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Le lendemain de l'Annonciation
Joseph a pensé à Marie, pendant
presque toute la nuit. Il est immensément heureux de son bonheur, et du bonheur
de Zacharie et d'Élisabeth. Mais soudain il se dit : “Mais qui a donné cette
nouvelle à Marie ? Quel
messager ?”
Il les connaît tous, lui, les patrons des caravanes, et personne ne lui a rien
dit... Mais c'est peut-être un voyageur occasionnel, envoyé par Za-charie : car
les caravanes sont nombreuses de Jéru-salem à Nazareth, cette grande voie
commerciale.
Les pensées de Joseph se
bousculent : il pense à la joie de Zacharie qui va être papa et ainsi, retrouver
tout son honneur. Mais, il est bien vieux... Connaîtra-t-il son enfant pendant
longtemps ? Tiens ! pense soudain Joseph, moi je ne serai jamais papa car je me
suis donné à Dieu. Mais ce sont d'autres enfants que j'enfanterai pour Dieu; ce
sont des âmes que nous enfanterons, Marie et moi, par notre amour pour elles,
par notre compréhension, notre disponibilité, notre gentillesse. Ce sont des
âmes que nous ramènerons à Dieu. Quel bonheur !
Joseph travaille en chantant : oui,
à sa façon, il sera un prophète pour réveiller, dans son peuple, l'a-mour de
Dieu. Que Dieu soit béni à jamais !
— Mon âme chante Dieu ; la louange
déborde de mon cœur, je sens Dieu en moi, près de moi. Vive Dieu !...
Soudain Joseph s'arrête. Il retire
son tablier et ses sandales. Il enfile une tunique et met son manteau. Il vient
de penser qu'il doit préparer le voyage de Marie. Il doit aller voir le chef de
la caravane qui part dans quelques jours, et s'arranger avec lui pour tous les
frais. Joseph profitera de cette rencontre pour montrer au chef de la caravane
le plan de l'étagère qu'il est en train de fabriquer pour lui.
Maintenant, tout est arrangé.
Joseph est content, tout en étant un peu triste à l'idée d'être séparé de Marie
pendant plusieurs mois. Mais c'est la volonté de Dieu; aussi Joseph se remet-il
vaillamment au travail. Le soir arrive. Joseph range ses outils et se lave les
mains. Puis il remet son manteau, et le cœur plein d'amour, il se dirige vers la
demeure de Marie.
Le repas de Joseph et de Marie
s'achève. Joseph regarde Marie toujours aussi joyeuse qu'hier, et encore plus
belle, lui semble-t-il. Il lui dit :
— Ce matin, j'ai vu le patron d'une
caravane. Tu partiras après demain. Ne crains rien, il y aura quelques femmes,
et vous serez toutes réunies. En principe vous devriez arriver chez Zacharie, la
veille du sabbat, dans la matinée. Marie sourit :
— C'est bien Joseph. Je ferai comme
tu dis. Comme elle sera heureuse, Élisabeth, de me revoir; comme tou-te sa
famille remerciera le Seigneur de toutes ses bontés! Maintenant il est temps
pour nous de prier et de remercier Dieu notre Père : "Mon âme bénit le
Seigneur, proclame les louanges de son Nom très saint !
Nations, louez toutes Yahweh ;
peuples, célébrez-le tous ! Car sa bonté pour nous est grande, et la vérité de
Yahweh subsiste à jamais. Alleluia !" Ps 116 ou 117 (Vulgate)
Joseph quitta Marie le cœur plein
de joie et prêt à offrir à Dieu le sacrifice de la voir s'éloigner. |