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La vie de la sainte Famille en Égypte
Nous avons tous lu
beaucoup d'ouvrages de saints et de mystiques. Quelques-uns
d'entre eux ont "vu" Jésus et sa Famille vivre en Egypte. Ils
ont même parfois raconté des histoires un peu extraordinaires.
Sont-elles vraies ou relèvent-elles de la pure imagination? Peu
importe; ce n'est pas cela qui est intéressant; ce qui compte
pour nous c'est de contempler la vie d'une famille ordinaire,
mais vivant en essayant de se soumettre à la Loi et à la Volonté
de Dieu. C'est cette vie simple, tout ordinaire, de Marie et de
Joseph, que nous allons essayer de suivre.

Le repos de la Sainte
Famille en Égypte
Michel Corneille II, dit Corneille, le Jeune
(Louvre)
Seigneur, nous
essayons de vous rencontrer en Égypte, là où vous avez vécu
votre toute petite enfance. Heureusement que vos parents, Joseph
et Marie avaient pu retrouver, dans leur exil, des compatriotes,
exilés comme eux, mais pour des raisons différentes: la diaspora
se trouvait aussi en Égypte. Et leurs compatriotes avaient
réussi à construire une petite synagogue où ils pouvaient se
retrouver, prier, surtout le jour du sabbat, et confier leurs
enfants afin qu'ils soient enseignés et qu'ils deviennent de
vrais juifs. Il y avait aussi une petite garderie où les petits
de deux à cinq ans pouvaient attendre leurs mamans pendant
qu'elles faisaient des courses qui exigeaient d'elles toute leur
attention, et aussi leurs bras, lorsque les objets achetés
étaient trop lourds.
Est-ce que Jésus a
fréquenté ces petites garderies? Probablement car on ne peut pas
imaginer que Marie ait laissé Joseph seul se débrouiller quand
il allait se procurer des fournitures nécessaires à ses travaux
de menuiserie ou de charpentes. Peut-on imaginer le comportement
de Jésus au milieu des tout petits? Incontestablement, car Jésus
était un enfant comme les autres malgré sa gentillesse
exceptionnelle. Et l'on peut aussi facilement imaginer Jésus
jouant avec les autres petits et leur montrant comment, avec de
simples petits cailloux et des brindilles de bois, on pouvait
construire des petites maisons et même des châteaux. Jésus était
déjà très aimé.
Comment la famille
vivait-elle en Égypte? Tout simplement, comme vivaient à
l'époque les familles du peuple, qu'elles soient juives ou
égyptiennes. Pourtant, il y avait une grande différence: Joseph,
et surtout Marie, faisaient "extraordinairement bien les
choses ordinaires". Les membres de l'Opus Dei d'aujourd'hui
se seraient-ils inspirés, pour leur devise, de la vie ordinaire
de la Saine Famille? Essayons de suivre la Sainte Famille tout
au long d'une journée.
C'est le matin.
Joseph et Marie se lèvent, et chacun de son côté se met à prier.
C'est une prière courte, personnelle, une offrande à Dieu de la
journée qui leur est accordée. Puis Joseph va chercher de l'eau
à la fontaine voisine pendant que Marie s'occupe du Petit.
Joseph arrive avec son eau fraîche, et Marie en prend un peu
pour le déjeuner, très frugal, mais nourrissant: Joseph a besoin
de forces, d'autant plus qu'aujourd'hui il doit aller sur un
chantier délicat monter la charpente d'une grande maison. Il en
parle à Marie qui lui assure que tout se passera bien. Et Jésus
confirme dans son langage d'enfant.
Joseph est parti.
Marie doit nettoyer et ranger sa petite maison: Jésus veut
l'aider; aussi Marie lui confectionne-t-elle un petit balai avec
de légers branchages. Jésus balaye et Marie le regarde: vraiment
cet enfant s'y prend très bien. Marie est fière de son Fils et
chantonne tout en travaillant, des fragments du psaume 8:
"Yahweh, notre
Seigneur, que ton nom est glorieux sur toute la terre, toi qui
as revêtu les cieux de ta majesté. Par la bouche des enfants et
de ceux qui sont à la mamelle tu t'es fondé une force pour
confondre tes ennemis, pour imposer silence à l'adversaire et au
blasphémateur. Quand je contemple tes cieux, ouvrage de tes
doigts, la lune et les étoiles que tu as créées, je m'écrie:
qu'est-ce que l'homme, pour que tu te souviennes de lui, et le
fils de l'homme, pour que tu en prennes soin?... Tu l'as fait de
peu inférieur à Dieu, tu l'as couronné de gloire et d'honneur...
Tu lui as donné l'empire sur les œuvres de tes mains. Tu as mis
toutes choses sous ses pied: brebis et boeufs, tous ensemble, et
les animaux des champs, oiseaux du ciel et poissons de la mer,
et tout ce qui parcourt les sentiers des mers. Yahweh, notre
Seigneur, que ton nom est glorieux sur toute la terre!"
Jésus a fini son
balayage: il écoute sa Maman chanter et il essaie de chanter
avec elle; Marie le reprend de temps en temps, car il y a des
paroles très mal prononcées. Alors Jésus reprend et Marie
s'émerveille: c'est très bien!
Il est temps
maintenant d'aller acheter quelques légumes. Il reste du pain
qu'elle a fait hier, mais avec la chaleur égyptienne, les
légumes cuits ne se conservent pas. Il faut donc aller en
chercher tous les jours, sur le marché du village. Jésus aime
beaucoup aller au marché avec Marie, car tout étant exposé à
même le sol, les étalages sont à sa portée. Très doucement il
touche parfois les jolis fruits présentés. Et, ce faisant il
sourit aux marchands qui lui font tous des caresses, même s'ils
sont égyptiens. Cet enfant est si gentil! Et puis, n'est-ce pas
pour eux aussi que Dieu s'est incarné? Cela, personne, en dehors
de Marie et de Joseph, ne le sait encore: l'heure n'est pas
encore venue, mais Jésus veut déjà faire pressentir toute la
tendresse de Dieu.
La tendresse de
Dieu! Comme elle est grande! Comme Dieu sait montrer son Amour à
tous les hommes qu'Il a créés et qu'Il veut heureux! Toutes les
personnes qui regardent Jésus pendant que Marie fait ses
courses, essuient une larme quand elles voient ce petit Enfant
bien-aimé, obligé de s'en aller avec sa maman...
De retour à la
maison, et avant de commencer à préparer son repas, Marie
appelle son petit et tous les deux prient et remercient le
Seigneur: "Que ma prière soit devant ta face comme l'encens,
et l'élévation de mes mains comme l'offrande du soir! (ps
141, 2)
Je crie vers
toi, Yahweh, je dis: Tu es mon refuge, mon partage sur la terre
des vivants! (Ps 142, 6)
Je veux
t'exalter, mon Dieu, ô Roi, et bénir ton nom à jamais et
toujours. Je veux chaque jour te bénir, et célébrer ton nom
toujours et à jamais.
Yahweh est grand
et digne de toute louange, et sa grandeur est insondable. Chaque
âge dira au suivant la louange de tes œuvres, on publiera tes
prodiges. Je chanterai l'éclat glorieux de ta majesté, et tes
œuvres prodigieuses. Et l'on parlera de ta puissance redoutable,
et je raconterai ta grandeur.(Ps 145, 2 à 6)
Joseph arrive. Il
est tout joyeux... Son travail va bien. Son équipe a été
remarquable. Tout se finira parfaitement. Joseph reprend avec
Marie et Jésus la prière qu'ils chantaient, et l'on se met à
table. Tout le monde a bon appétit, car le travail donne faim.
L'après-midi Joseph
retourne à son travail. Marie elle aussi va travailler. Elle
sort son métier à tisser: aujourd'hui elle doit commencer un
vêtement pour le petit qui joue tranquillement à côté d'elle.
Vers la fin de l'après-midi, elle habille l'enfant pour aller
faire une promenade, tout en fredonnant...
"Oui, à Dieu mon
âme en paix s'abandonne, de lui vient mon secours. Oui, il est
mon rocher et mon salut ... (Ps 62, 2 et 3) Quand je
pense à toi sur ma couche, je médite sur toi pendant les veilles
de la nuit, car tu es mon secours, et je suis dans l'allégresse
à l'ombre de tes ailes. Mon âme est attachée à toi, ta droite me
soutient." (Ps 63, 7 à 9) |