Annexe 1

La renaissance catholique
du XIXe siècle

La Révolution "dite française" avait laissé beaucoup de traces au niveau religieux. La déchristianisation systématique engagée par la république avait en partie réussi. A la fin de la révolution il y a moins de prêtres, il n'y a plus d'ordinations et des milliers de Français n'ont reçu aucune éducation religieuse. Partout des ruines, abbayes détruites, église transformées...

Quelques chiffres permettent d'évaluer l'étendue du désastre: sous le premier Empire, — régime qui prend la succession de la Révolution — il y a en moyenne 350 à 500 ordinations par an, alors que 15 ans plus tôt sous l'Ancien Régime, il y en avait 5 à 6000, donc on se trouve à 10% de ce chiffre. En 1814, il y a environ 36000 prêtres en France, ce qui représente la moitié du total de 1789 et seulement 4% de ces 36000 prêtres ont moins de 40 ans... 

Ce constat faisait dire à Chateaubriand en 1816: "Toutes choses allant comme elles vont, dans vingt ans, il n'y aura plus de prêtres en France que pour attester qu'il y avait jadis des autels." Un évêque écrivait en 1826, "plus de la moitié de la nation française est dans une ignorance complète des devoirs chrétiens et est plongée dans l'indifférence, et on peut se demander s'il y a dans la capitale 10000 hommes à pratiquer". Jugement un peu dramatique, mais qu'il faut tempérer par l'existence à cette même époque d'un authentique renouveau spirituel en France.

1-Le réveil religieux

Ce réveil religieux va bientôt se manifester. Le nombre d'ordinations va augmenter, dépassant, à partir de 1825, le nombre de décès. De très nombreux ordres religieux vont également fleurir pendant tout ce XIXe siècle.

Il se créait en moyenne plus d'une congrégation par an en France. On peut citer l'œuvre de la Propagation de la foi de Pauline Jarricot, les religieux de Saint Vincent de Paul avec Jean Léon Le Prévost, les salésiens de Don Bosco, les petites sœurs des pauvres par Jeanne Jugan...  Il ne faut pas oublier, non plus, la restauration de l'ordre bénédictin par Dom Guéranger et la fameuse abbaye de Solesmes, et par voie de conséquence la restauration du chant grégorien et la restauration liturgique.

C'est aussi le siècle du saint curé d'Ars, qui inaugure un nouveau genre de prêtre dévoré de zèle pour le salut des âmes. C'est le siècle des missions: les missionnaires français sont répandus dans le monde entier pour annoncer la Bonne Nouvelle du Salut en Jésus-Christ. Ainsi des missionnaires débarquent en Océanie en 1837, la Société des Missions Africaines est fondée en 1856 et instaure deux séminaires en Côte d'Ivoire... C'est également le siècle de la Charité et de très nombreux ordres sont créés pour aider les pauvres, enseigner, secourir: ce sera la mission de la Société de St Vincent de Paul fondée par Ozanam... C'est aussi le siècle de Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et des familles nombreuses catholiques sur le modèle de la famille Martin.

On reconnaît aussi l’importance de la prière, et spécialement de la prière contemplative et d’adoration: c’est pendant ce siècle que l'adoration perpétuelle est instaurée à Montmartre en 1885. Elle ne sera pas interrompue...

Le Bienheureux Frédéric Ozanam, fondateur des Conférences de St Vincent de Paul, apparaît comme l’un des grands artisans du renouveau catholique du XIXe siècle.

2-Pour raviver notre mémoire

Les années 1870-1905: un tournant décisif

Malheureusement, trop souvent, au XIXe siècle, la cause catholique sera assimilée à la cause royale, et malgré le travail remarquable de quelques catholiques, dits: sociaux, ce siècle s'achèvera sur un constat d'échec.

1870, c'est la fin du second Empire avec la déroute de Sedan. Trois années plus tard, la République s'installe définitivement. C'est la IIIe république anticléricale, ou pour mieux dire, franchement militante athée. Le but avoué, sous la houlette du Grand Orient de France, est de réduire le rôle de l'Église dans la société et de la cloisonner dans le sanctuaire, sinon de la détruire.

Entre 1879 et 1882, il y a les lois Jules Ferry qui créent l'école publique, laïque et obligatoire. But réel mais caché: retirer les enfants des écoles catholiques pour les instruire loin d'elle (les manuels scolaires, notamment historiques sont en grande partie mensonger à cette époque-là). On veut bien sûr faire disparaître l'école libre. Le décret de 29 mars 1880 ordonne la dissolution et la dispersion de la Compagnie de Jésus (les Jésuites enseignaient dans de nombreux lycées). On combat aussi toutes les autres  congrégations enseignantes. Une loi du 30 octobre 1886 laïcise le personnel enseignant. Les prêtres, religieux et religieuses n'ont plus droit à aucune fonction d'instruction publique.

Les mesures antireligieuses, anticatholiques ne se limitent pas à l'enseignement: c'est à ce moment qu'on autorise le travail le dimanche pour rompre avec le christianisme. En 1884, on autorise le divorce. On laïcise toutes les institutions: tous les signes religieux sont retirés des cimetières, prétoires et hôpitaux. Le tout est parachevé par la loi de séparation de l'Église et de l'État en 1905. L'État se dit neutre. Mais il ne le peut pas: il sera anticatholique.

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