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La venue des bergers
Les bergers sont
tout retournés: que signifie ce message ? Le chant et le message
des anges, ce n'est pas une illusion: tous ceux qui étaient là,
à veiller les troupeaux, les ont entendus. Et ces chants
merveilleux et si harmonieux, non ils ne viennent pas de la
terre... Alors ? Alors, le Messie que l'on attend avec tant
d'impatience, serait-il vraiment né ? Et à Bethléem, comme
l'avait annoncé le prophète Michée. Que faire ?

Les bergers se
concertent. Ceux qui dormaient ont été réveillés par les chants;
ils ont aussi entendu le message des anges. Alors, le mieux
serait peut-être d'aller voir. Mais où ? Pas dans Bethléem même:
il y a beaucoup trop de monde en ce moment. Et puis, comme
l'ange a parlé d'un nouveau-né couché dans une crèche, cela
signifie qu'il est tout près de nous, probablement dans une des
grottes voisines.
— Ah! Oui, dit un
jeune berger, je crois savoir où: dans la Grotte des invités, il
m'a semblé apercevoir du feu ces derniers jours. Ils ne peuvent
être que là. Ce sont probablement des gens qui sont venus
s'inscrire sur les listes de recensement de l'empereur, et qui
n'ont pas trouvé de place dans les hôtelleries.
Les bergers
hésitent encore, puis l'un se décide :
— Il faut aller
voir. Mais nous ne pouvons pas arriver les mains vides; une
crèche, ce n'est pas confortable pour un nouveau-né. Il faut
leur porter la jolie fourrure d'agneau qui est là et qui
maintenant doit être complètement sèche.
Tout le monde est
d'accord, mais quelqu'un ajoute :
— Il faut porter
aussi un peu de lait de nos brebis : les parents en ont besoin.
— Oui, et un peu de
fromage...
Rapidement un petit
paquet est fait, et les bergers se dirigent, très décidés, vers
la Grotte des invités, selon ce que saint Luc nous apprend :
“Lorsque les anges, s'en allant au ciel, les eurent quittés, les
bergers se dirent entre eux : ‘Passons donc jusqu'à Bethléem, et
voyons cet événement qui est arrivé, et que le Seigneur nous a
fait connaître’. Ils s'y rendirent en toute hâte, et trouvèrent
Marie, Joseph et le nouveau-né couché dans la crèche.” (Luc
2, 15 et 16)
Les bergers
approchent; oui, il y a bien du monde dans la grotte. Mais
soudain, saisis par une grande timidité, ils s'arrêtent :
— Nous, pauvres
bergers, nous ne sommes pas dignes d'approcher le Messie. Et
pourtant, quel bonheur ce serait...
Alors les bergers
demandent au jeune berger d'aller voir et de demander si les
personnes qui sont là ont entendu les chants venus du ciel. Il
en profitera pour jeter discrètement un œil à l'intérieur de la
grotte et voir s'il y a un petit bébé dans une mangeoire.
Le jeune berger
avance, d'abord très lentement, puis de plus en plus vite ; il
arrive en courant, et, sans bruit, soulève un peu la couverture
qui ferme l'entrée de la grotte. Il voit un homme et une femme
contemplant un tout petit enfant placé dans une mangeoire, comme
les anges l'avaient dit. Il ne se tient plus de joie, et, pour
avertir de sa présence, il se met à tousser assez fort. Joseph
se déplace et voit le jeune berger qui demande, avant que Joseph
n'ait réagi :
— Pardon ! Les
anges nous ont dit que c'était ici que le Messie venait de
naître. Avez-vous entendu tous leurs chants ? Pouvez-vous nous
le montrer ?
Le jeune ne sait
plus quoi dire ; heureusement, les autres bergers se sont tous
approchés et ils confirment :
— Oui, les anges
viennent de nous annoncer la naissance du Messie d'Israël, le
Sauveur du peuple de Dieu. Ils nous ont dit qu'il était né dans
une grotte et que nous devions venir l'adorer. Et nous vous
avons apporté quelques petites choses pour vous, et même une
belle fourrure pour qu'il n'ait pas froid.
Sans attendre la
réponse, le berger qui porte la fourrure s'approche de Marie ;
elle le regarde en souriant. Soulevant le bébé, elle laisse le
berger arranger la crèche, tandis que, remis de ses émotions,
Joseph fait signe aux bergers d'entrer et de s'installer dans la
grotte, du mieux qu'ils pourront. Ce qu'ils firent; et ils se
mirent à raconter comment le ciel s'était soudain illuminé et
empli de chants merveilleux, si beaux, qu'ils n'en avaient
encore jamais entendus de semblables. Et ils avaient parlé,
aussi clairement que nous sommes en train de vous parler... Et
ils nous ont dit que le Messie était né et qu'il reposait dans
une mangeoire.
La jeune Maman
sourit; elle voudrait bien dire un petit mot, mais elle ne le
peut pas tant les bergers sont volubiles. Enfin, ils se taisent,
et Marie prend le bébé dans ses bras, et le confie au berger qui
est devant elle. Le berger se saisit de l'Enfant avec mille
précautions, lui donne un gros baiser et le passe à son voisin.
Marie est un peu inquiète, mais le tour du groupe est vite fait,
et le petit enfant est remis dans sa mangeoire. Il est temps
pour eux, maintenant, de partir, car il faut laisser la famille
se reposer. Mais, en s'en allant ils disent
— Surtout ne vous
inquiétez pas: demain matin nous vous apporterons des vivres.
Marie remercie,
Joseph sourit ; les bergers s'en vont, lentement, en chantant :
Alleluia! Louez
Yahweh du haut des cieux,
louez-le dans les hauteurs !
Louez-le, vous tous, ses anges;
louez-le, vous toutes, ses armées !
Louez-le, soleil et lune; Louez-le,
vous toutes, étoiles brillantes !
Louez-le, cieux
des cieux, et vous, eaux,
qui êtes au-dessus des cieux !
Qu'ils louent le nom de Yahweh;
car il a commandé, et ils ont été créés.
Il les a établis pour toujours et à jamais;
il a posé une loi qu'on ne transgressera pas. (Psaume 148, 1
à 6)
Alleluia !
Chantez à Yahweh
un cantique nouveau ;
que sa louange retentisse dans l'assemblée des saints !
Qu'Israël se réjouisse en son Créateur,
que les fils de Sion tressaillent en leur Roi !
Qu'ils louent son nom dans leurs danses,
qu'ils le chantent avec le tambourin et la harpe !
Car Yahweh se complaît dans son peuple,
il glorifie les humbles en les sauvant. (Ps. 148, 1 à 4)
Les bergers
mélangent un peu les paroles... Mais qu'importe ! Ils sont si
heureux ! Ils rentrent dans leurs bergeries mais ne trouvent pas
le sommeil. Aussi, dès l'aube, se dirigèrent-ils vers la
bourgade de Bethléem afin de faire connaître “ce qui leur
avait été dit au sujet de cet enfant. Et tous ceux qui les
entendirent furent dans l'admiration de ce que leur disaient les
bergers. Quant à Marie, elle conservait avec soin toutes ces
choses, les méditant dans son cœur. Et les bergers s'en
retournèrent, glorifiant et louant Dieu de tout ce qu'ils
avaient entendu et vu, selon ce qui leur avait été dit.”
(Luc 2, 17 à 20)
Dieu, tu es mon Dieu, je te cherche
dès l'aube: mon âme a soif de toi ; après toi languit ma chair,
terre aride, altérée, sans eau.
Je t'ai contemplé au sanctuaire, j'ai
vu ta force et ta gloire. Ton amour vaut mieux que la vie : tu
seras la louange de mes lèvres !
Toute ma vie je vais te bénir, lever les mains en invoquant
ton nom. Comme par un festin je serai rassasié ; la joie sur les
lèvres, je dirai ta louange.
Dans la nuit, je me souviens de toi et
je reste des heures à te parler. Oui, tu es venu à mon secours :
je crie de joie à l'ombre de tes ailes.
(Ps 63) |