Cœur de Jésus et entendit les battements réguliers de son Cœur. Mais les pulsations de ce Cœur divin résonnaient comme une invitation adressée à l’âme, en ces termes :

 Viens te repentir, viens te réconcilier, viens te consoler, viens te faire bénir. Viens mon amie recevoir tout ce que l’ami peut donner à celui qu’il aime. Viens, ma sœur, posséder l’héritage éternel que je t’ai acquis par mon sang? Viens mon épouse, jouir de ma divinité. (Le Livre de la Grâce spéciale, deuxième partie, chapitre I, 1)

            4-3-2-Les pierres précieuses indispensables

Mais ce n’est pas tout. Le Seigneur informe Mechtilde sur ce que doit posséder celui qui se dispose à la sainte communion. Il nomme particulièrement les sept pierres précieuses indispensables:

            – La pureté du cœur

            – Le souvenir assidu de la vie et des paroles du Christ

            – L’humilité,

            – L’accroissement des œuvres bonnes

            – La patience

            – l’espérance

            – l’amour des choses célestes. (Le Livre de la Grâce spéciale, troisième partie, chapitre XXIII, 23)

Il rappelle aussi les trois vérités dont il faut se souvenir:

            – L’éternel amour dont Dieu nous aimait déjà avant que nous ayons l’être

            – L’amour immense qui a tiré le Fils de Dieu du sein des ineffables délices qu’il goûtait dans la gloire du Père...

            – L’amour insondable avec lequel il nour regarde et prend soin de nous.

On doit se rappeler ces trois vérités à toute heure, mais spécialement lorsqu’on prend part au céleste banquet que notre très doux Amour nous a laissé... (Le Livre de la Grâce spéciale, 3ème partie, chapitre XXIV, 24)

        4-4-Le péché-La contrition - L’action de Grâces

            4-4-1-Les plaintes de Jésus

Un jour Jésus dit :

 Rien ne me procure autant de délices que le cœur des hommes, dont je ne jouis pourtant que rarement. J’ai tous les biens en abondance, excepté le cœur de l’homme qui m’échappe souvent. (Le Livre de la Grâce spéciale, quatrième partie, chapitre LIV, 50)

Une autre fois Mechtilde crut entendre le Seigneur se plaindre d’être si maltraité dans l’Église et spécialement de trois manières: le clergé ne s’appliquait pas à la sainte Écriture mais s’en servait par vanité; les hommes spirituels négligeaient les choses intérieures pour se porter aux œuvres extérieures; le commun du peuple ne se souciait ni de la parole de Dieu ni des sacrements de l’Église. (Le Livre de la Grâce spéciale, quatrième partie, chapitre I, 1)

            4-4-2-Dieu est disposé à accueillir tous les pécheurs

Mechtilde dans une vision vit Jésus tenant un cercle de bois desséché sur lequel il fixait des roses. Elle ne comprenait pas, mais Jésus dit :

 Comprends par là qu’il n’y a pas de pécheur dont le cœur soit si desséché par la rouille du vice qu’il ne puisse reverdir sur-le-champ, s’il est saisi d’une maladie quelconque. Il lui suffit de la supporter avec intention de souffrir bien davantage pour mon amour et pour ma gloire, et il devient capable de recevoir grâce et miséricorde. Je te dis même qu’il n’y a si grand criminel auquel je ne remette tous ses péchés dès qu’il se repent sincèrement, et vers lequel je ne sois disposé à incliner mon Cœur divin avec autant de clémence et de douceur que s’il n’eût jamais péché. (Le Livre de la Grâce spéciale, quatrième partie, chapitre LVIII, 54)

            4-4-3-Importance de la vraie contrition et du désir de réparer ses fautes

Le Seigneur précisera :

 Toutes les fois que l’homme propose de préférer la mort au péché en combattant les pensées et les désirs mauvais, cette volonté est aussitôt agréée de Dieu comme si l’intention avait été suivie de l’acte lui-même.

Et au sujet de la plaie de son Cœur, Jésus dit :

 Dans cette plaie d’amour, si grande qu’elle embrasse le ciel, la terre et tout ce qu’ils contiennent, applique ton amour à mon divin amour, afin qu’il devienne un seul et même amour, comme le fer pénétré par le feu. (Le Livre de la Grâce spéciale, première partie, chapitre XVIII, 28)

À une âme qui voulait réparer ses négligences, le Seigneur conseille :

 Pour réparer tes négligences et regagner le temps perdu, salue mon Cœur dans sa bonté divine, car Il est la source et l’origine de tout bien. Salue mon Cœur dans la surabondance de la grâce qui a découlé, découle et découlera sans cesse de lui sur les saints et sur les âmes de tous les élus. Salue cette eau pleine de douceur qui a jailli tant de fois de mon Cœur infiniment bon, pour enivrer ton âme au torrent des divines voluptés. (Le Livre de la Grâce spéciale, troisième partie, chapitre VIII, 8)

            4-4-4-La confession

Le Seigneur dit :

 Tout acte de charité purifie du péché véniel; mais le péché mortel, qui adhère à l’âme aussi fortement que la poix, ne peut être enlevé que par la confession et une plus grande contrition. Je garde aussi tout acte de charité dans mon Cœur comme un trésor spécialement aimé, jusqu’à ce que vienne à moi celui qui l’a accompli, et alors je le lui rends pour mettre le comble à son mérite et à sa grâce. (Le Livre de la Grâce spéciale, cinquième partie, chapitre XXV, 28)

Mechtilde parle aussi de confession de louange. Il arrivait souvent, même de son temps, qu’on ne sache plus se confesser. Que faire?

Réponse inspirée à Mechtilde :

 Que l’âme, exaltant la Divinité, se reconnaisse coupable de n’avoir pas eu pour Dieu tous les respects convenables, d’avoir tant de fois souillé en elle l’image divine en occupant sa mémoire de choses terrestres et inutiles, en appliquant curieusement sa raison à la sagesse humaine et en prenant plaisir à ce qui est vil et passager... Que l’âme loue les oreilles de la miséricorde de Dieu, qu’elle s’accuse de n’avoir pas donné toute l’attention requise à la parole de Dieu, et de n’avoir pas prêté l’oreille aux requêtes de son prochain.

Et que de péchés commis par la bouche! Murmures, vaines et inutiles paroles, silence inopportun au sujet de la parole de Dieu et de la doctrine, silence parfois dans la prière et dans le chant. Le joug accepté au baptême, combien de fois l’a-t-elle secoué! Et même dans les circonstances pénibles, ne l’a-t-elle pas porté de mauvais cœur?... Son cœur a péché quand elle n’a pas aimé Dieu de toutes ses forces, quand, au lieu de méditer la loi divine, elle s’est laissé envahir par les pensées inutiles. (Le Livre de la Grâce spéciale, troisième partie, chapitre VI, 6)

            4-4-5-L’action de grâces

Dans une étonnante vision Mechtilde vit, dans un grand jardin, les saints vêtus en fonction de leurs vertus, du regret de leurs fautes, etc... reposer sous des arbres, tous différents, et se nourrir de leurs fruits. Bientôt elle vit “celles [1] qui, s’étant purifiées du péché en châtiant leur chair, semblaient devenues des encensoirs d’or, parce que la mortification monte devant Dieu comme un encens d’agréable odeur.” (Le Livre de la Grâce spéciale, première partie, chapitre X, 17)

D’où le conseil que Mechtilde nous livre: nous devons remercier de ce que la blessure du très doux Cœur de Jésus a fait jaillir sur nous l’eau vivifiante et le vin enivrant, c’est-à-dire le sang du Christ et l’abondance infinie de tous ses biens... (Le Livre de la Grâce spéciale, première partie, chapitre XIX, 29)

Et le Seigneur ajoute :

 ... que chacun ait pour tous ces bienfaits autant d’amour et de reconnaissance que si j’avais souffert pour lui seul toutes mes douleurs. (Le Livre de la Grâce spéciale, première partie, chapitre XIX, 30)


[1] Probablement ses compagnes du monastère.

    

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