Pedro Calungsod
Laïc, Martyr, Bienheureux
1654-1672

Cet intrépide catéchiste naquit aux Philippines vers 1654, dans la région des Visayas. On ne sait pas grand-chose de son enfance. Il était devenu un des jeunes fidèles catéchistes des Jésuites espagnols aux Philippines, et les accompagna quand ceux-ci voulurent aller en 1668 aux Iles Ladrones, découvertes par Magellan le siècle précédent. Pedro avait à peine quatorze ans.

Sur ces îles vivaient les Chamorros. Les conditions de vie des missionnaires étaient difficiles : les provisions en provenance de la Mission n’arrivaient pas régulièrement ; la jungle était trop épaisse pour s’y déplacer ; les falaises, très raides pour y grimper, et les îles - on ne le sait que trop aujourd’hui - étaient fréquemment traversées par des typhons dévastateurs. Malgré tout cela, les missionnaires s’armèrent de persévérance et la Mission fut récompensée par de nombreuses conversions. C’est pourquoi les missionnaires rebaptisèrent ces îles du nom de “Marianas”, en l’honneur de la Vierge Marie, mais aussi de la reine d’Espagne, María Ana, qui avait pris la Mission sous sa protection.

Malheureusement, un charlatan chinois, nommé Choco, jaloux du prestige acquis par les missionnaires, chercha à reconquérir les Chamorros, les convainquant que l’eau du baptême était empoisonnée ; comme il arrivait que de petits bébés mouraient après leur baptême, certains Chamorros se laissèrent convaincre par ce Choco et apostasièrent.

Cette vilaine campagne de Choco était aussi appuyée par les sorciers Macanjas et par les Urritaos (jeunes hommes prostitués), lesquels soulevèrent bientôt les apostats pour persécuter les missionnaires.

L’assaut le plus mémorable eut lieu le 2 avril 1672, le samedi qui précédait le dimanche de la Passion cette année-là. Il était environ sept heures du matin lorsque Pedro (qui avait donc tout juste dix-sept ans) arrivait au village de Tomhom, sur l’île de Guam, en compagnie du père Diego Lúis de San Vitores. Là, on leur dit qu’une petite fille était née chez Matapang, un chrétien ami des missionnaires, mais qui avait apostasié depuis peu, et qui refusa sèchement qu’on baptizât sa petite fille.

Pour donner à Matapang le temps de se calmer, le père Diego et Pedro rassemblèrent les enfants et quelques adultes du village sur la plage qui était proche et commencèrent de chanter avec eux les vérités de la Foi Catholique. Ils invitèrent Matapang à se joindre à eux, mais l’apostat leur vociféra qu’il était en colère avec Dieu et qu’il était déjà saturé des enseignements chrétiens.

Bien décidé à tuer les missionnaires, Matapang partit et chercha à gagner à sa cause un autre villageois du nom de Hirao, qui n’était pas chrétien. Dans un premier temps, il refusa, convaincu de la bonté des missionnaires envers les indigènes ; mais quand Matapang le traita de poltron, il fut piqué et consentit.

Durant ce temps, le père Diego et Pedro, avec l’accord de la maman, chrétienne elle, baptisèrent la petite fille. Quand Matapang fut informé du baptême, il devint encore plus furieux. Il commença par lancer violemment des pieux acérés contre Pedro. Le jeune homme esquiva avec une remarquable habileté les pieux qui pleuvaient. Les témoins dirent que Pedro avait toutes les chances de fuir, parce qu’il était très agile, mais qu’il ne voulut pas laisser seul le père Diego. Ceux qui connurent Pedro personnellement croyaient qu’il aurait bien pu maîtriser ses violents agresseurs et aurait ainsi libéré le père Diego et lui-même, pourvu qu’il ait eu quelque arme, car il était très valeureux, mais le père Diego n’avait jamais permis à ses compagnons de porter des armes. Finalement, Pedro fut frappé mortellement par un pieu reçu dans la poitrine et tomba à terre. Hirao le porta tout de suite vers lui et l’acheva d’un coup de sabre à la tête. Le père Diego donna à Pedro l’absolution sacramentelle, puis les assassins tuèrent aussi le missionnaire.

Matapang saisit le crucifix du père et le martela avec une pierre, en blasphémant le nom de Dieu. Ensuite, les deux assassins dépouillèrent les corps de Pedro et du père Diego, les traînèrent jusqu’au quai de la plage, lièrent de grosses pierres à leurs pieds, les mirent à la proue d’une pirogue et allèrent les jeter au large. On n’a ainsi jamais pu retrouver quoi que ce soit des restes des martyrs.1

Pedro fut béatifié en 2000 et le Martyrologe commémore ensemble le père Diego et Pedro au jour du martyre de ce dernier, le 2 avril.

Le bienheureux Pedro Calungsod a été proclamé patron de la jeunesse philippine.


1 Il faut noter aussi ici qu’en bordure des Iles Mariannes se trouve la fosse des Mariannes, qui descend à -11 000 mètres.

 

 

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