18
La Visitation de Marie
Marie chemine avec
la caravane, du côté des femmes selon la coutume. Marie, jeune
femme de 15 ans est si heureuse qu'elle ne peut s'empêcher de
partager sa joie et de rendre heureux tous ceux qu'elle approche
en chantant et faisant chanter toutes les louanges de Dieu.

Yahweh, notre
Seigneur,
que ton nom est glorieux sur toute la terre
Toi qui as revêtu les cieux de ta majesté !
Quand je contemple tes cieux, ouvrage de tes doigts,
la lune et les étoiles que tu as créées, je m'écrie :
Qu'est-ce que l'homme, pour que tu te souviennes de lui,
et le fils de l'homme, pour que tu en prennes soin ? (Psaume
8, 2, 4 et 5)
Ou encore :
Je louerai
Yahweh de tout mon cœur,
je raconterai toutes tes merveilles.
Je me réjouirai et je tressaillirai en toi,
je chanterai ton nom, ô Très-Haut.
En toi se
confient tous ceux qui connaissent ton nom ;
car tu ne délaisses pas ceux qui te cherchent, Yahweh.
Chantez à Yahweh, qui réside en Sion,
publiez parmi les peuples ses hauts faits. (Psaume 9, 2 et
3- 11 et 12)
Et aussi :
À toi est due la
louange, ô Dieu, dans Sion ;
c'est en ton honneur qu'on accomplit les vœux.
Ô toi, qui écoutes la prière,
tous les hommes viennent à toi.
Heureux celui que tu choisis et que tu rapproches de toi,
pour qu'il habite dans tes parvis !
Tu as visité la terre pour lui donner l'abondance,
tu la combles de richesses ;
la source divine est remplie d'eau :
tu prépares le blé, quand tu la fertilises ainsi...
Tout se réjouit et chante. (du Psaume 65 –Vulgate 64)
Marie si joyeuse
rend aussi des services en allant, parfois, porter des objets ou
des messages d'un point de la caravane à un autre. Cette
caravane est devenue une caravane de joie... malgré les
difficultés, car l'on doit traverser des montagnes, des déserts,
des villages. Bientôt on arrive à Jéricho, et l'on refait les
provisions d'eau au puits de Jacob. Voici la Mer Morte et tous
les souvenirs historiques qu'elle rappelle. On se souvient de
Lot, du cataclysme, on prie, tous ensemble. Et l'on marche
beaucoup, surtout le matin très tôt et tard le soir; on se
repose l'après-midi, et l'on repart le soir, quand le soleil est
moins brûlant.
Après plusieurs
jours de voyage, la caravane arrive enfin près du village où
habite Zacharie. Marie reprend ses affaires en caressant
gentiment l'âne qui les portait, puis quitte la caravane en
disant adieu à ses amis par quelques signes d'amitié. Enfin,
elle entre dans le village de Zacharie. Bien qu'il soit encore
très tôt, la maison est déjà ouverte. Élisabeth aperçoit Marie:
elle se précipite vers elle. Zacharie qui était tout près
d'Élisabeth, dans le patio, aperçoit aussi Marie et se dirige
vers elle...
Élisabeth est
profondément émue: l'enfant qu'elle porte dans son sein s'agite
soudain d'une manière anormale, comme pour manifester une joie
jusqu'alors inconnue. Élisabeth comprend rapidement: oui, son
petit Jean salue Marie, lui aussi; mais surtout, Élisabeth
réalise qu'il salue le Messie qu'il devra annoncer. En effet,
dès qu'elle "entendit la salutation de Marie, l'enfant
tressaillit dans son sein, et elle fut remplie du Saint-Esprit."
C'est alors que la vérité lui fut dévoilée: son fils saluait
non seulement son cousin, mais le Messie Lui-même que Marie
portait en elle. "Elle s'écria à haute voix: 'Vous êtes bénie
entre les femmes, et le fruit de vos entrailles est béni. Et
d'où m'est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne à moi?
Car votre voix, lorsque vous m'avez saluée, n'a pas plus tôt
frappé mes oreilles, que l'enfant a tressailli de joie dans mon
sein. Heureuse celle qui a cru! Car elles seront accomplies les
choses qui lui ont été dites de la part du Seigneur!'
Et Marie dit:
'Mon âme glorifie le Seigneur, et mon esprit tressaille de joie
en Dieu, mon Sauveur, parce qu'il a jeté les yeux sur la
bassesse de sa servante.
Voici, en effet,
que désormais toutes les générations me diront bienheureuse,
parce que le Puissant a fait pour moi de grandes choses. Et son
nom est saint, et sa miséricorde d'âge en âge, est pour ceux qui
le craignent.
Il a fait œuvre
de force avec son bras ; il a dissipé ceux qui
s'enorgueillissaient dans les pensées de leur cœur; il a
renversé de leur trône les potentats, et il a élevé les humbles,
il a rassasié de biens les affamés, et il a renvoyé les riches
les mains vides.
Il a pris soin
d'Israël son serviteur, se ressouvenant de sa miséricorde, ainsi
qu'il l'avait promis à nos pères, en faveur d'Abraham et de sa
race, pour toujours'." (Luc 1, 41 à 55)
Zacharie vient
d'arriver; il a entendu les deux femmes. Il pense aux paroles de
l'ange; il revoit l'apparition qu'il vécut dans le sanctuaire.
Il voit enfin clair: oui, c'est vrai, l'enfant que porte
Élisabeth est bien l'enfant annoncé par l'ange; son fils sera
bien l'Élie qui doit revenir, le Précurseur du Messie qu'Israël
attend. Et si Marie porte vraiment un enfant, cet enfant, c'est
le Messie Lui-même... Zacharie, toujours muet, se met un peu à
l'écart et pleure de bonheur.
Réfléchissons sur
ce qui vient de se passer. Élisabeth aperçoit sa cousine. Elle
ne pouvait pas savoir que Marie était enceinte; et pourtant, dès
qu'elle eut senti son enfant se réjouir en son sein, elle
comprit que Marie était la Mère du Sauveur d'Israël: "Comment
se fait-il que la Mère de mon Sauveur vienne à moi?" Quant à
Zacharie, malgré ses pleurs il écoute discrètement ce que disent
les femmes. Il prie aussi et il se souvient que l'ange lui a
donné le nom de son Fils: "Il s'appellera Jean."
Maintenant, Zacharie a la foi.
Marie demeura dans
la maison de Zacharie environ trois mois.
|