Bernardo
Plácido
Fábrega Juliá
*
18/02/1889 Camallera (Girona) - Diocèse de Girona
+ 06/10/1934 (Barruelo de Santullán)
Le 6 octobre 1934,
le frère Bernardo est assassiné. Il avait 45 ans.
La révolte à Barruelo
Cette
révolte a comme cadre celle plus générale, appelée la révolution des Asturies,
qui, au mois d’octobre 1934, s’est étendue à toute la région minière de la
province de Palencia. La ville de Barruelo était une des mines de charbon parmi
les plus importantes de la région.
Les organisations
socialistes avaient chauffé les esprits des mineurs et les bouleversements de la
politique nationale toujours plus convulsifs de janvier 1934, avaient concouru à
raviver le ferment révolutionnaire dans toute la région des mines. À Barruelo,
pendant l’été 1934, les voix d’un soulèvement possible s’étaient faites
insistantes. On accumulait des armes et on fabriquait artisanalement des bombes
et des cocktails Molotov. Au siège des organisations socialistes, on était prêt.
Le journal El
Socialista, le 4 octobre, avait donné la consigne : Pas un pas en arrière. En
avant… Tous ! et les socialistes de Barruelo attendaient des ordres. On appela à
la grève générale et l’adhésion fut totale. Le 5 octobre, la ville se préparait
à la révolte. La première attaque fut contre deux gendarmes qui se réfugièrent
dans la mairie. Celle-ci fut aussitôt la proie des flammes. Il y eu d’autres
attaques et des défilés au chant de l’Internationale. Le 6 octobre, à 2 heures
de la nuit, la révolte reprit. La caserne et l’église paroissiale furent
incendiées.
L’école des frères
se trouvait près de l’église paroissiale. Vers 4 heures, les gens en révolte en
firent leur premier objectif. Ils la prirent d’assaut en lançant des bâtons de
dynamite et des cocktails Molotov. N’ayant pu attraper les frères qui avaient
fui, ils saccagèrent et pillèrent l’école. C’est dans ces circonstances que,
vers 4 h 30, le Fr. Bernardo a été tué.
Être martyr ne s’improvise pas
Chez le frère
Bernardo bat un cœur d’apôtre. Partout où il passe, les initiatives apostoliques
se multiplient : chorales, associations d’anciens élèves, groupes d’Action
Catholique, mouvements de jeunes apôtres parmi les élèves, portes ouvertes,
intronisations de statues du Sacré-Cœur, veillées de prières, cercles d’études,
conférences culturelles et religieuses, classes pour adultes, caisse d’épargne
pour les fils des mineurs, bourses d’études, bibliothèque itinérante, troupes de
théâtre, activités folkloriques, visites aux familles des mineurs, visites aux
malades, pastorale des vocations, accompagnement des jeunes frères, cela en plus
de son travail ordinaire de direction et d’enseignement au collège.
Neuf heures de
classe par jour, écrivait-il à l’un de ses anciens élèves, des heures qui me
paraissent des minutes, parce que je suis heureux de me trouver parmi les
enfants, et tout ce que je fais pour eux me paraît bien peu !
Tout ce que nous
décrivons ici mûrit dans une intense vie d’intimité avec le Seigneur et avec la
Bonne Mère, sans oublier la mortification et même le cilice. Il disait : Quel
bien puis-je faire aux élèves si je ne suis pas le premier à vivre ce que je
leur dis.
Toute une vie en une page
1889. Le 18
février, le frère Bernardo Fábrega Julià naît à Camallera, près de Girona. Au
baptême, il reçoit les noms de Plácido Juan, José.
1901. Le 9 mars, il
entre au juvénat où un de ses frères l’avait précédé.
1905. Le 8
septembre, il fait les premiers vœux et en 1910 les vœux perpétuels. Il suit
toutes les étapes par où passent les Frères à cette époque : cuisinier de la
communauté, études, instituteur, puis enseignant dans le secondaire,
sous-directeur d’école, supérieur de communauté et directeur de collège.
1910. Il enseigne
dans le collège d’Igualada et, en 1916, il sera parmi les fondateurs du collège
de San José de Barcelone.
1925. Il est nommé
directeur de l’école des mines de charbon de Vallejo de Orbó. Son apostolat va
se fixer sur la formation des enfants des mineurs. Il aimera passionnément ce
peuple travailleur, pauvre et marqué par les idées du marxisme. Conscient de la
pauvreté de ces familles, il veut créer pour leurs enfants des chances d’un
futur meilleur.
1931. Les
Supérieurs lui demandent de prendre la direction de l’école de Barruelo de
Santullán, toujours dans la région des mines.
1934. Le 6 octobre,
vers 4 heures du matin, il est assassiné. Son corps fut l’objet d’insultes, de
mutilations, il sera traîné par les pieds dans le jardin des frères et abandonné
pendant 24 heures. Ses restes reposent maintenant dans l’église paroissiale de
Barruelo de Santullán.
Témoignages
Si le Fr. Bernardo
a été un grand éducateur de la foi de ses jeunes élèves, cela n’était pas dû
seulement à ses connaissances théologiques, mais surtout à son expérience de
Dieu.
Il a été un maître
extraordinaire, de volonté forte, de caractère énergique, sérieux et profond
dans tout ce qu’il entreprenait; et d’autre part, il se montrait respectueux,
affable, délicat dans ses relations et très charitable... Sa sincérité et sa
rectitude étaient remarquables.
Un jeune frère fut
envoyé dans la communauté du Fr. Bernardo. Le Provincial lui donna ce simple
conseil : Efforce-toi de te trouver toujours avec le frère Bernardo. Après
quelques jours, le frère comprit. C’était comme si on lui avait dit : je peux te
conseiller d’être pieux, mortifié, d’un grand zèle apostolique, en un mot,
d’être un saint. Mais je te recommande tout cela en te demandant de vivre très
proche du frère Bernardo. En effet, il sera pour toi un modèle de piété et un
miroir d’abnégation et de régularité ; un exemple de zèle apostolique et une
lumière pour la sainteté ; une copie et un résumé de toutes les vertus
religieuses et maristes. En lui, tu vas trouver un guide, un ami, un père et un
frère.
Béatifié à Rome le
28 octobre 2007, par S. E. le Cardinal José Saraiva Martins, Préfet de la
Congrégation pour la Cause des Saints.
http://www.champagnat.org/fr/220411023.asp
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