Le bienheureux Paul
d'Arezzo, issu d'une famille noble et ancienne, naquit en 1511
à Itri, petite ville du royaume de Naples, au diocèse de
Gaète. Il annonça dès son enfance qu'il serait un jour un grand
serviteur de Dieu. Ses premières études achevées, il s'appliqua au
droit, et fut reçu docteur en cette faculté dans
l'Université de
Bologne. Il exerça près de dix ans la charge d'avocat à Naples, où
son désintéressement et son intégrité le firent universellement
respecter. A l'âge de trente-sept ans, il retourna dans sa patrie
pour s'y occuper dans la retraite de sa propre sanctification. On le
força depuis de revenir à Naples en qualité de conseiller royal. Il
choisit pour confesseur le B. Marinon, supérieur des Théatins de
cette ville. Peu de temps après, il renonça aux espérances qu'il
avait de s'avancer dans le monde; il entra chez les Théatins, et y
fit son noviciat avec S. André Avellin. Il prononça ses vœux entre
les mains du B. Marinon le 2 février 1558, A peine eut-il été
ordonné prêtre, qu'il se livra avec zèle aux fonctions du saint
ministère. Ses vertus éminentes le firent choisir pour supérieur de
la maison de S. Paul de Naples. Sa conduite prouva qu'il avait
toutes les qualités nécessaires pour le gouvernement. On fit
d'inutiles efforts pour le tirer de sa retraite; on lui offrit deux
évêchés qu'il refusa constamment. Il refusa également de se charger
auprès de la cour d'Espagne d'une commission importante qui
intéressait la ville de Naples. S. Charles Borromée lui écrivit deux
fois à ce sujet, pour lui représenter qu'il devait céder aux
sollicitations des Napolitains. Il lui adressa une troisième lettre
où il lui ordonnait, au nom du pape, de partir au plus tôt. II obéit
alors. L'objet de sa demande éprouva d'abord de grandes difficultés;
mais il ne se rebuta point, et il obtint par sa
persévérance qu'il ne serait porté aucune atteinte à la liberté et
aux privilèges de la ville de Naples. En revenant, il passa, par
Rome, où il eut audience de Pie IV. De retour à Naples, il fut élu
président du chapitre de sa congrégation. On le nomma ensuite
supérieur à Rome. Pie V, qui occupait alors le saint Siège le
consulta sur des affaires importantes.
Ce pape, qui
s'appliquait à donner à l'Eglise des pasteurs zélés, le nomma à
l'évêché de Plaisance. Il écouta ses représentations, mais il n'y
eut point égard, et il lui ordonna d'accepter. Il partit pour son
diocèse immédiatement après son sacre. Il eut la douleur de voir
qu'on n'y approchait presque plus des sacrements, qu'on y négligeait
les pratiques de piété, que la corruption s'était introduite jusque
dans le sanctuaire. Pour remédier à ces abus, il employa tous les
moyens que peut suggérer un zèle éclairé. Mais parmi ces moyens, il
n'y en eut point de plus efficace que son exemple. Sa ferveur, sa
modestie, son affabilité, sa douceur, son amour pour la simplicité,
la rigueur et la continuité de sa pénitence, ses aumônes, lui
méritèrent la vénération et la confiance de tous les diocésains.
Pie V l'ayant nommé
cardinal, il fut obligé de venir à Rome. Une maladie dont il fut
attaqué le retint quelque temps dans cette ville. Après le
rétablissement de sa santé, il retourna à Plaisance, où il établit
les clercs réguliers de sa congrégation. La maladie de Pie V le
rappela à Rome. Il assista au conclave où Grégoire XIII fut élu. Ce
pape le consultant sur la manière de bien gouverner l'Eglise, il lui
répondit qu'il fallait surtout obliger les évêques à la résidence.
Il repartit pour son diocèse, lorsque sa présence ne fut plus
nécessaire à Rome. Il assista au troisième concile provincial de S.
Charles Borromée, et appuya de son suffrage les sages règlements qui
y furent faits. Il fit à Plaisance divers établissements, il y fonda
entre autres deux maisons, l'une pour les orphelines, et l'autre
pour les filles ou femmes pénitentes. Il tint deux synodes, où il
publia des règlements qui seront un monument éternel de son zèle
pour la discipline ecclésiastique.
Grégoire XIII le
transféra du siège de Plaisance â celui de Naples, malgré tout ce
qu'il put alléguer pour empêcher cette translation. Il fut reçu dans
cette dernière ville avec les plus grandes démonstrations de joie.
Il travailla, comme il avait fait à Plaisance, à réformer les abus
qui avaient pu se glisser dans son nouveau diocèse. La conversion
des Juifs, des hérétiques et des esclaves mahométans devint un des
principaux objets de sa sollicitude.
Cependant sa santé
s'affaiblissait de jour en jour. On l'obligea d'aller prendre l'air
à la campagne. Malheureusement il y fit une chute,
et se cassa la cuisse. On fut obligé de le rapporter à Naples. La
fièvre se joignit aux douleurs que lui causaient la fracture de sa
cuisse, et une toux continuelle. Son état devint bientôt dangereux.
Il se soumit à la volonté de Dieu avec une parfaite résignation;
puis, après avoir fait son testament, il reçut les derniers
sacrements, et se prépara avec un redoublement de ferveur au passage
de l'éternité. Il mourut le 17 juin 1578, à l'âge d'environ
soixante-sept ans. Il fut enterré, comme il l'avait demandé, dans le
cimetière commun des Théatins de Saint-Paul de Naples. On peut juger
de ses vertus par l'estime singulière qu'eurent pour lui le saint
pape Pie V, S. Charles Borromée, S. Philippe de Néri, S. André
Avellin, le B. Marinon. Il fut béatifié le 13 mai 1772.
Les Théatins font
sa fête le 17 juin.
SOURCE : Alban
Butler : Vie des Pères, Martyrs et autres principaux Saints… – Traduction :
Jean-François Godescard. |