
« Que votre oui soit oui »
comme celui de Marie

Mon Dieu
sait bien que je ne peux espérer qu’en sa miséricorde, et puisque je ne peux pas
nier ce que j'ai été, je n'ai d'autre remède que de m'en remettre à elle, de me
fier aux mérites de son Fils et de la Vierge, sa mère, dont je porte indignement
l'habit que vous portez aussi. Louez-le, mes filles, d'être vraiment les filles
de cette Souveraine ; vous n'avez pas à rougir de ma misère, puisqu'en elle vous
avez une si bonne mère. Imitez-la, considérez quelle doit être la grandeur de
cette Dame, et quel bonheur nous avons de l'avoir pour patronne... Mais je vous
avertis d'une chose : bien que filles d'une telle mère, ne soyez pas sûres de
vous ; ne vous prévalez de rien !...
Nous qui
portons l'habit d'un ordre religieux, et qui lavons pris volontairement, nous
qui avons tout quitté pour Dieu, nous croyons déjà avoir tout accompli. C’est
vrai que, même sil ne s’agit que des filets de St Pierre, celui qui donne ce
qu’il a donne beaucoup. C'est déjà beaucoup, mais pourvu que nous persévérions,
que nous ne retournions pas nous fourrer à nouveau dans nos anciennes affaires.
Sans aucun doute, si nous persévérons dans ce dépouillement et cet abandon de
tout, nous atteindrons notre but. Mais ce sera à une condition ; je vous prie de
bien la considérer : regardez-vous comme des serviteurs inutiles, selon
l'expression de St Paul ou du Christ lui-même (Lc 12,48). Croyez que rien
n'oblige Notre Seigneur à vous faire une telle faveur ; votre dette est d'autant
plus forte que vous avez plus reçu.
Sainte
Thérèse d'Avila (1515-1582), carmélite, docteur de l'Église; "Le Château
intérieur", 3e demeure, ch. 1 (trad. Auclair, DDB 1964, alt.)


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