Mieux connaître Marie

   
   
   
 

Paulette Leblanc

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Après la mort de Jésus
 

 

Jésus est mort, mais les phénomènes anormaux se poursuivent. Matthieu écrit, dans son Chapitre 26 (55 et suivants), "Le voile du temple le voile du sanctuaire se fendit en deux, du haut en bas, la terre trembla, les rochers se fendirent, les sépulcres s'ouvrirent et les corps de beaucoup de saints défunts ressuscitèrent... Le centurion et ceux qui, avec lui, gardaient Jésus, voyant le tremblement de terre et ce qui se passait, furent saisis d'une grande frayeur et dirent: Vraiment, c'était le Fils de Dieu."  

Est-ce qu'il y eut vraiment des ressuscités, ce n'est pas certain, car les autres évangélistes se taisent sur ce sujet. Par contre, ce qui est certain, c'est que la frayeur fut grande à Jérusalem. Les ténèbres ne se dissipèrent pas tout de suite. Certes l'éclipse de soleil se termina normalement, mais les nuages, très épais, recouvraient toujours la terre. Et le tonnerre grondait toujours... Et la terre continuait à frémir. Les soldats étaient toujours là, à surveiller les trois crucifiés dont le plus important, le "Fils de Dieu, Roi des Juifs", était déjà mort. Marie et Jean, au pied de la croix pleuraient toujours. Marie-Madeleine sanglotait bruyamment, à la manière orientale. Le soir était proche, il allait falloir faire quelque chose...

L'apôtre Jean raconte: "Comme c'était la Préparation, de peur que les corps ne restassent sur la croix pendant le sabbat, car le jour de ce sabbat était très solennel, les Juifs demandèrent à Pilate qu'on rompît les jambes aux crucifiés et qu'on les détachât. Les soldats vinrent donc, et ils rompirent les jambes du premier, puis de l'autre qui avait été crucifié avec lui. Mais quand ils vinrent à Jésus, le voyant déjà mort, ils ne lui rompirent pas les jambes. Mais un des soldats lui transperça le côté avec sa lance, et aussitôt il en sortit du sang et de l'eau. Et celui qui l'a vu en rend témoignage, et son témoignage est vrai; et il sait qu'il dit vrai, afin que vous aussi vous croyiez. Car ces choses sont arrivées afin que l'Écriture fut accomplie: 'Aucun de ses os ne sera rompu.' Et il est encore écrit ailleurs: Ils regarderont celui qu'ils ont transpercé[1]."  

Marc précise: "Le soir étant venu, comme c'était Préparation, c'est-à-dire veille du sabbat, vint Joseph d'Arimathie, qui attendait, lui aussi, le royaume de Dieu. Il alla auprès de Pilate pour demander le corps de Jésus... Pilate... accorda le cadavre à Joseph. Ayant acheté un linceul, Joseph descendit le corps de Jésus, l'enveloppa dans le linceul, le déposa dans un sépulcre qui avait été taillé dans le roc, et il roula une pierre à l'entrée du sépulcre. Or Marie la Magdaléenne et Marie, mère de José, observaient où il était déposé."  (Marc 15, 33 à 47) 

Nous avons vu plus haut que les grands prêtres et les Pharisiens étaient allés, eux aussi,  trouver Pilate pour lui dire: "Seigneur, nous nous sommes rappelés que cet imposteur, lorsqu'il vivait encore, a dit: 'Dans trois jours je ressusciterai'. Commandez donc que le tombeau soit bien gardé jusqu'au troisième jour, de peur que ses disciples ne viennent le dérober et disent au peuple: il est ressuscité des morts. Cette dernière imposture serait pire que la première. Pilate leur dit: Vous avez une garde: allez, gardez-le comme vous l'entendez..." (Matthieu Chapitre 26) 

Toutes les précautions avaient été prises par les autorités responsables: personne ne pourrait plus, à partir du troisième jour, dire que ce "Jésus" était ressuscité. Les grands-prêtres et les pharisiens allaient pouvoir célébrer la Pâque en toute sérénité. D'ailleurs, en dehors de deux ou trois femmes, d'un tout jeune homme: l'apôtre Jean, et de deux hommes un peu illuminés: Joseph d'Arimathie et Nicodème, il n'y avait plus personne auprès du tombeau. Et ces personnes partiraient bientôt. 

Oui, tout le monde avait quitté le tombeau de Jésus après qu'il eût été placé dans un tombeau neuf; et chacun était rentré chez soi. On ignore ce que pensaient alors Joseph d'Arimathie et Nicodème. On ignore ce qu'ils firent; on sait seulement que Marie, accompagnée de Jean et de quelques femmes, rentra dans sa petite chambre dans la maison du Cénacle. Il est certain qu'elle traversa la salle du Cénacle et qu'elle y vit la table avec le plat qui avait contenu le pain et la coupe dont le vin était devenu le sang de Jésus. La souffrance de Marie était immense, et pourtant son espérance était grande. Comment comprendre ce paradoxe? Marie était seule dans la salle du Cénacle. Inconsciemment elle toucha la table où s'était trouvé son Fils, et le plat, et la coupe. Elle murmura à travers ses larmes:  

— Est-ce vrai, mon Jésus, que ce pain et ce vin que tu as consacrés, c'était Toi? Est-ce vrai que bientôt je te reverrai, ressuscité d'entre les morts? Comme ton Cœur qu'ils ont transpercé, mon cœur est brisé avec le tien. Mais je sais que tu ne te trompes jamais, et je suis pleine d'espérance. Je t'attends, Jésus, viens vite! 

Marie souffre, Marie tremble, Marie est tellement épuisée qu'elle s'endort sur sa chaise, mais son sommeil est encore prière et amour. Il est minuit, le Vendredi veille du sabbat, que l'on appellera Vendredi-Saint s'achève...


[1] (Jean 18, 31 à 37) .

   

 

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