Saint Paul est né à Reims,
au milieu du IVe
siècle. C’était l’époque des grands évêques. Saint Nicaise gouvernait
alors l’Église de Reims ; saint Hilaire, de Poitiers, et saint Martin,
de Tours, remplissait les Gaules de l’éclat de leur nom et du bruit de
leurs miracles.
L’enfant grandit auprès de
ses parents et apprit de bonne heure à connaître les grands exploits de
ces hommes de Dieu. Lui aussi aimait les pauvres et il soulageait leurs
misères « selon son petit pouvoir ».
Il avait formé dès lors le
projet de se retirer dans le sanctuaire. Mais à peine arrivé à la fleur
de sa jeunesse, il fut contraint par son père de s’engager dans les
liens du mariage. Il épousa une jeune fille de qualité, pieuse comme
lui, et, comme lui, désireuse de se consacrer à Dieu. D’un commun
accord, ils vouèrent leur virginité au Seigneur et vécurent comme deux
anges ensemble. Paul sembla avoir trouvé auprès de sa céleste compagne
les joies de la contemplation qu’il avait voulu demander au cloître.
Mais la persécution ne
tarda pas à venir troubler les saints dans leur bonheur.
En 362, les Barbares,
établis au delà du Rhin depuis plus d’un siècle, passèrent le fleuve et,
malgré les légions de Julien l’Apostat, alors à Lutèce, s’avancèrent
jusque dans les pleines de la Champagne. Leur passage portait
l’épouvante partout.
« Devant la cruauté de
ces vautours, dit le bréviaire tricastin, nos deux jeunes
colombes prirent la fuite » et vinrent chercher une solitude pour
abriter leur innocence.
Conduits par la main de
Dieu, Paul et sa pieuse compagne arrivent à Lyon, et s’embarquent sur le
Rhône. Ils étaient attirés sans doute vers les rivages de la Provence,
par l’exemple encore vivant de saint Eucher et de sainte Galla, sa
femme, qui venaient, eux aussi, de quitter le monde pour vivre ensemble
au désert.
Le bateau qui les portait
les déposa aux portes d’Arles, la métropole des églises de la
Narbonnaise. Les deux pèlerins cherchèrent en vain auprès de la ville
une solitude pour s’y établir. L’importance commerciale et politique de
la cité avait peuplé d’habitations les campagnes environnantes.
Paul et sa jeune femme
s’avancèrent vers l’ouest sur les bords du Rhône et vinrent se fixer
dans un lieu retiré appelé Macérius, au territoire de l’ancienne
Glanum. C’était un municipe romain, célèbre par son arc de triomphe,
et qui prit plus tard le nom de Saint-Remy, quand Clovis en eut fait
donation à l’évêque de Reims.
Charles Cerf - Les
saints du diocèse de Reims
|