69
Après la mort de Jésus
Jésus est
mort, mais les phénomènes anormaux se poursuivent. Matthieu
écrit, dans son Chapitre 26 (55 et suivants), "Le voile du
temple le voile du sanctuaire se fendit en deux, du haut
en bas, la terre trembla, les rochers se fendirent, les
sépulcres s'ouvrirent et les corps de beaucoup de saints défunts
ressuscitèrent... Le centurion et ceux qui, avec lui, gardaient
Jésus, voyant le tremblement de terre et ce qui se passait,
furent saisis d'une grande frayeur et dirent: Vraiment, c'était
le Fils de Dieu."
Est-ce qu'il
y eut vraiment des ressuscités, ce n'est pas certain, car les
autres évangélistes se taisent sur ce sujet. Par contre, ce qui
est certain, c'est que la frayeur fut grande à Jérusalem. Les
ténèbres ne se dissipèrent pas tout de suite. Certes l'éclipse
de soleil se termina normalement, mais les nuages, très épais,
recouvraient toujours la terre. Et le tonnerre grondait
toujours... Et la terre continuait à frémir. Les soldats étaient
toujours là, à surveiller les trois crucifiés dont le plus
important, le "Fils de Dieu, Roi des Juifs", était déjà mort.
Marie et Jean, au pied de la croix pleuraient toujours.
Marie-Madeleine sanglotait bruyamment, à la manière orientale.
Le soir était proche, il allait falloir faire quelque chose...

L'apôtre
Jean raconte: "Comme c'était la Préparation, de peur que les
corps ne restassent sur la croix pendant le sabbat, car le jour
de ce sabbat était très solennel, les Juifs demandèrent à Pilate
qu'on rompît les jambes aux crucifiés et qu'on les détachât. Les
soldats vinrent donc, et ils rompirent les jambes du premier,
puis de l'autre qui avait été crucifié avec lui. Mais quand ils
vinrent à Jésus, le voyant déjà mort, ils ne lui rompirent pas
les jambes. Mais un des soldats lui transperça le côté avec sa
lance, et aussitôt il en sortit du sang et de l'eau. Et celui
qui l'a vu en rend témoignage, et son témoignage est vrai; et il
sait qu'il dit vrai, afin que vous aussi vous croyiez. Car ces
choses sont arrivées afin que l'Écriture fut accomplie: 'Aucun
de ses os ne sera rompu.' Et il est encore écrit ailleurs: Ils
regarderont celui qu'ils ont transpercé."
Marc
précise: "Le soir étant venu, comme c'était Préparation,
c'est-à-dire veille du sabbat, vint Joseph d'Arimathie, qui
attendait, lui aussi, le royaume de Dieu. Il alla auprès de
Pilate pour demander le corps de Jésus... Pilate... accorda le
cadavre à Joseph. Ayant acheté un linceul, Joseph descendit le
corps de Jésus, l'enveloppa dans le linceul, le déposa dans un
sépulcre qui avait été taillé dans le roc, et il roula une
pierre à l'entrée du sépulcre. Or Marie la Magdaléenne et Marie,
mère de José, observaient où il était déposé." (Marc 15, 33
à 47)
Nous avons
vu plus haut que les grands prêtres et les Pharisiens étaient
allés, eux aussi, trouver Pilate pour lui dire: "Seigneur,
nous nous sommes rappelés que cet imposteur, lorsqu'il vivait
encore, a dit: 'Dans trois jours je ressusciterai'. Commandez
donc que le tombeau soit bien gardé jusqu'au troisième jour, de
peur que ses disciples ne viennent le dérober et disent au
peuple: il est ressuscité des morts. Cette dernière imposture
serait pire que la première. Pilate leur dit: Vous avez une
garde: allez, gardez-le comme vous l'entendez..." (Matthieu
Chapitre 26)
Toutes les
précautions avaient été prises par les autorités responsables:
personne ne pourrait plus, à partir du troisième jour, dire que
ce "Jésus" était ressuscité. Les grands-prêtres et les
pharisiens allaient pouvoir célébrer la Pâque en toute sérénité.
D'ailleurs, en dehors de deux ou trois femmes, d'un tout jeune
homme: l'apôtre Jean, et de deux hommes un peu illuminés: Joseph
d'Arimathie et Nicodème, il n'y avait plus personne auprès du
tombeau. Et ces personnes partiraient bientôt.
Oui, tout le
monde avait quitté le tombeau de Jésus après qu'il eût été placé
dans un tombeau neuf; et chacun était rentré chez soi. On ignore
ce que pensaient alors Joseph d'Arimathie et Nicodème. On ignore
ce qu'ils firent; on sait seulement que Marie, accompagnée de
Jean et de quelques femmes, rentra dans sa petite chambre dans
la maison du Cénacle. Il est certain qu'elle traversa la salle
du Cénacle et qu'elle y vit la table avec le plat qui avait
contenu le pain et la coupe dont le vin était devenu le sang de
Jésus. La souffrance de Marie était immense, et pourtant son
espérance était grande. Comment comprendre ce paradoxe? Marie
était seule dans la salle du Cénacle. Inconsciemment elle toucha
la table où s'était trouvé son Fils, et le plat, et la coupe.
Elle murmura à travers ses larmes:
— Est-ce
vrai, mon Jésus, que ce pain et ce vin que tu as consacrés,
c'était Toi? Est-ce vrai que bientôt je te reverrai, ressuscité
d'entre les morts? Comme ton Cœur qu'ils ont transpercé, mon
cœur est brisé avec le tien. Mais je sais que tu ne te trompes
jamais, et je suis pleine d'espérance. Je t'attends, Jésus,
viens vite!
Marie
souffre, Marie tremble, Marie est tellement épuisée qu'elle
s'endort sur sa chaise, mais son sommeil est encore prière et
amour. Il est minuit, le Vendredi veille du sabbat, que l'on
appellera Vendredi-Saint s'achève...
|