La PASSION de JÉSUS
selon
Maria de AGREDA
(1602-1665)

1
La Cène du Seigneur

Avant-Propos

Juste avant de commencer le récit de la Passion proprement dite du Seigneur, Marie d'Agreda mentionne l'épisode de l'onction à Béthanie par Marie-madeleine, puis raconte le triomphe des Rameaux. Mais auparavant, au paragraphe 1115 Marie d’Agreda fait quelques remarques justifiant, en quelque sorte les révélations que reçoivent quelques âmes privilégiées:

“La sagesse humaine n’aurait su pénétrer ce mystère (l’Incarnation du Seigneur en vue de aa Rédemption) si Celui qui en était l’auteur ne le lui eût révélé par tant de témoignages. Malgré cela, il s’est trouvé beaucoup de sages selon la chair qui ont eu peine à croire à ce mystère... Les catholiques croient, confessent et connaissent ce mystère dans le degré de lumière qu’en a la sainte Église. Et dans cette foi explicite des mystères révélés, nous confessons implicitement ceux qui s’y trouvent renfermés et qui n’ont pas été manifestés au monde, parce qu’ils n’étaient pas précisément nécessaires au salut; car Dieu réserve les uns pour le temps qu’Il juge convenable, les autres pour le dernier jour auquel le secret de tous les cœurs sera révélé devant le juste juge. Le dessein que le Seigneur a eu lorsqu’Il m’a prescrit d’écrire cette histoire,... a été de manifester quelques-uns de ces mystères cachés, sans opinion et sans conjecture humaine... Les catholiques ne feront pas de difficulté de croire l’accessoire, attendu qu’ils confessent déjà, par la foi, le principal des vérités chrétiennes sur lesquelles est fondé tout ce que j’écris.”

Quelques jours avant la Cène (1116, 1117, 1135)

La veille du triomphe de Jésus, qui deviendra la fête des Rameaux, Jésus s’offrit de nouveau au Père Éternel, acceptant les affronts et les ignominies de sa Passion (1116). Le Père accepta le sacrifice de Jésus-Christ et consentit, pour pardonner au monde, à ce que la rigueur de sa justice fût exercée sur lui. Le père demanda aussi à Marie de livrer de nouveau son Fils pour la Rédemption du monde. Et Marie: “Je l’offre, et moi avec lui, à votre divine volonté. Je Vous supplie, Seigneur, de me recevoir, afin que je souffre conjointement avec votre Fils et le mien.” (1117)

Le mercredi suivant, les scribes et les pharisiens... délibérèrent de nouveau sur les moyens de se saisir par la ruse du Rédempteur du monde et de le faire mourir, parce que les honneurs que tout le peuple lui avait rendus avaient augmenté leur haine et leur envie contre sa Majesté. Cette envie venait de ce que Notre Seigneur avait ressuscité Lazare, et des autres merveilles qu’Il avait faites dans le Temple. (1135)

Avant la Cène. Les adieux à Marie (1143, 1145)

Le jeudi, veille de la passion, le Sauveur appela sa sainte Mère et lui dit:

“Ma Mère, voici le temps fixé par la sagesse éternelle de mon père, où je dois opérer la rédemption du genre humain... permettez-moi d’aller souffrir et mourir pour les hommes, et consentez, en qualité de mère véritable à ce que je me livre à mes ennemis pour obéir à mon père éternel. Concourez avec moi, par cette obéissance à l’oeuvre du salut éternel...”  Ces paroles brisèrent le cœur de Marie, mais, comme elle l’avait toujours fait, elle se déclara encore la servante du Seigneur, disant que son plus grand sacrifice serait de ne point mourir avec lui. Jésus donna quelques instructions à Marie, puis la bénit, et prit congé d’elle.

La Cène du Seigneur (1156 à 1199)

Pierre et Jean furent chargés de préparer la salle où Jésus avait l’intention de préparer la Pâque de l’agneau. Quand tout fut prêt, Notre Seigneur entra avec les douze apôtres et célébra avec eux la cène de l’agneau en observant toutes les cérémonies de la loi, sans rien omettre, tout en enseignant ses disciples. (1159) La cène légale étant achevée et les apôtres bien instruits, Jésus procéda au lavement des pieds tout en expliquant que l’humilité doit d’abord être obéissante, sinon ce n’est pas une véritable humilité. Puis il donna la signification de ce qu’il venait de faire. (1168 à 1175)

La cène légale avait été célébrée sur une table basse, les convives étant à demi étendus. “Après qu’il eût achevé le lavement des pieds, Jésus fit apporter une autre table de la hauteur de celles dont nous nous servons pour prendre nos repas... il fit apporter du pain sans levain qu’il mit dans un plat, et du vin pur qu’il versa dans un calice... A ses apôtres il recommanda la paix et l’union de la charité qu’il devait leur laisser dans ce sacré mystère qu’il allait opérer. Il leur promit que s’ils s’aimaient les uns les autres, son Père éternel les aimerait de l’amour dont il l’aimait lui-même... Il leur fit comprendre qu’il les avait choisis pour fonder la nouvelle Église et la loi de la grâce. (1182)

Jésus adressa ensuite au Père une longue prière dans laquelle il dit entre autres:”Mes délices sont d’être avec les enfants des hommes... Je ne veux pas les laisser orphelins, c’est pourquoi je veux leur donner des gages de mon amour... Je veux leur laisser un mémorial impérissable de ce que j’ai fait et souffert pour eux. (1185)... Que si leurs péchés provoquent votre justice, leurs misères et leurs besoins implorent votre miséricorde infinie...(1186) Jésus énumère ensuite, dans cette prière, les divers sacrements qu’il institue à cette occasion:

          – Je détermine, Seigneur, par cet amour immense, que tous les mortels puissent, désormais, être pleinement réengendrés en votre grâce, par le Sacrement du Baptême... Qu’ils soient purifiés de la souillure du péché originel; qu’ils reçoivent les dons des vertus de foi, d’espérance et de charité... Que ce sacrement soit la porte de mon Église... (1187)

          – Je détermine encore qu’après ce sacrement ils en reçoivent un autre qui les confirme dans la sainte foi... qu’ils doivent professer... Et comme la fragilité des hommes leur fera aisément transgresser ma loi, je destine à cer effet, le sacrement de Pénitence. (1187)

          – Les hommes, étant justifiés par le moyen de ces sacrements, seront capables de la participation la plus haute, la plus intime et la plus tendre qu’ils puissent avoir avec moi.. ils la réaliseront en me recevant d’une manière ineffable sous les espèces du pain et du vin; en celles du pain je laisserai mon corps et en celles du vin je laisserai mon sang...(1188)

          – Et afin qu’ils aient un autre sacrement qui les purifie lorsqu’ils seront arrivés au terme de la vie, je leur destine l’Extrême-Onction...

          – Je veux que les ministres de ces sacrements reçoivent eux-mêmes un sacrement particulier qui les élèvera... au suprême degré du sacerdoce.  J’instituerai à cet effet le sacrement de l’Ordre... Je veux que cette excellence leur soit communiquée par l’intermédiaire d’un chef qui sera mon vicaire, représentera ma personne, et sera le souverain pontife aux mains duquel je confierai les clés du ciel. (1188)

          – J’instituerai en dernier lieu le sacrement du Mariage...

          – ...Par ma dernière volonté, je fais tous les mortels héritiers de mes mérites. (1188)

Notre Rédempteur fit cette prière en présence des apôtres, sans qu’ils s’en aperçussent. Mais la bienheureuse Mère, qui de sa retraite le voyait et l’imitait, se prosterna et offrit comme Mère, au Père éternel les demandes de son Fils. (1189)

Institution de l'Eucharistie

C’est ensuite l’institution de l’Eucharistie. Les apôtres crurent à ce grand mystère, sauf Judas. Maria d’Agreda note que Marie, (en esprit) Hénoch et Élie assistaient à cette première messe. (1192) Suit une étonnante théologie de l’Euchatistie. (1192 à1195)

Il faut noter ici quelque chose d’assez troublant: A.C. Emmerich et Maria Valtorta ont bien indiqué que Jésus ne communia pas à son propre corps ni à son propre sang. Or, curieusement, Maria d’Agreda décrit “Jésus se communiant lui-même comme le premier et le souverain prêtre.”

En ce qui concerne Marie, les deux premières voyantes citées la voient communier des mains de Jésus lui-même qui s’absente un moment de la salle du Cénacle, tandis que pour Maria d’Agreda c’est l’archange  Gabriel qui lui apporte le corps de Jésus sous les espèces du pain et du vin. (1197) “Après que la Reine des anges eut reçu la communion, notre Sauveur donna le pain consacré aux apôtres, et leur ordonna de le répartir entre eux et de le recevoir; il leur conféra par ces paroles la dignité sacerdotale.” 1198)

La bienheureuse Vierge Marie donne ensuite, par l’intermédiaire de Maria d’Agreda, des instructions fort détaillées sur le respect qu’il faut avoir envers la Sainte Eucharistie.(1200 à 1203)

   

 

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