La spiritualité de sainte
Mechtilde
d’après le Livre de la Grâce spéciale
Mechtilde eut parfois la vision
d’âmes récemment décédées. Ces visions furent souvent l’occasion pour elle de
recevoir des enseignements précieux.
Dame Gertrude, sœur, selon la
chair, de Mechtilde de Hackeborn, devint l’Abbesse du monastère d’Helfta à l’âge
de dix-neuf ans. La sixième partie du livre de la Grâce spéciale lui est en
partie consacrée. Mechtilde fut favorisée de nombreuses visions qui lui
montraient comment sa sœur l’Abesse se prépara à la mort, assistée par de
nombreux anges. Mechtilde vit également ce qui se passait pour l’âme de
l’Abbesse au moment de sa mort et après sa mort quand elle était entrée dans la
gloire. Elle laissa à sa sœur Mechtilde ce conseil précieux:
― Lorsque
l’amour de la divinité s’élance impétueux dans l’âme pour la pénétrer, il le
fait avec une douceur si puissante qu’il devient impossible à la créature de le
contenir. (Le Livre de la Grâce spéciale, sixième partie)
À plusieurs reprises Mechtilde pria
pour des morts; mais ils n’avaient déjà plus besoin de ce secours. Leur gloire,
c’est-à-dire leur présence dans l’amour de Dieu, lui fut manifestée par le
Seigneur. C’est ainsi que sa sœur selon la chair, l’abbesse Gertrude de
Hackeborn, lui déclara :
― Ma
prière est désormais plus efficace, plus utile et plus fructueuse qu’au temps de
ma vie... Il en est ainsi parce que la prière, même après la mort du juste qui
l’a faite, jamais ne périt ni ne meurt... D’où l’on peut conclure que si l’on
donnait à ses désirs une intention qui s’étendrait à tous les siècles,
c’est-à-dire si l’on voulait vivre et se perfectionner jusqu’à la fin du monde
pour l’amour et la gloire de Dieu, en priant, travaillant et souffrant afin de
secourir les vivants et les âmes du purgatoire, on verrait sûrement Dieu
accepter ce vœu comme l’acte lui-même. (Le Livre de la Grâce spéciale,
sixième partie, chapitre I, 1)
Le jour anniversaire de la mort du
comte de Lansfeld, Burchard, fondateur du monastère d’Helfta en 1229, Mechtilde
vit cette âme devant Dieu; elle vit aussi plusieurs personnes qui avaient
participé à cette fondation. Plus tard, elle vit également l’âme du jeune
Burchard XII de Mansfeld, mort en 1294, à l’âge de dix-neuf ans. Elle demanda au
Seigneur la cause de sa mort prématurés. Le Seigneur lui répondit:
– Ne sais-tu pas que les œuvres
bonnes accomplies par un homme en état de péché mortel sont de nulle valeur?
– À quoi lui servent les éloges
que les hommes font maintenant, de ses qualités, de sa bonté?...
– Toutes les fois que les hommes
sur la terre célèbrent ses vertus et l’innocence de sa vie, tous les saints me
rendent un hommage particulier pour les vertus naturelles dont j’avais orné son
âme...
Et trois mois après sa mort, l’âme
ajouta, dans une autre vision :
― Je
désire que l’on sache le bien que Dieu a fait à mon âme en la retirant du
siècle. (Le Livre de la Grâce spéciale, cinquième partie, chapitres X et
XI, 11 et 12)
Une petite fille vint à mourir dans
la deuxième année de son âge; comme Mechtilde s’étonnait le Seigneur expliqua :
― Elle
était si aimable qu’il n’était pas opportun pour elle de rester sur la terre. De
plus, son père après la mort de sa fille aînée aurait annulé le vœu de sa mère
et l’aurait gardée pour le siècle. (Le Livre de la Grâce spéciale, cinquième
partie, chapitres XII, 14)
Sainte Mechtilde “vit” de
nombreuses âmes de morts. Nous ne donnerons ici que quelques exemples.
Il y avait dans le couvent une
autre sœur Mechtilde ,
dont l’âme, après sa mort, apparut à notre sainte Mechtilde sous la forme d’une
très belle vierge. Cependant cette sœur attendait encore son entrée dans la
gloire; elle ne devait l’obtenir qu’au moment où se ferait pour elle, à la
messe, l’oblation de l’hostie. (Le Livre de la Grâce spéciale, cinquième
partie, chapitre III, 3) Voir Annexe 1
Mechtilde
vit aussi les âmes de Dom Albert et du Frère
Thomas ,
d’illustre mémoire... On voyait briller en ces docteurs la clarté des anges, les
mérites des prophètes, la dignité suréminente des apôtres, la gloire triomphale
des martyrs, la doctrine de sainteté des confesseurs, enfin la glorification de
tous les saints.
Voir annexe 2. (Le Livre de la Grâce spéciale, cinquième partie, chapitre IX,
10)
Le salut des grands pécheurs. La
miséricorde
Mechtilde réfléchissait sur les
vertus de la fontaine de la Trinité et sur les dons qui en coulaient: le
Seigneur lui dit :
― Viens,
et considère le plus petit de ceux qui sont au ciel, alors tu connaîtras la
source de miséricorde.
Et devant Mechtilde se présenta un
homme habillé de vert, de petite taille, et merveilleusement beau. L’homme lui
dit :
― Sur la
terre, j’étais un voleur et un bandit, et je n’ai jamais rien fait de bien.
― Alors
comment es-tu entré ici, dans la joie?
― Ce que
j’ai fait de mal, ce n’était pas par méchanceté, mais comme par habitude, ne
sachant rien de mieux, car j’avais été ainsi élevé par mes parents. Au dernier
moment le repentir m’a obtenu la miséricorde divine. J’ai passé cent années dans
le lieu des peines; j’y ai souffert beaucoup de tourments; et maintenant par la
seule et gratuite bonté de Dieu, j’ai été amené ici, dans le repos éternel. (Le
Livre de la Grâce spéciale, première partie, chapitre XXXIII, 58)
Une fois, pendant qu’elle priait
pour les âmes du purgatoire, le Seigneur lui dit:
― Récite
pour elles le “Pater” en union avec l’intention que j’eus en le tirant de mon
Cœur pour l’enseigner aux hommes... (Le Livre de la Grâce spéciale,
cinquième partie, chapitres XVIII, 21)
Plus tard le Seigneur ajouta :
― Quiconque,
par un sentiment de compassion ou de charité, intercède pour un mort, aura part
à tout le bien qui s’accomplit dans l’Église pour ce défunt, et au jour où il
sortira lui-même de ce monde, il trouvera ce bien déjà préparé pour le
soulagement et le salut de son âme. (Le Livre de la Grâce spéciale,
cinquième partie, chapitres XIX, 22)
Ce même jour Jésus l’emmena pour
lui montrer le purgatoire et les tourments qu’on y souffre. Elle vit certaines
âmes qui semblaient sortir de l’eau, nues et ruisselantes; elle en vit d’autres
qui sortaient du feu, horriblement brûlées et noircies. Pendant qu’elle priait,
ces âmes sortaient de leurs tourments, reprenaient la forme et l’état qu’elles
avaient sur la terre, et passaient dans ce beau jardin d’où les premières âmes
avaient été tirées.
Pendant sa prière, elle vit une
fois l’enfer ouvert sous ses pas, et dans le gouffre, la misère, l’horreur
infinie... Elle demanda :
― Ô
Seigneur, qui sont ces infortunés?
― Ce sont
ceux qui n’ont jamais pensé doucement à moi pendant une seule heure.
Elle vit aussi le purgatoire où
il y avait autant de tourments que de vices dont les âmes s’étaient faites les
esclaves sur la terre... Ces âmes souffraient dans le purgatoire la peine
qu’avait méritée leur vice préféré. Mais lorsque celle-ci eut prié pour elles,
le Seigneur en délivra un grand nombre. (Le Livre de la Grâce spéciale, 5ème
partie, chapitres XX, 23)
|