Esclave d'un
citoyen de Colosse nommé Philémon que saint Paul avait converti,
Onésime, après avoir mal
servi
son maître, le vola et s'enfuit. Lorsqu'il eut dissipé tout ce
qu'il avait pris, il vint se cacher à Rome; la bonté de Dieu l'y
amenait pour le délivrer d'une servitude plus triste que celle
dont il avait voulu s'affranchir par la fuite.
Il y
rencontra saint Paul, captif. L'Apôtre, qui considérait
également les maîtres et les esclaves comme des frères rachetés
en Jésus-Christ, lui montra la gravité de sa faute,
l'instruisit, le convertit et le baptisa. Depuis ce temps-là, il
le regarda toujours comme son fils, d'autant plus cher qu'il
l'avait engendré à Dieu dans les chaînes. Voulant le réconcilier
avec Philémon, il le lui renvoie avec une lettre où il demande
le pardon et même la liberté du fugitif:
« Paul,
prisonnier de Jésus-Christ, et Timothée, son frère, à Philémon,
notre bien-aimé et coopérateur,... grâce à vous et paix de la
part de Dieu notre Père et de Notre-Seigneur Jésus-Christ... La
prière que je vous adresse est pour mon fils Onésime, que j'ai
enfanté dans mes chaînes... Je vous le renvoie; recevez-le comme
si c'était moi-même... Et non plus comme un esclave, mais comme
un esclave, devenu un frère... J'avais pensé d'abord à le garder
auprès de moi; mais je n'ai rien voulu faire sans votre
consentement... S'il vous a fait tort ou qu'il vous soit
redevable de quelque chose, mettez-le à mon compte. C'est moi,
Paul, qui vous le rendrai... Oui, mon frère, procurez-moi cette
joie dans le Seigneur... Que la grâce de Notre-Seigneur
Jésus-Christ soit avec votre esprit. Ainsi soit-il. »
Philémon
reçut Onésime avec charité et le renvoya à Rome pour assister
saint Paul dont il devint le compagnon fidèle. L'apôtre lui
confia, ainsi qu'à saint Tychique, sa lettre aux Colossiens; il
le nomma évêque d'Éphèse après la mort de saint Timothée.
Onésime eut
le bonheur de saluer à Smyrne, saint Ignace d'Antioche qui se
rendait à Rome pour y être exposé aux bêtes. Dans sa lettre aux
Éphésiens, le martyr loue la charité de l'évêque d'Éphèse.
Le procureur
d'Asie, voyant qu'Onésime, malgré la persécution, prêchait avec
courage, le fit arrêter et l'envoya à Tertulle, gouverneur de
Rome, ennemi personnel d'Onésime. Celui-ci le soumit à la
torture et le fit lapider l'an 95.
Frères des
Écoles Chrétiennes,
Vie des Saints,
p. 72-73
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