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“Premier témoin du Christ”
La naissance de saint Jean
Baptiste est un événement que l'Église fête comme une solennité, c'est pourquoi
cette année on ne lit pas les textes du 12e dimanche.
Essayons donc aujourd'hui de cerner un peu mieux la figure de ce personnage
biblique.
Jean Baptiste est le seul Saint, à
part Marie, dont l'Église fête et la naissance et la mort, celle-ci le 29 août.
Il tient en effet un rôle très important dans l'Histoire du Salut, car sa vie et
son message sont intimement liés à ceux du Christ.
L'Église fête cette naissance le
24 juin, juste trois mois après l'Annonciation, quand l'Ange avait annoncé à
Marie que Elisabeth en était “à son sixième mois”, et Jésus naîtra six mois
après, le 25 décembre. Rappelons aussi que la fête de la Visitation a été
ramenée au 31 mai, pour être fêtée justement entre l'Annonciation et la
naissance de Jean.
Comme celle de Jésus, la naissance
de Jean tient du miracle. La particularité des parents de Jean est qu'ils sont
âgés, ils étaient tristes et honteux (Luc 1,25) de n'avoir point d'enfants.
Cette situation reflète la “vieillesse” de l'Ancien Testament qui ne pouvait
plus produire de fruit, et qui attendait ardemment la "nouveauté" du Sauveur.
Marie avait posé une question à
l'Ange : “Comment cela adviendra-t-il ?”, un peu dans le sens de : Je suis toute
disponible, mais comment faire ? ; Zacharie aussi a posé une question, mais avec
doute : Ma femme et moi, on est trop vieux, c'est impossible ! Marie s'ouvre
totalement à Dieu, elle qui dira à Cana : “Tout ce qu'il vous dira, faites-le”.
Zacharie est plus rationnel, et son petit raisonnement l'empêche de s'ouvrir à
la lumière divine. Là aussi, il figure le “vieux” Testament qui ne peut plus
parler, dont l'enseignement est muet, dans l'attente du Verbe.
Comme l'avait dit l'ange, l'enfant
fut rempli de l'Esprit Saint ds le sein de sa mère (Luc 1,15) : il tressaillira
en effet en la présence de Marie, inspirant à sa mère ces mots que nous répétons
chaque jour : “Tu es bénie entre toutes les femmes et le fruit de ton sein est
béni” (Luc 1,42).
Grande joie à la naissance de
Jean ! Zacharie retrouve la parole, comme pour montrer que Jean était né pour
annoncer la venue du Verbe. Cet enfant reçoit un nom “nouveau”, que personne ne
portait dans sa famille.
L'Évangile est très sobre sur
l'enfance de Jean. “Il demeura dans les solitudes” (Luc 1,80) ; il se prépare à
sa mission dans le silence du désert, comme Jésus avant sa vie publique, mais
peut-être bien que Zacharie et Elisabeth cachèrent très tôt leur enfant, sinon
il aurait été rejoint par la fureur d'Hérode lors du massacre des saints
Innocents.
Jean, ensuite, a prêché, invité à
la conversion, s'efforçant de “secouer” la foule : “Produisez donc des fruits
dignes du repentir” (Luc 3,8) ; “Celui qui a deux tuniques, qu'il partage avec
celui qui n'en a pas, et celui qui a de quoi manger, de même” (Luc 3,11) ;
“N'exigez rien au-delà de ce qui vous est fixé” (ibid, v.13) ; “Ne molestez
personne, contentez-vous de votre solde” (ibid, v.14).
Préfigurant le Christ et la vie
consacrée, Jean a vécu dans le don total de sa personne à Dieu, dans la chasteté
parfaite, chose exceptionnelle à cette époque. Et son message annonçait celui
que Jésus allait proclamer : conversion, générosité, miséricorde, pauvreté
joyeuse, humilité.
Comme il était humble, Jean ! Il
aurait très bien pu céder à quelque sentiment de vanité en voyant toute la foule
qui l'écoutait, mais il resta très effacé : “Je ne suis pas digne de délier la
courroie de ses sandales” (Luc 3,16).
Jean a fait plus encore. Ce n'est
pas pour rien qu'on l'appelle “Précurseur”, au sens propre de “qui court devant
(pour annoncer)” : il a voulu témoigner jusqu'au bout de la Vérité, sans
craindre d'élever des reproches à Hérode pour sa conduite ; il versa son sang
pour la Vérité.
Charnière entre l'Ancien Testament
et le Nouveau, dernier des prophètes et premier témoin du Christ, Jean a été le
premier a dire : “Voici l'Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde” ; on
pourrait dire ainsi qu'il fut le premier prêtre de la nouvelle Alliance, non pas
sacramentellement, mais par son message, son exemple, son attitude, en un mot
par toute sa vie.
Abbé Charles Marie de Roussy
Commentaire pour la Nativité de Saint Jean-Baptiste -
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